Interview de M. François Huwart, secrétaire d'Etat au commerce extérieur, à "Europe 1" le 15 février 2002 sur le bilan du commerce extérieur pour l'année 2001.

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Média : Europe 1

Texte intégral


On connaît maintenant le solde du commerce extérieur de la France en 2001 ; c'est un excédent de 3,3 milliards d'euros.
- "Oui."
On va commenter cette nouvelle qui est plutôt bonne. Je voudrais qu'on revienne d'abord sur l'an 2000. L'excédent s'est transformé en déficit du fait d'une modification du calcul des douanes. Qu'est-ce qui s'est passé ?
- "C'est tout simplement qu'en effet, compte tenu de l'insertion de la France dans l'ensemble européen, les douanes ont modifié leur mode de calcul."
Une harmonisation, c'est ça ?
- "C'est tout à fait ça. Ce qui fait que les douanes ont révisé le chiffre pour l'année antérieure, et qu'il est apparu, en définitive, en déficit de 3 milliards, alors que nous n'avions pas conscience de cela au moment où nous avons délivré les chiffres en fin d'année. Je crois que ce qui est important, maintenant, c'est que nous ayons des chiffres sur lesquels nous puissions faire des comparaisons durables."
2001, je le disais, c'est donc un excédent. En même temps, ces chiffres masquent une rupture. On voit très bien que le 11 septembre, dans les échanges de la France, marque vraiment une rupture dans l'année 2001 ?
- "Oui, c'est vrai, je note comme vous cette rupture. Cette année aura été une année difficile et périlleuse, marquée par des chocs importants. Le 11 septembre, le ralentissement américain, la récession japonaise et puis des crises sanitaires. Mais, sur l'ensemble de l'année, le résultat montre que l'économie française - le commerce extérieur français - a bien encaissé ces chocs-là, en tout cas, mieux que d'autres, et je crois que c'est essentiellement dû au fait que nos entreprises sont très internationalisées et bien mondialisées aujourd'hui, c'est la preuve que notre économie est compétitive. C'est la leçon que je tire, moi."
On voit, en effet, que nos exportations continuent de progresser dans un univers où le ralentissement est assez général. C'est effectivement plutôt bon signe pour la compétitivité ?
- "C'est bon signe. Un chiffre pour illustrer cette progression - je crois qu'il faut dépasser les chiffres de conjoncture : en cinq ans, depuis 1997, les exportations françaises en valeur ont progressé de 25 %. C'est vraiment la preuve que nous n'avons pas, contrairement à ce que j'entends ici et là, des problèmes de compétitivité de notre économie à l'internationale. Nous n'avons pas perdu de parts de marché ni dans l'OCDE où nous progressons, ni au niveau mondial, alors qu'il y a plus de compétiteurs. Il y a plus de partenaires, il y a des pays émergents qui, aujourd'hui, même s'ils ont des difficultés sur des secteurs particuliers, sont extrêmement dynamiques et agressifs. Et donc, globalement, je dirais que ce chiffre est un bon excédent. Je veux dire par là qu'il y a des excédents qui ne sont pas de bons excédents."
Oui, on en a vu dans les années 90 où tout ralentissait.
- "Voilà, tout ralentissait, la France était atone, ne consommait pas, par conséquent, les importations étaient faibles. Là, nous sommes tout de même, sur l'année 2001, avec une France en croissance, plus en croissance que ses voisins. Mais le fait que notre économie exporte mieux permet de dépasser le montant de nos importations et d'avoir un solde positif, ce qui est bien pour la croissance, parce que c'est autant que nous n'avons pas à financer."
Revenons quand même sur les importations : elles sont en recul de 322 milliards d'euros.
- "Oui, c'est vrai."
Ca, c'est quand même un signe du recul de l'activité, de la baisse du moral des chefs d'entreprise. Il y a moins d'investissements. C'est quand même plutôt inquiétant pour la suite.
- "Je voudrais opposer à cela l'enquête de la Banque de France qui montre que sur janvier, le moral des chefs d'entreprise a beaucoup remonté. Et puis, il faut tout de même bien resituer cela dans un contexte qui est très particulier. Souvenez-vous que pendant l'année 2000, le commerce mondial, c'est 12 % de croissance, et pendant l'année 2001, ce sera moins 1,5 %. Et par conséquent, il n'est pas illogique que dans ce contexte-là, il y ait des effets de ce genre. Mais je pense vraiment que les importations, c'est vrai ont diminué. C'est dû essentiellement à deux causes : la première, c'est qu'il y a eu des phénomènes de destockages importants. On a moins utilisé nos capacités de production, c'est un fait, et puis surtout aussi au fait qu'on a importé en valeur moins d'énergies et notamment le pétrole. La facture pétrolière pour nous a diminué de 800 millions."
Victime du ralentissement, le pétrole est moins cher et, bien entendu, il nous coûte moins cher aussi. Vous disiez à l'instant que le commerce mondial s'était rétracté. C'est effectivement une des grandes leçons de l'année qui vient de s'écouler. Quelles conclusions tirez-vous pour la suite des négociations, pour
Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 18 février 2002