Texte intégral
R. Sicard On va bien évidemment parler de la campagne présidentielle et des difficultés que vous avez eues à trouver un accord - ou un semblant d'accord - avec le Parti socialiste. Mais d'abord une question qui risque d'être la question du jour, sur la sécurité : J. Chirac va aujourd'hui dévoiler ses projets en la matière. On a l'impression que s'il y a un domaine dans lequel la gauche n'a pas vraiment réussi pendant ces cinq années, c'est justement la sécurité. Est-ce que vous, vous avez un sentiment d'échec sur ce sujet ?
- "Qui peut être contre la sécurité, la qualité de vie, la tranquillité ? Voilà des questions qui vont être débattues par la campagne présidentielle et c'est bien. Je crois que ce sera l'occasion de faire valoir deux types de projet. Certains candidats prônent finalement un ordre venu d'en haut, une autorité qui s'imposerait à chaque niveau de la vie et qui permettrait de garantir l'ordre public. D'autres plaident pour une grande responsabilité des citoyens, pour une plus grande autonomie, pour une plus grande intervention des citoyens dans la vie publique. Je crois que c'est bien de faire valoir ce point de vue, chacun doit prendre ses responsabilités en matière de sécurité - je pense notamment aux enseignants, aux policiers, mais aussi à tous ceux qui devraient être dans la rue et ne pas faire en sorte que les rues de nos villes, les rues de nos bourgs soient vides pendant de si longues heures au cours de la journée."
Je reprends ma question : est-ce que ce n'est pas quand même le domaine dans lequel la gauche a essuyé un échec ?
- "Je crois que tous les gouvernements qui se sont succédé pendant vingt ans ont essayé de bien faire, en utilisant de très nombreux moyens combinés. Aujourd'hui, les recettes ne suffisent pas, il faut s'interroger sur les causes de l'insécurité. Les mesures qui vont être annoncées tout à l'heure ne sont pas du tout originales, elles ont déjà été testées, combinées également dans le temps. Personne ne peut s'en sortir avec des slogans, avec des solutions toutes faites, il faut vraiment mobiliser toute la société. Aujourd'hui, ce n'est pas le cas. Dans les collèges, dans les établissements d'éducation, on doit reprendre le problème à la base et faire en sorte que chacun se sente concerné, les parents, les enseignants, les éducateurs, les élus locaux. Je crois que personne ne peut sous-traiter à des spécialistes, qu'ils soient des spécialistes de la prévention ou de la répression, un problème aussi grave."
Le fait que J. Chirac commence sa campagne sur ce sujet, qu'est-ce que cela vous inspire ?
- "Je pense qu'il va surfer de thème en thème au cours de la campagne, faire un peu de tout - un peu d'environnement, un peu de social, un peu de sécurité -,en essayant d'utiliser au mieux les peurs de la société. J'attends de lui qu'il propose, comme le feront tous les candidats, un projet cohérent. On est loin du compte. Je voudrais, par exemple, que soit répondu à un certain nombre de questions : est-il normal d'avoir toujours plus de voitures sur les routes, est-il normal d'avoir toujours plus de cochons en Bretagne, est-il normal d'avoir encore dans notre pays, qui est quand même quatrième pays le plus riche du monde, près de quatre millions de personnes qui vivent en dessous du seuil de pauvreté ? Une meilleure répartition des richesses est indispensable, un changement de modèle est indispensable. Si les grands candidats nous proposent simplement la fuite en avant, en disant "fermez les yeux, rendormez-vous, nous nous occuperons de tout", cela ne marchera pas. Moi, je veux qu'on nous dise, que "oui, bien sûr nous allons réformer la politique agricole commune", "oui, bien sûr, nous allons réfléchir aux choix énergétiques de la France", "oui, bien sûr, nous allons procéder enfin à une réforme fiscale", "oui, bien sûr, nous allons arrêter de nous contenter de slogans sur les services publics à la française pour dire comment on répartit bien les moyens entre des villes, dans lesquelles il y a de plus en plus de gens, et des campagnes qui se dépeuplent".... Ce sont les sujets qui intéressent les Français."
Alors, justement, on en arrive à votre programme, cela m'amène à vous parler de vos rapports avec le Parti socialiste. Vous avez réussi à conclure un accord électoral avec le Parti socialiste, mais vous n'êtes d'accord à peu près sur rien, et vous n'avez pas réussi à un conclure un accord. On parle d'une "entente" et vous pointez vos points de désaccord...
- "Vous êtes un peu lapidaire. Nous nous sommes mis d'accord sur beaucoup de sujets, mais pas sur un sujet qui nous paraît tout à fait essentiel : les choix énergétiques de la France. Au lendemain de la deuxième guerre mondiale et dans un contexte militaire et industriel très particulier, on a fait le choix, pratiquement exclusif de l'énergie nucléaire. Quarante ans plus tard, ce choix doit être réinterrogé, doit être réexaminé. Personne n'a envie de le faire, compte tenu du poids du lobby, compte tenu également de l'inventivité qui doit être démontrée pour permettre d'en sortir."
