Texte intégral
Je suis heureuse d'être avec vous ce soir, à Saint Etienne, pour ce meeting de soutien au candidat des Verts à l'élection présidentielle, Noël Mamère, et pour échanger avec vous sur nos propositions, notamment sur les questions d'emploi et de développement durable.
Nous sommes engagés dans une bataille dont les enjeux sont considérables.
Une élection présidentielle, ce n'est pas seulement une affaire de parti. C'est le moment d'un vrai débat d'idées. Notre pays va faire des choix cruciaux pour son avenir : choix de générations, de méthodes, d'orientation, de styles, d'équipes.
Je dois dire d'entrée que je suis affligée par la façon dont le président-candidat traite de ces choix.
Avec son entrée en campagne, ressurgit ce qu'il y a de plus caricatural, de plus ringard et faut-il le dire de plus scandaleux, dans la 5è République.
La politique, version Chirac 2002, c'est la désinvolture plus le mépris des électeurs : voilà quelqu'un qui, selon ses interlocuteurs, promet tout et son contraire. Des baisses d'impôt massives et les équilibres budgétaires ; le maintien des 35 heures et leur suppression ; l'agriculture paysanne et le statu quo pour la politique agricole commune ; la retraite par répartition et les fonds de pension ; la formation professionnelle et l'abaissement des charges des entreprises ; la maîtrise des dépenses de santé et l'explosion de la rémunération de tous les médecins.
Même dans son propre camp, on est gêné.
Il est vrai que de ce côté là aussi, le rouleau compresseur a fonctionné : pas une tête, même celle de M. Bayrou, ne doit dépasser.
De faux signataires de pétitions pro-Chirac, en extraits tronqués par le Figaro du livre du juge Halphen, la course aux coups tordus est engagée : M. Chirac a choisi il est vrai, avec M. Sarkozy et Devedjian, des hommes d'expérience pour s'entourer.
Bien sûr, cette démagogie se voit et se sent, surtout que Jacques Chirac a déjà fait le coup une fois en 1995, et que le bilan de son septennat est plutôt maigre.
Mais nous aurions tort cependant de croire que l'affaire est dans le sac :
Le précédent en Italie de M. BERLUSCONI, celui de l'Autriche ou du Danemark, montrent qu'il arrive parfois, dans des situations de désarroi et de rejet de la politique, que la démagogie paye.
La droite française dispose d'appuis solides et de puissants soutiens : certains milieux patronaux, une partie de la presse, tout ce que notre pays compte comme lobbies productivistes et comme rentiers, agissent pour développer les mêmes thèmes d'une France qui serait en perte de vitesse, d'un pays englué dans la contrainte bureaucratique, d'un pays menacé dans son identité par l'insécurité généralisée, c'est-à-dire par sa jeunesse, désignée comme bouc émissaire et comme classe dangereuse
Et quand, venus de la gauche, d'aucuns qui ont perdu tous leurs points de repère, ajoutent à la confusion en reprenant tout ou partie des mêmes thèmes, ne croyons pas que les choses iront d'elles mêmes.
Il ne nous suffira pas pour convaincre, d'afficher les points positifs du bilan de la majorité plurielle : l'emploi, le C.M.U., l'allocation d'autonomie, la parité, le PACS, les nouvelles politiques en matière d'environnement, même si nous en somme fiers.
Il nous faudra pour gagner, affirmer un projet, une volonté, montrer que nous sommes à la hauteur des nouveaux enjeux et des nouveaux risques, convaincre les déçus ou les amers que nous pouvons nous remettre à leur écoute.
Ce projet doit être ambitieux : il ne peut pas se contenter d'accompagner ou de corriger à la marge des évolutions économiques et sociales auxquelles nous nous serions résignés. Nous avons besoin d'une direction, d'un contenu, pour mobiliser nos concitoyens.
C'est dans cet esprit que les Verts conçoivent la candidature de Noël Mamère à l'élection présidentielle.
Pour nous, il faut répondre à quatre grandes catégories d'enjeux et de défis forts :
1. La préservation de nos ressources naturelles et la restauration des grands équilibres écologiques
2. La réponse à la globalisation
3. Le vivre ensemble au quotidien
4. Une nouvelle forme de croissance durable.
Je serai peut-être un peu plus rapide sur les trois premiers points, (mais nous pourrons y revenir dans le débat), et vous me permettrez comme nous en avions convenu avec Roland de m'arrêter plus largement sur le dernier de ces enjeux.
- Premier enjeu, la crise écologique : car il faut bien parler de crise. L'environnement, ce n'est pas une espèce de sous-thème qu'il faudrait, comme le font la plupart des Partis, caser dans une rubrique à part, en bas de programme. Une sorte de luxe pour le mieux vivre des classes moyennes.
Des ressources aussi fondamentales que l'eau, l'air, les forêts, les océans, les terres cultivables se dégradent. La plupart des pays sont ou seront touchés par le désordre climatique, les catastrophes ou les drames humains qu'il entraîne d'ores et déjà.
Les guerres et les instabilités du 21è siècle ont pour centre l'accès à ces ressources rares : c'est vrai au Moyen Orient, en Afrique, en Asie, où les réfugiés écologiques se comptent par centaines de milliers.
Notre santé, au quotidien, est menacée : bien au-delà des crises qui font la une des journaux. En ville, au travail, même loin des sources immédiates de pollution.
Le message des Verts, dans cette présidentielle, est un message de responsabilité. Quand le coût de la destruction et donc de la réparation, devient inchiffrable et peut être supérieur à la richesse produite, tout le système risque de se bloquer.
Nous en appelons donc à la mobilisation de tous et chacun : les individus, dans leurs gestes quotidiens, les entreprises dans leur façon de compter, les consommateurs dans leur façon d'acheter, les salariés dans leur façon de travailler, et bien sûr l'Etat, dans sa façon d'organiser l'ensemble.
Le rôle et la dignité de la politique, au rebours de la démagogie ambiante, c'est de parler vrai.
- Oui, il faut une autre politique des transports, en finir avec le tout autoroute et le tout camions, passer au transport combiné et aux transports collectifs.
- Oui, il nous faut une autre politique agricole, pour proportionner les aides à la qualité des produits, à la survie des paysans, à l'aménagement équilibré de nos territoires.
- Oui, il nous faut une autre politique énergétique, fondée sur les économies, l'efficacité de notre production, et la diversification :
Nous voulons sortir du nucléaire, et d'abord réduire sa part, non pas par idéologie et par monomanie : mais parce que cette façon de produire de l'énergie est coûteuse, lourde, sécuritaire, pas souple, peu créatrice d'emplois, et qu'elle laisse aux générations futures des problèmes insolubles à résoudre.
- Oui, il nous faut d'autres politiques industrielles, par exemple dans le domaine de la chimie, parce que ce que nous gagnons en confort immédiat et apparent, nous le perdons en risques de catastrophes industrielles au coeur de nos villes, en gestion coûteuse de déchets, en dépollution des sols et en problèmes sanitaires.
- Oui, il nous faut d'autres politiques urbaines, que celles qui ont amené à l'hyperéclatement, à la périurbanisation, à l'explosion des grandes surfaces au détriment des centre-villes et des commerces.
Tout cela ne se fera pas en un jour, ni par un coup de baguette magique : raison de plus pour commencer tout de suite : c'est ce que proposent les Verts.
Second défi, second gros enjeu, celui de la globalisation :
S'il est nécessaire de commencer ici et maintenant, chaque citoyen sait aussi qu'il faut attaquer les problèmes de la planète au niveau où ils se posent.
Le 11 septembre a mis en évidence les désordres du monde. Le terrorisme, l'obscurantisme poussent sur le terrain de la fracture Nord-Sud, de la pauvreté, des pandémies, de l'irrespect des autres.
