Texte intégral
A. Hausser - Vous êtes en direct de Strasbourg, où siège le Parlement européen en ce moment. Il est évidemment trop tôt pour avoir une réaction d'ensemble aux élections qui ont eu lieu aux Pays-Bas, mais je voudrais connaître la vôtre, et notamment votre sentiment sur l'arrivée en force du parti populiste, qui se retrouve du jour au lendemain deuxième force politique de ce pays.
- "Il se produit là-bas ce qui s'est produit déjà dans plusieurs pays d'Europe. Quand j'ai été élue en 1999 au Parlement européen, il y avait, je crois, onze ou douze pays sur quinze qui étaient dirigés par des gouvernements socialistes. Il y en a beaucoup moins aujourd'hui. Ce qui prouve simplement une déconsidération, en tout cas vis-à-vis du monde du travail, de ces gouvernements socialistes, travaillistes, de gauche, qui ont mené en fait des politiques identiques à des politiques de droite et qui, finalement, ouvrent la voie à ce genre de mouvements d'extrême droite populistes."
Le monde du travail vote pour ces mouvements là !
- "Justement, c'est pour cela que j'ai dit dans la campagne des présidentielles qu'il serait bien plus positif pour les travailleurs d'exprimer leur rejet d'une politique de droite ou de gauche favorable aux intérêts du grand patronat, en votant pour l'extrême gauche. Et c'est d'ailleurs pour cela que nous allons être présents, nous-mêmes, dans cette campagne des législatives."
Apparemment, vous avez du mal à vous faire entendre sur ce point.
- "Je pense qu'en Europe, effectivement, l'extrême gauche est insuffisamment développée, mais si on considère l'exemple de la France, on voit bien que l'extrême gauche aussi a réussi une percée dans cette élection présidentielle."
La fête de Lutte ouvrière aura lieu ce week-end à Presles, dans le Val d'Oise...
- "Comme d'habitude, sauf qu'elle ne durera qu'une journée, le dimanche, exceptionnellement."
Pourquoi ?
- "Parce que, justement, nous sommes déjà en campagne pour les législatives."
Et donc, votre discours, dimanche, sera axé sur cette question justement de la lutte des travailleurs contre les partis populistes ?
- "Je présenterai dans mon discours, dimanche, d'abord notre liste de candidats..."
Il y en a combien ?
- "Nous aurons 560 candidates et candidats, avec la parité tout à fait acquise et même, je crois, un tout petit peu plus de femmes dans les titulaires. Nous présenterons 560 candidats, dont d'ailleurs en Corse et dans l'Ile de la Réunion, pour être présent quasiment dans le maximum de circonscriptions possibles, pour offrir aux travailleurs, justement, un vote qui ne soit ni pour une droite cynique ni pour une gauche hypocrite, qui mène la même politique dans les gouvernements."
Manifestement, l'extrême gauche n'arrive pas à partir unie à des élections, puisque vous avez présenté votre candidature, la LCR a présenté O. Besancenot. Il vous avait fait une proposition pour présenter des candidatures communes aux législatives. Là non plus, ça n'a pas abouti. Vous êtes-vous rencontrés ?
- "Oui, il y a eu des rencontres, mais il ne proposait pas vraiment une plate-forme commune. C'était simplement un accord de répartition. Sauf qu'entre temps, la LCR a trompé, comme la gauche, les travailleurs, en prétendant que monsieur Le Pen aurait pu passer de 20 % des voix à 51 % au deuxième tour et, finalement, a enfourché aussi le vote Chirac, le vote dit républicain. Nous, justement, nous avons été les seuls à dire aux travailleurs qu'il ne fallait évidemment pas voter Le Pen, mais qu'il ne fallait pas non plus voter Chirac qui, aujourd'hui, a un véritable plébiscite qui lui laisse les mains libres, pour mener une politique qui va être contre les travailleurs, contre le monde du travail et, malheureusement sans doute aussi contre les travailleurs immigrés."
On va en parler. Mais, pour vous, il n'était pas important vraiment de faire barrage à l'extrême droite, quitte à voter Chirac ?
- "Vous-même, A. Hausser, pouvez-vous me dire que vous pensiez que monsieur Le Pen pouvait avoir 51 % des voix ?"
La question, c'était son score....
