Communiqué du ministère des affaires étrangères, en date du 31 juillet 1991, sur la signature d'un accord START entre les Etats-Unis et l'URSS.

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Circonstance : Signature d'un accord START (réduction des armes nucléaires stratégiques) entre les Etats-Unis et l'URSS, à Moscou le 31 juillet 1991

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Texte intégral

1) Le gouvernement français accueille avec une vive satisfaction la signature du Traité Start entre les Etats-Unis et l'Union Soviétique. Il représente une étape importante du dialogue stratégique soviéto-américain, visant au contrôle des armements et au désarmement nucléaires. En témoigne le fait que, pour certains systèmes, le taux de réduction atteint 50 % et que, dans l'ensemble, la mise en oeuvre du traité aboutira à une réduction de l'ordre de 25 - 30 % du total des armes nucléaires américaines et soviétiques portées par les vecteurs stratégiques.
- 2) Le gouvernement français considère donc que le Traité START constitue une excellente base pour d'autres efforts en vue de parvenir à des limitations et des réductions supplémentaires des arsenaux concernés. Outre le fait que la mise en oeuvre du traité - une fois celui-ci ratifié - prendra sept années, la tache qui reste à accomplir demeure considérable compte tenu de l'énormité des arsenaux accumulés pendant des décennies de confrontation Est-Ouest.
- 3) C'est pourquoi le gouvernement français se réjouit de l'intention des Etats-Unis et de l'Union Soviétique d'entreprendre sans délai une nouvelle série de discussions avec l'ambition d'accroître encore davantage la stabilité stratégique, y compris en traitant de la relation entre moyens offensifs et défensifs. Il note avec intérêt que le volet Espace des négociations stratégiques soviéto-américaines continuera à faire l'objet de négociations et appelle de ses voeux la conclusion d'un accord permettant d'éviter ainsi une course aux armements déstabilisante.
- 4) Le gouvernement français soutient les efforts des Etats-Unis et de l'URSS pour des réductions supplémentaires de leurs armes stratégiques. L'importance de leurs arsenaux justifie en effet qu'ils poursuivent leur entreprise de désarmement pour ce qui les concerne.
- Même après la mise en oeuvre de l'accord START I, il n'y aura toujours pas de commune mesure entre les moyens de dissuasion nucléaire français et les arsenaux américains et soviétiques.
5) Dès l'origine la France a décidé de ne se doter que de moyens juste nécessaires pour la mise en oeuvre d'une politique de dissuasion, c'est-à-dire d'un arsenal propre à convaincre un agresseur potentiel qui risque de se trouver - en tout état de cause et quels que puissent être ses moyens de défense - confrontés à des moyens susceptibles de lui infliger en représailles d'une attaque, des dommages irréparables, c'est-à-dire hors de proportion avec l'enjeu qu'il imagine. Elle veillera à maintenir ses propres moyens dans les limites strictes du principe qui a toujours été le sien de dissuasion minimale.
- 6) La France souhaite sincèrement que les Etats-Unis et l'URSS se laissent guider par un tel principe dans leurs négociations stratégiques à venir. Le gouvernement français rappelle que pour sa part il n'a jamais exclu la possibilité de jouer son rôle le moment venu dans le processus de contrôle des armements et de désarmement nucléaires. Quelque puisse être son désir de voir progresser le désarmement nucléaire, il tient à rappeler qu'une participation directe de sa part à des négociations n'aurait pas de sens tant que les conditions propices à un tel dialogue n'auraient pas été réunies. Le gouvernement français estimera en temps utile si les négociations futures auront permis de se rapprocher de ces conditions.
- 7) La dissuasion nucléaire résulte à la fois de la seconde guerre mondiale et de la confrontation Est-Ouest. Le fait est que la crainte et l'horreur du nucléaire ont permis de maintenir la paix quarante ans en Europe en dépit de l'extrême tension et de l'accumulation asymétrique, sur notre continent, d'arsenaux classiques gigantesques.
- Une telle situation ne peut se modifier en un jour. Il faut des efforts constants et parallèles au plan politique et au plan militaire. L'année 1990, avec la fin de la division de l'Allemagne et de l'Europe, l'accord sur le désarmement classique et le Sommet CSCE, a marqué un tournant historique. Même si des incertitudes subsistent, l'année 1991 enregistre un autre progrès décisif avec l'accord START I. Un accord sur une convention globale d'interdiction des armes chimiques est en vue. La tache reste néanmoins considérable. Il faut éviter que des régions dans le monde ne connaissent les conflits et les risques que l'Europe a connus. C'est pourquoi, le gouvernement français attache la plus grande vigilance aux problèmes de non-prolifération dans le domaine nucléaire, comme en matière d'armes chimiques et biologiques, et de moyens balistiques.