Texte intégral
Je remercie beaucoup mon ami et collègue, le ministre portugais des Affaires étrangères pour ses mots d'introduction très justes et très exacts. Je suis très heureux d'être à Lisbonne aujourd'hui. C'est une ville que j'aime énormément et je suis très content d'avoir l'occasion d'y venir pour des consultations. Mon pays est très attaché à une relation très étroite, très confiante, avec le Portugal, ce qui est déjà le cas et ce qui a déjà donné des résultats très heureux. Nous sommes donc là tous les deux aujourd'hui pour procéder à un échange et à une confrontation de vues et d'analyses sur de très nombreux sujets d'intérêt commun que nous avons déjà eu l'occasion de discuter à plusieurs reprises. Au niveau de l'Union européenne, nous nous sommes déjà rencontrés de nombreuses fois, ce qui a permis déjà de nombreux apartés, que ce soit à Luxembourg ou à Bruxelles. C'est plus sympathique et plus agréable de le faire ici au Portugal, en attendant une autre occasion de poursuivre cette discussion à Paris. Je ne vais pas reprendre chacun des points. Nous avons effectivement déjà abordé beaucoup de questions bilatérales, européennes ainsi que d'autres éléments d'actualité et toujours, je crois, avec une très bonne compréhension de nos points de vue mutuels, qui coïncident le plus souvent, dans certains cas avec des nuances entre les positions des deux pays, mais c'est toujours fait en bonne intelligence, c'est-à-dire que l'on comprend bien les positions de l'un et de l'autre et ses raisons profondes. Nous sommes animés par un même désir d'agir au sein de l'Union européenne pour le meilleur intérêt possible de l'Union européenne dans son ensemble et pour la défense bien comprise de nos intérêts respectifs.
Q - Quelle est la position de la France au sujet de l'arrivée en masse des immigrants kurdes en Europe ? Que doit faire l'Union européenne ?
R - L'Union européenne doit, dans toute la mesure du possible, avoir une position coordonnée sur ce sujet, homogène, et traiter ces questions d'immigration d'une façon qui soit conforme à ses grands principes et d'autre part à ses législations. Je veux dire par là que, comme il y a un phénomène d'arrivée en masse, l'inspiration ne doit pas être différente de celle qui préside au traitement des questions migratoires au jour le jour. Les principes qui président à ces mouvements, c'est que l'Europe a la responsabilité du devoir de maîtriser les flux migratoires le plus complètement possible, de traiter les questions qui se présentent à travers l'attribution du statut de réfugié politique, quand c'est cela le problème. C'est la question du droit d'asile, pour le reste, quand on est dans un domaine migratoire proprement dit, il faut le traiter en fonction des possibilités économiques et sociales du moment. Notre position est qu'il ne faut pas laisser un pays isolé à un moment donné faire face seul à ce type de questions, qui peuvent être, de façon conjoncturelle, très compliquées. Tout ce qui est entrepris, aussi bien à l'intérieur de l'espace Schengen, que, d'une façon plus générale, dans la concertation entre pays de l'Union européenne, doit faire en sorte qu'il y ait là-dessus solidarité, coordination et cohérence entre les positions des uns et des autres.
Q - Monsieur le Ministre, quelle est votre position sur l'Algérie ? Les pays comme l'Italie et l'Allemagne veulent une réunion urgente pour prendre une éventuelle position. La France a des intérêts en Algérie.
R - La question de l'Algérie a été débattue, malheureusement puisque les événements ont conduit à cela, à de très nombreuses reprises ces derniers mois. Nous en avons parlé quasiment lors de toutes nos réunions du Conseil Affaires générales et c'est dire que je n'ai aucune difficulté à approuver, au contraire, j'approuve tout à fait les suggestions de Klaus Kinkel en particulier, qui a demandé à la présidence britannique une réunion urgente des directeurs politiques et c'est une très bonne idée. J'insiste sur le fait que les discussions entre les pays de l'UE n'ont jamais cessé sur ce plan. Les contacts sont permanents, les analyses sont confrontées constamment, les échanges d'informations aussi. Il n'empêche que cette réunion sera certainement très utile. Donc, je suis favorable à la demande de réunion urgente présentée par Klaus Kinkel.
Q - Quelle est votre réaction à la démission du ministre des Affaires étrangères d'Israël, M. David Levy ?
R - C'est un événement de politique intérieure israélienne, donc je n'ai pas à le commenter en tant que tel. Ce qui préoccupe mon pays à propos de la situation dans la région, c'est, d'une façon plus générale, la question du processus de paix. On voit bien que la priorité des priorités dans la région, c'est de tout faire pour que le processus de paix soit relancé, car la poursuite de la situation actuelle, dans laquelle ce processus est paralysé, est dangereuse pour tout le monde. Donc, tout ce qui permet de relancer le processus de paix est bon, tout ce qui nous éloigne de la relance du processus de paix est regrettable.
