Texte intégral
Mesdames les ministres,
Monsieur le ministre,
Mesdames et Messieurs les Parlementaires,
Monsieur le Président du Conseil régional,
Monsieur le représentant du Maire de Paris,
Mesdames, Messieurs,
Cher(e)s ami(e)s,
C'est un plaisir et un privilège pour moi de pouvoir, avec Catherine TASCA, ministre de la Culture et de la Communication, et Michel DUFFOUR, secrétaire d'Etat au Patrimoine et à la Décentralisation culturelle, célébrer avec vous l'ouverture du nouveau site de création contemporaine au Palais de Tokyo. Ce projet novateur, dont l'initiative revient à Catherine TRAUTMANN, est dédié aux formes multiples que revêt la jeune création. C'est une vraie réussite. Je suis convaincu que le public sera séduit, comme je le suis moi-même, par son esthétique, son audace et son ambition.
Ce site est né d'un constat fait par les artistes et les professionnels : alors que l'art d'aujourd'hui explore des territoires inédits, les musées traditionnels ne permettent pas toujours à ce mouvement de trouver sa place. Il fallait donc à Paris un lieu destiné spécifiquement à accueillir ces nouvelles formes d'expression.
Certes, notre capitale ne manque ni d'institutions prestigieuses, ni d'initiatives ambitieuses, publiques et privées, dans le domaine des arts plastiques. Je pense en particulier au Centre d'art et de culture Georges Pompidou, au Musée d'art moderne de la Ville de Paris, à la Galerie nationale du Jeu de Paume, au Centre national de la photographie ; je pense aussi aux nombreuses galeries qui assument un rôle essentiel dans la découverte et le lancement de nouveaux talents, aux lieux associatifs enfin, souvent animés par des artistes eux-mêmes. Je tiens à rendre hommage à tous.
Mais il manquait à Paris un lieu exclusivement dédié à la création contemporaine, un lieu qui offre aux jeunes créateurs comme au public cette liberté d'approche et de regard qui caractérise l'art contemporain. Il fallait que Paris, grande capitale culturelle et ville d'accueil des artistes, puisse disposer, pour renouveler aujourd'hui l'attraction qu'elle exerce depuis plus de deux siècles sur les " créateurs ", d'un lieu nouveau, qui suscite des formes inédites de recherche artistique. Il fallait aussi permettre au public, qui aspire à comprendre les expressions artistiques de notre temps, mais qui est souvent éloigné des circuits des galeries, de s'associer au mouvement de l'art contemporain au sein de la capitale.
Le Gouvernement a été sensible à cette aspiration et a décidé de faire naître ce lieu attendu par les artistes et le public. La réalisation de ce site de création contemporaine à Paris doit beaucoup à Catherine TASCA, qui, comme ministre de la Culture, a mené à bien ce projet important avec l'enthousiasme et l'énergie qu'on lui connaît. Je veux associer à cet hommage toute l'équipe du nouveau site. Je salue ses directeurs, Jérôme SANS et Nicolas BOURRIAUD, comme les architectes Anne LACATON et Jean-Philippe VASSAL. Ils ont déployé avec talent une " esthétique de l'essentiel ", pour reprendre leurs propres termes, résolument novatrice. Je n'oublie pas le soutien des artistes qui ont contribué à faire de cette utopie une réalité, celui de l'Association du Palais de Tokyo, présidée par Pierre RESTANY. Je salue les institutions françaises et étrangères qui se sont engagées d'emblée : le Consortium de Dijon, la Kunstwerke de Berlin et la Kunsthalle de Vienne. Enfin, je remercie les mécènes et partenaires financiers du site, qui lui permettront d'assurer une programmation audacieuse et ouverte : la maison HENNESSY, la Caisse des dépôts et consignations, ainsi que les sociétés PIONEER et BLOOMBERG.
