Déclaration de Mme Michelle Demessine, secrétaire d'Etat au tourisme, sur l'implantation de villages de vacances en zones rurales comme facteur de développement touristique et économique et sur les différentes actions de partenariat entre les collectivités locales, le secrétariat d'Etat au tourisme, les associations et les comités d'entreprise pour promouvoir le tourisme social et associatif, Camplong, le 13 juillet 1999.

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Circonstance : Conclusion du colloque "le partenariat un enjeu pour l'avenir du tourisme social et associatif", à Camplong d'Aude, le 13 juillet 1999

Texte intégral

Le 13 juillet 1999
Conclusion du colloque :
"Le partenariat un enjeu pour l'avenir
du tourisme social et associatif"
Intervention de Madame Demessine
Monsieur le Maire,
Messieurs les Présidents,
Mesdames et Messieurs,

Si vous me le permettez, je voudrai tout d'abord vous remercier pour votre invitation à clôturer le "mini-col loque" que vous avez souhaitez organiser, dans cette si charmante commune de CAMPLONG D'AUDE, et vous dire tout le plaisir que j'ai d'être parmi vous aujourd'hui.

Bien que je n'ai pu, malheureusement participer à vos travaux, ce matin, je suis en effet très heureuse de vous rejoindre pour célébrer, avec vous, le 10ème anniversaire du partenariat qui unit la Caisse Centrale d'Activités Sociales du personnel des industries électriques et gazières, et la commune de CAMPLONG.

La collaboration originale que vous avez su développer, avec imagination et créativité, depuis maintenant une décennie, mérite, en effet, qu'on lui rende hommage.

C'est, en tout cas, le sens de ma présence ici.

1. Saluer un partenariat original.

En venant participer à votre colloque, je tenais en premier à saluer ce partenariat qui a permis à la fois, une meilleure prise en compte des besoins nouveaux exprimés par les salariés, mais aussi la mise en uvre d'une politique d'aménagement du territoire favorisant le développement de l'économie et de l'emploi local.

Je souhaitais également saluer le travail et l'investissement des élus, des personnels, et de l'ensemble des responsables de la C.C.A.S, qui ont uvré, avec beaucoup d'énergie et de cur, je le sais, pour que ce projet commun puisse voir le jour.

S'il m'est, en effet, toujours agréable de visiter un village de vacances, ça l'est encore plus lorsque celui-ci s'inscrit en harmonie parfaite avec l'environnement où il est implanté, comme c'est le cas ici, à CAMPLONG, grâce à cette formule d'hébergement en petits gîtes que vous avez souhaité développer.

Mais j'ajouterai que ça l'est encore davantage, lorsque l'implantation d'une telle structure participe à donner une nouvelle vitalité à un village, en permettant que se nouent des relations entre les habitants, les personnels du site, et les vacanciers.

Et là, je tiens tout particulièrement à saluer votre volonté et votre dynamisme, Monsieur le maire, ainsi que celle, évidemment, des responsables de la C.C.A.S, car c'est bien cette volonté commune qui a permis d'imaginer et de faire vivre cette structure ouverte sur la vie de votre village.

II. Une démarche de vacances pour tous permettant de développer l'économie locale

C'est bien parce que vous avez souhaité, ensemble, que les vacanciers puissent découvrir la richesse du patrimoine naturel, culturel, mais aussi viticole de CAMPLONG et, plus largement, de cette magnifique région de l'AUDE, qu'ils sont de plus en plus séduits par cette destination.

Au-delà de ses quelque 180 kilomètres de plage de sable fin, le LANGUEDOC-ROUSSILLON possède, en effet, des richesses patrimoniales exceptionnelles, en particulier dans ce Pays CATHARE, et sur ces terres des CORBIÈRES toutes en contrastes.

Des vignobles ensoleillés qui vous entourent, aux gorges escarpées de la haute vallée de l'AUDE, jusqu'aux forêts et aux brumes Pyrénéennes, en passant, bien sûr, par vos châteaux et votre chapelet d'abbayes romanes, les atouts touristiques ne manquent pas.

