Texte intégral
J.-P. Elkabbach Vous partez ? Vous démissionnez ?
- "Vous faites allusion à un débat qui n'illustre pas..."
L'opposition remontée a réclamé, hier, votre démission. Apparemment, cela vous a affecté ? Est-ce qu'on vous a touché là où il fallait ?
- "Non, pas du tout. Cela m'a au contraire tonifié. Ce qui m'a affecté, c'est de constater que la droite a offert, une fois de plus, le pire exemple de la violence verbale - hurlements, beuglements. Je trouve que c'est une mauvaise manière de servir la démocratie et surtout, pour le domaine dont je m'occupe, c'est un exemple pitoyable donné à la jeunesse. La violence verbale, on le sait, conduit à la violence physique. Je crois qu'il faudrait que la campagne pour le respect à l'école que nous avons lancée, nous puissions l'étendre à la droite, pour qu'elle apprenne à respecter la démocratie, le Gouvernement et les citoyens."
Mais n'avait-elle pas raison ? Parce que ce qui vous est d'abord reproché, à la fois par des gens de droite et par le Snes, c'est de minimiser l'ampleur de la violence des 15 - 17 ans. Et d'autre part, que seul, comme le dit le RPR P.-A. Perissol, 50 % des établissements vous ont informé en septembre. Comme si vous aviez donné de vrais faux chiffres...
- "Je n'accepte pas que l'on mette en cause des experts, des gens sérieux, solides d'un grand service public de l'Education nationale. Ces personnes de droite dont vous parlez ont commenté avant de savoir. Ils étaient par avance contre. Parce qu'en effet, ils souffrent de nos réussites. Cette haine déchaînée, c'est la haine qui exprime leur désarroi face à des changements positifs qui, en ce moment, s'opèrent. De quoi s'agit-il ? D'une part, d'informations scientifiquement établies par nos inspecteurs d'académie, département par département. Lorsque M. Ringard, l'inspecteur d'Académie de la Seine-Saint-Denis, département qui a scandaleusement souvent été montré du doigt et qui accomplit de grands changements, nous dit qu'il y a moins 20 % d'incidents au trimestre dernier, cet homme dit la vérité. Il y a la même observation lorsque le recteur de Paris, qui est un homme reconnu et respectable, annonce que pour le premier trimestre dernier, il y a 10 % d'incidents en moins par rapport à l'année précédente. Par ailleurs, le document établi, qui est un document unique au monde, par des scientifiques, des experts, permet de faire apparaître que les incidents violents sont en nombre limités dans certains établissements. Des incivilités existent par ailleurs : bousculades, chahuts..."
Vous ne comptez que les faits graves, mais vous supprimez tous les faits mineurs qui se développent...
- "C'est exactement le contraire. Vous n'êtes pas le porte-parole du RPR, j'espère ? Je ne le pense pas."
Je lis, j'entends et je dis que vous devriez peut-être aller jusqu'au bout. M. Goasguen vous reproche de ne pas avoir lu une note secrète et confidentielle explicite des renseignements généraux qui traîne dans certains milieux, parait-il, sur la violence à l'école.
- "J'aime beaucoup M. Goasguen. On a ici un exemple franchement d'une malhonnêteté intellectuelle qui n'est pas digne d'un homme politique ou de tout responsable. Là encore, quand on ne respecte pas l'esprit de rigueur, on donne un détestable exemple à la jeunesse. Nous apprenons à l'école la rigueur, l'exigence. Il faut que les hommes politiques au plus haut niveau de l'Etat, eux-mêmes, soient des hommes qui respectent les règles et la rigueur. Dans ce cas précis, cette feuille de chou des renseignements généraux date d'il y a trois mois."
Vous l'avez lue ?
- "Bien entendu."
C'est drôle quand même, ces notes des RG qui circulent comme ça !
- "Ce ne sont pas les notes des RG qui établissent les statistiques officielles."
Vous ne pouvez pas nier les incidents de Créteil, par exemple ?
