Texte intégral
Mesdames et messieurs,
J'ai le plaisir de vous présenter, aux côtés de Mme Paulette Guinchard-Kunstler, le programme de prévention et d'organisation des soins pour les personnes âgées fragiles.
Ce programme s'inscrit dans la suite logique des travaux engagés par le Gouvernement depuis plusieurs mois en direction des personnes âgées et tout particulièrement celles d'entre-elles qui sont en perte d'autonomie.
L'allocation personnalisée d'autonomie est maintenant en vigueur depuis le 1er janvier 2002. Elle doit permettre aux personnes âgées en perte d'autonomie d'accéder plus facilement aux aides et services auxquels elles ont besoin.
La réforme de la tarification des établissements pour personnes âgées dépendantes doit permettre, quant à elle, d'améliorer la qualité des prestations offertes et d'ajuster la nécessaire médicalisation de ces établissements.
Enfin, vous le savez, nous avons annoncé en octobre 2001 un programme d'action pour les personnes souffrant de la maladie d'Alzheimer. Je vous indique d'ailleurs que la circulaire relative à la mise en oeuvre de ce programme est en cours de signature. Cette circulaire sera donc publiée au bulletin officiel dans les jours qui viennent comporte, notamment, un cahier des charges applicable aux consultations mémoire et aux centres mémoire de ressource et de recherche auxquels plus de 6 millions d'euros sont consacrés.
Ce nouveau programme que nous vous présentons aujourd'hui s'adresse aux personnes âgées fragiles, c'est à dire à une population âgée à risque de décompensation. Nous connaissons bien les facteurs de risque de décompensation que sont le grand âge, les pathologies invalidantes, la malnutrition, les problèmes médico-sociaux, l'incontinence. Parmi ces facteurs de risque certains peuvent faire l'objet d'une prévention ou d'une prise en charge précoce. Mais alors que des stratégies existent, de telles démarches restent encore trop limitées. Nous souhaitons au travers de ce programme mieux lutter contre la perte d'autonomie et permettre à chacun de vivre chez soi le plus longtemps possible en conservant une indépendance véritable, une vie sociale et une qualité de vie.
Ce programme de prévention et d'organisation des soins pour les personnes âgées fragiles est construit autour de trois axes : le développement de la prévention, l'adaptation de l'organisation des soins aux besoins spécifiques des personnes âgées fragiles, le renforcement de la formation à l'exercice médical de la gériatrie.
I - La prévention
Dans un premier temps nous avons retenu quatre facteurs de risque pour leur fréquence et leurs conséquences potentiellement lourdes sur la qualité de vie : les troubles de la marche et les chutes, la dénutrition, les difficultés liées à la poly-médication et l'incontinence urinaire.
Les chutes sont fréquentes chez les personnes âgées et ont des conséquences le plus souvent graves mettant en jeu le pronostic vital. Au-delà des fractures, elles entraînent fréquemment une perte de confiance en soi qui amène les personnes âgées à retreindre leur activité ce qui augmente le niveau de chute. Il faut rassurer les personnes âgées, leur permettre de s'adapter à leur environnement et à leur habitat, leur apprendre à se relever, à bien se chausser, et enfin à préserver une activité physique. Une campagne est menée par le CFES et l'assurance - maladie dans ce domaine. Elle sera poursuivie et les professionnels de santé encore mieux sensibilisés afin qu'ils soient des relais des messages de prévention et qu'ils puissent intervenir le plus tôt possible dès les troubles de la marche.
Il en va de même pour la dénutrition qui augmente de 2 à 6 mois la morbidité infectieuse et multiplie par 2 voire par 4 le risque de mortalité. Or des mesures simples et efficaces d'ordre diététique, gastronomique et de supplémentation peuvent être proposées. Les recommandations dans ce domaine sont connues : fractionnement des repas, atmosphère conviviale, suppression des régimes restrictifs, compléments nutritionnels Il est prévu dans le cadre du programme nutrition santé la réalisation d'un guide alimentaire spécifique pour les personnes âgées et des études sur les risques nutritionnels liés au vieillissement et sur les pratiques de dépistage de la dénutrition et de ses facteurs de risque.
