Interview de M. Philippe de Villiers, président du Mouvement pour la France, dans "Le Parisien" le 25 mai 2002, sur les positions du MPF en vue des élections législatives de juin.

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Média : Le Parisien

Texte intégral

Bernard Mazières : Pourquoi votre parti n'a-t-il pas rallié l'Union pour la majorité présidentielle ?
Philippe de Villiers : Parce que mon mouvement représente la mouvance de la souveraineté populaire : il n'est donc pas soluble dans un hyper-centre, eurofédéraliste de surcroît. Cela dit, je ne reproche rien à l'UMP. Elle a reconnu notre existence propre.
BM : Comment pouvez-vous soutenir un gouvernement que vous qualifiez d'eurofédéraliste ?
PV : Nous avons deux urgences communes et une divergence. Première urgence : nous voulons une vraie rupture avec le socialisme. La deuxième : nous voulons empêcher une nouvelle cohabitation. Celle des institutions et celle des esprits. C'est ce qui nourrit les votes protestataires. La différence ? Nous, nous proposons le souverainisme populaire alors que le gouvernement, pour tenir les promesses de la campagne présidentielle, doit obtenir l'autorisation des maîtres de Bruxelles.
BM : Jacques Chirac, élu avec des voix de gauche, peut-il appliquer un programme de droite ?
PV : Il a, c'est vrai, un problème de lisibilité de son mandat. Ce sont donc les législatives qui lèveront les ambiguïtés. C'est pour cela que je souhaite contribuer à l'émergence d'une majorité large et forte. Une majorité capable d'organiser ses différences en bonne intelligence. Quand la droite ne couvre plus son spectre politique, elle recule. Il est urgent aujourd'hui d'aller à la reconquête des territoires perdus. Et une droite forte, c'est une droite ancrée dans ses convictions.
BM : Comment récupérer les électeurs lepénistes sans complaisance pour le FN ?
PV : En cessant de mettre au centre de la vie politique le FN, et en mettant au cur des débats, sans accepter de se faire traiter de populiste, les problèmes concrets des Français.
BM : Comment jugez-vous le gouvernement Raffarin .
PV : Jean-Pierre Raffarin dégage une image de bonne volonté et de volonté tout court. Il y a un immense sentiment d'attente dans le pays. Attente par rapport à la sécurité, à l'immigration, à l'Europe et à la libération des forces de travail. Il est vrai que Raffarin n'a pas, pour le moment, les moyens juridiques de s'attaquer aux problèmes des Français.
BM : Dans les cas d'une triangulaire gauche-droite-FN, le candidat républicain le moins bien placé doit-il se retirer ?
PV : Ce problème est un piège organisé par la gauche. Pour moi, les choses sont simples : je pars au combat avec la volonté de faire gagner la droite et de faire battre la gauche. De toute façon, avec une droite attractive, il n'y aura pas de triangulaires.
BM : Jacques Chirac incarne-t-il cette droite " attractive " ?
PV : Peu importe le passé ! Nous sommes devant une page blanche. C'est lui qui va l'écrire. J'espère seulement qu'il aura entendu les quatre messages des électeurs. 1 - Rejet d'une politique de gauche. 2 - Refus de la cohabitation. 3 - Protestation devant la surdité de la classe politique. 4 - Détresse devant le malaise de la société qui perd ses valeurs.
(source http://www.mpf-villiers.org, le 4 juin 2002)