Texte intégral
F. Laborde Comment menez-vous cette campagne à Lutte ouvrière ? On vous a quitté au soir du premier tour, avec l'idée qu'il ne fallait pas donner de mot d'ordre en faveur de J. Chirac, avec l'idée qu'il y ait peut-être un troisième tour social ; où en êtes-vous aujourd'hui ?
- "Nous en sommes à 560 candidates et candidats, avec une parité parfaitement respectée. Ils mènent campagne, chacun et chacune dans leur circonscription..."
Il y a même un peu plus de femmes que d'hommes, semble-t-il ?
- "Oui, il y a 6 femmes de plus que d'hommes dans les titulaires. Moi-même, je me suis totalement investie dans la campagne, tout en n'étant pas candidate, puisque je fais un meeting chaque soir, dans des villes différentes pour soutenir les candidatures de mes camarades."
Vous gardez vos activités de parlementaires européens pour l'instant ?
- "Je suis parlementaire européenne, je suis également conseillère régionale d'Ile-de-France. J'ai encore deux ans pour arriver au bout de ces mandats et je tiens les assumer totalement, donc, je ne suis pas candidate aux législatives."
Quels sont les thèmes de campagne sur lesquels vous insistez ? Vous vous lancez dans une critique du gouvernement Raffarin, vous revenez sur les échecs du passé ? Comment cela se passe-t-il ?
- "Les gestes que le gouvernement Raffarin fait pour le moment - puisque même quand on nous annonce 6 milliards pour acheter des flash ball, on sait très bien que cela ne peut pas être voté pour le moment - sont des gestes un peu spectaculaires, des effets d'annonce, parce que le Gouvernement veut essayer que la droite gagne les élections. Malheureusement, la gauche a fait un pont d'or à Chirac en appelant à voter pour lui au deuxième tour, alors que l'on savait très bien que Le Pen ne pouvait pas miraculeusement arriver au pouvoir dans ce pays..."
Ce n'était pas plus mal que le FN ne fasse pas un très grand score au second tour.
- "Aujourd'hui, à cause de cet appel à voter Chirac, la gauche est mal partie, parce que c'est difficile de faire passer J. Chirac pour quelqu'un qui pourrait pactiser avec le FN. Alors que pourtant, on l'a vu pour le deuxième tour, un certain nombre de personnalités de droite - messieurs Millon et Soisson - qui avaient pactisé avec le FN dans les Conseils régionaux, se retrouvent invités dans les meetings de monsieur Chirac. Bien sûr que les idées de monsieur Le Pen sont un danger, mais le fait que la gauche ait appelé à voter Chirac ne réduit pas l'influence du FN, qui est à 5 millions d'électeurs pour l'ensemble de l'extrême droite. C'est vrai que ce sont des idées dangereuses, mortelles pour le monde du travail, qu'il faut combattre. Mais ce n'est pas en se réfugiant dans les bras de monsieur Chirac que l'on peut combattre monsieur Le Pen. On ne sait pas si demain, peut-être, il n'y aura pas des ministres du FN, y compris dans un gouvernement..."
Le président de la République a dit et répété qu'il ne le fera pas.
- "Je n'en suis pas aussi sûre que vous justement ! Et je crois qu'il faut combattre les idées du FN dans les entreprises, dans les quartiers, mais il faut d'abord les combattre en changeant la situation sociale d'une grande partie de la population."
Pourriez-vous incitez les électeurs du FN à se reporter sur l'extrême gauche plutôt que sur l'extrême droite et comment ?
- "Nous avançons un certain nombre de mesures et de revendications et si nous avions des élus à l'Assemblée nationale, ils déposeraient des projets de loi dans ce sens. Par exemple, pour la levée du secret bancaire et du secret commercial, pour que la population puisse contrôler les comptes de ces grandes entreprises qui n'arrêtent de faire des plans de licenciements. Nous déposerions un projet de loi pour l'interdiction des licenciements collectifs, en particulier dans les entreprises qui font des profits. Nous verrions, à ce moment-là, qui est prêt à voter un tel projet de loi pour qu'il puisse exister dans les faits."
Avez-vous étudié sociologiquement l'électorat du FN ? Parce que vous parlez des gens qui sont licenciés par les grands groupes et on voit que beaucoup de gens qui votent pour le FN sont plutôt des petits commerçant et artisans ou des gens qui ne sont pas forcément dans le secteur ouvrier, qui sont parfois dans le secteur agricole... Pouvez-vous adapter ou tenir compte de la réalité sociologique de cet électorat du FN ?
- "L'électorat du FN est composite et malheureusement, il a commencé à essaimer dans le monde du travail et dans les entreprises, dans les quartiers ouvriers, même si, traditionnellement, il avait plutôt une autre clientèle. C'est ça la gravité de la situation. Le petit artisan ou commerçant, ou le petit pêcheur qui aujourd'hui craint de perdre sa raison de vivre, qui est ou son bateau ou son petit commerce, on a effectivement des choses à lui dire, parce que tous les efforts des gouvernements, qu'ils soient de gauche ou de droite, sont toujours pour favoriser le grand capital, pour donner des exonérations de charges sociales au grand patronat qui n'en a pas besoin. Sans doute vaudrait-il mieux se pencher sur le sort de ces gens."