Quant à la poly-médication elle est fréquente chez les personnes âgées, induite par les poly-pathologies. Elle rend l'observance difficile et augmente considérablement les risques iatrogènes d'autant plus qu'il existe avec l'âge une grande variabilité de la réponse des patients aux médicaments et à la prise en charge thérapeutique. Je vous rappelle que l'on considère que 10% des admissions hospitalières sont, pour tout ou partie, liées à un accident médicamenteux. Le guide " Prescrire, délivrer, administrer des médicaments destinés aux personnes âgées ", à l'usage des médecins, pharmaciens, infirmières, sera réactualisé par la DGS et l'AFSSAPS. Une campagne d'information des professionnels de santé sur les bénéfices et les risques des médicaments chez les sujets âgés sera entreprise par l'intermédiaire du Fond de promotion de l'information médicale et médico-économique (le FOPIM) qui vient d'être mis en place. Enfin, au titre du programme hospitalier de recherche clinique (PHRC), une étude d'impact visant à identifier et à prévenir la iatrogénie évitable chez les personnes âgées hospitalisées sera réalisée.
Je profite pour l'occasion qui m'est donnée pour dire que la gériatrie notamment dans son axe prévention, est encore une des priorités 2002 du PHRC. Depuis 1994, ce sont trente trois actions de recherche, dont dix en 2001, qui ont été ou sont consacrées à la gériatrie, pour un montant global de 4,116 millions d'euros (vingt sept millions de francs).
Mais surtout je souhaite que les soignants intègrent mieux la logique de prévention. Ainsi, l'incontinence urinaire, symptôme particulièrement invalidant, est mal dépisté et mal pris en charge. Les personnes qui en souffrent n'en parlent pas du fait d'une certaine gène et parce qu'elles ignorent souvent qu'il existe des possibilités thérapeutiques dans ce domaine. Les patients mettent de 5 à 7 ans pour consulter après la survenue des premiers symptômes. Les facteurs de risque sont connus, je pense à la réduction de la mobilité, à l'immobilisation, au diabète, à l'hypertrophie de la prostate, etc Cette recherche de facteurs de risque doit devenir partie intégrante de la pratique clinique de l'ensemble des soignants. C'est pourquoi, j'ai souhaité que soit identifiées au sein des services de gériatrie des infirmières de prévention. Dans un premier temps, ces postes seront prioritairement identifiés au sein des 50 services de court séjour gériatrique existants. Elles auront pour missions, notamment :
d'organiser, en direction des personnels soignants hospitaliers, institutionnels ou libéraux la diffusion des bonnes pratiques gériatriques,
de participer à l'information, à la sensibilisation et à l'éducation des malades âgés et de leur entourage- plus spécialement sur les quatre thèmes prioritaires précités ainsi que sur le repérage des troubles sensoriels,
d'organiser des formations et des actions de prévention.
La prévention est un des enjeux majeurs de notre politique de santé publique. La plupart des programmes de santé publique que j'ai présentés depuis plusieurs mois comprennent un volet prévention. J'espère que l'impulsion donnée à l'éducation thérapeutique notamment dans les programmes d'actions diabète et cardiovasculaire contribuera à réduire de manière significative la morbidité et donc à améliorer la qualité de vie des personnes âgées. L'institut national de prévention et d'éducation pour la santé créé par la loi relative à la loi droit des malades et à la qualité du système de soins a pour mission de donner à chacun les moyens de protéger et d'améliorer sa santé. J'attends beaucoup de cet institut qui je l'espère permettra de combler le retard de la France dans le domaine de la prévention.
II - Le deuxième axe du programme d'action concerne l'adaptation de l'organisation des soins aux besoins spécifiques des personnes âgées fragiles
L'exercice médical en gériatrie nécessite une approche multidimensionnelle prenant en compte de multiples pathologies aiguës et chroniques, les difficultés psychiques et sociales.
Le médecin généraliste a trop peu la possibilité de s'appuyer sur des structures d'évaluation gériatrique ou sur des services d'hospitalisation compétent en gériatrie.