Ce lieu, que les artistes ont souhaité, que mon gouvernement a réalisé, nous venons de le découvrir ensemble avec curiosité et admiration. Seul centre d'art au monde à être ouvert de midi à minuit, le site de création contemporaine du Palais de Tokyo se propose d'être une plate-forme d'échanges et de dialogue, un espace de débat esthétique, un lieu " expérimental, interdisciplinaire, flexible, planétaire ", selon la formule de ses promoteurs, un véritable lieu de confrontations. Il travaillera en liaison avec les centres d'art contemporain présents dans les régions. C'est donc un laboratoire d'expériences autant qu'un lieu d'exposition que le public est convié à découvrir.
Je vois une promesse de succès dans le fait que ce haut lieu de notre patrimoine renoue avec sa vocation première. C'est ici même, en effet, que fut créé, en 1947, sous l'impulsion de Jean CASSOU, le premier musée national d'art moderne. Jusqu'à l'ouverture du Centre Georges Pompidou, les grandes expositions qui y furent présentées ont fait date dans l'histoire des arts en France. L'aile Est de ce Palais abrite le Musée d'art moderne de la Ville de Paris qui s'est imposé comme un espace culturel d'exception, grâce au dynamisme de sa directrice, Madame Suzanne PAGE. Avec l'aile Ouest que nous inaugurons aujourd'hui, et à proximité de la future Cité de l'architecture au Palais de Chaillot, cet ensemble offre à la capitale de la France un centre incontournable de la scène artistique internationale.
Cet espace original témoignera de la force de la création française. La vitalité de l'art contemporain français est illustrée par des créateurs dont la notoriété est déjà très affirmée -je songe, entre autres, à Fabrice HYBERT ou à Pierre HUYGUES, derniers lauréats de la Biennale de Venise. La programmation éclectique du site traduit une véritable renaissance, qui voit éclore une nouvelle génération d'artistes. Mélik OHANIAN, dont c'est la première exposition personnelle, Franck SCURTI, Tatiana TROUVE, WANG DU, je ne peux citer tous les artistes exposés ici. Mais à tous ceux qui participent à cette grande aventure, je tiens à dire mon admiration.
Aujourd'hui, c'est d'ailleurs l'ensemble de la scène artistique qui témoigne de sa vitalité et de sa diversité. Le spectacle vivant sous toutes ses formes -théâtre, musique, danse- qui se mêlent souvent avec bonheur, mais aussi la littérature, la mode, tous ces champs de création attestent d'une exceptionnelle vigueur. De même, le cinéma français a enregistré en 2001 de magnifiques résultats, au regard de l'accueil du public -y compris à l'étranger- comme des récompenses obtenues dans les festivals. Tout doit être fait pour conforter ce succès. Le monde de la création vit et se renouvelle : si de grands talents disparaissent ou quittent la scène -je pense en particulier à Yves SAINT-LAURENT qui vient de mettre un terme, avec grâce et élégance, à quarante années de création magistrale-, leur génie et leur exemple inspireront longtemps encore de nombreuses générations de créateurs.
Mesdames, Messieurs,
Au-delà de son rayonnement, ce nouveau site offre un bel exemple de la politique culturelle que nous avons conduite depuis 1997.
Cette politique est respectueuse et attentive. Bien sûr, la création repose d'abord sur le talent des artistes, sur leur inspiration, leur imagination, parfois leur génie. Elle chemine avec sa force propre et se renouvelle sans cesse. Mais les uvres de l'esprit ont besoin, pour éclore et s'épanouir, d'un environnement favorable. Il faut aider les jeunes talents à s'affirmer, en respectant leur liberté. Nous admirons la vitalité de la culture. Nous mesurons aussi qu'elle est fragile. La culture ne doit pas être enclose mais elle a besoin d'être protégée. Elle est essentielle car elle nous donne à tous un plaisir sensible, une profondeur historique, une identité collective.
C'est cette conviction qui confère sa légitimité à une politique culturelle. Une politique qui aide sans contraindre, qui protège sans étouffer, qui démocratise tout en respectant le cheminement singulier des créateurs. C'est cette vision exigeante de la culture que défend, avec le Gouvernement, Catherine TASCA.