La réponse à cette nouvelle menace ne réside pas dans la simple réponse militaire unilatérale, dans la course aux armements qui ne protègent de rien du tout ou dans la loi de la vengeance.
Elle implique la création d'un monde multipolaire qui organise les relations internationales, équilibre la place prise par le commerce en donnant au social et à l'environnement une place accrue
La réforme des grandes institutions mondiales, la lutte contre la corruption et la grande criminalité financière, une construction européenne plus forte et plus solidaire, la société civile mondiale en gestation à Gênes ou à Porto Alègre s'organise pour ces objectifs.
On ne s'en sortira pas en se repliant sur des modèles périmés, sur des frontières caduques.
Dans cette présidentielle, les candidats sont étrangement muets, alors que la Convention chargée de la doter de nouvelles Institutions vient de s'installer, sur une nouvelle architecture pour l'Europe.
Les Verts entendent au contraire en faire un thème fort de leur campagne.
Ils n'oublieront pas non plus la responsabilité particulière de la France, second vendeur d'armes dans le monde, ses liens par exemple avec l'Afrique, qui appellent à une relance soutenue de sa politique de coopération.
La solidarité, ce n'est pas les autres : elle se mesure aussi à la façon dont nous abordons les questions d'immigration, à la manière dont nous accueillons chez nous les étrangers ou les demandeurs d'asile.
Troisième enjeu, troisième défi donc, celui du vivre ensemble au quotidien :
Parce que le monde bouge, parce que les points de repère anciens sont plus flous, les "autorités" issues de la seconde moitié du 20è siècle, sont réinterrogées.
Les enseignants, les scientifiques, les juges, les médecins, le personnel politique, tous ceux qui étaient jusqu'à présent porteurs de prestige, de stabilité, de modèle d'ascension professionnelle dans notre société, sont mis en cause et se remettent en cause eux-mêmes.
Il y a bien sûr, les évolutions économiques, la difficulté des nations ou des Etats à trouver leur place, la crise des savoirs, l'explosion des canaux d'information, la recomposition des familles, la survenue des désordres sociaux, urbains, écologiques et sanitaires.
Mais pas seulement : dans nos sociétés montent aussi des aspirations à l'autonomie, à la pluralité, au respect d'identités et d'appartenances multiples et évolutives, à la variété des modèles et des parcours de vie, à une autre utilisation de son temps, à des mobilités choisies.
Ni notre école, ni notre administration, ni notre justice, ni notre police ne sont adaptées à ces évolutions.
Nos méthodes sont lourdes, peu adaptées à l'extrême diversité des situations particulières : là où il faut faire du " cousu main ", nous faisons encore de la " grande série et du prêt à porter ".
On ne reconstruira pas de nouvelles autorités en renonçant au droit, à la loi, à la règle, en cassant les statuts et les sécurités acquises.
Mais on ne les reconstruira pas non plus sans décentralisation, sans transparence et sans dialogue au plus près de nos concitoyens.
Les solutions répressives, le tout à l'Etat, le recours à des formules simplistes du passé, ne régleront rien du tout.
Notre pays est celui d'Europe qui a le plus de policiers par habitant, dix fois plus que d'éducateurs, et ça ne marche pas : c'est sur l'efficacité de la police et de la justice, leur organisation, leur mode de commandement qu'il faut s'interroger, plutôt que de tout confondre et de tout mélanger.
La grande délinquance et les grands trafics, d'ailleurs mal combattus faute de moyens, ce n'est pas la même chose que la délinquance de quartiers ; et ce n'est pas la même chose non plus que ce qu'on range dans la catégorie fourre-tout des incivilités.
A chaque problème sa réponse : les amalgames constituent non seulement une erreur, ils constituent une faute.
J'en viens, si vous le voulez bien, au quatrième défi, au quatrième enjeu de cette présidentielle, celui d'une nouvelle croissance durable : c'est au fond celui qui détermine les autres.
Le chômage reste dans notre pays le principal facteur de désintégration sociale et d'insécurité collective.
Nous aurons beau aligner tous les chiffres que nous voulons, et même les meilleurs par rapport à ce qu'avait fait la droite, il reste que plus de deux millions de personnes n'ont pas d'emploi et qu'un million sont au RMI.
Certes la croissance continue de la précarité a connu une pause, certes le nombre d'allocataire des minima sociaux a été stabilisé : mais il y a encore quatre millions de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté, et parmi eux, de plus en plus de travailleurs victimes du développement des contrats à durée déterminée, de l'intérim ou d'emplois à temps partiel court imposés.
Les inégalités territoriales - et au sein de chaque territoire restent considérables : dans la Loire, vous connaissez vous-même cette situation qui a abouti à une véritable paupérisation de vos villes moyennes.
Lorsque la majorité plurielle est arrivée au pouvoir en 1997, la société française était encore sous le coup de la célèbre phrase de François Mitterrand : " On a tout essayé ".
Vingt ans de crise, vingt ans de traitement social, vingt ans d'explosion de la dépense publique, vingt ans d'échec.
Au fond, la société française avait fait le choix implicite de maintenir le niveau de vie de ses classes moyennes et supérieures et de passer par pertes et profits une partie des jeunes, des plus anciens, les ouvriers des secteurs traditionnels, les immigrés et bien évidemment les femmes.
Nous payons encore la facture de ce choix.
En 1995, lors de la précédente élection présidentielle, je me sentais bien seule à porter les deux thèmes du partage de travail, à travers le passage aux 35 heures, et de la création massive d'emplois d'utilité sociale.
Or, la mise en oeuvre de ces propositions a joué un rôle très important dans la législature qui s'achève.
Sur le 1,6 million d'emplois nouveaux créés depuis 1997, ayant permis la résorption d'un million de chômeurs, - et accessoirement la réduction de nos déficits- 360 000 l'ont été grâce à la réduction du temps de travail (avec en plus 65 000 emplois préservés), et 300 000 grâce aux emplois jeunes, dont 30 000 dans les seuls métiers de l'environnement.
Un des grands arguments de la droite, c'est que de toute façon, la bonne tenue de l'économie mondiale aurait permis ces créations.
Rien n'est plus faux : si nous n'avions pas conduit cette politique volontariste, si nous n'avions pas par ailleurs eu comme ambition de rééquilibrer la part des salaires dans la valeur ajoutée, qui régressait de façon constante, alors la reprise internationale se serait traduite par une simple extension des profits et de la rémunération des actionnaires.
Une des grandes confirmations que je tire de cette période, est que la spontanéité de l'économie, contrairement à ce que disent les libéraux, ne résoud ni la question de la justice sociale ni celle de l'emploi.
Aujourd'hui, cependant, à partir de ces avancées et aussi à partir du constat de leurs limites, la situation ne se présente plus dans les mêmes termes :
Même si elle se redressait, la conjoncture mondiale resterait encore incertaine pour plusieurs années.
La coïncidence des menaces de récession ou de stagnation aux USA, au Japon, en Europe (et en particulier chez notre principal partenaire l'Allemagne) fait peser sur la partie de nos secteurs économiques les plus exposés, de véritables risques.
Symbole de cette situation chez nous, France Télécom dont les actions ont perdu en moins de quatre ans près de sept fois leur valeur, va annoncer les premières pertes de son histoire !
La hausse des chiffres du chômage constatée ces six derniers mois, s'explique ainsi en grande partie par la vague de plans sociaux dans des entreprises positionnées sur des marchés de grande consommation particulièrement fragiles : informatique et télécoms, aviation-transport aérien, électro-ménager, habillement, sous-traitance automobile, grande distribution alimentaire, autant de secteurs marqués d'ailleurs les années précédentes dans le monde par de gigantesques processus de fusion-acquisition.
