Texte intégral
Mesdames et Messieurs les Présidents,
Monsieur le Directeur de la DGER,
Mesdames, Messieurs,
Chers amis,
Je voudrais d'abord vous dire que le syndicalisme agricole a toujours fait le pari des Hommes. Qu'il s'agisse de nos exploitations, de notre syndicat ou des organisations professionnelles, nous le savons bien : les Hommes sont notre première richesse. C'est avec les Hommes qu'on construit.
C'est cette conviction qui a réuni les professionnels agricoles et nous a amené à nous engager dans la formation, au côté de l'Etat, avec les salariés et tous nos partenaires, pour faire de l'enseignement agricole ce qu'il est aujourd'hui. Cet engagement a permis de faire de l'enseignement un point fort dans le monde agricole et un outil de formation pragmatique, adapté à la réalité de nos métiers.
Même sans remonter jusqu'aux 150 dernières années, on peut dire que depuis l'après guerre, la formation a su préparer et accompagner les agriculteurs dans la mutation sans équivalent de leur métier, mais aussi de leur rôle dans la société.
La modernisation de l'agriculture a été à la mesure de l'effort de formation consenti. Et si plus de neuf installations sur dix sont toujours debout cinq ans après, la formation de nos jeunes n'y est pas pour rien.
Mais les défis qui sont à relever aujourd'hui et demain ne sont pas moins décisifs que ceux d'hier.
Il revient à notre enseignement agricole de préparer les hommes et les femmes à les affronter.
Vous avez fait le point sur ces évolutions au cours de vos travaux. Aussi sans insister, je voudrais rapidement passer en revue les nouveaux enjeux pour l'agriculture dans les années 2000.
Je distinguerais trois grands enjeux essentiels car ils conditionneront l'avenir de nos métiers et devront orienter l'effort de formation.
1- la mondialisation des économies, la libéralisation des échanges, touche l'agriculture comme les autres secteurs, qu'on le déplore ou pas. Notre environnement est de plus en plus international, européen, bien sûr, mais aussi mondial. Les marchés ont pris une importance croissante, la concurrence s'est accrue, avec le risque de comportements individualistes.
Face à tout cela, il faut donner aux agriculteurs les outils pour mieux maîtriser cette complexité, pour mener un projet d'entrepreneur dans cet environnement.
Cela passe par l'ouverture internationale, la maîtrise des langues. Cela passe aussi par la perception des limites du marché et de la nécessité de l'organisation collective et de la solidarité pour y remédier. C'est essentiel !
2- les mutations des sciences et des techniques
La recherche génétique, l'émergence des OGM, nous placent devant une véritable révolution du vivant. Les agriculteurs, entrepreneurs du vivant, se trouveront en première ligne. Ces progrès techniques vont changer nos métiers. Nous devrons être capables d'appréhender ces progrès, de mieux les maîtriser. A nous de faire avancer une éthique du vivant.
3- une société de plus en plus ouverte, des demandes de plus en plus qualitatives.
Les attentes des consommateurs et de la société ont évolué. La recherche de la qualité, de la sécurité alimentaire est devenue essentielle. L'agriculteur doit produire tout en jouant pleinement son rôle dans l'aménagement du territoire, la gestion de l'espace et des paysages, la préservation de l'environnement
Nous devons intégrer dans nos métiers tous ces changements et l'enseignement doit nous y préparer.
Le message est clair : le monde agricole doit s'ouvrir à la société. Pas de corporatisme qui tienne ! Surtout que parallèlement, notre société est devenue une société de communication.
Alors nous devons favoriser les échanges avec les autres catégories sociales. Pour cela il faut former des hommes responsables et ouverts.
L'enseignement agricole devra préparer les femmes et les hommes à prendre le tournant de la multifonctionnalité. Il devra les préparer à prendre les responsabilités qui en découlent dans la société : celles d'un véritable animateur de la société qui contribue à l'équilibre de celle-ci. Celles d'un citoyen, tout simplement.
C'est pour cela que l'enseignement agricole ne doit pas se borner à former des techniciens : la formation humaine est essentielle.
Il s'agit de transmettre :
- un savoir, une culture générale, car c'est la meilleure façon de former des citoyens et des professionnels mobiles, qui sauront s'adapter à un monde en évolution permanente.
- un savoir-faire, en préparant de façon opérationnelle aux métiers agricoles
- mais aussi un savoir-être et des valeurs de responsabilité et de solidarité.
L'enseignement doit être une école de responsabilité et de solidarité. Il doit préparer l'évolution qualitative de nos métiers. Il doit donner aux femmes et aux hommes des outils pour bâtir un projet professionnel, tout au long de leur vie.
Car aujourd'hui, en agriculture comme ailleurs, il est clair que la formation ne s'arrête pas à l'entrée dans la vie active. Se former doit être une préoccupation permanente tout au long de la vie.
Tout cela passe notamment par une pédagogie de projet plus que de sélection, par l'ouverture internationale des cursus, par la valorisation des acquis professionnels.
Si toutes ces missions sont ambitieuses, je pense que l'enseignement agricole a des atouts pour les mener à bien.