C'est d'ailleurs cette diversité qui fait toute l'originalité de l'offre touristique de cette région, et peut permettre de voir se développer des communes comme la votre, surtout - comme c'est le cas ici -, quand authenticité et tourisme se conjuguent dans la plus parfaite des harmonies, et quand l'effort est fait pour promouvoir jusqu'au plus petit village.

Car si votre région est la 3ème région la plus fréquentée de France, je sais les déséquilibres intérieurs qu'il peut exister en terme de répartition, à l'image d'ailleurs de cette réalité nationale qui fait que 80 % des touristes se concentrent sur 20 % du territoire.

C'est pourquoi je crois que la Présence de village de vacances, et de structures d'hébergement à vocation sociale, dans des zones rurales comme la vôtre, présente des avantages incontournables.

D'abord, pour tous ces vacanciers, qui n'auraient pas eu, d'instinct, l'idée de s'y rendre, et qui se voient, dès lors, offrir la possibilité de découvrir des sites aussi magiques que votre "Pays".

Mais aussi pour les collectivités locales, car les retombées économiques engendrées part l'activité de ces villages de vacances bénéficient au développement local, en permettant souvent de maintenir, voire de créer des emplois dans les régions concernées.

Cela ne tient d'ailleurs pas seulement aux achats effectués par les vacanciers dans les petits commerces et chez les artisans locaux.

L'activité touristique permet, en effet, d'enclencher toute une dynamique qui se traduit, aussi, par la réhabilitation ou la création dl équipements sportifs et culturels - tel celui que j'aurai le plaisir d'inaugurer cet après-midi -, mais également, très souvent, par une amélioration de la fiscalité locale, et le maintien de nombreux services publics.

Autant de retombées qui bénéficient tant aux vacanciers qu'aux habitants.

III. Une politique d'activités sociales dont le succès repose sur l'intégration à la réalité locale.

De même, l'organisation de circuits touristiques - tels les sentiers de Vadrouille développés, ici, en Pays CATHARE - ou encore les fêtes, les spectacles, et toutes les manifestations qui peuvent être imaginées dans un village comme celui-ci, permettent aux uns et aux autres de se nourrir et de s'enrichir de la culture de l'autre.

Et je sais l'importance que les associations de tourisme et les Comités d'entreprises - et en particulier la C.C.A.S - accordent au développement de tels échanges.

C'est aussi cette logique d'accueil que je tiens à saluer, car cette spécificité du Tourisme social et associatif contribue à donner ses lettres de noblesses au Tourisme français.

C'est bien grâce à des partenariats comme le vôtre qu'elle a pu et quelle peut continuer de se développer.

Lors des États Généraux du Tourisme Social et Associatif que j'ai souhaité organiser les 6 et 7 mai dernier à Paris - et auxquels 1 millier d'acteurs de ce secteur ont participé - Monsieur jean LAVIELLE, le Président de la C.C.A.S, rappelait d'ailleurs combien le partenariat constituait un élément fondamental de la mise en uvre d'une politique d'activités sociales, dont le succès repose dans cette intégration du tourisme à la réalité locale.

Une démarche qu'est également venu soutenir Monsieur AHMED ABDELKADER, maire de la petite commune de CEIL-ET-RECOSEL, au Nord de l'Hérault, en témoignant de l'apport positif du partenariat qu'il a établi, dans son village, avec la C.C.A.S.

En effet, dans cette petite commune de 300 habitants, qui a connu le déclin à la suite de la fermeture des mines de plomb et de zinc dans les années 60, l'implantation d'un village de vacances de la C.C.A.S. a permis, là aussi, de relancer l'activité économique, en maintenant des commerces menacés de fermeture, en offrant un emploi, durant la saison touristique, à tous les jeunes de CEIL-ET-RECOSEL, et en permettant à cette petite commune de conquérir une certaine notoriété.