- "Justement, on a trompé les travailleurs, et nous, si on a justement une exigence dans notre façon de faire de la politique, c'est de toujours dire la vérité aux travailleurs. La gauche, pour s'éviter justement de faire le bilan, de faire l'analyse des cinq ans de pouvoir où elle n'a pas gouverné en faveur des travailleurs, a enfourché elle aussi le vote Chirac, et nous, nous regrettons que la LCR ait fait la même chose, parce que si l'extrême gauche a une justification, c'est bien de toujours dire la vérité aux travailleurs, et de les éclairer sur exactement ce qui se passe sur les forces en présence en politique."
Pourtant, la LCR s'en prend comme vous à la gauche de gouvernement, elle s'en prend comme vous au nouveau Gouvernement en disant qu'il s'apprête à tout casser en matière sociale ?
- "Oui, bien sûr. J'espère que bien qu'elle ait appelé à battre Le Pen dans les urnes par le vote Chirac, j'espère qu'elle constate aujourd'hui que toutes les déclarations qui sont faites par ce Gouvernement reprennent y compris toute une dérive sécuritaire de monsieur Le Pen."
Pour vous, il s'agit de dérive sécuritaire, quand on crée un Conseil de sécurité intérieure, quand le ministre de l'Intérieur va sur le terrain et essaye d'améliorer un peu les choses et de renforcer la sécurité dans le métro ?
- "Oh, écoutez ! Il n'y a pas d'amélioration. La police des transports était prévue déjà depuis un moment. Donc, ce n'est que l'application. Si on ne veut pas s'attaquer au problème du chômage, au problème des licenciements collectifs, si on ne veut pas s'attaquer à la pauvreté, au fait que 9 millions de personnes dans ce pays vivent avec moins de 4.200 francs par mois, si on ne veut pas s'attaquer à la précarité, si on ne veut pas s'attaquer au temps partiel imposé qui fait qu'on a un travail, mais qu'on ne gagne pas suffisamment sa vie, on ne va pas régler les problèmes dans ces cités où le taux de chômage n'est pas de 9 ou 10 %, mais souvent de 25, de 30, de 40 ou de 50 %. Je suis frappée de voir que pendant qu'on discute de tout cela, aujourd'hui, et des législatives, une ville moyenne comme Soissons va perdre plus de 600 emplois, après en avoir perdu 450 à cause de le fermeture de l'usine Michelin de cette ville. Je trouve que le problème est en train de se passer sous nos yeux : c'est-à-dire qu'on va de nouveau conduire des travailleurs au chômage, par des conseils d'administration qui à dix ou à quinze, dans le secret de ces conseils, décident brutalement de priver des travailleurs, et peut-être une ville entière de son tissu économique."
(Source :Premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 16 mai 2002)
- "Il se produit là-bas ce qui s'est produit déjà dans plusieurs pays d'Europe. Quand j'ai été élue en 1999 au Parlement européen, il y avait, je crois, onze ou douze pays sur quinze qui étaient dirigés par des gouvernements socialistes. Il y en a beaucoup moins aujourd'hui. Ce qui prouve simplement une déconsidération, en tout cas vis-à-vis du monde du travail, de ces gouvernements socialistes, travaillistes, de gauche, qui ont mené en fait des politiques identiques à des politiques de droite et qui, finalement, ouvrent la voie à ce genre de mouvements d'extrême droite populistes."
Le monde du travail vote pour ces mouvements là !
- "Justement, c'est pour cela que j'ai dit dans la campagne des présidentielles qu'il serait bien plus positif pour les travailleurs d'exprimer leur rejet d'une politique de droite ou de gauche favorable aux intérêts du grand patronat, en votant pour l'extrême gauche. Et c'est d'ailleurs pour cela que nous allons être présents, nous-mêmes, dans cette campagne des législatives."
Apparemment, vous avez du mal à vous faire entendre sur ce point.
- "Je pense qu'en Europe, effectivement, l'extrême gauche est insuffisamment développée, mais si on considère l'exemple de la France, on voit bien que l'extrême gauche aussi a réussi une percée dans cette élection présidentielle."
La fête de Lutte ouvrière aura lieu ce week-end à Presles, dans le Val d'Oise...
- "Comme d'habitude, sauf qu'elle ne durera qu'une journée, le dimanche, exceptionnellement."
Pourquoi ?
- "Parce que, justement, nous sommes déjà en campagne pour les législatives."
Et donc, votre discours, dimanche, sera axé sur cette question justement de la lutte des travailleurs contre les partis populistes ?
- "Je présenterai dans mon discours, dimanche, d'abord notre liste de candidats..."
Il y en a combien ?