Mais là, justement, sur ce point avec les socialistes, qui est un point quand même fondamental, il n'y a pas d'accord ?
- "Il n'y a pas d'accord. Mais est-ce que cela veut dire que les Verts devraient ne pas avoir de députés, parce que, sur un point particulier, il n'y a pas d'accord, je ne le crois pas. Tout le monde fait mine de considérer que ce serait scandaleux pour les écologistes de prétendre d'avoir des élus à l'Assemblée nationale, on considère pourtant que c'est légitime pour tous les autres partis politiques. Donc, je veux que les Verts aient des députés, pour qu'ils puissent à l'Assemblée nationale porter une voix un peu différente à gauche, pour qu'ils puissent mettre un peu d'aspiration à vivre mieux, à une meilleure qualité de vie, au sein d'une Assemblée nationale qui est quand même extrêmement monocolore de ce point de vue."
Le fait qu'il n'y ait pas d'accord cette fois-ci, alors qu'il y en avait un en 1997, est-ce que cela ne signifie pas que la majorité plurielle n'existe plus aujourd'hui ?
- "On n'en revient à des petites considérations politiciennes, je trouve cela un petit peu dommage..."
Il s'agit quand même de savoir qui va gouverner, c'est important !
- "Seule la dynamique de la campagne permettra de dire si la majorité plurielle propose un projet pour la France qui séduise les Français. Je suis convaincue que ce projet ne pourra être séduisant qui si on prend en compte leurs nouvelles aspirations des Français, notamment en termes de qualité de vie. Actuellement, cette qualité de vie a été sacrifiée, au profit d'un fonctionnement de l'économie qui est certes important, mais qui n'a pas d'autres objets que d'assurer effectivement les moyens nécessaires au vivre ensemble dans ce pays."
Avez-vous l'impression que les socialistes vous écoutent vraiment ?
- "Pas assez ! Et c'est bien parce qu'ils ne nous écoutent pas assez que nous n'avons pas conclu avec eux un contrat de législature. Aux Français de nous donner les moyens de peser davantage dans la majorité plurielle. On ne peut pas reprocher aux Verts de ne pas avoir réussi tout ce qu'ils ont entrepris pour limiter le recours aux OGM, pour limiter la croissances des voitures et des poids lourds sur les routes. S'ils avaient le soutien de plus d'électeurs, ils pourraient peser davantage. Avec un million de voix, on n'a pas pesé assez, avec deux millions, trois millions, et peut-être davantage, on pourra convaincre nos partenaires."
Est-ce que cela a servi à quelque chose d'avoir des ministres Verts au Gouvernement ?
- "Bien sûr, nous avons pu, sur beaucoup de sujets, débloquer la situation. Je pense par exemple, pour ce qui me concerne tout particulièrement, à la loi d'aménagement du territoire, au projet de loi sur l'eau ou encore à la rénovation de la législation sur la chasse : personne n'avait osé s'y attaquer depuis vingt ans et c'était pourtant indispensable. Mais ce qui fait aussi la fierté du bilan de la majorité plurielle, c'est des sujets sur lesquels les Verts s'étaient engagés fortement : je pense à la loi sur les 35 heures, je pense aussi au Pacs. Sur tous les sujets où il était urgent de se mettre en accord avec les évolutions de la société, les Verts ont vraiment assumé leurs responsabilités."
Sur le fond, aujourd'hui, dans la mesure où vous n'avez pas réussi à vous mettre d'accord sur l'ensemble avec les socialistes...
- "On a réussi à se mettre d'accord sur beaucoup de choses - assez pour un accord électoral, pas assez pour un contrat de législature. Donc, actuellement, nous sommes bien dans la majorité plurielle, nous prenons nos responsabilités. Et nous disons aux socialistes que nous voulons, grâce au débat qui aura lieu pour les législatives, aller plus loin avec eux, mais nous n'entendons pas le faire à n'importe quel prix."
Justement, aujourd'hui dans l'état actuel des choses, est-ce que si la gauche gagnait, il y aurait encore des ministres Verts au Gouvernement ?
- "Si les conditions sont réunies pour un contrat de législature, il y aura des ministres Verts au Gouvernement. Si les socialistes s'avèrent incapables de prendre en compte nos attentes, qui sont aussi celles d'une majorité de citoyens, cela ne sera pas le cas. Je pense par exemple à la réforme de la politique agricole commune au niveau européen : je crois que c'est quelque chose de très important. On ne peut pas dire que cette politique soit une réussite, on a de moins en moins de paysans, une eau de plus en plus dégradée, des produits qui ne donnent pas confiance aux consommateurs... Il faut vraiment changer de modèle et je crois que les agriculteurs y sont prêts aujourd'hui. Alors, chiche, est-ce qu'on le fait ou pas ?"
