Déclaration de M. Hubert Védrine, ministre des Affaires étrangères, à la presse, le 29 juillet1999, sur les relations franco-algériennes, les fonctionnaires français, victime des attentats terroristes, le traitement des visas, la réouverture des consulats et centres culturels, la reprise des vols d'Air France, les prochaines rencontres entre le Président algérien Bouteflika et MM. Chirac et Jospin et les relations économiques entre les deux pays, Alger le 29 juillet 1999.

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Circonstance : Visite de M. Hubert Védrine, ministre des Affaires étrangères, à l'Ambassade et au consulat de France à Alger le 29 juillet 1999 lors de son voyage en Algérie les 29 et 30 juillet 1999.

Texte intégral

L'Algérie a traversé des moments difficiles, même, peut-on dire, une tragédie. Il y a eu dans nos relations bilatérales des difficultés parce que nous avions dû prendre des précautions évidentes notamment en matière de sécurité. Le moment est venu de regarder vers l'avenir. Il y a donc d'abord une dimension politique à cette relance franco-algérienne avec ma visite aujourd'hui et ultérieurement, par des contacts au niveau des présidents, au niveau du président Bouteflika et du Premier ministre français, au niveau des gouvernements. Donc, il y aura toute une suite politique. Il y a, par ailleurs, des sujets précis sur lesquels j'apporterai au président Bouteflika le plus possible d'informations sur ce que nous pouvons faire et sur les calendriers que nous pouvons suivre. Je pense à la question du traitement des visas, pas tellement en termes de nombre parce que le nombre remonte régulièrement, mais sur la façon dont ils sont traités. On avait dû replier la base arrière du traitement des visas en France parce que ce n'était plus possible, ici, pour des raisons de sécurité. Donc, je lui expliquerai comment on peut renverser cette tendance et retrouver au plus vite une situation normale sur le traitement des visas. Les choses se sont déjà très améliorées. J'ai visité il y a quelques minutes les installations du consulat à Alger. Je crois que c'est l'un des mieux équipés au monde, maintenant, pour traiter des demandes vite et bien et dans des conditions où les gens peuvent attendre, sont bien accueillis, etc. Il y a la dimension " centres culturels " et là aussi nous parlerons des possibilités et des calendriers et il y a d'autres dossiers. J'essaierai d'être à la fois clair dans les orientations politiques que les dirigeants français souhaitent et proposent, et précis sur chacune des questions concrètes.
Q - Vous vous êtes recueilli, cet après-midi, à la mémoire des fonctionnaires français qui sont morts, ici, en Algérie, victimes d'attentats. Est-ce que redynamiser les relations ce n'est pas prendre un risque sur la vie précisément des Français qui vont travailler ici ?
R - Nous traitons ce sujet avec beaucoup de sérieux comme nous le faisons depuis longtemps déjà ; je peux même dire que depuis que je suis ministre, j'ai examiné cette perspective de réouverture des consulats et des centres parce que je savais bien qu'un jour ou l'autre la question se présenterait de façon concrète. Donc, nous avons beaucoup travaillé sur comment remettre en marche ces mécanismes qui sont également essentiels à la relation entre les deux pays. Il y a dans ce pays une demande de relation avec nous. Comment le faire sans exposer le personnel à des risques ? Nous avons un certain nombre d'idées, cela reste à compléter et nous avons besoin naturellement de l'aide et de la coopération des autorités algériennes. Vous voyez bien que cette préoccupation est constamment présente dans tout ce que nous avons décidé et tout ce que nous ferons sur ce plan mais il faut aussi savoir et constater que nous entrons dans une nouvelle période et il faut savoir, avec nos amis algériens, regarder l'avenir.
Q - Concernant la réouverture d'Air France où en est-on ?
R - C'est une des questions aussi où je réserve mes informations et des propositions au président Bouteflika demain. Mais là, c'est un peu différent parce que ça relève au premier chef de la décision des dirigeants de la Compagnie qui souhaitent reprendre, bien sûr, parce que, ne serait-ce que pour des raisons économiques, cela a été désastreux pour Air France d'avoir été obligé d'interrompre ses vols avec l'Algérie. Mais, Air France veut reprendre dans de bonnes conditions de sécurité et donc, ne pas reprendre à la légère. Juste avant mon voyage une mission technique et de sécurité d'Air France est venue ici et a travaillé. Je crois que ça s'est bien passé, que certains problèmes sont réglés, que d'autres pourront l'être assez rapidement et il appartiendra aux dirigeants de la Compagnie d'en tirer les conclusions le plus tôt possible.
Q - Sur le plan économique, est-ce que les relations sont encore privilégiées entre la France et l'Algérie ?
R - Les relations ont traversé des épreuves. D'une façon générale, les relations franco-algériennes n'ont jamais été interrompues. Il n'y a jamais eu de suspension ou de brouilles. Il y a eu des difficultés. Nous souhaitons naturellement que sur le plan économique aussi, elles redémarrent. Il y a d'ailleurs eu une mission, une visite ici du MEDEF international, il y a quelques mois avec beaucoup d'hommes d'affaires français qui sont venus voir, ici, comment redémarrer, comment travailler, comment réinvestir. Nous souhaitons bien sûr que ces échanges se redéveloppent.
Q - Et à propos de la visite de M. Chirac ?
R - Les perspectives politiques de développement entre la France et l'Algérie, les rencontres entre les deux présidents et d'autres rencontres, je les aborderai demain avec le président Bouteflika./.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 10 août 1999)