Je note au passage qu'un certain nombre de grandes entreprises, quand elles veulent licencier, contournent allègrement le code du travail (et son fameux article L 122-12), en externalisant certaines activités et leurs emplois, puis en les destructurant, comme Alstom qui a eu recours à plusieurs reprises à ce subterfuge.
La fragilité de l'emploi, se mesure enfin au nombre de plus en plus élevé des fins de mission d'intérim et de non renouvellement de CDD, dont le nombre a grandement cru pendant les cinq dernières années, au point d'atteindre à ce jour près de 10 % de l'emploi salarié.
Dans cette situation, les Verts estiment que la reprise des politiques traditionnelles ne suffit pas.
Nous sommes confrontés à la nécessité d'une nouvelle politique économique et sociale, inscrite dans la continuité de ce qu'il y a eu de réussi depuis cinq ans, mais très différente sur des points importants.
Si la société française veut faire le choix du plein emploi durable, elle doit faire le choix de la qualité de son développement.
Pour les Verts, un développement économique de qualité, c'est trois grands objectifs :
1. Plus de justice dans la distribution des revenus et dans le partage du travail,
2. Mieux prévenir les risques économiques en améliorant la qualité des activités et en élevant les qualifications,
3. Promouvoir l'économie plurielle en développant l'économie sociale et solidaire.
Première caractéristique donc de cette nouvelle politique, ne pas laisser filer les inégalités.
Or de fâcheuses tendances se font jour sur cette question.
L'élévation des rendements du capital, l'augmentation des primes, des stock-options, de l'intéressement ont abouti à une progression des revenus (déclarés) des 3 000 foyers les plus riches de l'ordre de 20 % par an depuis 1998.
Les grands dirigeants français ont par exemple largement rattrapé le retard qu'ils avaient sur leurs homologues américains !
On comprend dans ces conditions pourquoi la droite se propose de réduire les impôts sur les tranches les plus élevées !
Nous estimons que ces inégalités sont malsaines pour la bonne santé économique du pays, pour une bonne répartition de la consommation entre les groupes sociaux, les secteurs d'activité et les territoires, et qu'une politique de redistribution doit être plus juste et plus active.
Voilà pourquoi nous proposons le passage du SMIC à 1 000 euros et le relèvement des minima sociaux ! Voilà pourquoi nous proposons l'instauration d'une branche sécu de la jeunesse !
Voilà pourquoi nous sommes très critiques sur la curieuse mode des baisses d'impôts qui gagne la droite comme la gauche !
Chacun doit savoir qu'avec les seules baisses de 2001 (9 milliards d'Euros - 59 milliards de Francs) on aurait pu financer par exemple :
- l'extension de la CMU aux soins dentaires et à 2,5 millions de personnes qui dépassent le plafond, (1 milliard d'euros),
- une allocation de 400 euros par mois à plus de 100 000 jeunes de 18-24 ans en difficulté (500 millions d'euros),
- la gratuité totale des livres dans les écoles (300 millions d'euros),
- créer 120 000 places de crèches (1 milliard d'euros),
- tripler la subvention de l'Etat pour les transports en commun en site propre et au transport combiné rail-route (+ 300 millions d'euros),
- donner un chèque vacances de 300 euros à 1/3 des salariés des PME (800 millions d'Euros),
- doubler le budget de développement du parc social de logement (+ 500 millions d'euros),
- augmenter de 15 % les populations bénéficiaires de l'aide juridictionnelle (150 millions d'euros),
- multiplier par dix le budget recherche et développement des énergies renouvelables (100 millions d'euros) !
Et je n'en suis, chers amis, qu'à la moitié des sommes considérées ! L'autre moitié aurait pu concerner la poursuite de la réduction du temps de travail.
Une seconde inégalité en effet concerne cette réduction du temps de travail : nous ne pouvons nous satisfaire ni de la situation où les salariés des PME-PMI verraient le passage aux 35 heures mangé par l'augmentation des possibilités de recours aux heures supplémentaires, ni de celle de la fonction publique, en particulier des hôpitaux, ou les embauches ne seraient pas proportionnées à la baisse annoncée de la durée du travail.
Le maintien du niveau d'emploi des services publics, en ville comme en zone rurale, est la condition d'une bonne répartition des activités sur tout le territoire.
Or il faut par exemple préparer dès aujourd'hui la relève de ceux qui d'ici quelques années vont partir à la retraite.
Nous estimons donc, à la différence des autres forces politiques, que la poursuite de la tendance à la réduction du temps de travail, y compris le passage à la journée de quatre jours, soit 32 heures est une tendance lourde.
Elle constitue une façon de rendre plus attractifs des métiers difficiles, des productions dont se détournent une partie de nos concitoyens. Dans le choix entre élévation des revenus immédiats et gain de temps, de plus en plus nombreux seront nos concitoyens qui choisiront la seconde option. En tout cas, il faut la rendre possible.
Second grand objectif d'une nouvelle politique économique et sociale pour le plein emploi durable, l'amélioration de la qualité des activités.
Comme écologiste, je suis convaincue que la question de l'emploi doit être désormais abordée avec la même logique que l'environnement. On ne peut pas avoir d'un côté des grandes options qui contribuent à la dégradation de la qualité de l'emploi, sous le prétexte de plus en plus incertain de la quantité, et de l'autre des politiques de réparation, de traitement social, qui s'attaquent aux conséquences des premières.
Saint Etienne, qui n'a pas toujours su ou pu transformer progressivement son appareil industriel le sait : C'est en amont qu'il faut agir, par un soutien aux secteurs économiques porteurs à la fois de valeur ajoutée et d'emplois de bon niveau.
Nous proposons donc que la France s'inscrive dans une initiative européenne de croissance durable, appuyée notamment sur un impôt commun et sur un emprunt européen, et qui investisse dans les domaines porteurs : les réseaux ferroviaires de frêt, les transports collectifs, les process d'écologie industrielle aptes à lutter contre les émissions de gaz à effet de serre, les énergies nouvelles, l'électronique de mesure et les techniques de dépollution, les matériaux recyclables, les travaux de prévention des risques naturels et industriels.
Il ne s'agit au demeurant pas seulement de pousser de nouveaux secteurs, mais aussi d'efforts en direction des secteurs traditionnels pour parvenir à des productions écologiquement plus responsables, c'est-à-dire à moyen terme, à des économies considérables, bénéfiques à la productivité d'ensemble de la collectivité.
L'expérience montre qu'à investissement égal en capital, ces orientations sont deux à trois fois plus créatrices d'emplois qualifiés que des équipements lourds comme le nucléaire ou les travaux autoroutiers dont il faut noter que les principaux clients demeurent aujourd'hui la puissance publique et les collectivités.
Les Verts proposent donc que la Banque Européenne d'Investissement et la Banque Centrale (et en France une Caisse de Dépôts et Consignations profondément réformée) s'engagent dans les financements de ces infrastructures et de ces investissements conformes à une logique de développement durable.
Nous sommes par ailleurs favorables au renforcement des pouvoirs économiques des régions et des intercommunalités.
A une fiscalité des entreprises fondée sur le principe non pollueur-non payeur, au développement des outils régionaux bancaires et de capital risque sur les territoires.
Nous proposons donc que s'engagent par branche, par régions et par bassins d'emplois, des programmes de reconversion et de diversification, porteurs de nouveaux emplois, allant dans le sens d'une telle initiative européenne de développement durable.
Ces programmes impliquent une amélioration considérable des conditions de la négociation sociale dans l'entreprise, y compris les PME-PMI.
