Texte intégral
A. Hausser Vous n'étiez pas candidat à l'élection présidentielle, mais vous présentez un peu plus de 300 candidats aux législatives. Pourtant, vous êtes assez modeste, vous espérez deux ou trois élus. Pourquoi alors tant de candidats ?
- "Parce que je pense que pour gagner et pour empêcher une nouvelle cohabitation, il faut réunir deux conditions : une droite large et une droite forte. Une droite large, qui sache organiser ses différences. Et le Premier ministre a bien compris que le MPF est un mouvement souverainiste, la droite de conviction souverainiste, que c'était autre chose que l'UMP, mais qu'il fallait travailler ensemble."
Pourquoi ne pas être au sein de l'UMP ?
- "Parce que l'UMP est une grande formation centrale, qui a le corps du RPR et l'âme de l'UDF. C'est-à-dire, une ligne centriste et eurofédéraliste qui n'est pas la nôtre. Nous, nous sommes sur une ligne différente, nous sommes souverainistes. Cela veut dire que nous n'acceptons pas par exemple d'avoir à demander une autorisation à Bruxelles pour baisser la TVA pour les restaurateurs. Et donc, à partir du moment où la ligne du futur mandat et celle du futur gouvernement risquent d'être une ligne eurofédéraliste, c'est une question de cohérence. Et je le dis parce que le Premier ministre me l'a dit. C'est une question d'honnêteté intellectuelle pour les uns et pour les autres. Mais l'urgence aujourd'hui, ce n'est pas de voir nos différences, c'est de voir nos points communs, c'est-à-dire battre la gauche et empêcher une cohabitation."
Vous ne croyez pas à l'existence future d'un pôle souverainiste au sein de l'UMP ?
- "Non, je ne crois pas."
Vous ne rallieriez pas ce pôle s'il se créait ?
- "Je crois qu'un parti politique, surtout celui-là, il faut qu'il ait une ligne, c'est une question de cohérence. Vous ne pouvez pas avoir deux lignes dans un parti unique comme celui-là. Donc, je ne les critique pas. Je pense au contraire que, pour qu'ils soient forts, il faut qu'ils aient une seule ligne. Mais en même temps, je dois dire que pour moi, c'est une bénédiction. Parce que cela fait des années que je voyais bien que l'UDF et le RPR, que les Français voyaient bien que l'UDF et le RPR avaient la même ligne, la même idée, qui consiste à dire que quand la France aura disparu, elle sera plus forte. La souveraineté partagée au niveau de Bruxelles, on voit ce que ça donne pour la pêche, pour l'impôt sur le revenu, et pour toutes les autorisations qu'on aura à demander dès qu'on voudra reprendre un petit peu de liberté. Je pense que c'est un problème fondamental, c'est une vraie différence. Et autant l'exprimer dans la sérénité et dans l'harmonie plutôt que de manière conflictuelle. C'est la raison pour laquelle le MPF, qui a vocation à représenter à l'avenir la mouvance souverainiste de la droite classique, se situe et restera à l'extérieur de l'UMP, mais un accord de désistement mutuel."
Quand vous parlez "d'harmonie", vous parlez pour vous aussi. Votre langage a changé, vous êtes moins féroce ?
- "Ce n'est pas du tout ça. C'est qu'en fait il y a une urgence : c'est de battre la gauche."
Il y a un danger ?
- "Oui, c'est un danger, bien sûr."
Non, est-ce qu'aujourd'hui, pensez-vous qu'il y ait un danger pour une nouvelle cohabitation ?
- "Non, le danger, c'est de gagner et ensuite, de ne rien faire. Il faut gagner, battre la gauche. Il y a toujours un danger, parce qu'on ne sait pas ce qui peut sortir des urnes. Donc, il faut être au coude à coude, organiser des côte-à-côte qui élargissent. Quand la droite ne couvre pas son spectre politique, elle recule. Ensuite, il faut rompre avec le socialisme. Et il faudra qu'il y ait des gens - et j'en serai j'espère -, qui disent : "Attention, n'oublions pas pourquoi on a été élus". Pour une vraie rupture en profondeur avec le socialisme - sur les 35 heures, sur le problème de l'immigration - la France est le seul pays qui n'aborde pas ce problème -, sur la sécurité, etc."