- "Nous aurons 560 candidates et candidats, avec la parité tout à fait acquise et même, je crois, un tout petit peu plus de femmes dans les titulaires. Nous présenterons 560 candidats, dont d'ailleurs en Corse et dans l'Ile de la Réunion, pour être présent quasiment dans le maximum de circonscriptions possibles, pour offrir aux travailleurs, justement, un vote qui ne soit ni pour une droite cynique ni pour une gauche hypocrite, qui mène la même politique dans les gouvernements."
Manifestement, l'extrême gauche n'arrive pas à partir unie à des élections, puisque vous avez présenté votre candidature, la LCR a présenté O. Besancenot. Il vous avait fait une proposition pour présenter des candidatures communes aux législatives. Là non plus, ça n'a pas abouti. Vous êtes-vous rencontrés ?
- "Oui, il y a eu des rencontres, mais il ne proposait pas vraiment une plate-forme commune. C'était simplement un accord de répartition. Sauf qu'entre temps, la LCR a trompé, comme la gauche, les travailleurs, en prétendant que monsieur Le Pen aurait pu passer de 20 % des voix à 51 % au deuxième tour et, finalement, a enfourché aussi le vote Chirac, le vote dit républicain. Nous, justement, nous avons été les seuls à dire aux travailleurs qu'il ne fallait évidemment pas voter Le Pen, mais qu'il ne fallait pas non plus voter Chirac qui, aujourd'hui, a un véritable plébiscite qui lui laisse les mains libres, pour mener une politique qui va être contre les travailleurs, contre le monde du travail et, malheureusement sans doute aussi contre les travailleurs immigrés."
On va en parler. Mais, pour vous, il n'était pas important vraiment de faire barrage à l'extrême droite, quitte à voter Chirac ?
- "Vous-même, A. Hausser, pouvez-vous me dire que vous pensiez que monsieur Le Pen pouvait avoir 51 % des voix ?"
La question, c'était son score....
- "Justement, on a trompé les travailleurs, et nous, si on a justement une exigence dans notre façon de faire de la politique, c'est de toujours dire la vérité aux travailleurs. La gauche, pour s'éviter justement de faire le bilan, de faire l'analyse des cinq ans de pouvoir où elle n'a pas gouverné en faveur des travailleurs, a enfourché elle aussi le vote Chirac, et nous, nous regrettons que la LCR ait fait la même chose, parce que si l'extrême gauche a une justification, c'est bien de toujours dire la vérité aux travailleurs, et de les éclairer sur exactement ce qui se passe sur les forces en présence en politique."
Pourtant, la LCR s'en prend comme vous à la gauche de gouvernement, elle s'en prend comme vous au nouveau Gouvernement en disant qu'il s'apprête à tout casser en matière sociale ?
- "Oui, bien sûr. J'espère que bien qu'elle ait appelé à battre Le Pen dans les urnes par le vote Chirac, j'espère qu'elle constate aujourd'hui que toutes les déclarations qui sont faites par ce Gouvernement reprennent y compris toute une dérive sécuritaire de monsieur Le Pen."
Pour vous, il s'agit de dérive sécuritaire, quand on crée un Conseil de sécurité intérieure, quand le ministre de l'Intérieur va sur le terrain et essaye d'améliorer un peu les choses et de renforcer la sécurité dans le métro ?
- "Oh, écoutez ! Il n'y a pas d'amélioration. La police des transports était prévue déjà depuis un moment. Donc, ce n'est que l'application. Si on ne veut pas s'attaquer au problème du chômage, au problème des licenciements collectifs, si on ne veut pas s'attaquer à la pauvreté, au fait que 9 millions de personnes dans ce pays vivent avec moins de 4.200 francs par mois, si on ne veut pas s'attaquer à la précarité, si on ne veut pas s'attaquer au temps partiel imposé qui fait qu'on a un travail, mais qu'on ne gagne pas suffisamment sa vie, on ne va pas régler les problèmes dans ces cités où le taux de chômage n'est pas de 9 ou 10 %, mais souvent de 25, de 30, de 40 ou de 50 %. Je suis frappée de voir que pendant qu'on discute de tout cela, aujourd'hui, et des législatives, une ville moyenne comme Soissons va perdre plus de 600 emplois, après en avoir perdu 450 à cause de le fermeture de l'usine Michelin de cette ville. Je trouve que le problème est en train de se passer sous nos yeux : c'est-à-dire qu'on va de nouveau conduire des travailleurs au chômage, par des conseils d'administration qui à dix ou à quinze, dans le secret de ces conseils, décident brutalement de priver des travailleurs, et peut-être une ville entière de son tissu économique."
(Source :Premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 16 mai 2002)