Déclaration commune de MM. Jack Lang, ministre de l'éducation nationale et de la culture, et Oskar Lafontaine, plénipotentiaire allemand pour les affaires culturelles franco-allemandes, sur la coopération franco-allemande sur la culture et l'enseignement, La Rochelle le 22 mai 1992.

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Auteur(s) moral(aux) : Ministère de la culture

Circonstance : 59ème sommet franco-allemand à La Rochelle les 21 et 22 mai 1992

Texte intégral

Jack Lang et Oskar Lafontaine ont d'abord voulu saluer l'aboutissement du grand projet audiovisuel commun, ARTE, chaîne franco-allemande et base de la chaîne culturelle européenne.
- A l'occasion du sommet de La Rochelle, Oskar Lafontaine a remis au ministre français les instruments de ratification des Länder signataires du traité du 2 octobre 1990.
- Le 30 mai prochain, la chaîne diffusera ses émissions sur le câble en France et en Allemagne, en attendant la diffusion par voie hertzienne sur le réseau de l'ex 5 en France à partir du 1er septembre.
- Jack Lang et Oskar Lafontaine ont affirmé leur volonté de renforcer le plurilinguisme en Europe et les relations franco-allemandes dans le domaine de l'enseignement des langues respectives des deux pays. La situation leur a paru dans l'ensemble assez satisfaisante puisque 25 % de jeunes français apprennent l'allemand et un pourcentage équivalent de jeunes allemands, le français dans les anciens länder, Jack Lang a attiré l'attention de son interlocuteur sur l'enseignement du français en première langue dans le système éducatif allemand. Pour ce qui est des Länder orientaux les deux ministres se sont réjouis des efforts accomplis par les deux pays depuis le Sommet de Lille des 29 et 30 mai 1991 pour intégrer ces Länder dans la coopération culturelle bilatérale.
- M. Oskar Lafontaine s'est félicité des efforts menés et des résultats obtenus par la France pour affirmer sa présence dans les nouveaux Länder où son action revêt des formes variées depuis l'ouverture d'instituts culturels jusqu'à l'accueil en France de plusieurs centaines d'enseignants de français en passant par les échanges de jeunes organisés par l'OFAJ (8000 jeunes des nouveaux Länder sont venus en France en 1991).
- Ils ont estimé cependant que ces efforts doivent être poursuivis dans le domaine linguistique afin que la place du français dans l'enseignement des Länder orientaux rejoigne celle qui est la sienne dans les anciens Länder.
- Une claire illustration des effets concrets de la coopération éducative franco-allemande a été donnée par Jack Lang. Le ministre français a exposé son projet de création de sections européennes dans les établissements secondaires : ces sections sont inspirées par l'expérience allemande des sections bilingues elles-mêmes nées des orientations du Traité de l'Elysée de 1963. Dans les deux cas il s'agit de renforcer l'enseignement de la langue étrangère, d'enseigner dans cette langue une ou plusieurs matières, enfin d'accompagner la pédagogie par des échanges et des activités culturelles tournés vers le pays partenaire. Jack Lang a proposé que les futures sections européennes soient jumelées avec les sections bilingues allemandes.
Parmi les principales décisions prises par le plénipotentiaire pour les affaires culturelles franco-allemandes et le ministre d'Etat figurent :
- 1) La transformation à la rentrée 1992 de l'actuelle école française de Fribourg en une école franco-allemande qui accueillera une centaine d'élèves. Les enseignements y seront dispensés en français et en allemand par des instituteurs des deux pays.
- 2) La prolongation et l'extension du dispositif permettant aux élèves de lycées français et allemands d'obtenir simultanément le baccalauréat et l'Abitur. Un accord a été signé par Jack Lang et Oskar Lafontaine. Cette expérience lancée à la rentrée 1989 concernera désormais trois lycées français (Lyon, Pessac et Rennes) et trois lycées allemands (Bonn, Francfort et Stuttgart). Elle repose sur une collaboration étroite entre enseignants et jurys des deux pays et renforcera la facilité d'accès des élèves à l'enseignement supérieur du pays partenaire.
- 3) La mise en place d'une formation franco-allemande d'ingénieurs. Un centre sera créé à cet effet à Metz en 1993 dans le cadre du schéma université 2000. Jack Lang propose que les effectifs de départ de ce centre soient fixés à 100 étudiants (50 français, 50 allemands). Les modalités pratiques du projet du côté allemand seront prochainement fixées par les nouvelles autorités du Bade-Würtemberg.
- 4) L'organisation d'un séminaire franco-allemand à l'automne prochain sur la formation professionnelle et les débouchés universitaires pour relever les défis communs qui se posent dans ce domaine tant à la France qu'à l'Allemagne et examiner les expériences menées dans les deux pays.
- Enfin, Oskar Lafontaine et Jack Lang ont pris connaissance des résultats satisfaisants en matière de coopération franco-allemande dans les pays d'Europe Centrale et Orientale, un an après la Conférence des Ambassadeurs de France et d'Allemagne dans ces pays, réunis à Weimar par les deux ministres des affaires étrangères. Des manifestations artistiques communes, une action conjointe des lecteurs français et allemands pour défendre le plurilinguisme, des échanges triangulaires de jeunes avec le concours de l'OFAJ figurent parmi ces résultats. MM. Lafontaine et Lang ont souhaité que des actions nouvelles soient entreprises en particulier dans la formation des cadres.