Cette vision, loin de signifier un repli national, marque au contraire la volonté d'une ouverture au monde. A travers la culture, ce sont en effet toutes les cultures que nous célébrons. Leur diversité est un patrimoine précieux de l'humanité. Cette diversité culturelle, patiemment construite par l'histoire des hommes, doit être préservée et encouragée. Considérer, comme certains le font, que la liberté du commerce devrait s'étendre à la culture, qu'il faudrait traiter la culture comme une marchandise, ce serait subordonner la création aux règles du marché, ce serait prendre le risque de l'uniformisation des cultures humaines.
Pour que toutes les cultures -et pas seulement la nôtre- continuent de s'épanouir et de s'exprimer, il est souvent indispensable de défendre l'exception culturelle. Ce combat, mon gouvernement le mène avec résolution, depuis 1997 : au sein des instances internationales, en rejetant l'AMI en 1998 et, depuis, en négociant fermement pour maintenir le champ de la culture hors des échanges commerciaux ; en France, en renforçant considérablement les mécanismes d'aide et de protection en faveur des talents jeunes et originaux -de France et d'ailleurs, car la création nationale est d'autant plus vivante qu'elle est au contact d'autres inspirations.
Cette diversité culturelle sera à l'honneur dans ce site de création du Palais de Tokyo, qui accueille déjà des artistes de toutes nationalités. En témoigne en particulier le " Pavillon " conçu par Ange LECCIA comme un atelier ouvert aux jeunes artistes de tous pays, immergés au quotidien dans les activités du centre d'art. Ici, en pleine liberté, tous les gestes artistiques trouveront à s'exprimer, à cohabiter, à se rencontrer.
Une politique culturelle ambitieuse doit aussi veiller à soutenir les artistes. Ce soutien passe par un développement du marché de l'art auquel viennent notamment contribuer les nouvelles dispositions juridiques relatives aux ventes publiques aux enchères. Par ailleurs, la publication prochaine d'un décret assurant l'extension de la procédure du " un pour cent " artistique pour les constructions publiques permettra d'accroître les commandes aux artistes.
Transmettre la culture aux jeunes générations est un autre enjeu essentiel. Pour que vivent la création et la diversité des cultures, il faut y sensibiliser les jeunes, de la maternelle à l'université, grâce à des formations artistiques de qualité. Je rends hommage à l'effort entrepris en faveur des enseignements artistiques par Catherine Tasca, et par Jack Lang, ministre de l'Education nationale. Un plan de cinq ans pour le développement de l'enseignement artistique à l'école, récemment complété par un volet spécifique à l'enseignement supérieur, et conduit conjointement par les deux ministères, permettra de mieux éveiller les jeunes à l'art. C'est ainsi qu'ils s'approprieront un patrimoine culturel et apprendront à juger librement des formes d'expressions artistiques les plus diverses, tout en façonnant leur propre sensibilité.
Il convient en effet de démocratiser l'accès à la culture. Tel est le sens de la loi " musées " qui vise notamment à redonner toute sa place à la relation avec les visiteurs. En outre, pour qu'un très large public puisse s'approprier la culture, celle-ci doit avoir des lieux publics où s'exposer. Le paysage artistique français s'est profondément étoffé en ce sens, grâce à la mise en place d'une politique plus dynamique d'acquisition et de diffusion de l'art contemporain, à travers notamment la création des Fonds Régionaux d'Art Contemporain et des centres d'art. Cet effort a été remarquablement relayé par le concours des collectivités locales qui, à l'image du Conseil régional d'Ile-de-France, partenaire du Palais de Tokyo, soutiennent désormais les institutions d'art contemporain.
