Message de M. Alain Richard, ministre de la défense, pour la commémoration de la publication du texte d'Emile Zola "J'accuse" et sur la cohésion entre l'armée et la Nation, Paris le 10 janvier 1998.

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Circonstance : Commémoration de la parution de la lettre d'Emile Zola "J'accuse" dans l'Aurore le 13 janvier 1898 sur l'affaire Dreyfus

Texte intégral

La France commémore le centenaire du texte d'Emile Zola "J'accuse", publié dans les colonnes de l'Aurore le 13 janvier 1898, qui inversa le cours du procès intenté au Capitaine Dreyfus. Evénement politique majeur, l'affaire Dreyfus révèle ce que fut la marche difficle de notre pays vers la République, la liberté et la justice indépendante.
Il y a un siècle, une conspiration de militaires aboutit à la déportation d'un officier de l'armée française, désigné parce que Juif et injustement condamné sur la base d'un document truqué. Une grande partie de ce qui comptait dans l'armée, comme dans les institutions politiques et dans la communauté intellectuelle, fut complice de cette iniquité. Seuls quelques officiers, parmi lesquels le Colonel Picquard, menèrent un combat acharné pour établir la vérité et obtenir justice pour Dreyfus, pressentant que seule une armée respectueuse des droits de l'homme acquerrait sa pleine légitimité dans un pays libre. Quinze ans après, la Grande Guerre montrait par la symbiose entre l'armée professionnelle et la nation en armes que cette vision avait triomphé.
Notre devoir aujourd'hui est de réfléchir à ces faits avec un soucis de transparence et ce une claire conscience de l'évolution de l'institution militaire au regard des règles et valeurs de notre société.
La Cour de Cassation, énonçant la vérité et le droit, a entièrement réhabilité Dreyfus le 12 juillet 1906. Dans notre mémoire collective le Capitaine Dreyfus a retrouvé sa place au sein des armées.
La communauté militaire française, aujourd'hui, adhère loyalement aux valeurs de notre démocratie. La diversité des origines sociales et culturelles des militaires est la représentation fidèle de la société, ils sont l'image même de notre peuple. Les armées regardent en face cet épisode de notre passé et peuvent être satisfaites du parcours qui a fait d'elles, à présent, une grande institution garante de nos lois et forte de la confiance des citoyens.
Avec la professionnalisation des armées, la nécessité d'une cohésion morale entre l'armée et la nation est plus exigeante encore qu'hier, pour assurer dans la durée l'adéquation entre les valeurs de la République et celle de son armée.
Le gouvernement sait pouvoir compter sur votre conscience civique et ce lien de confiance soutient la force de notre Défense.
(Source http://www.defense.gouv.fr, le 24 octobre 2001)