Trop d'hospitalisations de personnes âgées se font en catastrophe. Ainsi, les services d'urgence reçoivent de très nombreuses personnes âgées. Ils éprouvent de réelles difficultés à les hospitaliser et les hospitalisations se font trop souvent en fonction des lits disponibles et donc rarement dans les services adaptés.
Nous manquons en France de services de court séjour gériatrique qu'il s'agisse de services de gériatrie ou de service de médecine à orientation gériatrique. Seuls 50 établissements siège d'un service d'urgence disposent de tels services.
Or, il faut savoir que l'hospitalisation d'une personne âgée est un traumatisme pour elle et sa famille. Un séjour hospitalier mal adapté peut entraîner l'aggravation d'une dépendance qui peut devenir irréversible.
Enfin, le dispositif d'aval est trop souvent mal articulé avec l'hôpital entraînant soit des ruptures de prise en charge soit isolant la personne âgée de son entourage familial.
Tout ceci m'a amené avec Mme Paulette Guinchard-Kunstler a repenser la filière de soins gériatriques. Nous avons le plaisir de vous présenter, ce matin, la circulaire, en date du 18 mars 2002, relative à l'amélioration de la filière gériatrique. Cette circulaire affirme la place de la gériatrie dans le cadre de l'organisation des soins. L'accent est mis sur le renforcement de l'accès à des soins de proximité (médecin généraliste, consultations et pôles d'évaluation gériatriques, hôpital local). Elle vise au développement des courts séjours gériatriques et des filières d'admission courtes et à une organisation de l'aval de l'hospitalisation : retour à domicile, hospitalisation à domicile, soins de suite et de réadaptation. L'ensemble s'inscrit dans une logique de travail en réseau utilisant l'ensemble du dispositif de soins et d'aide à domicile. Je pense aux professionnels libéraux et aux services de soins infirmiers à domicile. La mise en oeuvre de ces dispositions passe par un volet spécifique du schéma régional d'organisation sanitaire (SROS) et par un projet de prise en charge des personnes âgées au sein de chaque établissement de santé.
Parmi les mesures annoncées, je souhaite mettre l'accent sur la création ou le développement de consultations, de pôles d'évaluation gériatriques et de services de courts séjours gériatriques pour lesquels 8,23 millions d'euros (54 MF) sont prévus. Sont proposés des cahiers des charges définissant les missions, les moyens et les recommandations en matière d'implantation de ces structures qui doivent permettre d'organiser une prise en charge continue des personnes âgées fragiles entre la ville et l'hôpital en structurant un partenariat entre les différents acteurs.
Pour le versant hospitalier, la circulaire recommande notamment l'organisation d'une filière courte de prise en charge hospitalière, fondée sur des procédures facilitant des admissions directes en service de court séjour gériatrique, le développement de modes de prise en charge alternatifs à l'hospitalisation temps plein et la formalisation, au sein des services d'urgences, d'une procédure permettant l'intervention précoce d'un gériatre pouvant faire une évaluation globale de l'état de santé du patient.
III - Le dernier volet de ce plan est le renforcement de la formation à l'exercice médical de la gériatrie
Ce renforcement paraît fondamental dans une France qui vieillit et où la durée de vie s'allonge. C'est pourquoi, la formation à l'exercice médical de la gériatrie va être développée. Seront favorisés les stages de résidanat et d'internat au sein des services à orientation gériatrique. Afin de renforcer la dimension universitaire de la gériatrie, huit nouveaux postes de chefs de clinique assistant seront créés dès 2002. Parallèlement, la DGS engage une réflexion avec l'éducation nationale sur le cursus de formation et les modalités d'exercice des gériatres. Il faut en particulier tenir compte du passage à brève échéance de la médecine générale au rang de spécialité médicale. Les médecins généralistes devenus " spécialistes de médecine générale " pourront alors s'inscrire au diplôme spécialisé d'études complémentaire de gériatrie.
Voilà mesdames, messieurs, les grands axes du programme de prévention et d'organisation des soins pour les personnes âgées fragiles dont l'objectif est de permettre au plus grand nombre de français de vieillir en bonne santé.
