Interview de M. Bruno Mégret, président du Mouvement national républicain et candidat à l'élection présidentielle de 2002, à "La Chaîne Info" le 1er mars 2002, sur les promesses de signatures requises pour être candidat et sur les mesures qu'il entend promouvoir dans sa campagne électorale.

Prononcé le 1er mars 2002

Intervenant(s) : 

Média : La Chaîne Info - Télévision

Texte intégral


A. Hausser
Candidat à la candidature, je vous demande si vous allez vraiment obtenir le nombre de signatures nécessaire pour être vraiment candidat. Vous avez déclaré que vous êtes près du but. Qu'est-ce que cela veut dire, par rapport aux 500 exigées ?
- "Cela veut dire qu'il en manque quelques-unes encore..."
C'est vague...
- "Non, ce n'est pas vague. Nous en avons beaucoup plus manifestement que les Verts. Nous en avons, c'est vrai, beaucoup moins que les chasseurs, qui en ont annoncées 900. Je suis tout près du but. Nous sommes en train de transformer les promesses en signatures officielles. Et je n'ai pas d'inquiétude. Au rythme où les choses se passent actuellement, je serai candidat."
Vous vous donnez combien de temps pour transformer ces promesses en signatures officielles ?
- "Nous avons jusqu'au 2 avril prochain."
Oui, c'est le chiffre légal... Mais pour que vous puissiez vous organiser ?
- "On va en mobiliser le maximum. Donc, de toute façon, on sera en campagne de prospection de signatures complémentaires jusqu'au 2 avril, à partir de quoi commencera la campagne officielle."
Pourquoi êtes-vous candidat ? Pour assurer la relève à la droite de la droite ?
- "Je suis candidat pour proposer aux Français de remettre de l'ordre en France, car c'est un profond chaos qui s'est développé dans notre pays depuis des années et des années. Et il est nécessaire maintenant de faire émerger une vraie droite, qui pèse dans notre pays dans l'esprit des Français, [avec] au moins 30 % - peut-être davantage - des voix, et qui n'a jamais pu arriver au pouvoir, parce qu'elle a été divisée, balkanisée, culpabilisée. .."
Elle se retrouve peut-être ailleurs ?
- "Mon grand projet, c'est de la rassembler et de la décomplexer, pour qu'elle arrive au pouvoir comme elle est arrivée au pouvoir en Italie, en Autriche, récemment au Danemark."
Vous vous reconnaissez bien en S. Berlusconi ?
- "Je pense qu'il fait énormément de choses très positives. Par exemple, il est en train de mettre en débat à l'Assemblée nationale italienne un projet de loi qui prévoit très explicitement la priorité pour les Italiens et les Européens en matière d'emploi. C'est exactement ce que nous proposons. Je dirais même, aux yeux de l'establishement, c'est ce qu'il y a de "pire" - entre guillemets - dans notre programme. Ce qu'on considère comme anormal dans notre programme est actuellement en débat à l'Assemblée nationale italienne. Cela prouve que nos idées sont en pleine progression en Europe. Il n'y a pas de raison que la France reste en retard."
Mais elles sont captées par d'autres peut-être ?
- "Je me demande bien par qui ?"
La préférence nationale, c'est vrai que ce n'est pas très à la mode... Mais pour revenir à la campagne, vous serez également candidat aux législatives ?
- "Oui, je serai candidat à l'élection législative, dans la circonscription de Vitrolles-Marignane. Et nous aurons un candidat dans chacune des 577 circonscriptions de France. Le MNR est un grand mouvement qui entend assurer la relève à droite, la relève de la droite nationale, mais au-delà..."
C'est un mouvement de cadres, pour le moment...
- "C'est un mouvement de cadres, oui, avec beaucoup de cadres. Nous étions 2.500 à Nice le week-end dernier. C'est vrai que les médias en ont fort peu parlé. Mais c'est un mouvement enraciné dans tous les départements et un mouvement qui est le seul à pouvoir construire, dans les quelques années qui viennent, ce grand rassemblement dont je parle puisque, que ce soit M. Pasqua ou M. Le Pen, c'est leur dernière bataille. Cela ne sert d'ailleurs à rien de voter pour eux, puisqu'ils ne feront rien des voix qu'ils pourraient recueillir au lendemain du 21 avril prochain. Et c'est la raison pour laquelle nous sommes à un moment très important de renouveau politique. Et je crois qu'il est très important que les Français accélèrent ce mouvement à droite."