La place excessive prise par les actionnaires dans les décisions stratégiques, la globalisation, l'éloignement et l'opacité des lieux de management, rendent nécessaire la mise en place des mécanismes nouveaux, aux niveaux adaptés.
Vous le savez, certains salariés ont de plus en plus de mal ne serait-ce qu'à identifier leur employeur exact et qui décide pour eux.
Certaines restructurations, on l'a vu récemment encore avec l'affaire Moulinex, résultent d'évidentes erreurs ou de manque d'anticipation de la part des équipes dirigeantes ; investissement ou innovation insuffisantes, mauvais adossement bancaire ou capitalistique, stratégies commerciales inappropriées : quand on se réveille il est trop tard.
Pensés en catastrophe, la plupart des dispositifs de reclassement s'avèrent inopérants, quand ce n'est pas de pures et simples arnaques.
L'accès à l'information économique, la mise en place de vrais outils de veille sociale, appellent de nouveaux droits et de nouvelles formes de représentation des salariés.
Le principal point d'application de ces nouveaux droits, devrait être l'élévation continue des niveaux de qualification des salariés, et leur aptitude à accompagner voire à anticiper sur les mutations technologiques.
Le soutien systématique à l'emploi qualifié, relève certes d'abord d'une dimension individuelle : il faut à cet égard se réjouir du fait que nos partenaires socialistes se soient ralliés à l'idée, chère aux Verts et à quelques autres, du droit à la formation tout au long de la vie.
La possibilité d'alterner temps de travail et temps d'apprentissage est une des formes possibles de la RTT pour les personnes.
Mais la qualification est avant tout un problème collectif dans les entreprises et un problème de politique publique.
Le dogme qui consiste à alléger systématiquement les charges sociales sur les bas salaires, et sur les basses qualifications, tourne le dos à une politique de plein emploi durable.
En premier lieu, c'est en soi-même peu créateur quantitativement d'emplois, comme le montre l'échec des CIE installés par la droite et qui finançaient des créations qui auraient eu lieu de toute façon :
En second lieu, c'est un encouragement à l'emploi fragile qui, en cas de retournement de conjoncture, est systématiquement le plus menacé.
La proposition des verts est donc qu'on puisse moduler les prélèvements sociaux, avec des systèmes de bonus-malus, en fonction des efforts effectués par les branches pour mettre en place des dispositifs de négociation collective des qualifications, pour élever les statuts et les compétences des salariés.
Outre une incitation à la modernisation et à l'innovation, de tels dispositifs permettrait l'extension de la négociation au plan des territoires, favoriserait une meilleure gestion des emplois entre entreprises et particulièrement les PME. L'expérience des fonds de formation du bâtiment, secteur marqué par la cohabitation de grands groupes et de sous-traitants, montre qu'on peut ainsi anticiper, éviter les charrettes de licenciements secs, mutualiser les risques.
Troisième et dernière dimension d'une autre politique de l'emploi : l'économie plurielle et le développement de l'économie sociale et solidaire.
De nombreux militants Verts sont investis depuis longtemps, avec beaucoup d'autres bien sûr, dans la création d'entreprises et dans des initiatives à caractère coopératif, mutualiste et associatif : elles présentent une dimension collective, dont le but affiché est plutôt que la lucrativité maximale, l'utilité écologique, sociale ou locale.
Les Verts sont heureux qu'un Secrétariat d'Etat ait redonné à ce secteur, en plein redéploiement, une visibilité plus affirmée et des moyens nouveaux.
Certes, ces derniers ne sont pas toujours pas à la hauteur des besoins, mais l'action de Guy Hascoët a d'ores et déjà permis de débloquer des situations figées : je pense par exemple à la transcription dans de bonne conditions de la directive européenne concernant les mutuelles. Je pense aussi à l'organisation et la représentation des employeurs du secteur.
Là encore, il faut changer de braquet et de dimension.
Dans des domaines comme la santé, les soins et services à domicile, l'environnement, la réhabilitation des logements, la distribution des produits de l'agriculture naturelle, le tourisme vert, les transports locaux de marchandises et de personnes, les éco-produits, la culture et la communication ou l'énergie, les gisements de demande et d'emplois restent absolument considérables.
Une réponse en terme de tiers secteur peut heureusement compléter une offre de qualité faite par le service public ou par le tissu artisanal, avec qui d'ailleurs de nombreuses possibilités de contractualisation sont parfaitement envisageables.
Elles permettront de répondre à des besoins plus localisés, plus flexibles, plus personnalisés et de mobiliser le dynamisme de nombreux jeunes diplômés qui ont soif d'engagement professionnel au service de la collectivité.
Encore faut-il donner aux entrepreneurs du tiers secteur, les moyens d'agir :
A la suite du rapport d'Alain Lipietz et dans le cadre de la loi d'orientation proposée par Guy Hascoët, les Verts ont proposé qu'on améliore l'accès du tiers secteur au capital, au foncier, à des statuts reconnus, à la formation.
C'est le sens de leurs propositions en terme de labels, de système bancaire national et européen, de nouveaux titres de paiement, d'ouverture d'écoles, de formation à la création et à l'animation d'entreprises collectives.
Chèr(e )s ami(e )s,
Comme vous le constatez, les chantiers qui s'ouvrent devant notre pays sont tout-à-fait considérables.
Ils appellent un examen sérieux des dossiers, et non le recours à des simplifications ou à des surenchères.
Ils appellent à un renforcement et une mutation profonde de notre démocratie : nos institutions sont archaïques, notre Etat est lourd, il faut les réformer.
En les simplifiant, par exemple, par la réduction du nombre d'échelons administratifs. En les rapprochant des citoyens, en donnant plus de pouvoirs aux Régions, aux Coopérations entre les communes, aux conseils de quartiers.
En ouvrant la classe politique et l'accès aux responsabilités à de nouvelles générations par l'introduction de la proportionnelle à toutes les élections, le droit de vote aux étrangers aux élections locales, le renforcement du statut de l'élu local.
Dans cette campagne présidentielle, les Verts sont les seuls à proposer une vision aussi ample et aussi complète des réformes nécessaires pour faire face à la nouvelle donne écologique, sociale, internationale.
Dans les cinq ans qui viennent, le temps d'une mandature, le temps d'une législature, notre pays aura à prendre des options très concrètes qui engageront l'avenir pour des dizaines d'années.
Je l'ai dit pour le nucléaire, pour la politique agricole, pour la politique des transports, ou pour la sauvegarde et la modernisation de notre système de retraite.
On ne pourra pas toujours louvoyer.
L'expérience des propres insuffisances de la majorité plurielle le montre clairement : quand notre Gouvernement a pratiqué la politique de la godille, quand il s'est livré à de périlleux exercices d'équilibrisme, le désarroi s'est installé.
Les infirmières, les médecins généralistes, les mal logés, le million de Remistes, les conducteurs de camions, les agriculteurs de montagne, les riverains d'aéroports, qu'ont-ils par exemple gagné aux ouvertures faites aux propriétaires de cliniques privées, aux patrons du transport routier, aux titulaires de stock-options, aux céréaliers irrigants de Beauce et du Sud Ouest, ou aux transporteurs aériens ?
On ne progresse en politique qu'en disant ce qu'on veut faire et en faisant ce qu'on a dit.
C'est l'ambition des verts, et c'est l'ambition de notre candidat Noël Mamère que d'aller dans cette direction.
Il faut que les Verts et leurs propositions pèsent plus !
Pour battre la droite, pour donner des couleurs à la majorité plurielle !
Voilà pourquoi je vous appelle dans un peu plus de 50 jours à prolonger l'espoir que représente l'émergence des verts comme force politique qui compte en votant et en faisant voter massivement pour Noël Mamère au premier tour.