- "Je ne nie rien, puisque je suis le premier a avoir engagé en 1992, à la suite de ce qui avait été engagé par L. Jospin, un combat contre la violence. Toutes les mesures que nous prenons depuis mon arrivée - renforcement et stabilisation des équipes éducatives, nomination d'un proviseur de la vie scolaire dans chaque département, organisation dès le mois d'août - et j'y vais en personne - dans chaque département de réunions de préfets, de recteurs et de procureurs de la République, mobilisation des élèves et des lycéens - sont destinées en effet à éradiquer toute forme de violence. Car nous considérons, avec L. Jospin, que la violence n'a pas sa place à l'école. Nous considérons que l'école doit être un lieu de civilité, de tranquillité, de paix et de respect."
Pourquoi vous vous en prenez quelques fois aux médias ?
- "Nous ne sommes pas toujours servis par certains d'entre eux. Je voudrais dire que l'une des raisons du succès de la politique que nous menons n'est pas due à nous. Elle est due, je devrais dire paradoxalement, à l'Afghanistan, car pendant trois mois, beaucoup de médias ont centré leurs projecteurs vers d'autres lieux et, si j'ose dire, ils nous ont donc "lâché les baskets" et non pas mis en exergue des incidents qui parfois invitent des élèves à s'en inspirer."
Il faudrait une guerre pour faire baisser les chiffres de la violence dans l'école ?
- "Je ne disais pas cela. Je le disais en plaisantant. Je dis simplement qu'il faut, là aussi, une part de responsabilité collective. C'est une morale collective qu'il faut en ce pays instaurer. La campagne pour le respect à l'école, il faudrait la faire dans l'ensemble du pays et que les dirigeants politiques s'appliquent à eux-mêmes d'abord la tolérance zéro, qu'ils soient des modèles en matière de fraudes fiscales, de respect de la justice, du respect du droit et les choses iront beaucoup mieux."
On voit bien qu'ils vous ont touché hier...
- "On voit que je crois à ce combat. Je veux une société de la tolérance, de la non-violence, du respect, de la dignité. Nous allons continuer à nous battre et nous marquerons des points sur le plan de l'école et de la tranquillité à l'école."
Justement, ce matin, quelles décisions annoncez-vous ici pour stopper ou réduire si possible encore la violence à l'école ?
- "Nous allons d'abord donner un coup d'accélérateur au plan de construction d'un internat à but éducatif - un par département. Nous allons renforcer un peu plus les réformes pédagogiques. Il est évident que la pédagogie, c'est le meilleur remède. Il faut redonner à l'enfant la motivation et la capacité de s'épanouir. C'est le moyen de l'écarter de toute tentation de violence. Apporter, je le répète, des équipes pédagogiques beaucoup plus solides, beaucoup plus fortes. Pour revenir à cette politisation totalement abusive de ce débat, qui montre assez bien qu'en réalité certains se contrefichent de l'école et s'en servent comme d'un moyen de combat : quand ils nous ont laissé l'Education voici cinq ans, elle était dans un état de délabrement, d'abandon. Ils avaient supprimé plus de 5.000 postes d'instituteurs et de surveillants."
Vous leur faites des reproches. Vous n'appliquez pas ce que vous préconisez pour les autres...
- "Je suis pour que l'on dise la vérité. Qui a fait quoi ? Et avec quels résultats ?"
Il y a des problèmes sur l'insécurité, sur les médecins qui sont plus souvent dans les rues que dans leur cabinet et sur le chômage qui reprend un peu aujourd'hui. On voit que pour la huitième fois, les chiffres ne sont pas bons. Est-ce que c'est décidément une mauvaise saison pour vous ? Et est-ce que ce n'est pas de l'oxygène utile pour l'opposition ?
- "Tout ceci incarne notre différence de point de vue sur la conception de la vie publique. Lorsque des statistiques sur le chômage ou sur la sécurité urbaine ne sont pas toujours positives, nous le reconnaissons. On attend la même bonne foi à l'égard des exploits accomplis, par exemple, par l'Education nationale pour faire reculer les faits d'incivilités. De même, on aimerait, dans un intérêt général, que la droite dise : "Bravo la France qui est aujourd'hui le seul pays en Europe qui s'en tire économiquement". Comparons avec l'Allemagne qui, malheureusement, connaît de grandes difficultés. "Félicitons-nous, devraient dire nos concurrents, des exploits de nos entreprises à l'étranger et en France"."