Le problème de l'immigration va être abordé au Sommet européen de Séville. Il devrait donc y avoir une politique européenne de l'immigration...
- "Non, permettez-moi de vous dire que ce qu'un pays ne fait pas pour lui-même, aucun autre pays ne le fera à sa place. D'ailleurs, les Anglais et les Italiens l'ont bien compris, les Danois et les Hollandais aussi. Il n'y que la France qui, pour l'instant, n'ose pas prononcer le mot "immigration clandestine", parce qu'on a tout de suite..."
Vous exagérez un peu !
- "Mais bien sûr que si ! Regardez pendant la campagne présidentielle, on a laissé à monsieur Le Pen le soin de l'immigration. Et du coup, la gauche est tellement impressionnante, et les hommes politiques de droite sont tellement tétanisés, la gauche a tellement culpabilisé, que dès qu'on prononce un mot du cercle des mots interdits, tout de suite, on a peur. Donc, il faut aborder le problème de l'immigration et il faut que le ministre de l'Intérieur soit soutenu par l'ensemble des gouvernants, pour mettre fin à l'immigration illégale qu'on appelle "l'immigration clandestine". Je crois que c'est une urgence, parce que je fais un lien entre l'immigration et l'insécurité..."
Ca, c'est vous qui le faites. Revenons-en au Smic, puisqu'il y a aujourd'hui une polémique. J.-P. Raffarin a dit qu'il voulait se donner du temps pour voir s'il allait augmenter le Smic, et qu'il voulait d'abord mettre un peu d'ordre dans les différents Smic. Le PS propose une augmentation de 5 % du Smic au 1er juillet. C'est électoraliste. Pour vous, l'urgence consiste-t-elle à donner un coup de pouce au Smic ou au contraire à attendre ?
- "L'urgence, c'est de libérer les entreprises, qui pourront ainsi augmenter les salaires..."
"Libérer" comment ?
- "Libérées des 35 heures obligatoires."
Et pas avec la baisse des charges ?
- "Aujourd'hui, quelles sont les victimes des 35 heures ? Paradoxalement, ce sont les bas salaires. Il faut, aujourd'hui, en France, faire une loi avec un article : La liberté du travail est rétablie en France. Si je veux gagner plus et travailler plus, ce n'est pas à l'Etat de choisir pour moi. Si je veux gagner moins et travailler moins, ce n'est pas à l'Etat de choisir pour moi. Bien sûr, il y a la baisse des charges, vous avez raison. Et à ce moment-là, si les entreprises retrouvent de la liberté, de la marge de manoeuvre, elles s'organiseront, dans le dialogue social, branches professionnelles, entreprises, pour augmenter les salaires. Ce n'est pas le problème du Smic, c'est un problème beaucoup plus général qui se pose à nous aujourd'hui : c'est que les socialistes ont tourné la société vers le loisir et parfois vers l'oisiveté. C'est une culture pour les jeunes générations. Il faut tourner la France vers l'effort et vers le travail."
Ce n'est pas un discours toujours très facile à entendre...
- "Oui, mais je pense que c'est très démagogique de la part des socialistes, de dire, comme ça qu'on va augmenter le Smic. Les socialistes, la raison pour laquelle je pense qu'ils vont être battus, c'est qu'ils ont trahi le peuple sur la question de la sécurité et sur la question du travail. Les victimes de l'insécurité, les victimes des 35 heures obligatoires, ce sont les couches populaires."
Ce n'est pas démagogique de dire qu'il faut augmenter la consultation à 20 euros ?
"Non, parce que depuis 1995, le malentendu avec les médecins, ça va bien comme ça. Et je suis effaré de voir que nos gouvernements sont obligés de passer par la Cnam et par Bruxelles. Je pense qu'il faut que la Cnam s'exécute.C'est une promesse qui a été faite depuis longtemps. Aujourd'hui, un médecin est moins payé qu'un plombier. Donc, je pense que les médecins ont tout à fait raison de manifester et il faut qu'ils soient entendus et compris. Je pense que c'est d'ailleurs l'avis du ministre de la Santé.