Je vous remercie.
(source http://www.les-verts.org, le 12 mars 2002)
Nous sommes engagés dans une bataille dont les enjeux sont considérables.
Une élection présidentielle, ce n'est pas seulement une affaire de parti. C'est le moment d'un vrai débat d'idées. Notre pays va faire des choix cruciaux pour son avenir : choix de générations, de méthodes, d'orientation, de styles, d'équipes.
Je dois dire d'entrée que je suis affligée par la façon dont le président-candidat traite de ces choix.
Avec son entrée en campagne, ressurgit ce qu'il y a de plus caricatural, de plus ringard et faut-il le dire de plus scandaleux, dans la 5è République.
La politique, version Chirac 2002, c'est la désinvolture plus le mépris des électeurs : voilà quelqu'un qui, selon ses interlocuteurs, promet tout et son contraire. Des baisses d'impôt massives et les équilibres budgétaires ; le maintien des 35 heures et leur suppression ; l'agriculture paysanne et le statu quo pour la politique agricole commune ; la retraite par répartition et les fonds de pension ; la formation professionnelle et l'abaissement des charges des entreprises ; la maîtrise des dépenses de santé et l'explosion de la rémunération de tous les médecins.
Même dans son propre camp, on est gêné.
Il est vrai que de ce côté là aussi, le rouleau compresseur a fonctionné : pas une tête, même celle de M. Bayrou, ne doit dépasser.
De faux signataires de pétitions pro-Chirac, en extraits tronqués par le Figaro du livre du juge Halphen, la course aux coups tordus est engagée : M. Chirac a choisi il est vrai, avec M. Sarkozy et Devedjian, des hommes d'expérience pour s'entourer.
Bien sûr, cette démagogie se voit et se sent, surtout que Jacques Chirac a déjà fait le coup une fois en 1995, et que le bilan de son septennat est plutôt maigre.
Mais nous aurions tort cependant de croire que l'affaire est dans le sac :
Le précédent en Italie de M. BERLUSCONI, celui de l'Autriche ou du Danemark, montrent qu'il arrive parfois, dans des situations de désarroi et de rejet de la politique, que la démagogie paye.
La droite française dispose d'appuis solides et de puissants soutiens : certains milieux patronaux, une partie de la presse, tout ce que notre pays compte comme lobbies productivistes et comme rentiers, agissent pour développer les mêmes thèmes d'une France qui serait en perte de vitesse, d'un pays englué dans la contrainte bureaucratique, d'un pays menacé dans son identité par l'insécurité généralisée, c'est-à-dire par sa jeunesse, désignée comme bouc émissaire et comme classe dangereuse
Et quand, venus de la gauche, d'aucuns qui ont perdu tous leurs points de repère, ajoutent à la confusion en reprenant tout ou partie des mêmes thèmes, ne croyons pas que les choses iront d'elles mêmes.
Il ne nous suffira pas pour convaincre, d'afficher les points positifs du bilan de la majorité plurielle : l'emploi, le C.M.U., l'allocation d'autonomie, la parité, le PACS, les nouvelles politiques en matière d'environnement, même si nous en somme fiers.
Il nous faudra pour gagner, affirmer un projet, une volonté, montrer que nous sommes à la hauteur des nouveaux enjeux et des nouveaux risques, convaincre les déçus ou les amers que nous pouvons nous remettre à leur écoute.
Ce projet doit être ambitieux : il ne peut pas se contenter d'accompagner ou de corriger à la marge des évolutions économiques et sociales auxquelles nous nous serions résignés. Nous avons besoin d'une direction, d'un contenu, pour mobiliser nos concitoyens.
C'est dans cet esprit que les Verts conçoivent la candidature de Noël Mamère à l'élection présidentielle.
Pour nous, il faut répondre à quatre grandes catégories d'enjeux et de défis forts :
1. La préservation de nos ressources naturelles et la restauration des grands équilibres écologiques
2. La réponse à la globalisation
3. Le vivre ensemble au quotidien
4. Une nouvelle forme de croissance durable.
Je serai peut-être un peu plus rapide sur les trois premiers points, (mais nous pourrons y revenir dans le débat), et vous me permettrez comme nous en avions convenu avec Roland de m'arrêter plus largement sur le dernier de ces enjeux.
- Premier enjeu, la crise écologique : car il faut bien parler de crise. L'environnement, ce n'est pas une espèce de sous-thème qu'il faudrait, comme le font la plupart des Partis, caser dans une rubrique à part, en bas de programme. Une sorte de luxe pour le mieux vivre des classes moyennes.
Des ressources aussi fondamentales que l'eau, l'air, les forêts, les océans, les terres cultivables se dégradent. La plupart des pays sont ou seront touchés par le désordre climatique, les catastrophes ou les drames humains qu'il entraîne d'ores et déjà.
Les guerres et les instabilités du 21è siècle ont pour centre l'accès à ces ressources rares : c'est vrai au Moyen Orient, en Afrique, en Asie, où les réfugiés écologiques se comptent par centaines de milliers.
Notre santé, au quotidien, est menacée : bien au-delà des crises qui font la une des journaux. En ville, au travail, même loin des sources immédiates de pollution.
Le message des Verts, dans cette présidentielle, est un message de responsabilité. Quand le coût de la destruction et donc de la réparation, devient inchiffrable et peut être supérieur à la richesse produite, tout le système risque de se bloquer.
Nous en appelons donc à la mobilisation de tous et chacun : les individus, dans leurs gestes quotidiens, les entreprises dans leur façon de compter, les consommateurs dans leur façon d'acheter, les salariés dans leur façon de travailler, et bien sûr l'Etat, dans sa façon d'organiser l'ensemble.
Le rôle et la dignité de la politique, au rebours de la démagogie ambiante, c'est de parler vrai.
- Oui, il faut une autre politique des transports, en finir avec le tout autoroute et le tout camions, passer au transport combiné et aux transports collectifs.
- Oui, il nous faut une autre politique agricole, pour proportionner les aides à la qualité des produits, à la survie des paysans, à l'aménagement équilibré de nos territoires.
- Oui, il nous faut une autre politique énergétique, fondée sur les économies, l'efficacité de notre production, et la diversification :
Nous voulons sortir du nucléaire, et d'abord réduire sa part, non pas par idéologie et par monomanie : mais parce que cette façon de produire de l'énergie est coûteuse, lourde, sécuritaire, pas souple, peu créatrice d'emplois, et qu'elle laisse aux générations futures des problèmes insolubles à résoudre.
- Oui, il nous faut d'autres politiques industrielles, par exemple dans le domaine de la chimie, parce que ce que nous gagnons en confort immédiat et apparent, nous le perdons en risques de catastrophes industrielles au coeur de nos villes, en gestion coûteuse de déchets, en dépollution des sols et en problèmes sanitaires.
- Oui, il nous faut d'autres politiques urbaines, que celles qui ont amené à l'hyperéclatement, à la périurbanisation, à l'explosion des grandes surfaces au détriment des centre-villes et des commerces.
Tout cela ne se fera pas en un jour, ni par un coup de baguette magique : raison de plus pour commencer tout de suite : c'est ce que proposent les Verts.
Second défi, second gros enjeu, celui de la globalisation :
S'il est nécessaire de commencer ici et maintenant, chaque citoyen sait aussi qu'il faut attaquer les problèmes de la planète au niveau où ils se posent.
Le 11 septembre a mis en évidence les désordres du monde. Le terrorisme, l'obscurantisme poussent sur le terrain de la fracture Nord-Sud, de la pauvreté, des pandémies, de l'irrespect des autres.
