Déclaration de M. Charles Josselin, ministre délégué à la coopération et à la francophonie, sur le nouvel élan donné à la politique de coopération franco-marocaine, Rabat le 18 juin 1999.

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Circonstance : Voyage officiel de M. Josselin au Maroc les 18 et 19 juin 1999-clôture de la XVIIème session du COPEP (Comité permanent d'études et de programmation) franco-marocain, à Rabat le 18 juin 1999

Texte intégral

Monsieur le Ministre,
Mesdames et Messieurs,
Nous allons maintenant clôturer les quelque quarante-huit heures de travaux, intenses, fructueux et amicaux, qui ont réuni nos deux délégations. C'est presqu'une routine, puisque nous voici déjà arrivés à la dix-septième édition du Comité permanent d'études et de programmation, formalisé par la Convention de 1984 qui définit les grandes lignes de la coopération unissant nos pays. Et pourtant ce terme est bien peu justifié, tant nos entretiens de ce jour et les travaux qui les ont précédés manifestent la volonté du Royaume du Maroc et de la République française d'aller plus avant et de faire toujours mieux dans le cadre d'une coopération exemplaire.
Cette coopération est unique au monde : tous intervenants confondus, je ne crois pas que la France déploie plus d'efforts dans quelque pays que ce soit. Il était donc légitime que je réponde à l'invitation du ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, M. Mohamed Benaissa, rencontré à Paris au mois de mai - c'était son premier déplacement à l'étranger dans ses nouvelles fonctions. C'est un homme de culture - mais je ne vous apprendrai rien - et un homme d'idées : nous en avons échangées beaucoup tout au long de cette journée. Je voudrais lui dire combien j'apprécie les liens d'amitié tissés en cette occasion : je sais que le Maroc, pays arabe, pays méditerranéen, attache comme nous beaucoup d'importance à la qualité des relations humaines. Et ce lien qui unit nos deux pays à tous les niveaux de l'Etat et de la société a trouvé depuis deux ans une concrétisation éclatante à travers la réunion annuelle des Premiers ministres : je crois pouvoir vous dire que l'amitié éprouvée aujourd'hui à l'occasion de cette invitation de Mohamed Benaissa ne le cède en rien à celle partagée par Abderrahmane Youssoufi et Lionel Jospin.
Monsieur le Ministre,
Mesdames et Messieurs,
Le moment de ma visite n'est pas fortuit : il coïncide avec la grande réforme de la coopération réalisée par le gouvernement français. Au fil de mes discussions, je réalise encore mieux à quel point la coopération franco-marocaine témoignait déjà d'un partenariat exemplaire : je suis certain que les nouveaux instruments dont elle disposera, dans le cadre de la Zone de solidarité prioritaire, lui donneront un nouvel élan.
On ne peut qu'être frappé par son ampleur, par son caractère multiforme et évolutif. Progressivement en effet, de plus en plus de domaines sont entrés dans le spectre de notre coopération bilatérale : du civil au militaire, du culturel, scientifique et technique, à l'économique, au commercial et au financier, de l'initiative la plus ponctuelle au projet le plus large, des actions conduites directement par nos administrations à celles assurées par un nombre croissant d'opérateurs non gouvernementaux. Bref, à l'image de nos relations sur un plan plus général, celles qui relèvent de la coopération n'ont cessé de s'étoffer et de s'approfondir.
Il faut souligner le rôle joué par la Convention de coopération culturelle, scientifique et technique depuis près de 15 ans. Elle a permis un foisonnement d'initiatives et de projets. De l'éducatif et du culturel, elle s'est progressivement tournée vers la santé, la formation professionnelle, la qualité industrielle, la forêt, l'aménagement du territoire, l'environnement, la justice, l'Etat de droit, la société civile, dessinant ainsi l'évolution de nos sociétés et de leurs attentes et aspirations nouvelles.
Pour autant, le moment est sans doute venu de solliciter notre capacité de création commune afin de renforcer, en le rénovant, ce cadre commun. Il est nécessaire également de reconnaître pleinement dans notre cadre de coopération des opérateurs nouveaux, qui ne nous ont pas attendus : les associations, les ONG, les collectivités décentralisées tout comme les instances multilatérales. Parmi ces nouveaux acteurs, il y a aussi l'Agence française de développement, présente depuis seulement quelques années au Maroc et qui y accomplit un travail remarquable et apprécié. Ils ont vocation à être explicitement intégrés dans notre dispositif. C'est le sens de la déclaration commune que nous allons signer.
La coopération française au Maroc, c'est aussi un double réseau. Celui de nos établissements d'enseignement, très sollicités, et celui de nos Instituts, présents dans neuf villes du Royaume, qui assurent un nombre croissant de fonctions : diffusion culturelle, médiathèques et cours de langues et, de plus en plus, un rôle reconnu d'acteurs de la coopération. Ce double réseau, complété de quelques autres structures ou établissements bien connus (Ecole française des Affaires à Casablanca, Centre d'études en Sciences sociales et humaines, Alliances franco-marocaines...), constitue une caractéristique tout à fait exceptionnelle de notre présence au Maroc. Il vient équilibrer, par sa présence physique diffuse dans l'ensemble du pays et par sa vocation à conduire des opérations de plus en plus proches du terrain, une coopération institutionnelle à caractère le plus souvent immatériel.
Cette rénovation du cadre s'inscrit d'ailleurs dans un contexte éminemment favorable, grâce à la proximité et l'excellence de nos relations politiques bilatérales, qui se traduiront prochainement par la venue de Sa Majesté le Roi à Paris, invité d'honneur du Président de la République lors de la Fête nationale, avec la présence très exceptionnelle des troupes marocaines sur les Champs Elysées.
C'est en intégrant progressivement toutes ces nouvelles pistes, en sachant préserver ce qu'a d'efficace et de reconnue comme telle la coopération conduite jusqu'à ce jour et en procédant ensemble aux évaluations et aux choix nécessaires que nos deux pays pourront approfondir la voie commune vers un nouveau "partenariat". En nous engageant dans cette voie, nous nous inscrivons d'ailleurs tout à fait dans la logique des manifestations du Temps du Maroc qui donnent à voir un pays certes riche de ses acquis historiques, mais aussi résolument engagé dans la modernité, tourné vers l'avenir, et avec le succès que l'on sait.
En remerciant les autorités marocaines pour leur accueil, je veux saluer le nouveau partenariat entre le Maroc et la France, qui vient consolider l'amitié entre nos deux pays, entre nos deux peuples.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 23 juin 1999)