(Source :Premier ministre, Service d'information du gouvernement, le19 février 2002)
- "Qui peut être contre la sécurité, la qualité de vie, la tranquillité ? Voilà des questions qui vont être débattues par la campagne présidentielle et c'est bien. Je crois que ce sera l'occasion de faire valoir deux types de projet. Certains candidats prônent finalement un ordre venu d'en haut, une autorité qui s'imposerait à chaque niveau de la vie et qui permettrait de garantir l'ordre public. D'autres plaident pour une grande responsabilité des citoyens, pour une plus grande autonomie, pour une plus grande intervention des citoyens dans la vie publique. Je crois que c'est bien de faire valoir ce point de vue, chacun doit prendre ses responsabilités en matière de sécurité - je pense notamment aux enseignants, aux policiers, mais aussi à tous ceux qui devraient être dans la rue et ne pas faire en sorte que les rues de nos villes, les rues de nos bourgs soient vides pendant de si longues heures au cours de la journée."
Je reprends ma question : est-ce que ce n'est pas quand même le domaine dans lequel la gauche a essuyé un échec ?
- "Je crois que tous les gouvernements qui se sont succédé pendant vingt ans ont essayé de bien faire, en utilisant de très nombreux moyens combinés. Aujourd'hui, les recettes ne suffisent pas, il faut s'interroger sur les causes de l'insécurité. Les mesures qui vont être annoncées tout à l'heure ne sont pas du tout originales, elles ont déjà été testées, combinées également dans le temps. Personne ne peut s'en sortir avec des slogans, avec des solutions toutes faites, il faut vraiment mobiliser toute la société. Aujourd'hui, ce n'est pas le cas. Dans les collèges, dans les établissements d'éducation, on doit reprendre le problème à la base et faire en sorte que chacun se sente concerné, les parents, les enseignants, les éducateurs, les élus locaux. Je crois que personne ne peut sous-traiter à des spécialistes, qu'ils soient des spécialistes de la prévention ou de la répression, un problème aussi grave."
Le fait que J. Chirac commence sa campagne sur ce sujet, qu'est-ce que cela vous inspire ?
- "Je pense qu'il va surfer de thème en thème au cours de la campagne, faire un peu de tout - un peu d'environnement, un peu de social, un peu de sécurité -,en essayant d'utiliser au mieux les peurs de la société. J'attends de lui qu'il propose, comme le feront tous les candidats, un projet cohérent. On est loin du compte. Je voudrais, par exemple, que soit répondu à un certain nombre de questions : est-il normal d'avoir toujours plus de voitures sur les routes, est-il normal d'avoir toujours plus de cochons en Bretagne, est-il normal d'avoir encore dans notre pays, qui est quand même quatrième pays le plus riche du monde, près de quatre millions de personnes qui vivent en dessous du seuil de pauvreté ? Une meilleure répartition des richesses est indispensable, un changement de modèle est indispensable. Si les grands candidats nous proposent simplement la fuite en avant, en disant "fermez les yeux, rendormez-vous, nous nous occuperons de tout", cela ne marchera pas. Moi, je veux qu'on nous dise, que "oui, bien sûr nous allons réformer la politique agricole commune", "oui, bien sûr, nous allons réfléchir aux choix énergétiques de la France", "oui, bien sûr, nous allons procéder enfin à une réforme fiscale", "oui, bien sûr, nous allons arrêter de nous contenter de slogans sur les services publics à la française pour dire comment on répartit bien les moyens entre des villes, dans lesquelles il y a de plus en plus de gens, et des campagnes qui se dépeuplent".... Ce sont les sujets qui intéressent les Français."
Alors, justement, on en arrive à votre programme, cela m'amène à vous parler de vos rapports avec le Parti socialiste. Vous avez réussi à conclure un accord électoral avec le Parti socialiste, mais vous n'êtes d'accord à peu près sur rien, et vous n'avez pas réussi à un conclure un accord. On parle d'une "entente" et vous pointez vos points de désaccord...
- "Vous êtes un peu lapidaire. Nous nous sommes mis d'accord sur beaucoup de sujets, mais pas sur un sujet qui nous paraît tout à fait essentiel : les choix énergétiques de la France. Au lendemain de la deuxième guerre mondiale et dans un contexte militaire et industriel très particulier, on a fait le choix, pratiquement exclusif de l'énergie nucléaire. Quarante ans plus tard, ce choix doit être réinterrogé, doit être réexaminé. Personne n'a envie de le faire, compte tenu du poids du lobby, compte tenu également de l'inventivité qui doit être démontrée pour permettre d'en sortir."