Pourquoi voulez-vous que l'opposition, à trois mois des élections, dise à J. Lang : "Bravo la France", c'est-à-dire "Bravo ceux qui gouvernent" ?!
- "Je n'ai pas dit cela."
Au passage, ses proches susurent que la mue de L. Jospin a commencé. Qu'est-ce qui va éclore ? Qu'est-ce qui peut éclore à trois mois des élections ?
- "Ce qui va éclore, c'est la mise en valeur de toutes les actions positives que nous avons entreprises. Certaines imparfaites ou inachevées, mais qui ont montré le cap et en particulier la dynamique pour l'éducation, la dynamique pour redonner foi et enthousiasme et confiance et sérénité à notre Education nationale, qui est un grand service public. Mais à partir de là, il ne s'agit pas pour L. Jospin de redevenir Premier ministre. Son ambition est de devenir - et notre ambition plutôt - est qu'il devienne le président de la République de la France. Je dois dire très franchement, pour avoir la chance de le rencontrer assez souvent dans nos réunions de travail, que L. Jospin est en pleine forme. Il a, comme on dit, la pêche. Il travaille. Il avance. C'est vrai qu'on sent bien que progressivement, en lui, s'opère une sorte de métamorphose positive. Il reste lui-même - Dieu merci ! -, c'est-à-dire un homme solide, courageux, honnête, vif - il l'a montré encore hier -, mais en même temps, je crois qu'il se prépare à aborder l'échéance dans laquelle il s'agira de choisir un président de la République, c'est-à-dire un homme qui saura donner un cap au pays, qui apportera la sécurité, la solidité et l'imagination."
Cela promet, parce que le camp d'en face dit que leur champion aussi est en forme !
- "Mais j'ai l'impression qu'il est très isolé. J'ai l'impression qu'ils sont un petit peu en désarroi. L. Jospin a réussi à regrouper autour de lui toute une équipe, une force de frappe intellectuelle, des escadrons qui, le moment venu, seront à ses côtés pour marquer des points, avancer et gagner. Je crois que l'hystérie actuelle de la droite est à la mesure de son désarroi et de ses inquiétudes."
Dans le monde universitaire, des professeurs pratiqueraient le harcèlement sexuel. Une pétition circule dans ce sens pour le dénoncer. Est-ce que vous la signeriez cette pétition ?
- "Je n'ai pas à signer de pétition, mais seulement, j'ai ordonné une enquête pour en savoir plus."
Pourquoi n'êtes-vous pas aller à Porto Alegre? Vous n'avez pas trouvé de place d'avions ?
- "Nous sommes représentés par six membres du Gouvernement. J'en suis d'ailleurs très heureux. C'est très bien que la France soit présente au plus haut sommet de l'Etat, dans une manifestation qui va exprimer une volonté de changement de l'ordre international, dans un sens de plus de justice. On se répartit la tâche. J'ai un excellent ministre auprès de moi, J.-L. Mélenchon, qui est là-bas."
Comme dit C. Taubira, c'est le rendez-vous de la jet-set, avec en plus visites guidées des favelles !
- "Il ne faut pas tout mettre en dérision. Je crois que si nous sommes présents à Porto Alegre, c'est d'abord pour faire entendre la voie de la France. C'est le pays qui est, en effet, le plus représenté dans ce débat démocratique, où on mettra en évidence les exigences du développement. Il y a, en effet, de grandes inégalités entre pays riches et pays pauvres qu'il faut réduire. Ce sera aussi une de nos préoccupations pour la future campagne. Pendant ce temps-là, je suis ici à Paris et je me bats sereinement, tranquillement pour faire gagner notre éducation nationale."