Pour ma part, en tout cas, je suis convaincue que le Tourisme social et associatif du 21ème siècle ne se développera, dans notre pays, que s'il parvient à démultiplier de tels partenariats sur des valeurs partagées de solidarité, de convivialité et d'échanges culturels.

Vous avez été, en quelque sorte un peu les pionniers dans ce domaine.

C'est pourquoi ce qui s'est fait ici à CAMPLONG, mais aussi dans d'autres régions, mérite non seulement d'être connu, mais surtout d'être soutenu et valorisé.

IV. Le partenariat. un enjeu pour l'avenir du Tourisme social.

En effet, les associations du tourisme sont actuellement confrontées à la résolution d'une équation complexe, résultant de la gestion d'un patrimoine touristique historiquement créé avec une double vocation sociale, celle de l'accueil des familles, souvent à revenu modeste, d'une part, et l'aménagement du territoire, d'autre part.

Comme je viens de le dire, les villages de vacances ont démontré leurs capacités à créer une richesse économique sur de nombreux sites.

Mais certains sont structurellement déficitaires au titre de l'exploitation, alors qu'ils apportent une bouffée d'oxygène économique vitale à leur environnement.

Leurs capacités à trouver un équilibre, voire à améliorer leur efficacité économique et sociale globale, dépend essentiellement, comme c'est le cas ici, de la volonté des collectivités et des pouvoirs publics d'apporter l'appui indispensable pour compenser les handicaps liés à la localisation.

Comme vous l'avez très bien compris, Monsieur le Maire, l'engagement de la collectivité bénéficiant d'un village de vacances sur son territoire, peut et doit se faire au regard des effets économiques et sociaux attendus, dans une logique de développement local.

Cela nécessite, je crois, que la nature même des relations entre les acteurs en présence évolue, en substituant, à une logique propriétaire / locataire, une véritable démarche de partenaires partageant les mêmes intérêts et les mêmes valeurs.

A l'occasion des États Généraux du Tourisme Social et Associatif, j'ai d'ailleurs réaffirmé la place importante que devait retrouver le Tourisme Social et Associatif dans le développement de l'économie touristique de notre pays, et le rôle essentiel qu'il joue dans l'accès aux vacances et aux loisirs de l'ensemble de nos concitoyens.

Et ce d'autant que je pense sincèrement que le tourisme est un des secteurs les plus porteurs d'espoir et d'avenir. Un secteur économique à part entière, capable de répondre aux besoins et aux aspirations de nos concitoyens, dont, je vous le rappelle, près de 40 % ne partent pas ou très peu en vacances.

V. Une nouvelle étape pour le tourisme social et associatif.

Chacun sait ici le rôle historique joué par le Tourisme social et associatif dans la démocratisation de l'accès aux loisirs dans notre pays.

Je sais la part que vous avez pris, et que vous continuez de prendre, pour développer l'accès aux vacances du plus grand nombre. Et je vous en remercie.

Mais je dois vous dire qu'à l'écoute des différents intervenants qui ont participé aux États Généraux, j'ai acquis la certitude qu'une nouvelle étape se dessine.

Aujourd'hui, il faut penser à l'avenir. Plusieurs chantiers sont ouverts et je souhaite qu'un cadre cohérent de travail, avec les différents acteurs du tourisme social et associatif, les élus et le Secrétariat d'Etat au Tourisme soit défini.

Déjà avant, et depuis les États Généraux, un certain nombre de mesures et dispositions ont été prises.

Je pense en particulier au fait que le Tourisme Social et Associatif figure en bonne place dans les prochains contrats de plan, pour lesquels nombre d'élus et d'associations se sont beaucoup investis, et qui entrent, en ce moment, dans leur phase concrète de négociation.

Je sais, par ailleurs, que les observatoires économiques régionaux portent une attention plus particulière, sur la place et l'activité du Tourisme Social et Associatif dans le champ économique des régions, pour permettre de mieux en évaluer les retombées et contribuer, ainsi, au travers de différents dispositifs d'aides, a en accentuer les effets positifs.