(Source http://www.sante.gouv.fr, le 29 mars 2002)
J'ai le plaisir de vous présenter, aux côtés de Mme Paulette Guinchard-Kunstler, le programme de prévention et d'organisation des soins pour les personnes âgées fragiles.
Ce programme s'inscrit dans la suite logique des travaux engagés par le Gouvernement depuis plusieurs mois en direction des personnes âgées et tout particulièrement celles d'entre-elles qui sont en perte d'autonomie.
L'allocation personnalisée d'autonomie est maintenant en vigueur depuis le 1er janvier 2002. Elle doit permettre aux personnes âgées en perte d'autonomie d'accéder plus facilement aux aides et services auxquels elles ont besoin.
La réforme de la tarification des établissements pour personnes âgées dépendantes doit permettre, quant à elle, d'améliorer la qualité des prestations offertes et d'ajuster la nécessaire médicalisation de ces établissements.
Enfin, vous le savez, nous avons annoncé en octobre 2001 un programme d'action pour les personnes souffrant de la maladie d'Alzheimer. Je vous indique d'ailleurs que la circulaire relative à la mise en oeuvre de ce programme est en cours de signature. Cette circulaire sera donc publiée au bulletin officiel dans les jours qui viennent comporte, notamment, un cahier des charges applicable aux consultations mémoire et aux centres mémoire de ressource et de recherche auxquels plus de 6 millions d'euros sont consacrés.
Ce nouveau programme que nous vous présentons aujourd'hui s'adresse aux personnes âgées fragiles, c'est à dire à une population âgée à risque de décompensation. Nous connaissons bien les facteurs de risque de décompensation que sont le grand âge, les pathologies invalidantes, la malnutrition, les problèmes médico-sociaux, l'incontinence. Parmi ces facteurs de risque certains peuvent faire l'objet d'une prévention ou d'une prise en charge précoce. Mais alors que des stratégies existent, de telles démarches restent encore trop limitées. Nous souhaitons au travers de ce programme mieux lutter contre la perte d'autonomie et permettre à chacun de vivre chez soi le plus longtemps possible en conservant une indépendance véritable, une vie sociale et une qualité de vie.
Ce programme de prévention et d'organisation des soins pour les personnes âgées fragiles est construit autour de trois axes : le développement de la prévention, l'adaptation de l'organisation des soins aux besoins spécifiques des personnes âgées fragiles, le renforcement de la formation à l'exercice médical de la gériatrie.
I - La prévention
Dans un premier temps nous avons retenu quatre facteurs de risque pour leur fréquence et leurs conséquences potentiellement lourdes sur la qualité de vie : les troubles de la marche et les chutes, la dénutrition, les difficultés liées à la poly-médication et l'incontinence urinaire.
Les chutes sont fréquentes chez les personnes âgées et ont des conséquences le plus souvent graves mettant en jeu le pronostic vital. Au-delà des fractures, elles entraînent fréquemment une perte de confiance en soi qui amène les personnes âgées à retreindre leur activité ce qui augmente le niveau de chute. Il faut rassurer les personnes âgées, leur permettre de s'adapter à leur environnement et à leur habitat, leur apprendre à se relever, à bien se chausser, et enfin à préserver une activité physique. Une campagne est menée par le CFES et l'assurance - maladie dans ce domaine. Elle sera poursuivie et les professionnels de santé encore mieux sensibilisés afin qu'ils soient des relais des messages de prévention et qu'ils puissent intervenir le plus tôt possible dès les troubles de la marche.
Il en va de même pour la dénutrition qui augmente de 2 à 6 mois la morbidité infectieuse et multiplie par 2 voire par 4 le risque de mortalité. Or des mesures simples et efficaces d'ordre diététique, gastronomique et de supplémentation peuvent être proposées. Les recommandations dans ce domaine sont connues : fractionnement des repas, atmosphère conviviale, suppression des régimes restrictifs, compléments nutritionnels Il est prévu dans le cadre du programme nutrition santé la réalisation d'un guide alimentaire spécifique pour les personnes âgées et des études sur les risques nutritionnels liés au vieillissement et sur les pratiques de dépistage de la dénutrition et de ses facteurs de risque.