Exemplaire de cette politique est la création, sous l'égide de la Ville de Paris, du " Plateau ". Ce nouveau centre d'art, situé dans le 19ème arrondissement de Paris, vient d'être inauguré. Sans la volonté des artistes, au premier rang desquels figure Eric CORNE, sans la détermination des habitants, cet espace n'aurait pas vu le jour. Sa mission est originale puisqu'il sera aussi le lieu d'accueil du Fonds régional d'art contemporain de l'Ile-de-France, et qu'il s'attachera à travailler et à dialoguer avec les gens du quartier. Je me réjouis que les efforts conjugués de la Région, présidée par Jean-Paul HUCHON, puis de la Ville de Paris et de l'Etat aient permis ce succès.
Au niveau de l'Etat, j'ai, quant à moi, cherché, avec le Gouvernement, à donner à notre politique culturelle les moyens de réussir. J'ai tenu l'engagement de consacrer 1 % du budget de l'Etat à la Culture, ministère dont les moyens avaient été sévèrement amputés avant 1997. Cinq années durant, ce gouvernement a consenti un effort budgétaire très important en faveur de la culture. Cet effort doit être maintenu. Je m'y emploierai.
Mesdames, Messieurs,
Cher(e)s ami(e)s,
Ouverture, légèreté, efficacité, liberté, justesse, gaïté sont les ingrédients de l'alchimie qui donne son âme au site de création contemporaine du Palais de Tokyo. Cet espace, qui sera ouvert aux visiteurs les plus divers, de jour comme en soirée, -nous le ressentons déjà- sera un lieu de vie comme la place du marché de Marrakech dont il s'inspire. Je souhaite que le public, " le grand public ", aussi désireux d'expériences artistiques que de rencontres et d'échanges sur le monde d'aujourd'hui, puisse s'y presser bientôt très nombreux comme au Centre Pompidou ou au Musée Guimet tout proche. J'adresse mes remerciements à tous ceux qui ont participé à la réalisation de cet espace nouveau et je souhaite bon vent à son équipe, qui fait aujourd'hui, avec nous, le pari de l'audace, de la création, le pari de la liberté, de la générosité, le pari de la culture.
(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 1er février 2002)
Monsieur le ministre,
Mesdames et Messieurs les Parlementaires,
Monsieur le Président du Conseil régional,
Monsieur le représentant du Maire de Paris,
Mesdames, Messieurs,
Cher(e)s ami(e)s,
C'est un plaisir et un privilège pour moi de pouvoir, avec Catherine TASCA, ministre de la Culture et de la Communication, et Michel DUFFOUR, secrétaire d'Etat au Patrimoine et à la Décentralisation culturelle, célébrer avec vous l'ouverture du nouveau site de création contemporaine au Palais de Tokyo. Ce projet novateur, dont l'initiative revient à Catherine TRAUTMANN, est dédié aux formes multiples que revêt la jeune création. C'est une vraie réussite. Je suis convaincu que le public sera séduit, comme je le suis moi-même, par son esthétique, son audace et son ambition.
Ce site est né d'un constat fait par les artistes et les professionnels : alors que l'art d'aujourd'hui explore des territoires inédits, les musées traditionnels ne permettent pas toujours à ce mouvement de trouver sa place. Il fallait donc à Paris un lieu destiné spécifiquement à accueillir ces nouvelles formes d'expression.
Certes, notre capitale ne manque ni d'institutions prestigieuses, ni d'initiatives ambitieuses, publiques et privées, dans le domaine des arts plastiques. Je pense en particulier au Centre d'art et de culture Georges Pompidou, au Musée d'art moderne de la Ville de Paris, à la Galerie nationale du Jeu de Paume, au Centre national de la photographie ; je pense aussi aux nombreuses galeries qui assument un rôle essentiel dans la découverte et le lancement de nouveaux talents, aux lieux associatifs enfin, souvent animés par des artistes eux-mêmes. Je tiens à rendre hommage à tous.
