Déclaration de M. Edouard Balladur, Premier ministre, sur les relations économiques entre la France et la Pologne et l'accord de partenariat préparant la Pologne à l'adhésion à l'Union européenne, Varsovie le 2 juillet 1994.

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Circonstance : Voyage en Pologne de M. Edouard Balladur les 1er et 2 juillet 1994-discours devant la Communauté française, Varsovie le 2 juillet

Texte intégral

Au terme de ce voyage, particulièrement dense et parfois très émouvant, je me retrouve avec grand plaisir en votre compagnie dans cette résidence de l'Ambassade de France à Varsovie.
Chacun à l'étranger représente son pays ; vous êtes chaque jour les ambassadeurs de la France. Grande est donc votre responsabilité si l'on mesure, comme j'ai pu le faire au cours de ce voyage, le poids de l'Histoire, l'intensité des liens qui unissent la Pologne à la France, l'image de notre pays dans cette partie du monde.
La communauté française de Pologne, qui s'accroît chaque année, sait répondre à l'attente des Polonais. Je sais les difficultés qu'elle affronte. Je sais aussi la détermination et la compétence avec lesquelles vous travaillez au rayonnement dans ce pays, de la culture, de la technologie et de la langue françaises.
Poursuivez cet effort dont industriels, commerçants, fonctionnaires, coopérants et enseignants, le gouvernement vous est si reconnaissant !
J'aurais aimé prolonger ce voyage par la visite de quelques-unes de vos réalisations dans ce pays. Les contraintes d'un calendrier chargé m'en empêchent.
Je voudrais cependant vous dire aujourd'hui tout le prix que j'attache au resserrement des liens économiques entre la France et la Pologne.
Soyez fiers de ce qui a été fait, soyez ambitieux pour l'avenir.

Pour aider la Pologne dans la phase difficile et décisive qui s'est ouverte en 1989, la France a agi avec détermination et efficacité, soit seule, soit avec ses partenaires européens, soit enfin au sein de la communauté financière Internationale.
L'Europe est le premier pourvoyeur d'aide à la Pologne En sa qualité de président du Club de Paris, la France a joué un rôle particulièrement important dans la réduction et le rééchelonnement de la dette publique polonaise. En tant que créancier bilatéral, elle a consenti un effort d'abandon de créances de 13 milliards de francs. Les banques françaises sont actives dans le cadre du Club de Londres qui se penche sur le rééchelonnement de la dette privée polonaise. Enfin, au niveau bilatéral, la France a consacré 400 MF à des protocoles de partenariat industriel destinés à favoriser la création d'entreprises franco-polonaises. Elle a également développé l'aide technique, principalement grâce à la fondation France-Pologne à laquelle je tiens à rendre ici hommage. La Bourse de Varsovie fonctionne aujourd'hui à la satisfaction générale, avec des technologies françaises, grâce à l'aide d'organismes publics et privés français. J'y vois un remarquable symbole de l'action que mène la France pour aider la Pologne à progresser vers l'économie de marché.

L'Europe et la France ont aidé financièrement la Pologne, mais elles ont également ouvert leurs marchés aux exportations polonaises.
En 1998, 86% des exportations des pays de l'Est entreront en franchise de douane en Europe. Sur quels autres amis la Pologne a-t-elle ainsi pu compter ? Cette ouverture du marché européen est aujourd'hui dissimulée par l'excédent commercial en faveur de l'Europe. Mais qui ne voit qu'un pays en pleine reconstruction comme la Pologne a besoin d'équipements, de machines venues de l'étranger pour produire et exporter à son tour ? N'était-
ce pas la situation de l'Europe occidentale au lendemain de la seconde guerre mondiale.

Union européenne - Pologne
L'Europe n'a pas peur. Elle a confiance en son avenir et en celui de la Pologne. C'est pourquoi elle a conclu un accord de partenariat qui prépare la Pologne à adhérer à l'Union européenne. C'est la perspective dans laquelle doivent s'inscrire désormais notre action et notre réflexion.
Aux Polonais de mieux s'établir dans l'économie de marché et de reprendre progressivement l'acquis communautaire. Aux gouvernements européens de les y aider, mais aussi de préparer les institutions de l'Europe à l'entrée de nouveaux partenaires.
Quant aux industriels, aux hommes d'affaires que vous êtes, il vous reviendra une tâche essentielle : renforcer les liens entre les entreprises, établir les courants d'investissement et d'échange pour que l'entrée dans l'Union ne soit pas aventureuse mais consacre une véritable mutation économique.
Les premiers résultats de vos efforts sont prometteurs. Mais, je dois vous l'avouer, nombreux ont été mes interlocuteurs polonais pour regretter que la France ne soit pas plus présente encore.
Ayez de l'audace et de l'ambition ! La Pologne a fait des progrès économiques remarquables que nous avons plaisir à saluer. Sa stabilité économique et politique me semble bien assurée. L'adhésion ouvre de riches perspectives. Enfin, la France, vous le savez, entend accompagner et favoriser l'expansion des relations économiques avec la Pologne.
C'est à vous, maintenant, de faire preuve d'initiative et d'écrire une nouvelle page des relations franco-polonaises. Elle sera belle, je le sais.