Mais là, justement, sur ce point avec les socialistes, qui est un point quand même fondamental, il n'y a pas d'accord ?
- "Il n'y a pas d'accord. Mais est-ce que cela veut dire que les Verts devraient ne pas avoir de députés, parce que, sur un point particulier, il n'y a pas d'accord, je ne le crois pas. Tout le monde fait mine de considérer que ce serait scandaleux pour les écologistes de prétendre d'avoir des élus à l'Assemblée nationale, on considère pourtant que c'est légitime pour tous les autres partis politiques. Donc, je veux que les Verts aient des députés, pour qu'ils puissent à l'Assemblée nationale porter une voix un peu différente à gauche, pour qu'ils puissent mettre un peu d'aspiration à vivre mieux, à une meilleure qualité de vie, au sein d'une Assemblée nationale qui est quand même extrêmement monocolore de ce point de vue."
Le fait qu'il n'y ait pas d'accord cette fois-ci, alors qu'il y en avait un en 1997, est-ce que cela ne signifie pas que la majorité plurielle n'existe plus aujourd'hui ?
- "On n'en revient à des petites considérations politiciennes, je trouve cela un petit peu dommage..."
Il s'agit quand même de savoir qui va gouverner, c'est important !
- "Seule la dynamique de la campagne permettra de dire si la majorité plurielle propose un projet pour la France qui séduise les Français. Je suis convaincue que ce projet ne pourra être séduisant qui si on prend en compte leurs nouvelles aspirations des Français, notamment en termes de qualité de vie. Actuellement, cette qualité de vie a été sacrifiée, au profit d'un fonctionnement de l'économie qui est certes important, mais qui n'a pas d'autres objets que d'assurer effectivement les moyens nécessaires au vivre ensemble dans ce pays."
Avez-vous l'impression que les socialistes vous écoutent vraiment ?
- "Pas assez ! Et c'est bien parce qu'ils ne nous écoutent pas assez que nous n'avons pas conclu avec eux un contrat de législature. Aux Français de nous donner les moyens de peser davantage dans la majorité plurielle. On ne peut pas reprocher aux Verts de ne pas avoir réussi tout ce qu'ils ont entrepris pour limiter le recours aux OGM, pour limiter la croissances des voitures et des poids lourds sur les routes. S'ils avaient le soutien de plus d'électeurs, ils pourraient peser davantage. Avec un million de voix, on n'a pas pesé assez, avec deux millions, trois millions, et peut-être davantage, on pourra convaincre nos partenaires."
Est-ce que cela a servi à quelque chose d'avoir des ministres Verts au Gouvernement ?
- "Bien sûr, nous avons pu, sur beaucoup de sujets, débloquer la situation. Je pense par exemple, pour ce qui me concerne tout particulièrement, à la loi d'aménagement du territoire, au projet de loi sur l'eau ou encore à la rénovation de la législation sur la chasse : personne n'avait osé s'y attaquer depuis vingt ans et c'était pourtant indispensable. Mais ce qui fait aussi la fierté du bilan de la majorité plurielle, c'est des sujets sur lesquels les Verts s'étaient engagés fortement : je pense à la loi sur les 35 heures, je pense aussi au Pacs. Sur tous les sujets où il était urgent de se mettre en accord avec les évolutions de la société, les Verts ont vraiment assumé leurs responsabilités."
Sur le fond, aujourd'hui, dans la mesure où vous n'avez pas réussi à vous mettre d'accord sur l'ensemble avec les socialistes...
- "On a réussi à se mettre d'accord sur beaucoup de choses - assez pour un accord électoral, pas assez pour un contrat de législature. Donc, actuellement, nous sommes bien dans la majorité plurielle, nous prenons nos responsabilités. Et nous disons aux socialistes que nous voulons, grâce au débat qui aura lieu pour les législatives, aller plus loin avec eux, mais nous n'entendons pas le faire à n'importe quel prix."
Justement, aujourd'hui dans l'état actuel des choses, est-ce que si la gauche gagnait, il y aurait encore des ministres Verts au Gouvernement ?
- "Si les conditions sont réunies pour un contrat de législature, il y aura des ministres Verts au Gouvernement. Si les socialistes s'avèrent incapables de prendre en compte nos attentes, qui sont aussi celles d'une majorité de citoyens, cela ne sera pas le cas. Je pense par exemple à la réforme de la politique agricole commune au niveau européen : je crois que c'est quelque chose de très important. On ne peut pas dire que cette politique soit une réussite, on a de moins en moins de paysans, une eau de plus en plus dégradée, des produits qui ne donnent pas confiance aux consommateurs... Il faut vraiment changer de modèle et je crois que les agriculteurs y sont prêts aujourd'hui. Alors, chiche, est-ce qu'on le fait ou pas ?"
(Source :Premier ministre, Service d'information du gouvernement, le19 février 2002)