(Source :premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 5 juin 2002)
- "Parce que je pense que pour gagner et pour empêcher une nouvelle cohabitation, il faut réunir deux conditions : une droite large et une droite forte. Une droite large, qui sache organiser ses différences. Et le Premier ministre a bien compris que le MPF est un mouvement souverainiste, la droite de conviction souverainiste, que c'était autre chose que l'UMP, mais qu'il fallait travailler ensemble."
Pourquoi ne pas être au sein de l'UMP ?
- "Parce que l'UMP est une grande formation centrale, qui a le corps du RPR et l'âme de l'UDF. C'est-à-dire, une ligne centriste et eurofédéraliste qui n'est pas la nôtre. Nous, nous sommes sur une ligne différente, nous sommes souverainistes. Cela veut dire que nous n'acceptons pas par exemple d'avoir à demander une autorisation à Bruxelles pour baisser la TVA pour les restaurateurs. Et donc, à partir du moment où la ligne du futur mandat et celle du futur gouvernement risquent d'être une ligne eurofédéraliste, c'est une question de cohérence. Et je le dis parce que le Premier ministre me l'a dit. C'est une question d'honnêteté intellectuelle pour les uns et pour les autres. Mais l'urgence aujourd'hui, ce n'est pas de voir nos différences, c'est de voir nos points communs, c'est-à-dire battre la gauche et empêcher une cohabitation."
Vous ne croyez pas à l'existence future d'un pôle souverainiste au sein de l'UMP ?
- "Non, je ne crois pas."
Vous ne rallieriez pas ce pôle s'il se créait ?
- "Je crois qu'un parti politique, surtout celui-là, il faut qu'il ait une ligne, c'est une question de cohérence. Vous ne pouvez pas avoir deux lignes dans un parti unique comme celui-là. Donc, je ne les critique pas. Je pense au contraire que, pour qu'ils soient forts, il faut qu'ils aient une seule ligne. Mais en même temps, je dois dire que pour moi, c'est une bénédiction. Parce que cela fait des années que je voyais bien que l'UDF et le RPR, que les Français voyaient bien que l'UDF et le RPR avaient la même ligne, la même idée, qui consiste à dire que quand la France aura disparu, elle sera plus forte. La souveraineté partagée au niveau de Bruxelles, on voit ce que ça donne pour la pêche, pour l'impôt sur le revenu, et pour toutes les autorisations qu'on aura à demander dès qu'on voudra reprendre un petit peu de liberté. Je pense que c'est un problème fondamental, c'est une vraie différence. Et autant l'exprimer dans la sérénité et dans l'harmonie plutôt que de manière conflictuelle. C'est la raison pour laquelle le MPF, qui a vocation à représenter à l'avenir la mouvance souverainiste de la droite classique, se situe et restera à l'extérieur de l'UMP, mais un accord de désistement mutuel."
Quand vous parlez "d'harmonie", vous parlez pour vous aussi. Votre langage a changé, vous êtes moins féroce ?
- "Ce n'est pas du tout ça. C'est qu'en fait il y a une urgence : c'est de battre la gauche."
Il y a un danger ?
- "Oui, c'est un danger, bien sûr."
Non, est-ce qu'aujourd'hui, pensez-vous qu'il y ait un danger pour une nouvelle cohabitation ?
- "Non, le danger, c'est de gagner et ensuite, de ne rien faire. Il faut gagner, battre la gauche. Il y a toujours un danger, parce qu'on ne sait pas ce qui peut sortir des urnes. Donc, il faut être au coude à coude, organiser des côte-à-côte qui élargissent. Quand la droite ne couvre pas son spectre politique, elle recule. Ensuite, il faut rompre avec le socialisme. Et il faudra qu'il y ait des gens - et j'en serai j'espère -, qui disent : "Attention, n'oublions pas pourquoi on a été élus". Pour une vraie rupture en profondeur avec le socialisme - sur les 35 heures, sur le problème de l'immigration - la France est le seul pays qui n'aborde pas ce problème -, sur la sécurité, etc."
