Texte intégral
Vous venez de présenter un nouveau programme de prévention et d'organisation des soins pour les personnes âgées fragiles. D'abord, qu'est-ce qu'on entend par "personnes âgées fragiles" ?
- "Ce sont des personnes très âgées qui ont souvent plusieurs maladies ou plusieurs problèmes de santé à la fois. Ce sont ces personnes âgées qui, à l'occasion d'un accident, d'une chute, d'une maladie, découvrent qu'il y a d'autres difficultés comme si c'était une chaîne de difficultés qui se mettaient en place, ou en tout cas qu'on découvre à cette occasion."
Ce programme de prévention et de soins, de quoi s'agit-il exactement ?
- "Il y a vraiment deux actions : la première c'est une action de prévention avec la mise en place d'infirmières de prévention dans les services de gériatrie, que ce soit en moyen séjour, en service de court séjour dans les hôpitaux, autour de quatre axes qui sont aussi importants les uns que les autres. Le premier, c'est l'enjeu de la prévention sur les chutes. Le deuxième - on ne mesure pas forcément cela - mais c'est la dénutrition. Un certain nombre de personnes âgées, parce qu'elles mangent seules, parce qu'elles font moins attention, parce qu'elles sont moins vigilantes - il y a vraiment des personnes âgées qui sont en situation limite de dénutrition. La troisième action de prévention, c'est sur la surconsommation des médicaments. Et puis, la quatrième - un problème qui est délicat, souvent tabou - c'est l'incontinence des personnes âgées qui cachent, qui n'osent pas en parler alors qu'on peut rééduquer l'incontinence."
Qu'est-ce que vous avez décidé en particulier pur toutes ces personnes âgées fragiles ?
- "Il y a ce premier axe sur la prévention avec la mise en place du suivi infirmière de prévention, et le deuxième axe qui est là vraiment très médical, où conjointement avec B. Kouchner, nous mettons en place des moyens supplémentaires pour installer des services de gériatrie dans les hôpitaux, avec quelque chose de très nouveau, de très important : c'est la possibilité d'entrer directement dans les services de gériatrie des hôpitaux, plutôt que de passer par les urgences, parce que trop souvent les urgences se retrouvent - c'est le terme utilisé - "embolisées" par les personnes âgées qui, justement parce que c'est compliqué dans la prise en charge, ne sont pas forcément accueillies correctement alors que, quand elles sont accueillies directement dans les services de gériatrie, chez les gériatres, parce qu'ils connaissent cette situation de fragilité extrême, peuvent aller beaucoup plus vite et faire en sorte qu'elles restent moins longtemps dans les hôpitaux."
Parlons maintenant, si vous le voulez bien, de l'allocation personnalisée d'autonomie. Vous l'avez mise en place il y a maintenant deux mois et demi. Les gestionnaires, paraît-il - ce sont, je le rappelle, les Conseils généraux - ne savent déjà plus où donner de la tête ?
- "Actuellement, c'est plus de 165 000 dossiers qui ont été enregistrés et le nombre de bénéficiaires s'élève à 90 000 personnes. C'est presque autant que la prestation spécifique dépendance qui existait avant."
Je rappelle pour nos auditeurs que c'est une aide financière qui varie selon les revenus, de 91 euros à 1067 euros. On avait calculé en franc à l'époque : cela fait de 600 francs à 7000 francs.
- "Oui. Vous êtes en train de donner les chiffres pour le domicile. Pour l'hébergement, le dispositif s'appuie sur un autre système. C'est en fonction du tarif dépendance de chacun des établissements. Donc, là, il peut y avoir des tarifs complètement différents."
Je rappelle que si on se bouscule actuellement au portillon pour s'occuper de la mise en place de cette allocation d'autonomie, vous avez créé ou ont été créés quand même de nombreux emplois ?
- "Il y a déjà un certain nombre d'emplois non négligeables qui ont été créés dans les services des Conseils généraux. On estime à 2000 emplois créés uniquement pour traiter les dossiers, pour aller chez les personnes âgées évaluer leurs besoins et leurs demandes. Et puis, d'autre part, on estime au minimum à la création de 40 000 emplois nécessaires dans les deux ans, au niveau national, pour accompagner en particulier à domicile les personnes âgées. C'est un métier qu'on appelle "auxiliaire de vie sociale" ou "aide à domicile." Je crois qu'on est en train de découvrir qu'en fin de compte, la vieillesse peut être un élément de créations d'emplois non négligeables pour aider les personnes âgées qui sont en difficulté."
Je reviens à ces aides financières. Vous avez peut-être quand même mis le doigt dans un engrenage dangereux, parce qu'on a calculé qu'à l'horizon 2020, ce sont 3 millions de personnes qui pourraient prétendre à cette allocation.
- "Cela peut être un chiffre élevé, effectivement, si on ne met pas en place un dispositif de prévention et de soins particuliers aux personnes âgées. Il y a des régions françaises - je pense à une en particulier, qui est l'Alsace - où les gériatres dans les hôpitaux ont depuis des années mis en place des services de formation, des dispositifs de prise en charge très pointus pour la prise en charge des personnes âgées. Ces mises en place permettent d'éviter l'entrée dans la dépendance des personnes âgées. Si je peux utiliser cette formule-là, il faut aussi qu'on comprenne que la dépendance, la perte d'autonomie, elle n'est pas inéluctable si on fait soigner, prendre en charge, accompagner correctement la vieillesse et éviter cette entrée dans la maladie, donc dans la dépendance."