(Source http://Sig.premier-ministre.gouv.fr, le 31 janvier 2002)
- "Vous faites allusion à un débat qui n'illustre pas..."
L'opposition remontée a réclamé, hier, votre démission. Apparemment, cela vous a affecté ? Est-ce qu'on vous a touché là où il fallait ?
- "Non, pas du tout. Cela m'a au contraire tonifié. Ce qui m'a affecté, c'est de constater que la droite a offert, une fois de plus, le pire exemple de la violence verbale - hurlements, beuglements. Je trouve que c'est une mauvaise manière de servir la démocratie et surtout, pour le domaine dont je m'occupe, c'est un exemple pitoyable donné à la jeunesse. La violence verbale, on le sait, conduit à la violence physique. Je crois qu'il faudrait que la campagne pour le respect à l'école que nous avons lancée, nous puissions l'étendre à la droite, pour qu'elle apprenne à respecter la démocratie, le Gouvernement et les citoyens."
Mais n'avait-elle pas raison ? Parce que ce qui vous est d'abord reproché, à la fois par des gens de droite et par le Snes, c'est de minimiser l'ampleur de la violence des 15 - 17 ans. Et d'autre part, que seul, comme le dit le RPR P.-A. Perissol, 50 % des établissements vous ont informé en septembre. Comme si vous aviez donné de vrais faux chiffres...
- "Je n'accepte pas que l'on mette en cause des experts, des gens sérieux, solides d'un grand service public de l'Education nationale. Ces personnes de droite dont vous parlez ont commenté avant de savoir. Ils étaient par avance contre. Parce qu'en effet, ils souffrent de nos réussites. Cette haine déchaînée, c'est la haine qui exprime leur désarroi face à des changements positifs qui, en ce moment, s'opèrent. De quoi s'agit-il ? D'une part, d'informations scientifiquement établies par nos inspecteurs d'académie, département par département. Lorsque M. Ringard, l'inspecteur d'Académie de la Seine-Saint-Denis, département qui a scandaleusement souvent été montré du doigt et qui accomplit de grands changements, nous dit qu'il y a moins 20 % d'incidents au trimestre dernier, cet homme dit la vérité. Il y a la même observation lorsque le recteur de Paris, qui est un homme reconnu et respectable, annonce que pour le premier trimestre dernier, il y a 10 % d'incidents en moins par rapport à l'année précédente. Par ailleurs, le document établi, qui est un document unique au monde, par des scientifiques, des experts, permet de faire apparaître que les incidents violents sont en nombre limités dans certains établissements. Des incivilités existent par ailleurs : bousculades, chahuts..."
Vous ne comptez que les faits graves, mais vous supprimez tous les faits mineurs qui se développent...
- "C'est exactement le contraire. Vous n'êtes pas le porte-parole du RPR, j'espère ? Je ne le pense pas."
Je lis, j'entends et je dis que vous devriez peut-être aller jusqu'au bout. M. Goasguen vous reproche de ne pas avoir lu une note secrète et confidentielle explicite des renseignements généraux qui traîne dans certains milieux, parait-il, sur la violence à l'école.
- "J'aime beaucoup M. Goasguen. On a ici un exemple franchement d'une malhonnêteté intellectuelle qui n'est pas digne d'un homme politique ou de tout responsable. Là encore, quand on ne respecte pas l'esprit de rigueur, on donne un détestable exemple à la jeunesse. Nous apprenons à l'école la rigueur, l'exigence. Il faut que les hommes politiques au plus haut niveau de l'Etat, eux-mêmes, soient des hommes qui respectent les règles et la rigueur. Dans ce cas précis, cette feuille de chou des renseignements généraux date d'il y a trois mois."
Vous l'avez lue ?
- "Bien entendu."
C'est drôle quand même, ces notes des RG qui circulent comme ça !
- "Ce ne sont pas les notes des RG qui établissent les statistiques officielles."
Vous ne pouvez pas nier les incidents de Créteil, par exemple ?