Quant à la poly-médication elle est fréquente chez les personnes âgées, induite par les poly-pathologies. Elle rend l'observance difficile et augmente considérablement les risques iatrogènes d'autant plus qu'il existe avec l'âge une grande variabilité de la réponse des patients aux médicaments et à la prise en charge thérapeutique. Je vous rappelle que l'on considère que 10% des admissions hospitalières sont, pour tout ou partie, liées à un accident médicamenteux. Le guide " Prescrire, délivrer, administrer des médicaments destinés aux personnes âgées ", à l'usage des médecins, pharmaciens, infirmières, sera réactualisé par la DGS et l'AFSSAPS. Une campagne d'information des professionnels de santé sur les bénéfices et les risques des médicaments chez les sujets âgés sera entreprise par l'intermédiaire du Fond de promotion de l'information médicale et médico-économique (le FOPIM) qui vient d'être mis en place. Enfin, au titre du programme hospitalier de recherche clinique (PHRC), une étude d'impact visant à identifier et à prévenir la iatrogénie évitable chez les personnes âgées hospitalisées sera réalisée.
Je profite pour l'occasion qui m'est donnée pour dire que la gériatrie notamment dans son axe prévention, est encore une des priorités 2002 du PHRC. Depuis 1994, ce sont trente trois actions de recherche, dont dix en 2001, qui ont été ou sont consacrées à la gériatrie, pour un montant global de 4,116 millions d'euros (vingt sept millions de francs).
Mais surtout je souhaite que les soignants intègrent mieux la logique de prévention. Ainsi, l'incontinence urinaire, symptôme particulièrement invalidant, est mal dépisté et mal pris en charge. Les personnes qui en souffrent n'en parlent pas du fait d'une certaine gène et parce qu'elles ignorent souvent qu'il existe des possibilités thérapeutiques dans ce domaine. Les patients mettent de 5 à 7 ans pour consulter après la survenue des premiers symptômes. Les facteurs de risque sont connus, je pense à la réduction de la mobilité, à l'immobilisation, au diabète, à l'hypertrophie de la prostate, etc Cette recherche de facteurs de risque doit devenir partie intégrante de la pratique clinique de l'ensemble des soignants. C'est pourquoi, j'ai souhaité que soit identifiées au sein des services de gériatrie des infirmières de prévention. Dans un premier temps, ces postes seront prioritairement identifiés au sein des 50 services de court séjour gériatrique existants. Elles auront pour missions, notamment :
d'organiser, en direction des personnels soignants hospitaliers, institutionnels ou libéraux la diffusion des bonnes pratiques gériatriques,
de participer à l'information, à la sensibilisation et à l'éducation des malades âgés et de leur entourage- plus spécialement sur les quatre thèmes prioritaires précités ainsi que sur le repérage des troubles sensoriels,
d'organiser des formations et des actions de prévention.
La prévention est un des enjeux majeurs de notre politique de santé publique. La plupart des programmes de santé publique que j'ai présentés depuis plusieurs mois comprennent un volet prévention. J'espère que l'impulsion donnée à l'éducation thérapeutique notamment dans les programmes d'actions diabète et cardiovasculaire contribuera à réduire de manière significative la morbidité et donc à améliorer la qualité de vie des personnes âgées. L'institut national de prévention et d'éducation pour la santé créé par la loi relative à la loi droit des malades et à la qualité du système de soins a pour mission de donner à chacun les moyens de protéger et d'améliorer sa santé. J'attends beaucoup de cet institut qui je l'espère permettra de combler le retard de la France dans le domaine de la prévention.
II - Le deuxième axe du programme d'action concerne l'adaptation de l'organisation des soins aux besoins spécifiques des personnes âgées fragiles
L'exercice médical en gériatrie nécessite une approche multidimensionnelle prenant en compte de multiples pathologies aiguës et chroniques, les difficultés psychiques et sociales.
Le médecin généraliste a trop peu la possibilité de s'appuyer sur des structures d'évaluation gériatrique ou sur des services d'hospitalisation compétent en gériatrie.
