Lettre de M. Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT, sur la préparation de la Conférence internationale sur le financement du développement de Monterrey du 18 au 22 mars 2002, Paris le 27 février 2002.

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Texte intégral

La Confédération Générale du Travail est extrêmement préoccupée par les résultats de la dernière commission préparatoire de la Conférence internationale sur le financement du développement qui se tiendra à Monterrey du 18 au 22 mars 2002.
Les attentes des organisations syndicales, des mouvements sociaux et des ONG sont immenses dans un contexte où les ressources financières des pays du Sud et de l'Est ne cessent de s'effriter : effondrement de l'aide publique au développement, mobilisation d'énormes ressources au titre du remboursement de la dette, dégradation des termes de l'échange, volatilité toujours plus grande des capitaux privés, etc.
Le projet de déclaration finale de la conférence, dit " Consensus de Monterrey ", ne répond aucunement à ces attentes. Le décalage est considérable au regard des propositions qui se sont exprimées, il y a seulement quelques semaines, au Forum social mondial de Porto Alegre. Si la conférence s'en tient au projet actuel de consensus minimal, elle sera considérée comme un échec majeur. Cela augure mal des conditions de préparation de la conférence des Nations unies sur le développement durable de Johannesburg, en septembre 2002.
Même si certaines vont dans le bon sens, les annonces faites par le gouvernement français à l'issue du dernier Comité interministériel de la coopération internationale et du développement ne nous paraissent pas à la hauteur des enjeux.
Nous attendons du gouvernement et de ses partenaires de l'Union Européenne qu'ils affirment de nouvelles positions et prennent des mesures immédiates, en particulier sur les points suivants :
Augmenter de façon significative l'Aide publique au développement et s'engager sur un calendrier pour respecter l'objectif des 0,7% du PIB consacrés à l'APD.
Annuler la dette des pays pauvres (y compris la dette multilatérale) et créer un système de règlement et d'arbitrage juste et équitable de la dette de l'ensemble des pays du Sud. Les annulations de dette doivent être financées par des ressources strictement additionnelles.
Exiger des normes sociales et environnementales dans le commerce mondial ainsi que des mécanismes de garantie des revenus d'exportation des pays du Sud pour permettre un rééquilibrage des termes de l'échange.
Mettre en place, notamment au niveau de l'Union Européenne, une taxe sur les transactions financières, dont une partie du produit servirait la réduction des inégalités mondiales.
Réexaminer les termes de la négociation du dossier agricole de l'OMC ; engager la réforme de la PAC pour, en priorité, définir une autre politique des prix agricoles qui, au-delà du productivisme, asphyxie les pays les plus pauvres.
Engager rapidement une réforme des institutions financières internationales, en particulier de la répartition du pouvoir au sein de leur conseil d'administration.
A défaut d'une intervention forte, l'autorité de la France en ce domaine serait inévitablement remise en cause. Au-delà de la déclaration finale de Monterrey, la CGT attend du gouvernement et de l'Union Européenne qu'ils prennent leurs responsabilités.
(Source http://www.cgt.fr, le 22 mars 2002)