Q - Monsieur le Ministre, concernant le Timor oriental, lors du départ du dernier Paris-Dakar, est-il exact que la France aurait fait pression sur un concurrent portugais pour qu'il retire une référence au Timor oriental ?
R - C'est totalement inexact. C'est une information que j'ai découverte en arrivant ici. Cette décision relève exclusivement de la responsabilité des organisateurs du rallye, que je n'incrimine pas d'ailleurs. Je ne sais même pas ce qui s'est passé. Je réponds à votre question en disant que cela ne relève en rien de la compétence de la France en tant qu'Etat, et du ministère des Affaires étrangères.
Q - D'un point de vue plus général, quelle est la position de la France par rapport au problème du Timor oriental ?
R - Elle est très connue. Elle a été exprimée à de nombreuses reprises. La France est totalement solidaire des positions de l'Union européenne adoptées et réitérées constamment à la demande régulière du Portugal et des démarches faites à juste titre par le Portugal.
Q - Monsieur le Ministre, est-ce que vous avez évoqué la préoccupation portugaise sur l'accès aux fonds de cohésion après 2000, puisque c'est une grande préoccupation de la part du Portugal ?
R - On a commencé à discuter des différentes questions concernant l'Agenda 2000. On va poursuivre notre discussion pendant le déjeuner. Je connais bien les positions du Portugal et le Portugal connaît bien les positions françaises. C'est une occasion aujourd'hui d'aller plus en détail. Nous sommes très informés et très conscients des préoccupations du Portugal sur ce point. Je dois dire que les approches française et portugaise ne me paraissent pas contradictoires sur ce point, puisque notre souci, nous l'avons montré à Luxembourg récemment, c'est que l'Europe s'engage dans cette période où elle doit faire face à la fois à la réflexion sur la façon de se financer dans les années 2000/2006, - c'est l'Agenda 2000 -, et d'autre part au début des négociations d'élargissement avec les pays qui ont été retenus pour cela. Nous avons demandé à Luxembourg que nous puissions le faire dans la clarté. C'est pour cela que nous avons proposé la formule qui a été retenue, qui est celle de la double programmation, ce qui commence par une double évaluation : évaluation des coûts de l'Union européenne à Quinze, et évaluation des conséquences sur le fonctionnement de l'Union européenne à partir du moment où l'Union européenne n'aurait plus quinze membres, mais seize, dix-sept, dix-huit, dix-neuf, vingt. A partir de cette double évaluation, nous allons pouvoir avoir une réflexion plus informée, plus complète, d'une plus grande clarté, qui nous permettra de déterminer quelles seraient les programmations nécessaires pour passer de la double évaluation à la double programmation. Dans ce souci français de clarté, que nous mettons en avant parce qu'on ne peut pas s'engager à l'aveuglette dans des choses aussi ambitieuses et aussi importantes, je crois que nous rencontrons le souci portugais de voir préservée, maintenue, peut-être même renforcée, la politique de cohésion qui a été développée au sein de l'Union européenne. Nous sommes très attachés, comme chacun le sait, à la Politique agricole commune. Ce qui n'exclut pas son adaptation, puisqu'a déjà eu lieu ce qui aura encore lieu à d'autres reprises. Donc, il y a là un désir d'être sérieux, clair, précis, dans la façon d'aborder ces questions du financement de l'Union européenne telle qu'elle sera une fois élargie, sur lequel, je crois, nous nous rencontrons sur l'essentiel./.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 21 septembre 2001)
Q - Quelle est la position de la France au sujet de l'arrivée en masse des immigrants kurdes en Europe ? Que doit faire l'Union européenne ?
R - L'Union européenne doit, dans toute la mesure du possible, avoir une position coordonnée sur ce sujet, homogène, et traiter ces questions d'immigration d'une façon qui soit conforme à ses grands principes et d'autre part à ses législations. Je veux dire par là que, comme il y a un phénomène d'arrivée en masse, l'inspiration ne doit pas être différente de celle qui préside au traitement des questions migratoires au jour le jour. Les principes qui président à ces mouvements, c'est que l'Europe a la responsabilité du devoir de maîtriser les flux migratoires le plus complètement possible, de traiter les questions qui se présentent à travers l'attribution du statut de réfugié politique, quand c'est cela le problème. C'est la question du droit d'asile, pour le reste, quand on est dans un domaine migratoire proprement dit, il faut le traiter en fonction des possibilités économiques et sociales du moment. Notre position est qu'il ne faut pas laisser un pays isolé à un moment donné faire face seul à ce type de questions, qui peuvent être, de façon conjoncturelle, très compliquées. Tout ce qui est entrepris, aussi bien à l'intérieur de l'espace Schengen, que, d'une façon plus générale, dans la concertation entre pays de l'Union européenne, doit faire en sorte qu'il y ait là-dessus solidarité, coordination et cohérence entre les positions des uns et des autres.
Q - Monsieur le Ministre, quelle est votre position sur l'Algérie ? Les pays comme l'Italie et l'Allemagne veulent une réunion urgente pour prendre une éventuelle position. La France a des intérêts en Algérie.
