Texte intégral
R. Elkrief - Vous êtes "l'autre" candidate écologiste de cette campagne électorale ?
- "Parfois je dis "la seule", "la vraie"."
Permettez-moi de vérifier cela avec vous ce matin ! Parlons d'abord du Proche-Orient qui est toujours l'actualité. Vous étiez, vous, à la manifestation de la communauté juive, dimanche dernier, qui était une manifestation contre l'antisémitisme mais aussi de soutien "au peuple israélien", "à la paix et à la sécurité" - je cite. Est-ce que la politique d'A. Sharon n'isole pas le peuple israélien, aujourd'hui, au contraire ?
- "Je le crains. Ecoutant il y a un instant A. Duhamel, j'étais encore confortée dans ce point de vue. Je dirais d'abord que c'est très difficile, de France, de juger la politique d'A. Sharon. Je me dis que si j'étais une mère israélienne et que j'avais peur de sortir dans la rue, [peur] que mes gosses ne reviennent pas de l'école, peut-être que je me dirais que c'est cela qu'il faut faire. Vu de chez nous, c'est une politique qui paraît tout à fait irréaliste, et qui mène vraiment à un mur. Mais Arafat aussi ne veut pas de cette paix. Alors, en réalité, la question c'est : quels sont les bons interlocuteurs pour arriver à la paix ?"
On va voir aujourd'hui comment cela va se passer. Revenons à la campagne présidentielle française précisément. Vous avez un certain nombre de propositions, dont certaines pour revitaliser la société. Je voyais ce que proposait J. Chirac, hier au Grand-Quevilly : des nouveaux modèles de démocratie, référendum local, droit à l'expérimentation, participation des citoyens. Tout cela doit faire écho pour vous ?
- "Je propose un véritable contre-pouvoir citoyen. Je dirais que, par rapport à beaucoup de candidats qui s'inscrivent dans un modèle totalement protestataire, que ce soit Le Pen ou les trois candidats d'extrême gauche, voire même d'une certaine manière ..."
J. Saint-Josse, le rural ?
- "Oui aussi, à d'autres titres. On voit qu'il y a une campagne où le vote protestataire va représenter 30 à 35 % des votes. C'est considérable. Moi, je ne m'inscris pas tout à fait dans cette logique, mais plutôt vers celle d'un mouvement réformiste un peu à la scandinave, c'est-à-dire qui fait de la société civile le pilier d'évolution de la société. Et c'est pour cela que je propose un vrai contre-pouvoir citoyen qui donne beaucoup plus de moyens au monde associatif, en termes financiers et en termes juridiques, qui lui permet d'avoir des contre-expertises et qui lui permet d'avoir une nouvelle procédure, dont le référendum d'initiative citoyenne que je ne vois pas seulement au niveau local, mais également au niveau national."
Donc, ce que propose J. Chirac ne vous suffirait pas ?
- "Non, je crois que dans ce pays, on ne fera pas certaines réformes - je pense à la réforme de l'Etat, par exemple -, s'il n'y a pas une très forte volonté de la société civile d'aller dans ce sens."
Votre cible, ce sont les Verts, c'est N. Mamère. Quand vous disiez : "Je suis la seule, la vraie écologiste", évidemment, la référence était N. Mamère. Malgré vos critiques, cela va plutôt bien pour lui dans les sondages. Il est autour de 8 % en ce moment. Il capitalise effectivement un certain nombre de ses déclarations. Comment vous expliquez sa remontée ?
-- "D'abord, je crois que c'est aussi le fait qu'il capitalise six mois de pré-campagne extrêmement active. Je me suis beaucoup plainte de n'avoir pas la possibilité de m'exprimer sur les grandes ondes. Par exemple, France 2 lui a donné 35 fois plus la parole que moi au cours des mois de pré-campagne. Donc, il s'est fait beaucoup entendre."
Aujourd'hui, je rappelle que dans les sondages, vous êtes autour de 1 % et que lui, il est autour de 8 %. Il a un parti politique derrière lui...
- "Je monte doucement. Mais c'est vrai que j'ai peu de temps pour essayer, non pas de rattraper tout le retard, mais de monter. Au-delà de cela, je crois qu'il est capable de faire le grand écart en permanence, entre une politique menée par les Verts au sein du Gouvernement, dont je considère pour ma part qu'elle est catastrophique, et des propositions qui sont tout le contraire. Je vous donne un exemple récent : le tunnel du Mont-Blanc. Il y a trois mois, Mamère arrive en disant : si le tunnel rouvre à tous les camions, c'est un casus belli avec le Gouvernement. Le Gouvernement décide, il y a trois jours, de rouvrir le tunnel du Mont-Blanc à tous les camions et on n'entend plus N. Mamère. Ce qui veut dire que c'est une approche qui est complètement médiatique, mais pas du tout du fond des choses - des questions d'environnement précisément. Ce que je reproche aux Verts, c'est d'avoir fait un hold-up sur des sujets dont je considère qu'ils sont majeurs, et pour ne pas les traiter. C'est cela qui est insupportable."