La réponse à cette nouvelle menace ne réside pas dans la simple réponse militaire unilatérale, dans la course aux armements qui ne protègent de rien du tout ou dans la loi de la vengeance.
Elle implique la création d'un monde multipolaire qui organise les relations internationales, équilibre la place prise par le commerce en donnant au social et à l'environnement une place accrue
La réforme des grandes institutions mondiales, la lutte contre la corruption et la grande criminalité financière, une construction européenne plus forte et plus solidaire, la société civile mondiale en gestation à Gênes ou à Porto Alègre s'organise pour ces objectifs.
On ne s'en sortira pas en se repliant sur des modèles périmés, sur des frontières caduques.
Dans cette présidentielle, les candidats sont étrangement muets, alors que la Convention chargée de la doter de nouvelles Institutions vient de s'installer, sur une nouvelle architecture pour l'Europe.
Les Verts entendent au contraire en faire un thème fort de leur campagne.
Ils n'oublieront pas non plus la responsabilité particulière de la France, second vendeur d'armes dans le monde, ses liens par exemple avec l'Afrique, qui appellent à une relance soutenue de sa politique de coopération.
La solidarité, ce n'est pas les autres : elle se mesure aussi à la façon dont nous abordons les questions d'immigration, à la manière dont nous accueillons chez nous les étrangers ou les demandeurs d'asile.
Troisième enjeu, troisième défi donc, celui du vivre ensemble au quotidien :
Parce que le monde bouge, parce que les points de repère anciens sont plus flous, les "autorités" issues de la seconde moitié du 20è siècle, sont réinterrogées.
Les enseignants, les scientifiques, les juges, les médecins, le personnel politique, tous ceux qui étaient jusqu'à présent porteurs de prestige, de stabilité, de modèle d'ascension professionnelle dans notre société, sont mis en cause et se remettent en cause eux-mêmes.
Il y a bien sûr, les évolutions économiques, la difficulté des nations ou des Etats à trouver leur place, la crise des savoirs, l'explosion des canaux d'information, la recomposition des familles, la survenue des désordres sociaux, urbains, écologiques et sanitaires.
Mais pas seulement : dans nos sociétés montent aussi des aspirations à l'autonomie, à la pluralité, au respect d'identités et d'appartenances multiples et évolutives, à la variété des modèles et des parcours de vie, à une autre utilisation de son temps, à des mobilités choisies.
Ni notre école, ni notre administration, ni notre justice, ni notre police ne sont adaptées à ces évolutions.
Nos méthodes sont lourdes, peu adaptées à l'extrême diversité des situations particulières : là où il faut faire du " cousu main ", nous faisons encore de la " grande série et du prêt à porter ".
On ne reconstruira pas de nouvelles autorités en renonçant au droit, à la loi, à la règle, en cassant les statuts et les sécurités acquises.
Mais on ne les reconstruira pas non plus sans décentralisation, sans transparence et sans dialogue au plus près de nos concitoyens.
Les solutions répressives, le tout à l'Etat, le recours à des formules simplistes du passé, ne régleront rien du tout.
Notre pays est celui d'Europe qui a le plus de policiers par habitant, dix fois plus que d'éducateurs, et ça ne marche pas : c'est sur l'efficacité de la police et de la justice, leur organisation, leur mode de commandement qu'il faut s'interroger, plutôt que de tout confondre et de tout mélanger.
La grande délinquance et les grands trafics, d'ailleurs mal combattus faute de moyens, ce n'est pas la même chose que la délinquance de quartiers ; et ce n'est pas la même chose non plus que ce qu'on range dans la catégorie fourre-tout des incivilités.
A chaque problème sa réponse : les amalgames constituent non seulement une erreur, ils constituent une faute.
J'en viens, si vous le voulez bien, au quatrième défi, au quatrième enjeu de cette présidentielle, celui d'une nouvelle croissance durable : c'est au fond celui qui détermine les autres.
Le chômage reste dans notre pays le principal facteur de désintégration sociale et d'insécurité collective.
Nous aurons beau aligner tous les chiffres que nous voulons, et même les meilleurs par rapport à ce qu'avait fait la droite, il reste que plus de deux millions de personnes n'ont pas d'emploi et qu'un million sont au RMI.
Certes la croissance continue de la précarité a connu une pause, certes le nombre d'allocataire des minima sociaux a été stabilisé : mais il y a encore quatre millions de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté, et parmi eux, de plus en plus de travailleurs victimes du développement des contrats à durée déterminée, de l'intérim ou d'emplois à temps partiel court imposés.
Les inégalités territoriales - et au sein de chaque territoire restent considérables : dans la Loire, vous connaissez vous-même cette situation qui a abouti à une véritable paupérisation de vos villes moyennes.
Lorsque la majorité plurielle est arrivée au pouvoir en 1997, la société française était encore sous le coup de la célèbre phrase de François Mitterrand : " On a tout essayé ".
Vingt ans de crise, vingt ans de traitement social, vingt ans d'explosion de la dépense publique, vingt ans d'échec.
Au fond, la société française avait fait le choix implicite de maintenir le niveau de vie de ses classes moyennes et supérieures et de passer par pertes et profits une partie des jeunes, des plus anciens, les ouvriers des secteurs traditionnels, les immigrés et bien évidemment les femmes.
Nous payons encore la facture de ce choix.
En 1995, lors de la précédente élection présidentielle, je me sentais bien seule à porter les deux thèmes du partage de travail, à travers le passage aux 35 heures, et de la création massive d'emplois d'utilité sociale.
Or, la mise en oeuvre de ces propositions a joué un rôle très important dans la législature qui s'achève.
Sur le 1,6 million d'emplois nouveaux créés depuis 1997, ayant permis la résorption d'un million de chômeurs, - et accessoirement la réduction de nos déficits- 360 000 l'ont été grâce à la réduction du temps de travail (avec en plus 65 000 emplois préservés), et 300 000 grâce aux emplois jeunes, dont 30 000 dans les seuls métiers de l'environnement.
Un des grands arguments de la droite, c'est que de toute façon, la bonne tenue de l'économie mondiale aurait permis ces créations.
Rien n'est plus faux : si nous n'avions pas conduit cette politique volontariste, si nous n'avions pas par ailleurs eu comme ambition de rééquilibrer la part des salaires dans la valeur ajoutée, qui régressait de façon constante, alors la reprise internationale se serait traduite par une simple extension des profits et de la rémunération des actionnaires.
Une des grandes confirmations que je tire de cette période, est que la spontanéité de l'économie, contrairement à ce que disent les libéraux, ne résoud ni la question de la justice sociale ni celle de l'emploi.
Aujourd'hui, cependant, à partir de ces avancées et aussi à partir du constat de leurs limites, la situation ne se présente plus dans les mêmes termes :
Même si elle se redressait, la conjoncture mondiale resterait encore incertaine pour plusieurs années.
La coïncidence des menaces de récession ou de stagnation aux USA, au Japon, en Europe (et en particulier chez notre principal partenaire l'Allemagne) fait peser sur la partie de nos secteurs économiques les plus exposés, de véritables risques.
Symbole de cette situation chez nous, France Télécom dont les actions ont perdu en moins de quatre ans près de sept fois leur valeur, va annoncer les premières pertes de son histoire !
La hausse des chiffres du chômage constatée ces six derniers mois, s'explique ainsi en grande partie par la vague de plans sociaux dans des entreprises positionnées sur des marchés de grande consommation particulièrement fragiles : informatique et télécoms, aviation-transport aérien, électro-ménager, habillement, sous-traitance automobile, grande distribution alimentaire, autant de secteurs marqués d'ailleurs les années précédentes dans le monde par de gigantesques processus de fusion-acquisition.
