Interview de M. Charles Josselin, ministre délégué à la coopération et à la francophonie, à la radio télévision du Yemen à Paris le 18 février 2002, sur l'introduction du Yemen dans la Zone de solidarite prioritaire et le renforcement de la coopération avec ce pays.

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Média : Presse étrangère - Radio Télévision du Yemen

Texte intégral

Q - Monsieur le Ministre, pourquoi cette décision de faire entrer le Yémen dans la Zone de solidarité prioritaire ? Qu'est-ce que cela signifie ?
R - Le Yémen fait partie des pays vers lesquels la France a fait le choix de mobiliser davantage ses instruments de coopération. C'est pour moi une satisfaction personnelle, car je connais le Yémen depuis mon premier voyage en 1992, lorsque j'étais ministre de la Mer. Il est vrai que lors de ma dernière visite, en novembre 2001, j'ai pu vérifier, dans le cadre du dialogue politique avec les autorités yéménites et en particulier avec le président Saleh, que nos orientations étaient convergeantes en ce qui concerne la préservation de la paix et la lutte contre le terrorisme. Mais j'ai pu dire aussi la volonté de la France, qui abrite une importante communauté musulmane, d'éviter toute assimilation entre l'islam et la violence politique.
D'une façon générale, je veux rappeler que le dialogue entre les deux pays est constant : par la visite que le président Mitterrand avait effectuée au Yémen, il y a plusieurs années ; le président Saleh est venu à Paris, où il a rencontré le président de la République. C'est l'amitié qui guide nos relations et qui n'a jamais fait défaut, y compris dans les heures difficiles. J'ai rappelé que le monde arabe avait une place importante dans la Zone de solidarité prioritaire. Je rappelle que le Maroc, l'Algérie, la Tunisie, le Liban, les Territoires palestiniens sont déjà dans la ZSP. J'ai rappelé que le Yémen était un pays du monde arabe important par son histoire, par sa civilisation dont avait témoigné l'exposition à l'Institut du Monde arabe en 1997. J'ai rappelé que le Yémen s'inscrivait dans un ensemble régional, la Corne de l'Afrique, dont plusieurs pays sont déjà membre de la ZSP. J'ai pu rappeler aussi que le Yémen avait fait le choix de la relation diplomatique pour régler ses problèmes avec ses voisins. Ce qui pour nous est très important, comme par exemple ses relations avec l'Erythrée. J'ai surtout fait observer que le Yémen est un pays pauvre qui justifie une solidarité plus forte. Voilà donc les arguments.
La décision prise, ceci va permettre à nos outils de coopération, à savoir le Fonds de solidarité prioritaire, mais aussi pour notre principal opérateur, l'Agence française de développement, d'intervenir désormais au Yémen, et permettre ainsi à ce pays de bénéficier de notre expertise et de notre coopération pour son développement. Et, bien entendu, nous envisageons de renforcer notre coopération dans des domaines qui nous paraissent importants, qui sont aussi, je crois, des priorités pour le Yémen. Je pense à la santé et à l'éducation. J'espère aussi que le projet dont les autorités yéménites m'avaient parlé, l'introduction de la langue française dans l'enseignement, pourra avec notre aide être mis en oeuvre. Je ne doute pas que ceci va conduire à un renforcement de notre dialogue politique qui nous paraît très important dans la période actuelle.
Q - Monsieur le Ministre, pourriez-vous nous donner les avantages concrets d'une telle décision ?
R - Comme je le disais à l'instant, l'avantage c'est d'abord une reconnaissance pour le travail effectué par le président et son équipe pour consolider la démocratie et organiser le développement de ce pays. Mais c'est surtout, j'insiste, la possibilité pour la France d'accorder désormais au Yémen des moyens financiers spécifiques et surtout, de permettre au principal opérateur en matière de coopération pour le développement d'intervenir désormais au Yémen.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 20 février 2002)