- "Je ne nie rien, puisque je suis le premier a avoir engagé en 1992, à la suite de ce qui avait été engagé par L. Jospin, un combat contre la violence. Toutes les mesures que nous prenons depuis mon arrivée - renforcement et stabilisation des équipes éducatives, nomination d'un proviseur de la vie scolaire dans chaque département, organisation dès le mois d'août - et j'y vais en personne - dans chaque département de réunions de préfets, de recteurs et de procureurs de la République, mobilisation des élèves et des lycéens - sont destinées en effet à éradiquer toute forme de violence. Car nous considérons, avec L. Jospin, que la violence n'a pas sa place à l'école. Nous considérons que l'école doit être un lieu de civilité, de tranquillité, de paix et de respect."
Pourquoi vous vous en prenez quelques fois aux médias ?
- "Nous ne sommes pas toujours servis par certains d'entre eux. Je voudrais dire que l'une des raisons du succès de la politique que nous menons n'est pas due à nous. Elle est due, je devrais dire paradoxalement, à l'Afghanistan, car pendant trois mois, beaucoup de médias ont centré leurs projecteurs vers d'autres lieux et, si j'ose dire, ils nous ont donc "lâché les baskets" et non pas mis en exergue des incidents qui parfois invitent des élèves à s'en inspirer."
Il faudrait une guerre pour faire baisser les chiffres de la violence dans l'école ?
- "Je ne disais pas cela. Je le disais en plaisantant. Je dis simplement qu'il faut, là aussi, une part de responsabilité collective. C'est une morale collective qu'il faut en ce pays instaurer. La campagne pour le respect à l'école, il faudrait la faire dans l'ensemble du pays et que les dirigeants politiques s'appliquent à eux-mêmes d'abord la tolérance zéro, qu'ils soient des modèles en matière de fraudes fiscales, de respect de la justice, du respect du droit et les choses iront beaucoup mieux."
On voit bien qu'ils vous ont touché hier...
- "On voit que je crois à ce combat. Je veux une société de la tolérance, de la non-violence, du respect, de la dignité. Nous allons continuer à nous battre et nous marquerons des points sur le plan de l'école et de la tranquillité à l'école."
Justement, ce matin, quelles décisions annoncez-vous ici pour stopper ou réduire si possible encore la violence à l'école ?
- "Nous allons d'abord donner un coup d'accélérateur au plan de construction d'un internat à but éducatif - un par département. Nous allons renforcer un peu plus les réformes pédagogiques. Il est évident que la pédagogie, c'est le meilleur remède. Il faut redonner à l'enfant la motivation et la capacité de s'épanouir. C'est le moyen de l'écarter de toute tentation de violence. Apporter, je le répète, des équipes pédagogiques beaucoup plus solides, beaucoup plus fortes. Pour revenir à cette politisation totalement abusive de ce débat, qui montre assez bien qu'en réalité certains se contrefichent de l'école et s'en servent comme d'un moyen de combat : quand ils nous ont laissé l'Education voici cinq ans, elle était dans un état de délabrement, d'abandon. Ils avaient supprimé plus de 5.000 postes d'instituteurs et de surveillants."
Vous leur faites des reproches. Vous n'appliquez pas ce que vous préconisez pour les autres...
- "Je suis pour que l'on dise la vérité. Qui a fait quoi ? Et avec quels résultats ?"
Il y a des problèmes sur l'insécurité, sur les médecins qui sont plus souvent dans les rues que dans leur cabinet et sur le chômage qui reprend un peu aujourd'hui. On voit que pour la huitième fois, les chiffres ne sont pas bons. Est-ce que c'est décidément une mauvaise saison pour vous ? Et est-ce que ce n'est pas de l'oxygène utile pour l'opposition ?
- "Tout ceci incarne notre différence de point de vue sur la conception de la vie publique. Lorsque des statistiques sur le chômage ou sur la sécurité urbaine ne sont pas toujours positives, nous le reconnaissons. On attend la même bonne foi à l'égard des exploits accomplis, par exemple, par l'Education nationale pour faire reculer les faits d'incivilités. De même, on aimerait, dans un intérêt général, que la droite dise : "Bravo la France qui est aujourd'hui le seul pays en Europe qui s'en tire économiquement". Comparons avec l'Allemagne qui, malheureusement, connaît de grandes difficultés. "Félicitons-nous, devraient dire nos concurrents, des exploits de nos entreprises à l'étranger et en France"."
