Déclaration de Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité, sur la constitution d'un pôle "produits biologiques" pour la collecte et la distribution de sang et la réorganisation du système national de transfusion sanguine, Lille le 4 octobre 1999.

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Circonstance : Constitution d'un pôle "produits biologiques" à Lille le 4 octobre 1999

Texte intégral

Mesdames et Messieurs,
Je suis particulièrement heureuse de me trouver parmi vous aujourd'hui, pour vous présenter un ambitieux projet de développement pour notre métropole Lilloise.
Il s'agit de la création d'un pôle d'excellence à vocation nationale dans le domaine des produits biologiques, et plus particulièrement des produits sanguins.
Ce pôle constituera le centre de pilotage de l'ensemble de la collecte et de la distribution du sang dans notre pays. Autrement dit, c'est à partir de Lille que sera désormais pensée et conduite la réorganisation du système national de transfusion sanguine qui intéresse plusieurs milliers de professionnels, médecins, pharmaciens, infirmiers et techniciens - 8.500 pour être exacte - répartis dans toute la France.
La décision d'implanter ce pôle à Lille m'est apparue comme particulièrement légitime, tant la renommée de l'agglomération lilloise dans le domaine de la biologie et plus généralement des sciences de la vie est désormais établie.
En effet, notre ville et son agglomération concentrent un nombre important d'intervenants majeurs du secteur de la transfusion sanguine ; elles ont vu depuis plusieurs années se développer des activités intéressant l'ensemble de cette activité.
En particulier:
L'établissement de transfusion sanguine Nord-Pas-de-Calais, est, avec plus de 200 000 unités collectées chaque année, l'un des premiers centres de transfusion français. Il constitue une référence nationale dans le domaine des produits sanguins.
Le laboratoire français du fractionnement et des biotechnologies possède un site pilote de 400 personnes à Lille, représentant une capacité de production de 450 000 litres de médicaments dérivés du sang. Cette unité de production développe en outre des activités d'exportation et se trouve au coeur d'un partenariat européen.
Le Centre hospitalier régional universitaire de Lille, un des plus importants campus hospitalo-universitaires d'Europe, abrite de nombreux laboratoires qui ont des axes de recherche liés au sang et aux hémopathies (telles les maladies transmissibles ou encore les coagulopathies). Il développe également des activités de pointe dans le domaine des greffes, des cultures cellulaires et de la culture de kératinocytes.
Enfin plusieurs entreprises françaises ou internationales spécialisées, dans les produits biologiques ou les matériels destinés à la transfusion sanguine sont implantées dans l'agglomération lilloise (Lille, Tourcoing...).
Lille et sa région disposent donc d'une exceptionnelle et sans équivalent dans de nombreuses activités liées aux produits sanguins ou à leurs dérivés : activités médicales, bien sûr, mais aussi scientifique, pharmaceutique et industrielle.
Lille occupe de surcroît une place privilégiée en termes d'infrastructures de transports ; elle est une agglomération d'accès facile par le rail, l'avion ou la route et occupe une position centrale en Europe, au coeur des centres de décision politique et administrative dans le domaine du sang et de ses dérivés que sont Paris, Bruxelles et Londres. Elle dispose en outre de conditions d'accueil exemplaires.
Compte tenu de ces atouts, j'ai donc souhaité pouvoir développer à Lille au sein du parc Eurasanté, un pôle français autour des métiers de la transfusion sanguine.
Ce pôle devrait comprendre plusieurs composantes :
Tout d'abord, Eurasanté Lille verra s'implanter prochainement un établissement public national nouvellement créé par une loi du 1er juillet 1998 : l'établissement français du sang qui succédera à l'Agence Française du Sang au 1er janvier 2000.
Cette nouvelle institution deviendra, dès sa création, l'opérateur unique de la transfusion sanguine en France, assurant la direction de tous les centres de transfusion sanguine en France. Elle parachève aussi la réforme engagée en 1993 qui avait opérée une première réorganisation des activités transfusionnelles dans notre pays.
En effet depuis ces six dernières années, notre système de transfusion sanguine s'est profondément transformé et professionnalisé en vue d'offrir une meilleure sécurité des produits sanguins, qu'ils soient stables ou labiles, en développant des
" bonnes pratiques ", des fonctions d'audit qualité, d'inspection et de contrôle en laboratoire.