Mais il manquait à Paris un lieu exclusivement dédié à la création contemporaine, un lieu qui offre aux jeunes créateurs comme au public cette liberté d'approche et de regard qui caractérise l'art contemporain. Il fallait que Paris, grande capitale culturelle et ville d'accueil des artistes, puisse disposer, pour renouveler aujourd'hui l'attraction qu'elle exerce depuis plus de deux siècles sur les " créateurs ", d'un lieu nouveau, qui suscite des formes inédites de recherche artistique. Il fallait aussi permettre au public, qui aspire à comprendre les expressions artistiques de notre temps, mais qui est souvent éloigné des circuits des galeries, de s'associer au mouvement de l'art contemporain au sein de la capitale.
Le Gouvernement a été sensible à cette aspiration et a décidé de faire naître ce lieu attendu par les artistes et le public. La réalisation de ce site de création contemporaine à Paris doit beaucoup à Catherine TASCA, qui, comme ministre de la Culture, a mené à bien ce projet important avec l'enthousiasme et l'énergie qu'on lui connaît. Je veux associer à cet hommage toute l'équipe du nouveau site. Je salue ses directeurs, Jérôme SANS et Nicolas BOURRIAUD, comme les architectes Anne LACATON et Jean-Philippe VASSAL. Ils ont déployé avec talent une " esthétique de l'essentiel ", pour reprendre leurs propres termes, résolument novatrice. Je n'oublie pas le soutien des artistes qui ont contribué à faire de cette utopie une réalité, celui de l'Association du Palais de Tokyo, présidée par Pierre RESTANY. Je salue les institutions françaises et étrangères qui se sont engagées d'emblée : le Consortium de Dijon, la Kunstwerke de Berlin et la Kunsthalle de Vienne. Enfin, je remercie les mécènes et partenaires financiers du site, qui lui permettront d'assurer une programmation audacieuse et ouverte : la maison HENNESSY, la Caisse des dépôts et consignations, ainsi que les sociétés PIONEER et BLOOMBERG.
Ce lieu, que les artistes ont souhaité, que mon gouvernement a réalisé, nous venons de le découvrir ensemble avec curiosité et admiration. Seul centre d'art au monde à être ouvert de midi à minuit, le site de création contemporaine du Palais de Tokyo se propose d'être une plate-forme d'échanges et de dialogue, un espace de débat esthétique, un lieu " expérimental, interdisciplinaire, flexible, planétaire ", selon la formule de ses promoteurs, un véritable lieu de confrontations. Il travaillera en liaison avec les centres d'art contemporain présents dans les régions. C'est donc un laboratoire d'expériences autant qu'un lieu d'exposition que le public est convié à découvrir.
Je vois une promesse de succès dans le fait que ce haut lieu de notre patrimoine renoue avec sa vocation première. C'est ici même, en effet, que fut créé, en 1947, sous l'impulsion de Jean CASSOU, le premier musée national d'art moderne. Jusqu'à l'ouverture du Centre Georges Pompidou, les grandes expositions qui y furent présentées ont fait date dans l'histoire des arts en France. L'aile Est de ce Palais abrite le Musée d'art moderne de la Ville de Paris qui s'est imposé comme un espace culturel d'exception, grâce au dynamisme de sa directrice, Madame Suzanne PAGE. Avec l'aile Ouest que nous inaugurons aujourd'hui, et à proximité de la future Cité de l'architecture au Palais de Chaillot, cet ensemble offre à la capitale de la France un centre incontournable de la scène artistique internationale.
Cet espace original témoignera de la force de la création française. La vitalité de l'art contemporain français est illustrée par des créateurs dont la notoriété est déjà très affirmée -je songe, entre autres, à Fabrice HYBERT ou à Pierre HUYGUES, derniers lauréats de la Biennale de Venise. La programmation éclectique du site traduit une véritable renaissance, qui voit éclore une nouvelle génération d'artistes. Mélik OHANIAN, dont c'est la première exposition personnelle, Franck SCURTI, Tatiana TROUVE, WANG DU, je ne peux citer tous les artistes exposés ici. Mais à tous ceux qui participent à cette grande aventure, je tiens à dire mon admiration.