Est-ce que vous avez le sentiment que les autres candidats les traitent ? Par exemple, il y a un bilan, aujourd'hui, de J. Chirac assez négatif, dans lequel notamment on considère qu'il ne s'est pas du tout occupé d'environnement. Je dis cela parce que je rappelle que vous étiez la ministre de l'Environnement d'A. Juppé, Premier ministre de J. Chirac, Président à temps plein, c'est-à-dire sans cohabitation de 1995 à 1997 ?
- "Je vais vous dire : moi, je réclame à cors et à cri, depuis plusieurs mois, un débat avec N. Mamère sur les bilans respectifs des Verts au Gouvernement et des deux ans que j'ai passés au Gouvernement sur les questions d'environnement. Je me sens tout à fait capable de montrer qu'en deux ans, j'en ai fait beaucoup plus que les Verts en cinq ans. Simplement, N. Mamère refuse ce débat, parce qu'il sait que j'ai raison et que son bilan est indéfendable."
Par exemple, qu'est-ce que vous voyez qui serait tellement plus efficace, efficient, dans votre bilan ?
- "Par exemple, j'ai fait voter la loi sur l'air. Ils ont été incapables de faire voter la loi sur l'eau. Bien pire, ils viennent de remettre à l'Agriculture toute l'administration de l'eau en France qui appartenait au ministère de l'Environnement. C'est la catastrophe totale. Deuxième exemple : nous avons interdit la mise en culture des OGM ; ils ont autorisé la mise en culture des organismes génétiquement modifiés. Dans le domaine du nucléaire, monsieur Mamère fait des grandes déclarations pour sortir du nucléaire, ce qui est un vrai débat..."
Il demande un moratoire...
- "Quand on regarde les mesures concrètes prises par le Gouvernement Jospin et D. Voynet pendant cinq ans, on constate qu'il n'y a pas un gouvernement depuis vingt ans qui ait fait autant pour le nucléaire en France. Alors, il faut peut-être arrêter de dire n'importe quoi. Regardez la réalité en face, c'est se rendre compte que le gouvernement Jospin, non seulement n'a rien fait pour l'environnement en France, mais encore l'a fait reculer."
Je vous sens toute prête à redevenir ministre de l'Environnement d'un J. Chirac éventuellement réélu, non ?
- "Pas nécessairement."
Ce n'est pas "non" ?
- "Ce qui m'intéresse, c'est l'efficacité. Cela fait trente ans que je me bats sur ces sujets-là. Je ne suis pas éternelle. Par conséquent, ce que je veux vraiment, c'est de pouvoir agir le plus efficacement possible dans les années qui viennent, sur ces sujets qui m'apparaissent majeurs."
Donc, si on vous propose un poste comme celui-là dans un gouvernement qui aurait cinq ans - ou au moins trois ans - devant lui, vous acceptez ?
- "Oui, à condition que je puisse vraiment faire des choses. Sinon, je préfère rester dans la société civile et agir au sein de la société civile pour transformer les choses."
C'est pour cela que vous êtes candidate alors ?
- "C'est pour cela. Je suis candidate d'abord pour dire que le hold-up des Verts sur l'environnement est totalement faux, hypocrite, et qu'il y a une autre manière d'appréhender l'environnement qui ne se situe pas forcément à l'extrême gauche, mais au contraire au centre de l'échiquier politique."
Vous ne dites pas que vous êtes à droite ?
- "Non, je me sens capable de rassembler des gens de gauche - qui ne sont pas à l'extrême gauche, mais au centre gauche - et des gens de centre droit qui n'ont pas envie de voter pour l'extrême gauche, et qui considèrent que les questions d'environnement sont majeures."
Vous avez reçu dix parrainages RPR parmi vos 500 signatures. Cela confirme le fait que vous avez été bien aidée par le camp ... ?
- "Vous trouvez que 10 sur 500, c'est beaucoup ? Ce n'est rien du tout ! Cela fait 5 %. C'est vraiment extrêmement modeste. Cela montre au contraire qu'effectivement j'ai quelques amis au RPR, comme à l'UDF du reste ou comme au PS, mais que 490 signatures sont venues d'autres bords que celui-là. Par conséquent, au contraire, cela montre que je n'ai jamais été ce qu'une partie de la presse de gauche a voulu dire que j'étais."