Mon Ministère apportera son soutien à cette démarche, au travers de l'Observatoire National du Tourisme et de l'Agence Française d'Ingénierie Touristique.

A partir des réflexions et de propositions issues des ateliers des États Généraux, j'entends bien que mon département ministériel s'affirme, en effet de plus en plus comme un partenaire efficace du tourisme social et de la nouvelle dynamique qu'il entend insuffler.

Dans cet esprit deux études ont été réalisées ces derniers mois à ma demande.
L'étude SOMIVAL d'abord, devrait nous permettre deux applications :
D'une part, de mieux cerner les difficultés de certaines implantations, afin d'être en meilleure position pour discuter de mesures d'accompagnement et de soutien avec les collectivités territoriales. Je pense en particulier a la réalisation d'équipements qui permettront l'allongement de la saison.
D'autre part, de mener un travail plus pointu, sur la mise en adéquation des aides à la personne, en vue d'une meilleure efficacité sociale.
Quant à l'étude de clientèle effectuée par la SETEL, elle doit permettre aux associations de dégager une véritable stratégie, en vue de conforter la fréquentation de leurs équipements.
Ces études vont vous être d'ailleurs des outils très utiles, à la disposition de tout le monde pour définir les fondements de la Campagne nationale institutionnelle que les Comités d'Entreprises, les associations et les élus ont appelé de leur vu et que j'entends initier dès l'an prochain.

Elle assurera la promotion des valeurs de solidarité, de rencontres, d'échanges, et de brassage social dont vous êtes porteurs.

J'ai souhaité par ailleurs, que l'Agence Française d'ingénierie du Tourisme prenne les dispositions nécessaires pour rencontrer les associations, dès cet automne, afin d'y recenser les savoir-faire spécifiques, transférables dans d'autres pays de l'Europe et du monde, afin de les rassembler dans une plaquette qui sera disponible dans les organismes consulaires, à l'étranger, dès la fin de cette année.

Enfin, j'ai demandé à la Direction du Tourisme que, sans plus attendre des réunions de concertation s'engagent avec les acteurs du Tourisme Social et Associatif pour définir la mission, le statut, la composition de la future Coordination Nationale du Tourisme Social et Associatif que vous avez appelé de vos vux.

Cet outil pourrait avoir, selon moi, pour mission de faire des propositions concrètes, de mener des actions susceptibles de mobiliser et coordonner la famille du Tourisme Social et Associatif.

Il pourrait être surtout, ce lieu de rencontre et d'échange entre tous les acteurs du tourisme social et une véritable caisse de résonance de leurs actions et de leurs revendications.

Par ailleurs, un travail est en cours pour redéfinir un agrément national qui permettra par des critères objectifs définis dans la concertation, de reconnaître le caractère social de vos activités.

Cet agrément sera la contre partie normale d'une aide à la personne ou d'une aide à la pierre. Cela contribuera ainsi à une meilleure reconnaissance de votre secteur et de vos incontestables spécificités.

Les États Généraux du Tourisme Social et Associatif ont représenté une avancée importante, mais ne sont, je le rappelle, que la première étape d'un processus qui doit se poursuivre dans la transparence et le partenariat avec tous les acteurs du Tourisme Social et Associatif.

Je me réjouis qu'ils donnent lieu à de nombreuses initiatives dans les régions, à l'image de celle que vous organisez aujourd'hui.

Je formule le vu que le partenariat que vous avez construit, entre la CCAS et votre beau village de CAMPLONG, au service du tourisme et du développement économique, connaisse un succès à la hauteur des ambitions qui sont les vôtres.

Vous pouvez être assurés de mon appui et de celui de mon administration, pour travailler à la réalisation et à la concrétisation des actions que vous engagerez, et faire qu'ensemble nous inscrivions un peu plus, chaque jour, le droit aux vacances pour tous dans la réalité.

Je vous remercie.
(source.http://www.tourisme.gouv.fr.le 9 septembre 1999