R - La question de l'Algérie a été débattue, malheureusement puisque les événements ont conduit à cela, à de très nombreuses reprises ces derniers mois. Nous en avons parlé quasiment lors de toutes nos réunions du Conseil Affaires générales et c'est dire que je n'ai aucune difficulté à approuver, au contraire, j'approuve tout à fait les suggestions de Klaus Kinkel en particulier, qui a demandé à la présidence britannique une réunion urgente des directeurs politiques et c'est une très bonne idée. J'insiste sur le fait que les discussions entre les pays de l'UE n'ont jamais cessé sur ce plan. Les contacts sont permanents, les analyses sont confrontées constamment, les échanges d'informations aussi. Il n'empêche que cette réunion sera certainement très utile. Donc, je suis favorable à la demande de réunion urgente présentée par Klaus Kinkel.
Q - Quelle est votre réaction à la démission du ministre des Affaires étrangères d'Israël, M. David Levy ?
R - C'est un événement de politique intérieure israélienne, donc je n'ai pas à le commenter en tant que tel. Ce qui préoccupe mon pays à propos de la situation dans la région, c'est, d'une façon plus générale, la question du processus de paix. On voit bien que la priorité des priorités dans la région, c'est de tout faire pour que le processus de paix soit relancé, car la poursuite de la situation actuelle, dans laquelle ce processus est paralysé, est dangereuse pour tout le monde. Donc, tout ce qui permet de relancer le processus de paix est bon, tout ce qui nous éloigne de la relance du processus de paix est regrettable.
Q - Monsieur le Ministre, concernant le Timor oriental, lors du départ du dernier Paris-Dakar, est-il exact que la France aurait fait pression sur un concurrent portugais pour qu'il retire une référence au Timor oriental ?
R - C'est totalement inexact. C'est une information que j'ai découverte en arrivant ici. Cette décision relève exclusivement de la responsabilité des organisateurs du rallye, que je n'incrimine pas d'ailleurs. Je ne sais même pas ce qui s'est passé. Je réponds à votre question en disant que cela ne relève en rien de la compétence de la France en tant qu'Etat, et du ministère des Affaires étrangères.
Q - D'un point de vue plus général, quelle est la position de la France par rapport au problème du Timor oriental ?
R - Elle est très connue. Elle a été exprimée à de nombreuses reprises. La France est totalement solidaire des positions de l'Union européenne adoptées et réitérées constamment à la demande régulière du Portugal et des démarches faites à juste titre par le Portugal.
Q - Monsieur le Ministre, est-ce que vous avez évoqué la préoccupation portugaise sur l'accès aux fonds de cohésion après 2000, puisque c'est une grande préoccupation de la part du Portugal ?
R - On a commencé à discuter des différentes questions concernant l'Agenda 2000. On va poursuivre notre discussion pendant le déjeuner. Je connais bien les positions du Portugal et le Portugal connaît bien les positions françaises. C'est une occasion aujourd'hui d'aller plus en détail. Nous sommes très informés et très conscients des préoccupations du Portugal sur ce point. Je dois dire que les approches française et portugaise ne me paraissent pas contradictoires sur ce point, puisque notre souci, nous l'avons montré à Luxembourg récemment, c'est que l'Europe s'engage dans cette période où elle doit faire face à la fois à la réflexion sur la façon de se financer dans les années 2000/2006, - c'est l'Agenda 2000 -, et d'autre part au début des négociations d'élargissement avec les pays qui ont été retenus pour cela. Nous avons demandé à Luxembourg que nous puissions le faire dans la clarté. C'est pour cela que nous avons proposé la formule qui a été retenue, qui est celle de la double programmation, ce qui commence par une double évaluation : évaluation des coûts de l'Union européenne à Quinze, et évaluation des conséquences sur le fonctionnement de l'Union européenne à partir du moment où l'Union européenne n'aurait plus quinze membres, mais seize, dix-sept, dix-huit, dix-neuf, vingt. A partir de cette double évaluation, nous allons pouvoir avoir une réflexion plus informée, plus complète, d'une plus grande clarté, qui nous permettra de déterminer quelles seraient les programmations nécessaires pour passer de la double évaluation à la double programmation. Dans ce souci français de clarté, que nous mettons en avant parce qu'on ne peut pas s'engager à l'aveuglette dans des choses aussi ambitieuses et aussi importantes, je crois que nous rencontrons le souci portugais de voir préservée, maintenue, peut-être même renforcée, la politique de cohésion qui a été développée au sein de l'Union européenne. Nous sommes très attachés, comme chacun le sait, à la Politique agricole commune. Ce qui n'exclut pas son adaptation, puisqu'a déjà eu lieu ce qui aura encore lieu à d'autres reprises. Donc, il y a là un désir d'être sérieux, clair, précis, dans la façon d'aborder ces questions du financement de l'Union européenne telle qu'elle sera une fois élargie, sur lequel, je crois, nous nous rencontrons sur l'essentiel./.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 21 septembre 2001)