Interview de M. Jean-François Lamour, ministre des sports, à France inter le 12 mai 2002, sur les sifflets qui ont accompagné "La Marseillaise" lors de la finale de la Coupe de France de football.

Prononcé le

Média : France Inter

Texte intégral

Philippe ABITEBOUL
() Jean-François LAMOUR, bonjour.
Jean-François LAMOUR - ministre des Sports
Bonjour.
Philippe ABITEBOUL
Jean-François LAMOUR, vous êtes le nouveau ministre des Sports et vous avez été, on ne l'a pas oublié, un athlète de très haut niveau, double champion olympique au sabre en 1984 et 1988 à Los Angeles et Séoul. Deux réactions, Jean-François LAMOUR, d'abord celle de l'ancien athlète habitué des podiums. Quel effet ça fait d'entendre siffler la Marseillaise ?
Jean-François LAMOUR
Quand on l'a entendue jouée à l'issue d'une compétition, que ce soit les Jeux, les Jeux Olympiques ou les championnats du monde, jouée en même temps que le drapeau monte, vous vous doutez bien que ça fait mal, mais au plus profond de moi-même. Donc c'est vraiment un très mauvais moment que j'ai passé hier soir, et puis bien évidemment au titre de ministre des Sports, c'est un sentiment d'indignation parce que, finalement, voir l'hymne sifflé, c'est une partie des valeurs de la République qui sont bafouées. Je crois que la réaction devait être immédiate, elle devait être immédiate et ça a été celle du président que de quitter la tribune pendant un certain temps pour montrer vraiment que tout ça était intolérable.
Philippe ABITEBOUL
Justement, le président Jacques CHIRAC a quitté la tribune officielle, en attendant que le président de la Fédération française, Claude SIMONET, présente ses excuses ; il y a eu, en gros, un flottement de 20 minutes. Vous, vous avez suivi le président, qu'est-ce qui s'est dit en coulisses ?
Jean-François LAMOUR
Il s'est dit finalement peu de choses ; il y avait vraiment, vraiment, cette impression d'une chose absurde, intolérable, et le temps effectivement que le président fasse sa déclaration à la télévision, il y a eu ce moment, je ne vais pas dire de flottement mais de prise de conscience qu'il fallait vraiment que ça arrête, que ce genre de situation ne se reproduise pas. D'ailleurs, c'est en grande partie pour ça que le président, par la suite, a souhaité que le match reprenne tout de suite, en tout cas commence tout de suite, et qu'il n'est pas descendu saluer les joueurs. Ce n'est pas un refus, c'est simplement le fait que les joueurs étaient déjà rentrés sur le terrain puis rentrés dans les vestiaires puis réapparus à nouveau sur le terrain, il fallait que le match commence tout de suite après.
Philippe ABITEBOUL
A l'évidence, les sifflets sont venus essentiellement des tribunes où se trouvaient les supporters corses. Jean-François LAMOUR, faut-il y voir un signe politique ?
Jean-François LAMOUR
Moi, je ne chercherai pas des raisons, je ne chercherai pas à comprendre. Le fait est là : l'hymne a été sifflé, et tout ça doit se terminer, ça suffit, vraiment. Il faut toujours, je pense, dans ce genre de situation, avoir une réponse immédiate, elle a eu lieu ; le président a souhaité que monsieur SIMONET, je crois qu'il faut lui rendre hommage, le président SIMONET présente ses excuses au nom de la Fédération française de football qui organisait la finale de la Coupe de France. Je crois que c'est là-dessus qu'il faut appuyer, et là-dessus qu'il faut insister. Il faut que ça cesse.
Philippe ABITEBOUL
Monsieur le Ministre, allez-vous prendre des mesures pour éviter que ça se reproduise et, si oui, lesquelles ?
Jean-François LAMOUR
En tout cas, j'ai l'occasion, mercredi prochain, de parler devant l'Assemblée générale du Comité national olympique et sportif français, qui rassemble la grande majorité, d'ailleurs la totalité des présidents de fédérations sportives, et je pense leur passer un message fort. Mais, encore une fois, je crois qu'il ne faut pas mettre l'accent uniquement sur les fédérations sportives, c'est un travail qui est un travail transversal. D'ailleurs, vous avez pu le voir, monsieur RAFFARIN a constitué un gouvernement avec un ministre des Sports et un ministre de la Jeunesse. C'est sur ce thème, ou sur l'accès à la citoyenneté, un travail transversal
Philippe ABITEBOUL
Sur le civisme aussi.
Jean-François LAMOUR
Sur le civisme - un travail transversal entre le ministère des Sports, où on peut bien évidemment apporter un certain nombre de repères, un certain nombre de respect des règles, mais également au niveau du ministère de la Jeunesse et de l'Education nationale que doit se faire ce travail.
Philippe ABITEBOUL
Dans une semaine, Jean-François LAMOUR, dernier match de préparation de l'équipe de France de football, ce sera contre la Belgique au Stade de France, avant son départ pour le Mondial. Vous craignez de nouveaux incidents de ce genre ?
Jean-François LAMOUR
Non, je ne les crains pas. Ce France-Belgique sera une belle fête, une belle fête des supporters des Bleus avant leur départ pour l'Asie, et puis une aventure qui va commencer à la fin du mois de mai, que l'on va tous espérer aussi belle que celle qu'on a vécue pendant le Mondial 1998. On a une très, très belle équipe, un grand capitaine, Marcel DESAILLY, un super entraîneur avec Roger LEMERRE, je pense que cette équipe va encore faire de belles choses, en tout cas on leur souhaite.
Philippe ABITEBOUL
Vous allez partir vous-même en Corée et au Japon pour suivre les Bleus ?
Jean-François LAMOUR
Si le Premier ministre me l'autorise, j'espère au moins dans un premier temps être présent pour le premier match, le France-Sénégal qui sera le match d'ouverture.
Philippe ABITEBOUL
Jean-François LAMOUR, Monsieur le Ministre, merci


(Source http://www.jeunesse-sports.gouv.fr, le 15 mai 2002)