Je note au passage qu'un certain nombre de grandes entreprises, quand elles veulent licencier, contournent allègrement le code du travail (et son fameux article L 122-12), en externalisant certaines activités et leurs emplois, puis en les destructurant, comme Alstom qui a eu recours à plusieurs reprises à ce subterfuge.
La fragilité de l'emploi, se mesure enfin au nombre de plus en plus élevé des fins de mission d'intérim et de non renouvellement de CDD, dont le nombre a grandement cru pendant les cinq dernières années, au point d'atteindre à ce jour près de 10 % de l'emploi salarié.
Dans cette situation, les Verts estiment que la reprise des politiques traditionnelles ne suffit pas.
Nous sommes confrontés à la nécessité d'une nouvelle politique économique et sociale, inscrite dans la continuité de ce qu'il y a eu de réussi depuis cinq ans, mais très différente sur des points importants.
Si la société française veut faire le choix du plein emploi durable, elle doit faire le choix de la qualité de son développement.
Pour les Verts, un développement économique de qualité, c'est trois grands objectifs :
1. Plus de justice dans la distribution des revenus et dans le partage du travail,
2. Mieux prévenir les risques économiques en améliorant la qualité des activités et en élevant les qualifications,
3. Promouvoir l'économie plurielle en développant l'économie sociale et solidaire.
Première caractéristique donc de cette nouvelle politique, ne pas laisser filer les inégalités.
Or de fâcheuses tendances se font jour sur cette question.
L'élévation des rendements du capital, l'augmentation des primes, des stock-options, de l'intéressement ont abouti à une progression des revenus (déclarés) des 3 000 foyers les plus riches de l'ordre de 20 % par an depuis 1998.
Les grands dirigeants français ont par exemple largement rattrapé le retard qu'ils avaient sur leurs homologues américains !
On comprend dans ces conditions pourquoi la droite se propose de réduire les impôts sur les tranches les plus élevées !
Nous estimons que ces inégalités sont malsaines pour la bonne santé économique du pays, pour une bonne répartition de la consommation entre les groupes sociaux, les secteurs d'activité et les territoires, et qu'une politique de redistribution doit être plus juste et plus active.
Voilà pourquoi nous proposons le passage du SMIC à 1 000 euros et le relèvement des minima sociaux ! Voilà pourquoi nous proposons l'instauration d'une branche sécu de la jeunesse !
Voilà pourquoi nous sommes très critiques sur la curieuse mode des baisses d'impôts qui gagne la droite comme la gauche !
Chacun doit savoir qu'avec les seules baisses de 2001 (9 milliards d'Euros - 59 milliards de Francs) on aurait pu financer par exemple :
- l'extension de la CMU aux soins dentaires et à 2,5 millions de personnes qui dépassent le plafond, (1 milliard d'euros),
- une allocation de 400 euros par mois à plus de 100 000 jeunes de 18-24 ans en difficulté (500 millions d'euros),
- la gratuité totale des livres dans les écoles (300 millions d'euros),
- créer 120 000 places de crèches (1 milliard d'euros),
- tripler la subvention de l'Etat pour les transports en commun en site propre et au transport combiné rail-route (+ 300 millions d'euros),
- donner un chèque vacances de 300 euros à 1/3 des salariés des PME (800 millions d'Euros),
- doubler le budget de développement du parc social de logement (+ 500 millions d'euros),
- augmenter de 15 % les populations bénéficiaires de l'aide juridictionnelle (150 millions d'euros),
- multiplier par dix le budget recherche et développement des énergies renouvelables (100 millions d'euros) !
Et je n'en suis, chers amis, qu'à la moitié des sommes considérées ! L'autre moitié aurait pu concerner la poursuite de la réduction du temps de travail.
Une seconde inégalité en effet concerne cette réduction du temps de travail : nous ne pouvons nous satisfaire ni de la situation où les salariés des PME-PMI verraient le passage aux 35 heures mangé par l'augmentation des possibilités de recours aux heures supplémentaires, ni de celle de la fonction publique, en particulier des hôpitaux, ou les embauches ne seraient pas proportionnées à la baisse annoncée de la durée du travail.
Le maintien du niveau d'emploi des services publics, en ville comme en zone rurale, est la condition d'une bonne répartition des activités sur tout le territoire.
Or il faut par exemple préparer dès aujourd'hui la relève de ceux qui d'ici quelques années vont partir à la retraite.
Nous estimons donc, à la différence des autres forces politiques, que la poursuite de la tendance à la réduction du temps de travail, y compris le passage à la journée de quatre jours, soit 32 heures est une tendance lourde.
Elle constitue une façon de rendre plus attractifs des métiers difficiles, des productions dont se détournent une partie de nos concitoyens. Dans le choix entre élévation des revenus immédiats et gain de temps, de plus en plus nombreux seront nos concitoyens qui choisiront la seconde option. En tout cas, il faut la rendre possible.
Second grand objectif d'une nouvelle politique économique et sociale pour le plein emploi durable, l'amélioration de la qualité des activités.
Comme écologiste, je suis convaincue que la question de l'emploi doit être désormais abordée avec la même logique que l'environnement. On ne peut pas avoir d'un côté des grandes options qui contribuent à la dégradation de la qualité de l'emploi, sous le prétexte de plus en plus incertain de la quantité, et de l'autre des politiques de réparation, de traitement social, qui s'attaquent aux conséquences des premières.
Saint Etienne, qui n'a pas toujours su ou pu transformer progressivement son appareil industriel le sait : C'est en amont qu'il faut agir, par un soutien aux secteurs économiques porteurs à la fois de valeur ajoutée et d'emplois de bon niveau.
Nous proposons donc que la France s'inscrive dans une initiative européenne de croissance durable, appuyée notamment sur un impôt commun et sur un emprunt européen, et qui investisse dans les domaines porteurs : les réseaux ferroviaires de frêt, les transports collectifs, les process d'écologie industrielle aptes à lutter contre les émissions de gaz à effet de serre, les énergies nouvelles, l'électronique de mesure et les techniques de dépollution, les matériaux recyclables, les travaux de prévention des risques naturels et industriels.
Il ne s'agit au demeurant pas seulement de pousser de nouveaux secteurs, mais aussi d'efforts en direction des secteurs traditionnels pour parvenir à des productions écologiquement plus responsables, c'est-à-dire à moyen terme, à des économies considérables, bénéfiques à la productivité d'ensemble de la collectivité.
L'expérience montre qu'à investissement égal en capital, ces orientations sont deux à trois fois plus créatrices d'emplois qualifiés que des équipements lourds comme le nucléaire ou les travaux autoroutiers dont il faut noter que les principaux clients demeurent aujourd'hui la puissance publique et les collectivités.
Les Verts proposent donc que la Banque Européenne d'Investissement et la Banque Centrale (et en France une Caisse de Dépôts et Consignations profondément réformée) s'engagent dans les financements de ces infrastructures et de ces investissements conformes à une logique de développement durable.
Nous sommes par ailleurs favorables au renforcement des pouvoirs économiques des régions et des intercommunalités.
A une fiscalité des entreprises fondée sur le principe non pollueur-non payeur, au développement des outils régionaux bancaires et de capital risque sur les territoires.
Nous proposons donc que s'engagent par branche, par régions et par bassins d'emplois, des programmes de reconversion et de diversification, porteurs de nouveaux emplois, allant dans le sens d'une telle initiative européenne de développement durable.
Ces programmes impliquent une amélioration considérable des conditions de la négociation sociale dans l'entreprise, y compris les PME-PMI.
La place excessive prise par les actionnaires dans les décisions stratégiques, la globalisation, l'éloignement et l'opacité des lieux de management, rendent nécessaire la mise en place des mécanismes nouveaux, aux niveaux adaptés.