(source : Pemier ministre, Service d'information du gouvernement, le 11 avril 2002)
- "Parfois je dis "la seule", "la vraie"."
Permettez-moi de vérifier cela avec vous ce matin ! Parlons d'abord du Proche-Orient qui est toujours l'actualité. Vous étiez, vous, à la manifestation de la communauté juive, dimanche dernier, qui était une manifestation contre l'antisémitisme mais aussi de soutien "au peuple israélien", "à la paix et à la sécurité" - je cite. Est-ce que la politique d'A. Sharon n'isole pas le peuple israélien, aujourd'hui, au contraire ?
- "Je le crains. Ecoutant il y a un instant A. Duhamel, j'étais encore confortée dans ce point de vue. Je dirais d'abord que c'est très difficile, de France, de juger la politique d'A. Sharon. Je me dis que si j'étais une mère israélienne et que j'avais peur de sortir dans la rue, [peur] que mes gosses ne reviennent pas de l'école, peut-être que je me dirais que c'est cela qu'il faut faire. Vu de chez nous, c'est une politique qui paraît tout à fait irréaliste, et qui mène vraiment à un mur. Mais Arafat aussi ne veut pas de cette paix. Alors, en réalité, la question c'est : quels sont les bons interlocuteurs pour arriver à la paix ?"
On va voir aujourd'hui comment cela va se passer. Revenons à la campagne présidentielle française précisément. Vous avez un certain nombre de propositions, dont certaines pour revitaliser la société. Je voyais ce que proposait J. Chirac, hier au Grand-Quevilly : des nouveaux modèles de démocratie, référendum local, droit à l'expérimentation, participation des citoyens. Tout cela doit faire écho pour vous ?
- "Je propose un véritable contre-pouvoir citoyen. Je dirais que, par rapport à beaucoup de candidats qui s'inscrivent dans un modèle totalement protestataire, que ce soit Le Pen ou les trois candidats d'extrême gauche, voire même d'une certaine manière ..."
J. Saint-Josse, le rural ?
- "Oui aussi, à d'autres titres. On voit qu'il y a une campagne où le vote protestataire va représenter 30 à 35 % des votes. C'est considérable. Moi, je ne m'inscris pas tout à fait dans cette logique, mais plutôt vers celle d'un mouvement réformiste un peu à la scandinave, c'est-à-dire qui fait de la société civile le pilier d'évolution de la société. Et c'est pour cela que je propose un vrai contre-pouvoir citoyen qui donne beaucoup plus de moyens au monde associatif, en termes financiers et en termes juridiques, qui lui permet d'avoir des contre-expertises et qui lui permet d'avoir une nouvelle procédure, dont le référendum d'initiative citoyenne que je ne vois pas seulement au niveau local, mais également au niveau national."
Donc, ce que propose J. Chirac ne vous suffirait pas ?
- "Non, je crois que dans ce pays, on ne fera pas certaines réformes - je pense à la réforme de l'Etat, par exemple -, s'il n'y a pas une très forte volonté de la société civile d'aller dans ce sens."
Votre cible, ce sont les Verts, c'est N. Mamère. Quand vous disiez : "Je suis la seule, la vraie écologiste", évidemment, la référence était N. Mamère. Malgré vos critiques, cela va plutôt bien pour lui dans les sondages. Il est autour de 8 % en ce moment. Il capitalise effectivement un certain nombre de ses déclarations. Comment vous expliquez sa remontée ?
-- "D'abord, je crois que c'est aussi le fait qu'il capitalise six mois de pré-campagne extrêmement active. Je me suis beaucoup plainte de n'avoir pas la possibilité de m'exprimer sur les grandes ondes. Par exemple, France 2 lui a donné 35 fois plus la parole que moi au cours des mois de pré-campagne. Donc, il s'est fait beaucoup entendre."
Aujourd'hui, je rappelle que dans les sondages, vous êtes autour de 1 % et que lui, il est autour de 8 %. Il a un parti politique derrière lui...
- "Je monte doucement. Mais c'est vrai que j'ai peu de temps pour essayer, non pas de rattraper tout le retard, mais de monter. Au-delà de cela, je crois qu'il est capable de faire le grand écart en permanence, entre une politique menée par les Verts au sein du Gouvernement, dont je considère pour ma part qu'elle est catastrophique, et des propositions qui sont tout le contraire. Je vous donne un exemple récent : le tunnel du Mont-Blanc. Il y a trois mois, Mamère arrive en disant : si le tunnel rouvre à tous les camions, c'est un casus belli avec le Gouvernement. Le Gouvernement décide, il y a trois jours, de rouvrir le tunnel du Mont-Blanc à tous les camions et on n'entend plus N. Mamère. Ce qui veut dire que c'est une approche qui est complètement médiatique, mais pas du tout du fond des choses - des questions d'environnement précisément. Ce que je reproche aux Verts, c'est d'avoir fait un hold-up sur des sujets dont je considère qu'ils sont majeurs, et pour ne pas les traiter. C'est cela qui est insupportable."
