Texte intégral
Dominique de Montvalon : Quand avez-vous pris la décision de ne pas y aller ?
Philippe de Villiers : Très récemment.
DM : Pourquoi ?
PV : C'est une décision dictée par la sagesse. Sur la scène politique, quel embouteillage ! La confusion est totale. Il est, dans ces conditions, très difficile d'être écouté et, plus encore, d'être entendu quand on souhaite parler de ce qui compte : la souveraineté, la sécurité, l'autorité de l'Etat, la nécessité de l'ordre, qui sont les principes du redressement nécessaire. Au lieu de cela, au sommet, c'est toujours le même duel, les mêmes projets siamois qui brutalisent la société et abaissent la France. La voie n'est donc pas libre pour une démarche novatrice. Il nous faut attendre que la génération Chirac-Jospin berce une dernière fois le pays d'illusions. C'est la fin d'un cycle, le dernier tour de la " génération Brejnev ".
DM : La présence de Charles Pasqua vous a-t-elle gêné ?
PV : Non. Il participe au trop plein. Je n'ai d'ailleurs pas l'impression qu'il soit entendu.
DM : On a parlé d'un dîner secret Chevènement-Villiers
PV : Il n'y a rien eu. Mais nous nous connaissons depuis longtemps. Je suis un souverainiste de droite. Il est un souverainiste de gauche.
DM : On dit que vous restez traumatisé par le fait de ne pas avoir atteint en 1995 la barre fatidique des 5 %
PV : Traumatisé ? Je souris. J'ai obtenu à l'époque 1 million 400 000 voix. Les scores à venir des candidats alternatifs au duo Chirac-Jospin vont donner du relief à mon résultat d'il y a sept ans. La tendance, avec le temps, c'est d'installer les électeurs dès les premières encablures dans le second tour. Il est très difficile de s'intercaler dans le débat du premier. Mon absence n'est pas une mise en retrait : c'est un choix stratégique pour participer enfin, après la présidentielle, à la construction d'une droite de conviction, généreuse et authentiquement souverainiste.
DM : Pour qui voterez-vous au premier tour ?
PV : Je suis comme la majorité des Français : perplexe devant la purée de grumeaux qui gonflent puis éclatent. C'est la mélasse, ou plutôt un début de République bananière.
DM : Et au second tour ?
PV : Je verrai. Mais il est déjà clair que le duel qui se profile n'est pas affriolant, malgré la Saint Valentin.
DM : Le poids des " affaires " vous choque-t-il ?
PV : Je suis très surpris que Jacques Chirac, lundi soir sur TF1, ait soutenu que tous les partis, avant les lois sur le financement politique, avaient pour tradition de voler. Au moment de l'affaire Urba (NDRL : qui visait le PS), je me suis le premier indigné. Tous ceux qui ont volé doivent être sanctionnés, quelle que soit leur couleur, qu'ils aient volé pour leur parti ou pour eux. Il faut que tout élu condamné devienne ensuite inéligible à vie.
DM : Les juges ne commettent aucune faute ?
PV : Les erreurs de certains juges ne disqualifient pas la justice. De même, les vols de certains politiques ne disqualifient pas toute la politique. Cela étant, ce climat, je le répète, ne disparaîtra que lorsque la génération Brejnev, à gauche comme à droite, aura quitté la scène.
DM : Et s'il y avait une amnistie ?
PV : Si c'était le cas, ce serait la révolution. Aucune institution n'y résisterait.
DM : Trouvez-vous normal que le juge Eric Halphen, en simple " disponibilité ", publie un livre qui évoque certains des dossiers qu'il a traités ?
PV : Pourquoi l'expression d'un juge redevenu libre serait-elle choquante ?
Propos recueillis par Dominique de Montvalon
(source http://www.mpf-villiers.org le 11 mars 2002)
Philippe de Villiers : Très récemment.
DM : Pourquoi ?
PV : C'est une décision dictée par la sagesse. Sur la scène politique, quel embouteillage ! La confusion est totale. Il est, dans ces conditions, très difficile d'être écouté et, plus encore, d'être entendu quand on souhaite parler de ce qui compte : la souveraineté, la sécurité, l'autorité de l'Etat, la nécessité de l'ordre, qui sont les principes du redressement nécessaire. Au lieu de cela, au sommet, c'est toujours le même duel, les mêmes projets siamois qui brutalisent la société et abaissent la France. La voie n'est donc pas libre pour une démarche novatrice. Il nous faut attendre que la génération Chirac-Jospin berce une dernière fois le pays d'illusions. C'est la fin d'un cycle, le dernier tour de la " génération Brejnev ".
DM : La présence de Charles Pasqua vous a-t-elle gêné ?
PV : Non. Il participe au trop plein. Je n'ai d'ailleurs pas l'impression qu'il soit entendu.
DM : On a parlé d'un dîner secret Chevènement-Villiers
PV : Il n'y a rien eu. Mais nous nous connaissons depuis longtemps. Je suis un souverainiste de droite. Il est un souverainiste de gauche.
DM : On dit que vous restez traumatisé par le fait de ne pas avoir atteint en 1995 la barre fatidique des 5 %
PV : Traumatisé ? Je souris. J'ai obtenu à l'époque 1 million 400 000 voix. Les scores à venir des candidats alternatifs au duo Chirac-Jospin vont donner du relief à mon résultat d'il y a sept ans. La tendance, avec le temps, c'est d'installer les électeurs dès les premières encablures dans le second tour. Il est très difficile de s'intercaler dans le débat du premier. Mon absence n'est pas une mise en retrait : c'est un choix stratégique pour participer enfin, après la présidentielle, à la construction d'une droite de conviction, généreuse et authentiquement souverainiste.
DM : Pour qui voterez-vous au premier tour ?
PV : Je suis comme la majorité des Français : perplexe devant la purée de grumeaux qui gonflent puis éclatent. C'est la mélasse, ou plutôt un début de République bananière.
DM : Et au second tour ?
PV : Je verrai. Mais il est déjà clair que le duel qui se profile n'est pas affriolant, malgré la Saint Valentin.
DM : Le poids des " affaires " vous choque-t-il ?
PV : Je suis très surpris que Jacques Chirac, lundi soir sur TF1, ait soutenu que tous les partis, avant les lois sur le financement politique, avaient pour tradition de voler. Au moment de l'affaire Urba (NDRL : qui visait le PS), je me suis le premier indigné. Tous ceux qui ont volé doivent être sanctionnés, quelle que soit leur couleur, qu'ils aient volé pour leur parti ou pour eux. Il faut que tout élu condamné devienne ensuite inéligible à vie.
DM : Les juges ne commettent aucune faute ?
PV : Les erreurs de certains juges ne disqualifient pas la justice. De même, les vols de certains politiques ne disqualifient pas toute la politique. Cela étant, ce climat, je le répète, ne disparaîtra que lorsque la génération Brejnev, à gauche comme à droite, aura quitté la scène.
DM : Et s'il y avait une amnistie ?
PV : Si c'était le cas, ce serait la révolution. Aucune institution n'y résisterait.
DM : Trouvez-vous normal que le juge Eric Halphen, en simple " disponibilité ", publie un livre qui évoque certains des dossiers qu'il a traités ?
PV : Pourquoi l'expression d'un juge redevenu libre serait-elle choquante ?
Propos recueillis par Dominique de Montvalon
(source http://www.mpf-villiers.org le 11 mars 2002)