En Arles, certains militants de Lutte ouvrière ont décidé de rejoindre la LCR, un peu votre frère ennemi, trotskiste mais pas vraiment sur la même ligne que vous...
- "Ce ne sont pas ennemis, pas du tout !"
Vous considérez légitime que des militants changent d'avis et d'appareil ou vous dites que la LCR se conduit mal ?
- "Il a trois adhérents de LO qui sont passés à la LCR, en Arles, il y a toujours des passages entre les deux organisations, parce que nous existons côte à côte, en ayant des prises de positions politiques différentes. Ces passages se font assez naturellement."
La LCR était partisane d'une union entre vos deux formations.
- "Elle était partisane, non pas d'une union mais des répartition des circonscriptions. Le désaccord que nous avons pour le deuxième tour, c'est que la LCR a appelé à voter Chirac, alors que nous, nous avons dit qu'il ne faut surtout pas voter Le Pen, mais nous ne voterons pas Chirac, nous demandons le vote blanc ou nul, parce qu'il n'y a aucun risque que monsieur Le Pen puisse faire plus de 51 % des voix. On a fait une énorme supercherie auprès de la population, en essayant de lui faire croire cela. La gauche l'a fait, la LCR également. La gauche l'a fait pour s'exonérer d'avoir à expliquer pourquoi 4 millions d'électeurs de gauche l'ont quitté. 2.500.000 du vote Jospin de 1995 ne se sont pas reportés sur Jospin et le PC a perdu 1.500.000 voix. C'est celui-là le problème qu'il faut qu'ils se posent."
Faut-il refonder une extrême gauche en France aujourd'hui ? C'est la question qui pose la LCR...
- "Pour moi, il faut fonder, créer un nouveau parti communiste qui soit un parti basé sur des notions de lutte de classes, qui mette en avant les revendications du monde du travail, qui soit un défenseur inconditionnel du monde du travail et qui, surtout, ne se réfugie pas à chaque fois derrière des partis, qu'ils soient de droite ou de gauche et qui, finalement, défendent les intérêts de la bourgeoisie. Ce n'est pas R. Hue qu'il faut sauver, il faut sans doute sauver un certain nombre de militants du PC qui sont bien déboussolés. Il faut vraiment recréer un mouvement ouvrier et puissant sans ce pays. "
(Source :premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 3 juin 2002)
- "Nous en sommes à 560 candidates et candidats, avec une parité parfaitement respectée. Ils mènent campagne, chacun et chacune dans leur circonscription..."
Il y a même un peu plus de femmes que d'hommes, semble-t-il ?
- "Oui, il y a 6 femmes de plus que d'hommes dans les titulaires. Moi-même, je me suis totalement investie dans la campagne, tout en n'étant pas candidate, puisque je fais un meeting chaque soir, dans des villes différentes pour soutenir les candidatures de mes camarades."
Vous gardez vos activités de parlementaires européens pour l'instant ?
- "Je suis parlementaire européenne, je suis également conseillère régionale d'Ile-de-France. J'ai encore deux ans pour arriver au bout de ces mandats et je tiens les assumer totalement, donc, je ne suis pas candidate aux législatives."
Quels sont les thèmes de campagne sur lesquels vous insistez ? Vous vous lancez dans une critique du gouvernement Raffarin, vous revenez sur les échecs du passé ? Comment cela se passe-t-il ?
- "Les gestes que le gouvernement Raffarin fait pour le moment - puisque même quand on nous annonce 6 milliards pour acheter des flash ball, on sait très bien que cela ne peut pas être voté pour le moment - sont des gestes un peu spectaculaires, des effets d'annonce, parce que le Gouvernement veut essayer que la droite gagne les élections. Malheureusement, la gauche a fait un pont d'or à Chirac en appelant à voter pour lui au deuxième tour, alors que l'on savait très bien que Le Pen ne pouvait pas miraculeusement arriver au pouvoir dans ce pays..."
Ce n'était pas plus mal que le FN ne fasse pas un très grand score au second tour.
- "Aujourd'hui, à cause de cet appel à voter Chirac, la gauche est mal partie, parce que c'est difficile de faire passer J. Chirac pour quelqu'un qui pourrait pactiser avec le FN. Alors que pourtant, on l'a vu pour le deuxième tour, un certain nombre de personnalités de droite - messieurs Millon et Soisson - qui avaient pactisé avec le FN dans les Conseils régionaux, se retrouvent invités dans les meetings de monsieur Chirac. Bien sûr que les idées de monsieur Le Pen sont un danger, mais le fait que la gauche ait appelé à voter Chirac ne réduit pas l'influence du FN, qui est à 5 millions d'électeurs pour l'ensemble de l'extrême droite. C'est vrai que ce sont des idées dangereuses, mortelles pour le monde du travail, qu'il faut combattre. Mais ce n'est pas en se réfugiant dans les bras de monsieur Chirac que l'on peut combattre monsieur Le Pen. On ne sait pas si demain, peut-être, il n'y aura pas des ministres du FN, y compris dans un gouvernement..."
