Article de M. Laurent Fabius, président de l'assemblée nationale, dans "Blickpunkt Bundestag" le 4 octobre 1999, sur la réunification allemande et l'installation du Bundestag dans Berlin, nouvelle capitale de l'Allemagne, et sur la coopération franco-allemande.

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Circonstance : 50ème anniversaire du Bundestag

Média : Blickpunkt Bundestag

Texte intégral

En cette occasion historique, je suis heureux d'adresser tous les vux de l'Assemblée nationale de la République française à nos collègues allemands. Mettant fin aux affrontements, les cinquante dernières années ont été remplies d'événements majeurs pour nos deux pays, pour les relations franco-allemandes, pour l'Europe. Les avoir vécus ensemble nous a rendus plus proches, plus forts et plus solidaires.
Cet anniversaire coïncide avec l'installation du Bundestag dans ce bâtiment symbolique qu'est le Reichstag. Jadis, son incendie pendant la période nazie fût une des étapes décisives de la disparition de la démocratie étouffée par le totalitarisme. Aujourd'hui il renaît, comme cur de l'Allemagne démocratique et garant de ses libertés. Dix ans après la chute du mur, il vient aussi témoigner de l'unification d'un grand pays que la guerre et les rivalités avaient divisé. Oui, l'installation effective du Bundestag à Berlin est bien un signe pour le siècle qui vient : la capitale de la République fédérale a pour vocation d'être un des centres majeurs de l'Europe enfin rendue à son unité et à la paix, d'une Union européenne en voie d'élargissement et qui doit disposer d'institutions rénovées proches des citoyens et efficaces. C'est une bonne et juste nouvelle pour notre continent.
Les députés français saluent donc cette date marquante, au seuil d'une période nouvelle, avec amitié et gravité. La génération précédente a été celle de la réconciliation. Une autre peu à peu la remplace qui prend déjà la relève. Des personnalités d'exception avaient conçu l'Europe. D'autres, poursuivant ce mouvement, ont construit une entente efficace et exemplaire de part et d'autre du Rhin. L'Histoire dira tout ce que nous leur devons. Mais des premiers comme des seconds, nous n'avons pas le droit d'oublier les leçons. Cet héritage est un projet. Nos deux pays ne sauraient suivre leur chemin chacun de son côté. Dans le cadre de l'Union, chance leur est donnée d'en être le point d'arrimage et de projection. Parlementaires allemands et français, représentant leurs peuples, sont co-responsables de ces choix et doivent multiplier les occasions de travailler ensemble.
Pour les jeunes du prochain siècle, je formule le souhait que nos deux pays aient la volonté de renouveler en profondeur leur coopération, dans tous les domaines -culture, défense, éducation, environnement- afin de l'adapter aux réalités nouvelles. Sachons écarter la routine. L'uvre qui donne son sens aux épreuves passées et aux efforts à entreprendre, c'est la construction européenne. Nous devons en franchir ensemble les nouvelles étapes. Puissent nos Parlements y contribuer pleinement.
(Source http://www.assemblee-nationale.fr, le 4 octobre 1999)