Vous le savez, certains salariés ont de plus en plus de mal ne serait-ce qu'à identifier leur employeur exact et qui décide pour eux.
Certaines restructurations, on l'a vu récemment encore avec l'affaire Moulinex, résultent d'évidentes erreurs ou de manque d'anticipation de la part des équipes dirigeantes ; investissement ou innovation insuffisantes, mauvais adossement bancaire ou capitalistique, stratégies commerciales inappropriées : quand on se réveille il est trop tard.
Pensés en catastrophe, la plupart des dispositifs de reclassement s'avèrent inopérants, quand ce n'est pas de pures et simples arnaques.
L'accès à l'information économique, la mise en place de vrais outils de veille sociale, appellent de nouveaux droits et de nouvelles formes de représentation des salariés.
Le principal point d'application de ces nouveaux droits, devrait être l'élévation continue des niveaux de qualification des salariés, et leur aptitude à accompagner voire à anticiper sur les mutations technologiques.
Le soutien systématique à l'emploi qualifié, relève certes d'abord d'une dimension individuelle : il faut à cet égard se réjouir du fait que nos partenaires socialistes se soient ralliés à l'idée, chère aux Verts et à quelques autres, du droit à la formation tout au long de la vie.
La possibilité d'alterner temps de travail et temps d'apprentissage est une des formes possibles de la RTT pour les personnes.
Mais la qualification est avant tout un problème collectif dans les entreprises et un problème de politique publique.
Le dogme qui consiste à alléger systématiquement les charges sociales sur les bas salaires, et sur les basses qualifications, tourne le dos à une politique de plein emploi durable.
En premier lieu, c'est en soi-même peu créateur quantitativement d'emplois, comme le montre l'échec des CIE installés par la droite et qui finançaient des créations qui auraient eu lieu de toute façon :
En second lieu, c'est un encouragement à l'emploi fragile qui, en cas de retournement de conjoncture, est systématiquement le plus menacé.
La proposition des verts est donc qu'on puisse moduler les prélèvements sociaux, avec des systèmes de bonus-malus, en fonction des efforts effectués par les branches pour mettre en place des dispositifs de négociation collective des qualifications, pour élever les statuts et les compétences des salariés.
Outre une incitation à la modernisation et à l'innovation, de tels dispositifs permettrait l'extension de la négociation au plan des territoires, favoriserait une meilleure gestion des emplois entre entreprises et particulièrement les PME. L'expérience des fonds de formation du bâtiment, secteur marqué par la cohabitation de grands groupes et de sous-traitants, montre qu'on peut ainsi anticiper, éviter les charrettes de licenciements secs, mutualiser les risques.
Troisième et dernière dimension d'une autre politique de l'emploi : l'économie plurielle et le développement de l'économie sociale et solidaire.
De nombreux militants Verts sont investis depuis longtemps, avec beaucoup d'autres bien sûr, dans la création d'entreprises et dans des initiatives à caractère coopératif, mutualiste et associatif : elles présentent une dimension collective, dont le but affiché est plutôt que la lucrativité maximale, l'utilité écologique, sociale ou locale.
Les Verts sont heureux qu'un Secrétariat d'Etat ait redonné à ce secteur, en plein redéploiement, une visibilité plus affirmée et des moyens nouveaux.
Certes, ces derniers ne sont pas toujours pas à la hauteur des besoins, mais l'action de Guy Hascoët a d'ores et déjà permis de débloquer des situations figées : je pense par exemple à la transcription dans de bonne conditions de la directive européenne concernant les mutuelles. Je pense aussi à l'organisation et la représentation des employeurs du secteur.
Là encore, il faut changer de braquet et de dimension.
Dans des domaines comme la santé, les soins et services à domicile, l'environnement, la réhabilitation des logements, la distribution des produits de l'agriculture naturelle, le tourisme vert, les transports locaux de marchandises et de personnes, les éco-produits, la culture et la communication ou l'énergie, les gisements de demande et d'emplois restent absolument considérables.
Une réponse en terme de tiers secteur peut heureusement compléter une offre de qualité faite par le service public ou par le tissu artisanal, avec qui d'ailleurs de nombreuses possibilités de contractualisation sont parfaitement envisageables.
Elles permettront de répondre à des besoins plus localisés, plus flexibles, plus personnalisés et de mobiliser le dynamisme de nombreux jeunes diplômés qui ont soif d'engagement professionnel au service de la collectivité.
Encore faut-il donner aux entrepreneurs du tiers secteur, les moyens d'agir :
A la suite du rapport d'Alain Lipietz et dans le cadre de la loi d'orientation proposée par Guy Hascoët, les Verts ont proposé qu'on améliore l'accès du tiers secteur au capital, au foncier, à des statuts reconnus, à la formation.
C'est le sens de leurs propositions en terme de labels, de système bancaire national et européen, de nouveaux titres de paiement, d'ouverture d'écoles, de formation à la création et à l'animation d'entreprises collectives.
Chèr(e )s ami(e )s,
Comme vous le constatez, les chantiers qui s'ouvrent devant notre pays sont tout-à-fait considérables.
Ils appellent un examen sérieux des dossiers, et non le recours à des simplifications ou à des surenchères.
Ils appellent à un renforcement et une mutation profonde de notre démocratie : nos institutions sont archaïques, notre Etat est lourd, il faut les réformer.
En les simplifiant, par exemple, par la réduction du nombre d'échelons administratifs. En les rapprochant des citoyens, en donnant plus de pouvoirs aux Régions, aux Coopérations entre les communes, aux conseils de quartiers.
En ouvrant la classe politique et l'accès aux responsabilités à de nouvelles générations par l'introduction de la proportionnelle à toutes les élections, le droit de vote aux étrangers aux élections locales, le renforcement du statut de l'élu local.
Dans cette campagne présidentielle, les Verts sont les seuls à proposer une vision aussi ample et aussi complète des réformes nécessaires pour faire face à la nouvelle donne écologique, sociale, internationale.
Dans les cinq ans qui viennent, le temps d'une mandature, le temps d'une législature, notre pays aura à prendre des options très concrètes qui engageront l'avenir pour des dizaines d'années.
Je l'ai dit pour le nucléaire, pour la politique agricole, pour la politique des transports, ou pour la sauvegarde et la modernisation de notre système de retraite.
On ne pourra pas toujours louvoyer.
L'expérience des propres insuffisances de la majorité plurielle le montre clairement : quand notre Gouvernement a pratiqué la politique de la godille, quand il s'est livré à de périlleux exercices d'équilibrisme, le désarroi s'est installé.
Les infirmières, les médecins généralistes, les mal logés, le million de Remistes, les conducteurs de camions, les agriculteurs de montagne, les riverains d'aéroports, qu'ont-ils par exemple gagné aux ouvertures faites aux propriétaires de cliniques privées, aux patrons du transport routier, aux titulaires de stock-options, aux céréaliers irrigants de Beauce et du Sud Ouest, ou aux transporteurs aériens ?
On ne progresse en politique qu'en disant ce qu'on veut faire et en faisant ce qu'on a dit.
C'est l'ambition des verts, et c'est l'ambition de notre candidat Noël Mamère que d'aller dans cette direction.
Il faut que les Verts et leurs propositions pèsent plus !
Pour battre la droite, pour donner des couleurs à la majorité plurielle !
Voilà pourquoi je vous appelle dans un peu plus de 50 jours à prolonger l'espoir que représente l'émergence des verts comme force politique qui compte en votant et en faisant voter massivement pour Noël Mamère au premier tour.
Je vous remercie.
(source http://www.les-verts.org, le 12 mars 2002)