Pourquoi voulez-vous que l'opposition, à trois mois des élections, dise à J. Lang : "Bravo la France", c'est-à-dire "Bravo ceux qui gouvernent" ?!
- "Je n'ai pas dit cela."
Au passage, ses proches susurent que la mue de L. Jospin a commencé. Qu'est-ce qui va éclore ? Qu'est-ce qui peut éclore à trois mois des élections ?
- "Ce qui va éclore, c'est la mise en valeur de toutes les actions positives que nous avons entreprises. Certaines imparfaites ou inachevées, mais qui ont montré le cap et en particulier la dynamique pour l'éducation, la dynamique pour redonner foi et enthousiasme et confiance et sérénité à notre Education nationale, qui est un grand service public. Mais à partir de là, il ne s'agit pas pour L. Jospin de redevenir Premier ministre. Son ambition est de devenir - et notre ambition plutôt - est qu'il devienne le président de la République de la France. Je dois dire très franchement, pour avoir la chance de le rencontrer assez souvent dans nos réunions de travail, que L. Jospin est en pleine forme. Il a, comme on dit, la pêche. Il travaille. Il avance. C'est vrai qu'on sent bien que progressivement, en lui, s'opère une sorte de métamorphose positive. Il reste lui-même - Dieu merci ! -, c'est-à-dire un homme solide, courageux, honnête, vif - il l'a montré encore hier -, mais en même temps, je crois qu'il se prépare à aborder l'échéance dans laquelle il s'agira de choisir un président de la République, c'est-à-dire un homme qui saura donner un cap au pays, qui apportera la sécurité, la solidité et l'imagination."
Cela promet, parce que le camp d'en face dit que leur champion aussi est en forme !
- "Mais j'ai l'impression qu'il est très isolé. J'ai l'impression qu'ils sont un petit peu en désarroi. L. Jospin a réussi à regrouper autour de lui toute une équipe, une force de frappe intellectuelle, des escadrons qui, le moment venu, seront à ses côtés pour marquer des points, avancer et gagner. Je crois que l'hystérie actuelle de la droite est à la mesure de son désarroi et de ses inquiétudes."
Dans le monde universitaire, des professeurs pratiqueraient le harcèlement sexuel. Une pétition circule dans ce sens pour le dénoncer. Est-ce que vous la signeriez cette pétition ?
- "Je n'ai pas à signer de pétition, mais seulement, j'ai ordonné une enquête pour en savoir plus."
Pourquoi n'êtes-vous pas aller à Porto Alegre? Vous n'avez pas trouvé de place d'avions ?
- "Nous sommes représentés par six membres du Gouvernement. J'en suis d'ailleurs très heureux. C'est très bien que la France soit présente au plus haut sommet de l'Etat, dans une manifestation qui va exprimer une volonté de changement de l'ordre international, dans un sens de plus de justice. On se répartit la tâche. J'ai un excellent ministre auprès de moi, J.-L. Mélenchon, qui est là-bas."
Comme dit C. Taubira, c'est le rendez-vous de la jet-set, avec en plus visites guidées des favelles !
- "Il ne faut pas tout mettre en dérision. Je crois que si nous sommes présents à Porto Alegre, c'est d'abord pour faire entendre la voie de la France. C'est le pays qui est, en effet, le plus représenté dans ce débat démocratique, où on mettra en évidence les exigences du développement. Il y a, en effet, de grandes inégalités entre pays riches et pays pauvres qu'il faut réduire. Ce sera aussi une de nos préoccupations pour la future campagne. Pendant ce temps-là, je suis ici à Paris et je me bats sereinement, tranquillement pour faire gagner notre éducation nationale."
(Source http://Sig.premier-ministre.gouv.fr, le 31 janvier 2002)