(Source :Premier ministre, Service d'information du gouvernement, le 21 mars 2002)
- "Ce sont des personnes très âgées qui ont souvent plusieurs maladies ou plusieurs problèmes de santé à la fois. Ce sont ces personnes âgées qui, à l'occasion d'un accident, d'une chute, d'une maladie, découvrent qu'il y a d'autres difficultés comme si c'était une chaîne de difficultés qui se mettaient en place, ou en tout cas qu'on découvre à cette occasion."
Ce programme de prévention et de soins, de quoi s'agit-il exactement ?
- "Il y a vraiment deux actions : la première c'est une action de prévention avec la mise en place d'infirmières de prévention dans les services de gériatrie, que ce soit en moyen séjour, en service de court séjour dans les hôpitaux, autour de quatre axes qui sont aussi importants les uns que les autres. Le premier, c'est l'enjeu de la prévention sur les chutes. Le deuxième - on ne mesure pas forcément cela - mais c'est la dénutrition. Un certain nombre de personnes âgées, parce qu'elles mangent seules, parce qu'elles font moins attention, parce qu'elles sont moins vigilantes - il y a vraiment des personnes âgées qui sont en situation limite de dénutrition. La troisième action de prévention, c'est sur la surconsommation des médicaments. Et puis, la quatrième - un problème qui est délicat, souvent tabou - c'est l'incontinence des personnes âgées qui cachent, qui n'osent pas en parler alors qu'on peut rééduquer l'incontinence."
Qu'est-ce que vous avez décidé en particulier pur toutes ces personnes âgées fragiles ?
- "Il y a ce premier axe sur la prévention avec la mise en place du suivi infirmière de prévention, et le deuxième axe qui est là vraiment très médical, où conjointement avec B. Kouchner, nous mettons en place des moyens supplémentaires pour installer des services de gériatrie dans les hôpitaux, avec quelque chose de très nouveau, de très important : c'est la possibilité d'entrer directement dans les services de gériatrie des hôpitaux, plutôt que de passer par les urgences, parce que trop souvent les urgences se retrouvent - c'est le terme utilisé - "embolisées" par les personnes âgées qui, justement parce que c'est compliqué dans la prise en charge, ne sont pas forcément accueillies correctement alors que, quand elles sont accueillies directement dans les services de gériatrie, chez les gériatres, parce qu'ils connaissent cette situation de fragilité extrême, peuvent aller beaucoup plus vite et faire en sorte qu'elles restent moins longtemps dans les hôpitaux."
Parlons maintenant, si vous le voulez bien, de l'allocation personnalisée d'autonomie. Vous l'avez mise en place il y a maintenant deux mois et demi. Les gestionnaires, paraît-il - ce sont, je le rappelle, les Conseils généraux - ne savent déjà plus où donner de la tête ?
- "Actuellement, c'est plus de 165 000 dossiers qui ont été enregistrés et le nombre de bénéficiaires s'élève à 90 000 personnes. C'est presque autant que la prestation spécifique dépendance qui existait avant."
Je rappelle pour nos auditeurs que c'est une aide financière qui varie selon les revenus, de 91 euros à 1067 euros. On avait calculé en franc à l'époque : cela fait de 600 francs à 7000 francs.
- "Oui. Vous êtes en train de donner les chiffres pour le domicile. Pour l'hébergement, le dispositif s'appuie sur un autre système. C'est en fonction du tarif dépendance de chacun des établissements. Donc, là, il peut y avoir des tarifs complètement différents."
Je rappelle que si on se bouscule actuellement au portillon pour s'occuper de la mise en place de cette allocation d'autonomie, vous avez créé ou ont été créés quand même de nombreux emplois ?
- "Il y a déjà un certain nombre d'emplois non négligeables qui ont été créés dans les services des Conseils généraux. On estime à 2000 emplois créés uniquement pour traiter les dossiers, pour aller chez les personnes âgées évaluer leurs besoins et leurs demandes. Et puis, d'autre part, on estime au minimum à la création de 40 000 emplois nécessaires dans les deux ans, au niveau national, pour accompagner en particulier à domicile les personnes âgées. C'est un métier qu'on appelle "auxiliaire de vie sociale" ou "aide à domicile." Je crois qu'on est en train de découvrir qu'en fin de compte, la vieillesse peut être un élément de créations d'emplois non négligeables pour aider les personnes âgées qui sont en difficulté."
Je reviens à ces aides financières. Vous avez peut-être quand même mis le doigt dans un engrenage dangereux, parce qu'on a calculé qu'à l'horizon 2020, ce sont 3 millions de personnes qui pourraient prétendre à cette allocation.
- "Cela peut être un chiffre élevé, effectivement, si on ne met pas en place un dispositif de prévention et de soins particuliers aux personnes âgées. Il y a des régions françaises - je pense à une en particulier, qui est l'Alsace - où les gériatres dans les hôpitaux ont depuis des années mis en place des services de formation, des dispositifs de prise en charge très pointus pour la prise en charge des personnes âgées. Ces mises en place permettent d'éviter l'entrée dans la dépendance des personnes âgées. Si je peux utiliser cette formule-là, il faut aussi qu'on comprenne que la dépendance, la perte d'autonomie, elle n'est pas inéluctable si on fait soigner, prendre en charge, accompagner correctement la vieillesse et éviter cette entrée dans la maladie, donc dans la dépendance."
(Source :Premier ministre, Service d'information du gouvernement, le 21 mars 2002)