Est-ce que vous avez le sentiment que les autres candidats les traitent ? Par exemple, il y a un bilan, aujourd'hui, de J. Chirac assez négatif, dans lequel notamment on considère qu'il ne s'est pas du tout occupé d'environnement. Je dis cela parce que je rappelle que vous étiez la ministre de l'Environnement d'A. Juppé, Premier ministre de J. Chirac, Président à temps plein, c'est-à-dire sans cohabitation de 1995 à 1997 ?
- "Je vais vous dire : moi, je réclame à cors et à cri, depuis plusieurs mois, un débat avec N. Mamère sur les bilans respectifs des Verts au Gouvernement et des deux ans que j'ai passés au Gouvernement sur les questions d'environnement. Je me sens tout à fait capable de montrer qu'en deux ans, j'en ai fait beaucoup plus que les Verts en cinq ans. Simplement, N. Mamère refuse ce débat, parce qu'il sait que j'ai raison et que son bilan est indéfendable."
Par exemple, qu'est-ce que vous voyez qui serait tellement plus efficace, efficient, dans votre bilan ?
- "Par exemple, j'ai fait voter la loi sur l'air. Ils ont été incapables de faire voter la loi sur l'eau. Bien pire, ils viennent de remettre à l'Agriculture toute l'administration de l'eau en France qui appartenait au ministère de l'Environnement. C'est la catastrophe totale. Deuxième exemple : nous avons interdit la mise en culture des OGM ; ils ont autorisé la mise en culture des organismes génétiquement modifiés. Dans le domaine du nucléaire, monsieur Mamère fait des grandes déclarations pour sortir du nucléaire, ce qui est un vrai débat..."
Il demande un moratoire...
- "Quand on regarde les mesures concrètes prises par le Gouvernement Jospin et D. Voynet pendant cinq ans, on constate qu'il n'y a pas un gouvernement depuis vingt ans qui ait fait autant pour le nucléaire en France. Alors, il faut peut-être arrêter de dire n'importe quoi. Regardez la réalité en face, c'est se rendre compte que le gouvernement Jospin, non seulement n'a rien fait pour l'environnement en France, mais encore l'a fait reculer."
Je vous sens toute prête à redevenir ministre de l'Environnement d'un J. Chirac éventuellement réélu, non ?
- "Pas nécessairement."
Ce n'est pas "non" ?
- "Ce qui m'intéresse, c'est l'efficacité. Cela fait trente ans que je me bats sur ces sujets-là. Je ne suis pas éternelle. Par conséquent, ce que je veux vraiment, c'est de pouvoir agir le plus efficacement possible dans les années qui viennent, sur ces sujets qui m'apparaissent majeurs."
Donc, si on vous propose un poste comme celui-là dans un gouvernement qui aurait cinq ans - ou au moins trois ans - devant lui, vous acceptez ?
- "Oui, à condition que je puisse vraiment faire des choses. Sinon, je préfère rester dans la société civile et agir au sein de la société civile pour transformer les choses."
C'est pour cela que vous êtes candidate alors ?
- "C'est pour cela. Je suis candidate d'abord pour dire que le hold-up des Verts sur l'environnement est totalement faux, hypocrite, et qu'il y a une autre manière d'appréhender l'environnement qui ne se situe pas forcément à l'extrême gauche, mais au contraire au centre de l'échiquier politique."
Vous ne dites pas que vous êtes à droite ?
- "Non, je me sens capable de rassembler des gens de gauche - qui ne sont pas à l'extrême gauche, mais au centre gauche - et des gens de centre droit qui n'ont pas envie de voter pour l'extrême gauche, et qui considèrent que les questions d'environnement sont majeures."
Vous avez reçu dix parrainages RPR parmi vos 500 signatures. Cela confirme le fait que vous avez été bien aidée par le camp ... ?
- "Vous trouvez que 10 sur 500, c'est beaucoup ? Ce n'est rien du tout ! Cela fait 5 %. C'est vraiment extrêmement modeste. Cela montre au contraire qu'effectivement j'ai quelques amis au RPR, comme à l'UDF du reste ou comme au PS, mais que 490 signatures sont venues d'autres bords que celui-là. Par conséquent, au contraire, cela montre que je n'ai jamais été ce qu'une partie de la presse de gauche a voulu dire que j'étais."
(source : Pemier ministre, Service d'information du gouvernement, le 11 avril 2002)