Nous n'avons pas à rougir d'avoir un enseignement agricole qui nous est propre, rattaché au ministère de l'agriculture. Cette tutelle est un atout qu'il faut préserver.
Il ne s'agit pas d'une démarche corporatiste. Il s'agit de relier la formation avec la politique agricole. Il s'agit de relier la formation avec le développement, la recherche. Et notamment pour ce qui est de l'enseignement supérieur, il faut favoriser les échanges, relancer le dialogue. Et nous voulons continuer à être des partenaires actifs du ministère dans l'évolution de l'enseignement agricole.
L'engagement des professionnels et des OPA dans la formation est aussi un atout précieux. Il doit s'excercer tant au niveau des établissements qu'aux échellons régionaux et nationaux, avec nos différents partenaires. C'est la meilleure garantie d'une formation adaptée, pragmatique, proche des métiers agricoles.
Ce capital nous ne devons pas le dilapider. Les professionnels doivent continuer à s'engager activement dans les établissements. A bâtir des partenariats.
Ils doivent vivre sur le terrain le paritarisme avec les salariés, pour éviter le consensus mou et faire émerger des projets communs et des choix stratégiques. La formation est l'intérêt bien compris du salarié comme du chef d'exploitation.
Le paritarisme n'est pas une fin en soi. C'est un moyen au service d'une politique. C'est une exigence de rigueur, une école de responsabilité.
Les OPA doivent également se remobiliser à tous les échelons au FAFEA pour définir une orientation au service des agriculteurs.
C'est cette logique d'engagement professionnel dans la formation qui nous conduit à vouloir conserver la maîtrise de l'emploi des fonds. Je pense aujourd'hui au financement des formations agri-environnementaleset demain aux fonds structurels. Nous sommes loin d'être opposés à ces formations, bien au contraire. Mais nous dénonçons une logique qui viendrait à terme remettre en question les fonds professionnels. Nous voulons conserver la traçabilité de nos fonds. Le Conseil de l'Agriculture Française l'a réaffirmé ce matin et a décidé d'écrire en ce sens au ministre.
Pour conclure, je dirais enfin que pour attirer les jeunes vers nos métiers - qu'ils viennent du milieu agricole ou non - nous devrons plus que jamais nous appuyer sur un enseignement agricole de grande qualité. C'est donc un enjeu essentiel : il en va du renouvellement des générations.
C'est notre responsabilité à tous : s'engager pleinement dans la formation, pour parier sur les femmes et les hommes qui feront l'agriculture de demain.
Je vous remercie.
(Source http://www.fnsea.fr, le 12 février 2001)
Monsieur le Directeur de la DGER,
Mesdames, Messieurs,
Chers amis,
Je voudrais d'abord vous dire que le syndicalisme agricole a toujours fait le pari des Hommes. Qu'il s'agisse de nos exploitations, de notre syndicat ou des organisations professionnelles, nous le savons bien : les Hommes sont notre première richesse. C'est avec les Hommes qu'on construit.
C'est cette conviction qui a réuni les professionnels agricoles et nous a amené à nous engager dans la formation, au côté de l'Etat, avec les salariés et tous nos partenaires, pour faire de l'enseignement agricole ce qu'il est aujourd'hui. Cet engagement a permis de faire de l'enseignement un point fort dans le monde agricole et un outil de formation pragmatique, adapté à la réalité de nos métiers.
Même sans remonter jusqu'aux 150 dernières années, on peut dire que depuis l'après guerre, la formation a su préparer et accompagner les agriculteurs dans la mutation sans équivalent de leur métier, mais aussi de leur rôle dans la société.
La modernisation de l'agriculture a été à la mesure de l'effort de formation consenti. Et si plus de neuf installations sur dix sont toujours debout cinq ans après, la formation de nos jeunes n'y est pas pour rien.
Mais les défis qui sont à relever aujourd'hui et demain ne sont pas moins décisifs que ceux d'hier.
Il revient à notre enseignement agricole de préparer les hommes et les femmes à les affronter.
Vous avez fait le point sur ces évolutions au cours de vos travaux. Aussi sans insister, je voudrais rapidement passer en revue les nouveaux enjeux pour l'agriculture dans les années 2000.
Je distinguerais trois grands enjeux essentiels car ils conditionneront l'avenir de nos métiers et devront orienter l'effort de formation.
1- la mondialisation des économies, la libéralisation des échanges, touche l'agriculture comme les autres secteurs, qu'on le déplore ou pas. Notre environnement est de plus en plus international, européen, bien sûr, mais aussi mondial. Les marchés ont pris une importance croissante, la concurrence s'est accrue, avec le risque de comportements individualistes.
Face à tout cela, il faut donner aux agriculteurs les outils pour mieux maîtriser cette complexité, pour mener un projet d'entrepreneur dans cet environnement.
Cela passe par l'ouverture internationale, la maîtrise des langues. Cela passe aussi par la perception des limites du marché et de la nécessité de l'organisation collective et de la solidarité pour y remédier. C'est essentiel !
