Interview de M. Philippe Douste-Blazy, président du groupe parlementaire UDF à l'Assemblée nationale, dans "Le Parisien" du 15 mai 2000, sur le quinquennat.

Prononcé le

Média : Le Parisien

Texte intégral

Président du groupe UDF à l'Assemblée nationale, Philippe Douste-BLazy a été, le 9 mai, l'un des deux cosignataire (avec Valéry Giscard d'Estaing) de la proposition de loi constitutionnelle déposée ce jour-là à l'Assemblée et proposant une réduction du mandat présidentiel de sept à cinq ans (en même temps qu'une limitation à un maximum de deux quinquennats successifs).
Pourquoi cette prise de position en faveur du quinquennat ?
Philippe Douste-Blazy : J'y ai toujours été favorable, et l'UDF s'est encore prononcée récemment en ce sens avec force. Or les circonstances se prêtent à cette réforme, qui permettrait une vraie modernisation de notre vie politique, car les acteurs principaux de nos institutions y ont aujourd'hui, l'un et l'autre, intérêt. Il s'agit dune réforme populaire, qui diminuerait (sans les faire disparaître) les risques d'une nouvelle cohabitation. Un quinquennat permet de rendre plus probable la cohérence d'une majorité présidentielle et d'une majorité parlementaire.
Vous ne voulez donc pas d'un classique régime présidentiel ?
Philippe Douste-Blazy : Le groupe UDF n'a pas encore délibéré. Mais, à titre personnel, je ne souhaite pas que l'on change de régime. Je refuse l'idée que le Président de la République et le Premier ministre soient dépossédés, si peu que ce soit de leurs prérogatives. L'esprit des institutions doit être préservé. Je souhaite une modernisation de la Vème République. Mais j'exclus un détournement de la réforme qui nous mènerait à on ne sait trop quelle Vième République.
Quelle méthode préconisez-vous ?
Philippe Douste-Blazy : Pour aboutir, notre proposition de loi doit être votée par les deux Assemblées, puis par le Parlement réuni en Congrès à Versailles et ensuite, obligatoirement, soumis à référendum. Un projet de loi présenté au nom du Président de la République par le Premier ministre doit être pareillement voté par les deux chambres puis par le Parlement réuni en Congrès. En revanche, le référendum, dans ce cas, n'est pas obligatoire.
Vous souhaitez un référendum ?
Philippe Douste-Blazy : Je ne vois pas comment une telle réforme pourrait voir le jour sans avoir été au préalable approuvée par le peuple français.
A quelle date ce référendum ?
Philippe Douste-Blazy : Comme il est indispensable qu'un débat de fond ait lieu, et qu'on ne se contente pas sur pareil sujet d'une sorte d'effet de mode, je pense qu'un référendum au lendemain des municipales du printemps 2001 viendrait au bon moment.
A l'automne 2001 ?
Philippe Douste-Blazy : Ce serait, à mon sens, une bonne période pour ce qui serait alors le premier référendum de cohabitation. Car je trouve très positif que, jusqu'ici, le Président et le Premier ministre abordent cette réforme de manière consensuelle. Cela n'a strictement rien à voir avec des convenances personnelles puisque la réforme ne pourrait entrer en vigueur qu'à partir de 2002. Il s'agit de faire respirer notre vie publique, et de la mettre en phase avec le rythme du monde moderne.
Propos recueillis par Dominique de Montvalon

(Source http://www.udf.org, le 15 mai 2000)