Cela sert à quelque chose de dire "ça ne sert à rien de voter pour J.-M. Le Pen ou C. Pasqua" ? C'est un argument un peu bizarre quand même !
- "Non. Au lendemain du 21 avril, c'est terminé, leur carrière politique est terminée. Le Front national qui n'existe que par Le Pen disparaît. L'avenir, c'est nous qui l'incarnons, dans une perspective de renouveau, de repositionnement plus large. Et par conséquent, nous incarnons l'avenir. Donc, plus le renouveau ira vite, plus nous aurons de voix."
L. Jospin entend également incarner l'avenir. Est-ce que vous avez lu les premières feuilles de son livre "Le temps de répondre" ? C'est une réponse ?
- "Je constate surtout que, dans ce livre, M. Jospin trouve qu'il est meilleur que Chirac. Bon, c'est son problème. Le problème des Français, c'est surtout de savoir s'il a été bénéfique à la France au cours des cinq dernières années. Je constate que cela a été une catastrophe, puisque l'ensemble de nos institutions sont maintenant en crise, que ce soit l'armée, que ce soit la police, que ce soit la gendarmerie, que ce soit la médecine, que ce soit les retraites, que ce soit l'école... Tout va moins bien qu'avant. Jospin, ne l'oubliez pas, est le Premier ministre de gauche le plus extrémiste d'Europe et je crois qu'il a fait énormément de mal à notre pays."
Tout ne va pas si mal, puisque finalement, le chômage a baissé. Il a de nouveau augmenté. Là, il rebaisse un peu. Le plein-emploi reste quand même un objectif et de L. Jospin et de J. Chirac. Pour vous, cette baisse du chômage est une annonce électorale, comme J.-P. Chevènement ?
- "C'est évident. Cela tombe vraiment au bon moment, alors que la courbe générale est à l'augmentation du chômage - on l'a constaté au cours des derniers mois. Il y a une petite embellie conjoncturelle qui tombe très bien pour M. Jospin. Et je crois que cela ne correspond à rien. En réalité, il est normal que le chômage augmente puisque M. Jospin et les socialistes font tout pour détruire le travail français. On n'a pas baissé les charges, comme il fallait le faire. On n'a pas assuré la régulation des échanges économiques internationaux pour empêcher les délocalisations. Il y en a encore de nouvelles aujourd'hui. Et on ne donne pas la priorité aux Français, en matière d'emploi."
Alors vous parlez de baisse des charges. J. Chirac, lui, va plus loin. Il parle de baisse des charges et de baisse des impôts. Est-ce que vous êtes navré, en l'écoutant, comme dirait F. Bayrou ? Ce sont des promesses mirobolantes, irréalisables ou est-ce que cela vous paraît possible, faisable ?
- "Non, je pense que cela va dans le bon sens, sauf que M. Chirac n'est pas crédible lorsqu'il propose des choses comme cela, puisque lorsqu'il était en situation de pouvoir les réaliser, il a fait exactement le contraire. Et il y a notamment une chose que M. Chirac ne précise pas, c'est quelles économies il entend faire pour baisser les charges et les impôts. Je veux baisser les impôts. J'ai proposé une baisse de 10% en moyenne sur tous les impôts, sur les cinq années du mandat présidentiel, mais je propose toute une série d'économies budgétaires. Et je prends par exemple le cas de la politique de la Ville, dont la Cour des Comptes a dit qu'elle était l'objet de toutes sortes de dérives. Il faut la rayer d'un trait de plume. C'est la politique qui sert soi-disant à rétablir la sécurité."
Ce n'est pas celle qui coûte le plus cher...
- "35 milliards de francs. 35 milliards de francs, c'est ce qui est nécessaire pour augmenter de façon très significative le budget de la police et de la gendarmerie, qui est de 60 milliards de francs, afin de rétablir la sécurité. Car c'est la sécurité qu'il faut établir prioritairement dans notre pays. C'est ma priorité en tout cas."
(Source :Premier ministre, Service d'information du gouvernement, le 1e mars 2002)