2- les mutations des sciences et des techniques
La recherche génétique, l'émergence des OGM, nous placent devant une véritable révolution du vivant. Les agriculteurs, entrepreneurs du vivant, se trouveront en première ligne. Ces progrès techniques vont changer nos métiers. Nous devrons être capables d'appréhender ces progrès, de mieux les maîtriser. A nous de faire avancer une éthique du vivant.
3- une société de plus en plus ouverte, des demandes de plus en plus qualitatives.
Les attentes des consommateurs et de la société ont évolué. La recherche de la qualité, de la sécurité alimentaire est devenue essentielle. L'agriculteur doit produire tout en jouant pleinement son rôle dans l'aménagement du territoire, la gestion de l'espace et des paysages, la préservation de l'environnement
Nous devons intégrer dans nos métiers tous ces changements et l'enseignement doit nous y préparer.
Le message est clair : le monde agricole doit s'ouvrir à la société. Pas de corporatisme qui tienne ! Surtout que parallèlement, notre société est devenue une société de communication.
Alors nous devons favoriser les échanges avec les autres catégories sociales. Pour cela il faut former des hommes responsables et ouverts.
L'enseignement agricole devra préparer les femmes et les hommes à prendre le tournant de la multifonctionnalité. Il devra les préparer à prendre les responsabilités qui en découlent dans la société : celles d'un véritable animateur de la société qui contribue à l'équilibre de celle-ci. Celles d'un citoyen, tout simplement.
C'est pour cela que l'enseignement agricole ne doit pas se borner à former des techniciens : la formation humaine est essentielle.
Il s'agit de transmettre :
- un savoir, une culture générale, car c'est la meilleure façon de former des citoyens et des professionnels mobiles, qui sauront s'adapter à un monde en évolution permanente.
- un savoir-faire, en préparant de façon opérationnelle aux métiers agricoles
- mais aussi un savoir-être et des valeurs de responsabilité et de solidarité.
L'enseignement doit être une école de responsabilité et de solidarité. Il doit préparer l'évolution qualitative de nos métiers. Il doit donner aux femmes et aux hommes des outils pour bâtir un projet professionnel, tout au long de leur vie.
Car aujourd'hui, en agriculture comme ailleurs, il est clair que la formation ne s'arrête pas à l'entrée dans la vie active. Se former doit être une préoccupation permanente tout au long de la vie.
Tout cela passe notamment par une pédagogie de projet plus que de sélection, par l'ouverture internationale des cursus, par la valorisation des acquis professionnels.
Si toutes ces missions sont ambitieuses, je pense que l'enseignement agricole a des atouts pour les mener à bien.
Nous n'avons pas à rougir d'avoir un enseignement agricole qui nous est propre, rattaché au ministère de l'agriculture. Cette tutelle est un atout qu'il faut préserver.
Il ne s'agit pas d'une démarche corporatiste. Il s'agit de relier la formation avec la politique agricole. Il s'agit de relier la formation avec le développement, la recherche. Et notamment pour ce qui est de l'enseignement supérieur, il faut favoriser les échanges, relancer le dialogue. Et nous voulons continuer à être des partenaires actifs du ministère dans l'évolution de l'enseignement agricole.
L'engagement des professionnels et des OPA dans la formation est aussi un atout précieux. Il doit s'excercer tant au niveau des établissements qu'aux échellons régionaux et nationaux, avec nos différents partenaires. C'est la meilleure garantie d'une formation adaptée, pragmatique, proche des métiers agricoles.
Ce capital nous ne devons pas le dilapider. Les professionnels doivent continuer à s'engager activement dans les établissements. A bâtir des partenariats.
Ils doivent vivre sur le terrain le paritarisme avec les salariés, pour éviter le consensus mou et faire émerger des projets communs et des choix stratégiques. La formation est l'intérêt bien compris du salarié comme du chef d'exploitation.
Le paritarisme n'est pas une fin en soi. C'est un moyen au service d'une politique. C'est une exigence de rigueur, une école de responsabilité.
Les OPA doivent également se remobiliser à tous les échelons au FAFEA pour définir une orientation au service des agriculteurs.
C'est cette logique d'engagement professionnel dans la formation qui nous conduit à vouloir conserver la maîtrise de l'emploi des fonds. Je pense aujourd'hui au financement des formations agri-environnementaleset demain aux fonds structurels. Nous sommes loin d'être opposés à ces formations, bien au contraire. Mais nous dénonçons une logique qui viendrait à terme remettre en question les fonds professionnels. Nous voulons conserver la traçabilité de nos fonds. Le Conseil de l'Agriculture Française l'a réaffirmé ce matin et a décidé d'écrire en ce sens au ministre.
Pour conclure, je dirais enfin que pour attirer les jeunes vers nos métiers - qu'ils viennent du milieu agricole ou non - nous devrons plus que jamais nous appuyer sur un enseignement agricole de grande qualité. C'est donc un enjeu essentiel : il en va du renouvellement des générations.
C'est notre responsabilité à tous : s'engager pleinement dans la formation, pour parier sur les femmes et les hommes qui feront l'agriculture de demain.
Je vous remercie.
(Source http://www.fnsea.fr, le 12 février 2001)