Déclaration de Mme Catherine Tasca, ministre de la culture et de la communication, sur les initiatives culturelles au sein de l'hôpital, leurs sources de financement, et leur promotion au travers des Premières Journées de la culture à l'Hôpital, Paris le 13 mars 2002.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Premières Journées nationales de la culture à l'hôpital les 15 et 16 mars 2002

Texte intégral

Monsieur le Ministre,
Mesdames et Messieurs les Membres du Cercle des Partenaires,
Mesdames et Messieurs,
Il y a tout juste quatre ans, cher Bernard Kouchner, vous installiez, ici même, aux côtés de Catherine Trautmann, le Cercle des Partenaires de la culture à l'hôpital. Une année plus tard, le 4 mai 1999, nos ministères signaient la première convention " Culture à l'hôpital ". Ils donnaient ainsi à la culture sa pleine place au sein de l'hôpital, concrétisant la volonté du gouvernement de Lionel Jospin de faciliter l'accès à la culture du plus grand nombre en lui donnant.
Il y a quelques mois, lors d'une visite à l'hôpital Robert-Debré à Paris, j'ai rencontré des acteurs de cette action culturelle à l'hôpital - artistes, responsables culturels et hospitaliers, soignants. Plus tard, assistant à Strasbourg aux Rencontres Européennes de la culture à l'hôpital aux côtés des représentants de dix-sept pays, j'ai été frappée par la détermination des participants : la culture à l'hôpital apparaît comme un mouvement nouveau, perceptible dans la plupart des pays européens.
Il faut bien dire que l'hôpital est, en soi, un lieu de culture, par son histoire, qui est celle de la médecine, et par la richesse de son patrimoine. En s'ouvrant aujourd'hui aux artistes, il renoue avec une tradition ancienne. Quant au profit qu'en retirent les patients et les personnels soignants, vous l'avez très bien exprimé : la culture contribue à faire de l'hôpital un lieu de vie, ouvert sur la cité.
Pour ma part, je voudrais insister sur trois points :
ce que représente la culture à l'hôpital pour les artistes et le monde de la culture ;
les moyens aujourd'hui mobilisés ;
la portée des premières Journées nationales Culture à l'hôpital.
1. La culture à l'hôpital est le signe d'une évolution du milieu artistique et culturel.
· Des artistes de plus en plus nombreux souhaitent travailler en dehors de la scène ou des lieux d'exposition. Non qu'ils rejettent les institutions ; mais, pour beaucoup d'entre eux, cette approche ne suffit pas. Ils recherchent une relation plus forte, plus directe avec leurs contemporains. Ils veulent enrichir leur propre création par des rencontres singulières : l'hôpital - lieu symbolique du corps, de la souffrance, de la mort, mais aussi de la vie, de la renaissance - les leur offre.
· De la même manière, des responsables d'institutions culturelles se tournent vers le milieu hospitalier dans un esprit d'ouverture aux différents publics. En construisant avec l'hôpital de leur ville ou de leur région des partenariats d'un genre nouveau - que nous appelons des jumelages - les théâtres, les musées, les bibliothèques, les monuments historiques inventent de nouvelles formes de relation avec les habitants de la cité.
· Avec la création des responsables culturels hospitaliers, c'est un nouveau métier qui est apparu. Reliant une action culturelle et artistique à part entière à une action d'utilité sociale, il rencontre un réel succès parmi les jeunes. Mais il fallait à ce nouveau métier un véritable savoir-faire. C'est pourquoi le ministère de la Culture a mis sur pied, depuis trois ans, une formation spécifique. Non sans succès, puisque, déjà, cent vingt professionnels en ont bénéficié.
2. Les moyens mobilisés
Il faut, bien entendu, des moyens - notamment financiers - pour que toutes les initiatives voient le jour. Le programme que nous avons mis en place s'appuie sur trois sources de financement :
Celle du ministère de la Culture, via les directions régionales des affaires culturelles : initiateur de ce programme, il est tout à fait naturel que mon ministère apporte sa contribution.
Celle du milieu hospitalier, provenant, d'une part, des hôpitaux eux-mêmes qui, de plus en plus, consacrent un budget à la culture et, d'autre part, des agences régionales de l'hospitalisation, dont je salue l'action volontariste, puisqu'à ce jour dix d'entre elles ont signé des conventions avec les DRAC, et que toutes devraient l'avoir fait à la fin de l'année 2002.
Celle, enfin, du Cercle des Partenaires de la culture à l'hôpital. Je tiens à remercier chaleureusement les entreprises qui se sont associées à notre action, dans un dispositif original qui leur permet d'aider aujourd'hui près d'une centaine de projets sur le terrain.
Ces entreprises - elles sont quatorze aujourd'hui - je veux leur dire à quel point leur apport est important, car c'est l'effort qu'elles consentent - complémentaire, je le répète, des autres concours - qui permet souvent à un projet de se pérenniser au sein de l'hôpital.
Enfin, je souhaite la bienvenue aux quatre nouveaux membres qui nous ont rejoint cette année : la Fondation EDF, la Fondation Internationale Carrefour, Les Laboratoires Servier et Avantis-Pharma.
3. La portée des Premières Journées de la culture à l'hôpital
Il fallait un événement pour faire connaître l'extraordinaire vitalité de la culture à l'hôpital que j'évoquais tout à l'heure, et c'est pourquoi je vous ai proposé, monsieur le Ministre, d'organiser, pour la première fois et dans la France entière, les Journées de la culture à l'hôpital.
Il s'agit de permettre, pendant deux jours, aux hôpitaux et aux structures de soins de montrer au public et, en interne, à leur propre personnel, aux malades et à leurs visiteurs, leurs initiatives en matière culturelle. Je dois dire que la réponse des hôpitaux a été extraordinaire. Malgré des délais très brefs, de très nombreux établissements hospitaliers ont souhaité s'inscrire dans cette première manifestation. Nous en avons comptabilisé 150 : je pense qu'ils seront encore plus nombreux les 15 et 16 mars prochains.
Les hôpitaux participent déjà, et fortement, à certains de nos grands rendez-vous comme la Fête de la musique, Lire en fête ou les Journées du Patrimoine. Les Journées de la culture à l'hôpital procèdent de la même logique que ces grands moments populaires, mais elles constituent un événement spécifique à l'hôpital, à même de donner un coup de projecteur sur des actions qui se déroulent, le plus souvent, dans l'intimité des services. La lecture du programme vous permettra de vous rendre compte de la richesse des activités proposées et de la diversité des domaines artistiques abordés.
Ces Journées, nous souhaitons qu'elles se renouvellent chaque année pour devenir un rendez-vous régulier de la vie de l'hôpital. De plus, nous espérons qu'elles se développeront dans d'autres pays européens. Cela a déjà commencé, et je m'en réjouis, puisque le directeur culturel de l'hôpital de Genève est ici, avec nous, et que son hôpital participe à ces Journées. Dès l'an prochain, d'autres pays devraient se joindre à notre initiative - la Grande-Bretagne, l'Irlande, la Suisse, la Suède, l'Italie - se montrent, en effet, intéressés.
Mesdames et Messieurs, je vous donne donc, aujourd'hui, deux rendez-vous : l'un, vendredi et samedi prochain, pour les premières Journées nationales de la culture à l'hôpital, et l'autre, l'an prochain à la même époque, pour les premières Journées européennes.
Je vous remercie.
(Source http://www.culture.gouv.fr, le 26 mars 2002)