Trop d'hospitalisations de personnes âgées se font en catastrophe. Ainsi, les services d'urgence reçoivent de très nombreuses personnes âgées. Ils éprouvent de réelles difficultés à les hospitaliser et les hospitalisations se font trop souvent en fonction des lits disponibles et donc rarement dans les services adaptés.
Nous manquons en France de services de court séjour gériatrique qu'il s'agisse de services de gériatrie ou de service de médecine à orientation gériatrique. Seuls 50 établissements siège d'un service d'urgence disposent de tels services.
Or, il faut savoir que l'hospitalisation d'une personne âgée est un traumatisme pour elle et sa famille. Un séjour hospitalier mal adapté peut entraîner l'aggravation d'une dépendance qui peut devenir irréversible.
Enfin, le dispositif d'aval est trop souvent mal articulé avec l'hôpital entraînant soit des ruptures de prise en charge soit isolant la personne âgée de son entourage familial.
Tout ceci m'a amené avec Mme Paulette Guinchard-Kunstler a repenser la filière de soins gériatriques. Nous avons le plaisir de vous présenter, ce matin, la circulaire, en date du 18 mars 2002, relative à l'amélioration de la filière gériatrique. Cette circulaire affirme la place de la gériatrie dans le cadre de l'organisation des soins. L'accent est mis sur le renforcement de l'accès à des soins de proximité (médecin généraliste, consultations et pôles d'évaluation gériatriques, hôpital local). Elle vise au développement des courts séjours gériatriques et des filières d'admission courtes et à une organisation de l'aval de l'hospitalisation : retour à domicile, hospitalisation à domicile, soins de suite et de réadaptation. L'ensemble s'inscrit dans une logique de travail en réseau utilisant l'ensemble du dispositif de soins et d'aide à domicile. Je pense aux professionnels libéraux et aux services de soins infirmiers à domicile. La mise en oeuvre de ces dispositions passe par un volet spécifique du schéma régional d'organisation sanitaire (SROS) et par un projet de prise en charge des personnes âgées au sein de chaque établissement de santé.
Parmi les mesures annoncées, je souhaite mettre l'accent sur la création ou le développement de consultations, de pôles d'évaluation gériatriques et de services de courts séjours gériatriques pour lesquels 8,23 millions d'euros (54 MF) sont prévus. Sont proposés des cahiers des charges définissant les missions, les moyens et les recommandations en matière d'implantation de ces structures qui doivent permettre d'organiser une prise en charge continue des personnes âgées fragiles entre la ville et l'hôpital en structurant un partenariat entre les différents acteurs.
Pour le versant hospitalier, la circulaire recommande notamment l'organisation d'une filière courte de prise en charge hospitalière, fondée sur des procédures facilitant des admissions directes en service de court séjour gériatrique, le développement de modes de prise en charge alternatifs à l'hospitalisation temps plein et la formalisation, au sein des services d'urgences, d'une procédure permettant l'intervention précoce d'un gériatre pouvant faire une évaluation globale de l'état de santé du patient.
III - Le dernier volet de ce plan est le renforcement de la formation à l'exercice médical de la gériatrie
Ce renforcement paraît fondamental dans une France qui vieillit et où la durée de vie s'allonge. C'est pourquoi, la formation à l'exercice médical de la gériatrie va être développée. Seront favorisés les stages de résidanat et d'internat au sein des services à orientation gériatrique. Afin de renforcer la dimension universitaire de la gériatrie, huit nouveaux postes de chefs de clinique assistant seront créés dès 2002. Parallèlement, la DGS engage une réflexion avec l'éducation nationale sur le cursus de formation et les modalités d'exercice des gériatres. Il faut en particulier tenir compte du passage à brève échéance de la médecine générale au rang de spécialité médicale. Les médecins généralistes devenus " spécialistes de médecine générale " pourront alors s'inscrire au diplôme spécialisé d'études complémentaire de gériatrie.
Voilà mesdames, messieurs, les grands axes du programme de prévention et d'organisation des soins pour les personnes âgées fragiles dont l'objectif est de permettre au plus grand nombre de français de vieillir en bonne santé.
(Source http://www.sante.gouv.fr, le 29 mars 2002)