J'ajoute, ce qui est essentiel à mes yeux,, que cette réforme profonde s'est faite dans le respect de ce qui constitue le fondement même de notre système transfusionnel ; le don éthique et bénévole, expression de la solidarité entre les individus. La création de l'EFS constitue un aboutissement en ce qu'elle consacre de façon définitive, la séparation entre les activités de police sanitaire (évaluation, contrôle) qui sont désormais exercées par l'Agence Française de sécurité sanitaire des produits de santé et les activités dévolues au nouvel établissement dont le siège sera à LILLE.
Ce projet de délocalisation concerne environ 120 personnes, parmi lesquelles de nombreux médecins, pharmaciens et cadres administratifs et financiers de haut niveau.
Les surfaces nécessaires à l'accueil de l'EFS sont aujourd'hui estimées à 2 500 m2 dédiés à des activités de bureaux.
Le président de l'agence française du sang, qui deviendra prochainement l'établissement français du sang, vient d'être missionné, pour conduire ce projet, en s'appuyant à la fois sur des services du ministère de l'emploi et de la solidarité et sur les équipes lilloises qui travaillent auprès de moi et notamment le GIE EURASANTE.
D'autre part, l'implantation du siège de l'établissement régional du centre de transfusion sanguine Nord-Pas-de-Calais sur le site d'Eurasanté sera également mise en chantier.
Il s'agit là d'un transfert, qui concernera plus de 600 personnes et qui permettra à l'ERTS de disposer de locaux plus fonctionnels à proximité au CHU et de la faculté de médecine.
Ce projet, quant à lui porte sur 8.000 m2 d'installations dont 1 000 de laboratoires.
Enfin, un récent rapport de l'Inspection générale des affaires sociales et de l'inspection générale de l'éducation nationale, qui vient de m'être remis souligne la faiblesse de la recherche en transfusion sanguine dans notre pays, ainsi que l'insuffisance de la formation universitaire dans ce domaine.
C'est pourquoi nous avons, Claude Allègre et moi-même, demandé à un expert reconnu - en l'occurrence M. le Professeur Bruno VARET - de conduire une réflexion sur ce sujet. Ses travaux permettront, je l'espère, de dégager des propositions de nature à permettre à la recherche fondamentale ou appliquée en transfusion d'occuper toute la place qui devrait être la sienne tant à l'Université que dans les grands organismes de recherche ; d'assurer une bonne harmonie entre les activités transfusionnelles et les besoins hospitaliers, de diversifier les sources de connaissance et la formation initiale ou continue en matière de transfusion sanguine et enfin de déterminer la nature des relations que doivent entretenir la recherche et la formation en transfusion avec l'Etablissement français du sang, qui sera basé à LILLE.
Je ne doute pas que la communauté scientifique lilloise participe activement à ses travaux et qu'elle puisse s'associer aux développements d'activités nouvelles qui pourraient en découler à terme.
Ainsi, l'ensemble de cette opération devrait se traduire par la réalisation d'un pôle scientifique unique en son genre dans notre pays regroupant une surface de
11 000 m2 de bureaux, de laboratoires et de salles de conférences sur le site d'Eurasanté Lille et employant près de 750 personnes.
Au-delà de l'impact sur l'emploi local qui, tout au moins dans un premier temps devrait être modeste, nous créons par cette décision un centre d'activité extrêmement important.
En effet, au-delà des agents qui viendront rejoindre notre ville pour y exercer leur activité, Lille constituera le centre d'attraction de la communauté scientifique transfusionnelle.
Ainsi notamment, de nombreux experts français ou étrangers viendront débattre, se former ou s'informer dans notre cité.
Je me permets à ce stade, d 'insister sur un point qui me tient plus particulièrement à coeur : cette délocalisation vient conforter les ambitions de l'agglomération lilloise, de constituer un centre de référence sur le plan scientifique dans le domaine sanitaire. Au-delà, elle se traduira par le transfert de personnels qui exercent leurs activités en région parisienne ainsi que de leurs conjoints et de leurs enfants.
J'attacherai donc une importance toute particulière à l'accompagnement social de ce projet.
Une mutation professionnelle peut engendrer un sentiment de déracinement et il convient pour le prévenir de tout mettre ensemble pour que l'accueil des nouveaux arrivants et de leurs familles se fassent dans les meilleures conditions. La qualité de l'accueil chez nous dans le Nord n'est plus à démontrer.
Aussi, fais-je confiance à chacun d'entre vous pour que cette opération se déroule dans les meilleures conditions sur le plan matériel.
Je vous remercie de votre attention.


(source http://www.sante.gouv.fr, le 11 octobre 1999)