Le problème de l'immigration va être abordé au Sommet européen de Séville. Il devrait donc y avoir une politique européenne de l'immigration...
- "Non, permettez-moi de vous dire que ce qu'un pays ne fait pas pour lui-même, aucun autre pays ne le fera à sa place. D'ailleurs, les Anglais et les Italiens l'ont bien compris, les Danois et les Hollandais aussi. Il n'y que la France qui, pour l'instant, n'ose pas prononcer le mot "immigration clandestine", parce qu'on a tout de suite..."
Vous exagérez un peu !
- "Mais bien sûr que si ! Regardez pendant la campagne présidentielle, on a laissé à monsieur Le Pen le soin de l'immigration. Et du coup, la gauche est tellement impressionnante, et les hommes politiques de droite sont tellement tétanisés, la gauche a tellement culpabilisé, que dès qu'on prononce un mot du cercle des mots interdits, tout de suite, on a peur. Donc, il faut aborder le problème de l'immigration et il faut que le ministre de l'Intérieur soit soutenu par l'ensemble des gouvernants, pour mettre fin à l'immigration illégale qu'on appelle "l'immigration clandestine". Je crois que c'est une urgence, parce que je fais un lien entre l'immigration et l'insécurité..."
Ca, c'est vous qui le faites. Revenons-en au Smic, puisqu'il y a aujourd'hui une polémique. J.-P. Raffarin a dit qu'il voulait se donner du temps pour voir s'il allait augmenter le Smic, et qu'il voulait d'abord mettre un peu d'ordre dans les différents Smic. Le PS propose une augmentation de 5 % du Smic au 1er juillet. C'est électoraliste. Pour vous, l'urgence consiste-t-elle à donner un coup de pouce au Smic ou au contraire à attendre ?
- "L'urgence, c'est de libérer les entreprises, qui pourront ainsi augmenter les salaires..."
"Libérer" comment ?
- "Libérées des 35 heures obligatoires."
Et pas avec la baisse des charges ?
- "Aujourd'hui, quelles sont les victimes des 35 heures ? Paradoxalement, ce sont les bas salaires. Il faut, aujourd'hui, en France, faire une loi avec un article : La liberté du travail est rétablie en France. Si je veux gagner plus et travailler plus, ce n'est pas à l'Etat de choisir pour moi. Si je veux gagner moins et travailler moins, ce n'est pas à l'Etat de choisir pour moi. Bien sûr, il y a la baisse des charges, vous avez raison. Et à ce moment-là, si les entreprises retrouvent de la liberté, de la marge de manoeuvre, elles s'organiseront, dans le dialogue social, branches professionnelles, entreprises, pour augmenter les salaires. Ce n'est pas le problème du Smic, c'est un problème beaucoup plus général qui se pose à nous aujourd'hui : c'est que les socialistes ont tourné la société vers le loisir et parfois vers l'oisiveté. C'est une culture pour les jeunes générations. Il faut tourner la France vers l'effort et vers le travail."
Ce n'est pas un discours toujours très facile à entendre...
- "Oui, mais je pense que c'est très démagogique de la part des socialistes, de dire, comme ça qu'on va augmenter le Smic. Les socialistes, la raison pour laquelle je pense qu'ils vont être battus, c'est qu'ils ont trahi le peuple sur la question de la sécurité et sur la question du travail. Les victimes de l'insécurité, les victimes des 35 heures obligatoires, ce sont les couches populaires."
Ce n'est pas démagogique de dire qu'il faut augmenter la consultation à 20 euros ?
"Non, parce que depuis 1995, le malentendu avec les médecins, ça va bien comme ça. Et je suis effaré de voir que nos gouvernements sont obligés de passer par la Cnam et par Bruxelles. Je pense qu'il faut que la Cnam s'exécute.C'est une promesse qui a été faite depuis longtemps. Aujourd'hui, un médecin est moins payé qu'un plombier. Donc, je pense que les médecins ont tout à fait raison de manifester et il faut qu'ils soient entendus et compris. Je pense que c'est d'ailleurs l'avis du ministre de la Santé.
(Source :premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 5 juin 2002)