Le président de la République a dit et répété qu'il ne le fera pas.
- "Je n'en suis pas aussi sûre que vous justement ! Et je crois qu'il faut combattre les idées du FN dans les entreprises, dans les quartiers, mais il faut d'abord les combattre en changeant la situation sociale d'une grande partie de la population."
Pourriez-vous incitez les électeurs du FN à se reporter sur l'extrême gauche plutôt que sur l'extrême droite et comment ?
- "Nous avançons un certain nombre de mesures et de revendications et si nous avions des élus à l'Assemblée nationale, ils déposeraient des projets de loi dans ce sens. Par exemple, pour la levée du secret bancaire et du secret commercial, pour que la population puisse contrôler les comptes de ces grandes entreprises qui n'arrêtent de faire des plans de licenciements. Nous déposerions un projet de loi pour l'interdiction des licenciements collectifs, en particulier dans les entreprises qui font des profits. Nous verrions, à ce moment-là, qui est prêt à voter un tel projet de loi pour qu'il puisse exister dans les faits."
Avez-vous étudié sociologiquement l'électorat du FN ? Parce que vous parlez des gens qui sont licenciés par les grands groupes et on voit que beaucoup de gens qui votent pour le FN sont plutôt des petits commerçant et artisans ou des gens qui ne sont pas forcément dans le secteur ouvrier, qui sont parfois dans le secteur agricole... Pouvez-vous adapter ou tenir compte de la réalité sociologique de cet électorat du FN ?
- "L'électorat du FN est composite et malheureusement, il a commencé à essaimer dans le monde du travail et dans les entreprises, dans les quartiers ouvriers, même si, traditionnellement, il avait plutôt une autre clientèle. C'est ça la gravité de la situation. Le petit artisan ou commerçant, ou le petit pêcheur qui aujourd'hui craint de perdre sa raison de vivre, qui est ou son bateau ou son petit commerce, on a effectivement des choses à lui dire, parce que tous les efforts des gouvernements, qu'ils soient de gauche ou de droite, sont toujours pour favoriser le grand capital, pour donner des exonérations de charges sociales au grand patronat qui n'en a pas besoin. Sans doute vaudrait-il mieux se pencher sur le sort de ces gens."
En Arles, certains militants de Lutte ouvrière ont décidé de rejoindre la LCR, un peu votre frère ennemi, trotskiste mais pas vraiment sur la même ligne que vous...
- "Ce ne sont pas ennemis, pas du tout !"
Vous considérez légitime que des militants changent d'avis et d'appareil ou vous dites que la LCR se conduit mal ?
- "Il a trois adhérents de LO qui sont passés à la LCR, en Arles, il y a toujours des passages entre les deux organisations, parce que nous existons côte à côte, en ayant des prises de positions politiques différentes. Ces passages se font assez naturellement."
La LCR était partisane d'une union entre vos deux formations.
- "Elle était partisane, non pas d'une union mais des répartition des circonscriptions. Le désaccord que nous avons pour le deuxième tour, c'est que la LCR a appelé à voter Chirac, alors que nous, nous avons dit qu'il ne faut surtout pas voter Le Pen, mais nous ne voterons pas Chirac, nous demandons le vote blanc ou nul, parce qu'il n'y a aucun risque que monsieur Le Pen puisse faire plus de 51 % des voix. On a fait une énorme supercherie auprès de la population, en essayant de lui faire croire cela. La gauche l'a fait, la LCR également. La gauche l'a fait pour s'exonérer d'avoir à expliquer pourquoi 4 millions d'électeurs de gauche l'ont quitté. 2.500.000 du vote Jospin de 1995 ne se sont pas reportés sur Jospin et le PC a perdu 1.500.000 voix. C'est celui-là le problème qu'il faut qu'ils se posent."
Faut-il refonder une extrême gauche en France aujourd'hui ? C'est la question qui pose la LCR...
- "Pour moi, il faut fonder, créer un nouveau parti communiste qui soit un parti basé sur des notions de lutte de classes, qui mette en avant les revendications du monde du travail, qui soit un défenseur inconditionnel du monde du travail et qui, surtout, ne se réfugie pas à chaque fois derrière des partis, qu'ils soient de droite ou de gauche et qui, finalement, défendent les intérêts de la bourgeoisie. Ce n'est pas R. Hue qu'il faut sauver, il faut sans doute sauver un certain nombre de militants du PC qui sont bien déboussolés. Il faut vraiment recréer un mouvement ouvrier et puissant sans ce pays. "
(Source :premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 3 juin 2002)