Aujourd'hui, c'est d'ailleurs l'ensemble de la scène artistique qui témoigne de sa vitalité et de sa diversité. Le spectacle vivant sous toutes ses formes -théâtre, musique, danse- qui se mêlent souvent avec bonheur, mais aussi la littérature, la mode, tous ces champs de création attestent d'une exceptionnelle vigueur. De même, le cinéma français a enregistré en 2001 de magnifiques résultats, au regard de l'accueil du public -y compris à l'étranger- comme des récompenses obtenues dans les festivals. Tout doit être fait pour conforter ce succès. Le monde de la création vit et se renouvelle : si de grands talents disparaissent ou quittent la scène -je pense en particulier à Yves SAINT-LAURENT qui vient de mettre un terme, avec grâce et élégance, à quarante années de création magistrale-, leur génie et leur exemple inspireront longtemps encore de nombreuses générations de créateurs.
Mesdames, Messieurs,
Au-delà de son rayonnement, ce nouveau site offre un bel exemple de la politique culturelle que nous avons conduite depuis 1997.
Cette politique est respectueuse et attentive. Bien sûr, la création repose d'abord sur le talent des artistes, sur leur inspiration, leur imagination, parfois leur génie. Elle chemine avec sa force propre et se renouvelle sans cesse. Mais les uvres de l'esprit ont besoin, pour éclore et s'épanouir, d'un environnement favorable. Il faut aider les jeunes talents à s'affirmer, en respectant leur liberté. Nous admirons la vitalité de la culture. Nous mesurons aussi qu'elle est fragile. La culture ne doit pas être enclose mais elle a besoin d'être protégée. Elle est essentielle car elle nous donne à tous un plaisir sensible, une profondeur historique, une identité collective.
C'est cette conviction qui confère sa légitimité à une politique culturelle. Une politique qui aide sans contraindre, qui protège sans étouffer, qui démocratise tout en respectant le cheminement singulier des créateurs. C'est cette vision exigeante de la culture que défend, avec le Gouvernement, Catherine TASCA.
Cette vision, loin de signifier un repli national, marque au contraire la volonté d'une ouverture au monde. A travers la culture, ce sont en effet toutes les cultures que nous célébrons. Leur diversité est un patrimoine précieux de l'humanité. Cette diversité culturelle, patiemment construite par l'histoire des hommes, doit être préservée et encouragée. Considérer, comme certains le font, que la liberté du commerce devrait s'étendre à la culture, qu'il faudrait traiter la culture comme une marchandise, ce serait subordonner la création aux règles du marché, ce serait prendre le risque de l'uniformisation des cultures humaines.
Pour que toutes les cultures -et pas seulement la nôtre- continuent de s'épanouir et de s'exprimer, il est souvent indispensable de défendre l'exception culturelle. Ce combat, mon gouvernement le mène avec résolution, depuis 1997 : au sein des instances internationales, en rejetant l'AMI en 1998 et, depuis, en négociant fermement pour maintenir le champ de la culture hors des échanges commerciaux ; en France, en renforçant considérablement les mécanismes d'aide et de protection en faveur des talents jeunes et originaux -de France et d'ailleurs, car la création nationale est d'autant plus vivante qu'elle est au contact d'autres inspirations.
Cette diversité culturelle sera à l'honneur dans ce site de création du Palais de Tokyo, qui accueille déjà des artistes de toutes nationalités. En témoigne en particulier le " Pavillon " conçu par Ange LECCIA comme un atelier ouvert aux jeunes artistes de tous pays, immergés au quotidien dans les activités du centre d'art. Ici, en pleine liberté, tous les gestes artistiques trouveront à s'exprimer, à cohabiter, à se rencontrer.
Une politique culturelle ambitieuse doit aussi veiller à soutenir les artistes. Ce soutien passe par un développement du marché de l'art auquel viennent notamment contribuer les nouvelles dispositions juridiques relatives aux ventes publiques aux enchères. Par ailleurs, la publication prochaine d'un décret assurant l'extension de la procédure du " un pour cent " artistique pour les constructions publiques permettra d'accroître les commandes aux artistes.
Transmettre la culture aux jeunes générations est un autre enjeu essentiel. Pour que vivent la création et la diversité des cultures, il faut y sensibiliser les jeunes, de la maternelle à l'université, grâce à des formations artistiques de qualité. Je rends hommage à l'effort entrepris en faveur des enseignements artistiques par Catherine Tasca, et par Jack Lang, ministre de l'Education nationale. Un plan de cinq ans pour le développement de l'enseignement artistique à l'école, récemment complété par un volet spécifique à l'enseignement supérieur, et conduit conjointement par les deux ministères, permettra de mieux éveiller les jeunes à l'art. C'est ainsi qu'ils s'approprieront un patrimoine culturel et apprendront à juger librement des formes d'expressions artistiques les plus diverses, tout en façonnant leur propre sensibilité.
Il convient en effet de démocratiser l'accès à la culture. Tel est le sens de la loi " musées " qui vise notamment à redonner toute sa place à la relation avec les visiteurs. En outre, pour qu'un très large public puisse s'approprier la culture, celle-ci doit avoir des lieux publics où s'exposer. Le paysage artistique français s'est profondément étoffé en ce sens, grâce à la mise en place d'une politique plus dynamique d'acquisition et de diffusion de l'art contemporain, à travers notamment la création des Fonds Régionaux d'Art Contemporain et des centres d'art. Cet effort a été remarquablement relayé par le concours des collectivités locales qui, à l'image du Conseil régional d'Ile-de-France, partenaire du Palais de Tokyo, soutiennent désormais les institutions d'art contemporain.
Exemplaire de cette politique est la création, sous l'égide de la Ville de Paris, du " Plateau ". Ce nouveau centre d'art, situé dans le 19ème arrondissement de Paris, vient d'être inauguré. Sans la volonté des artistes, au premier rang desquels figure Eric CORNE, sans la détermination des habitants, cet espace n'aurait pas vu le jour. Sa mission est originale puisqu'il sera aussi le lieu d'accueil du Fonds régional d'art contemporain de l'Ile-de-France, et qu'il s'attachera à travailler et à dialoguer avec les gens du quartier. Je me réjouis que les efforts conjugués de la Région, présidée par Jean-Paul HUCHON, puis de la Ville de Paris et de l'Etat aient permis ce succès.
Au niveau de l'Etat, j'ai, quant à moi, cherché, avec le Gouvernement, à donner à notre politique culturelle les moyens de réussir. J'ai tenu l'engagement de consacrer 1 % du budget de l'Etat à la Culture, ministère dont les moyens avaient été sévèrement amputés avant 1997. Cinq années durant, ce gouvernement a consenti un effort budgétaire très important en faveur de la culture. Cet effort doit être maintenu. Je m'y emploierai.
Mesdames, Messieurs,
Cher(e)s ami(e)s,
Ouverture, légèreté, efficacité, liberté, justesse, gaïté sont les ingrédients de l'alchimie qui donne son âme au site de création contemporaine du Palais de Tokyo. Cet espace, qui sera ouvert aux visiteurs les plus divers, de jour comme en soirée, -nous le ressentons déjà- sera un lieu de vie comme la place du marché de Marrakech dont il s'inspire. Je souhaite que le public, " le grand public ", aussi désireux d'expériences artistiques que de rencontres et d'échanges sur le monde d'aujourd'hui, puisse s'y presser bientôt très nombreux comme au Centre Pompidou ou au Musée Guimet tout proche. J'adresse mes remerciements à tous ceux qui ont participé à la réalisation de cet espace nouveau et je souhaite bon vent à son équipe, qui fait aujourd'hui, avec nous, le pari de l'audace, de la création, le pari de la liberté, de la générosité, le pari de la culture.
(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 1er février 2002)