Interview de M. Dominique Galouzeau de Villepin, ministre des affaires étrangères, de la coopération et de la francophonie, au quotidien "Le Monde" le 28 mai 2002, sur les relations franco-américaines et la réforme de l'Otan.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Média : Emission la politique de la France dans le monde - Le Monde

Texte intégral

Q - Vous êtes ministre des Affaires étrangères, En quoi, au-delà de l'unité de façade affichée, la visite de George Bush a-t-elle permis de réduire les divergences entre la France et les Etats-Unis ?
R - Notre unité n'est aucunement de façade : depuis le 11 septembre, c'est une solidarité sans faille contre le terrorisme qui caractérise la relation entre la France et les Etats-Unis, comme à chaque fois que l'essentiel est en cause entre les deux vieux alliés que nous sommes. Cette solidarité ne nous empêche pas d'avoir, entre l'Europe et les Etats-Unis, des divergences d'intérêts, comme dans le domaine commercial, et nos propres vues sur les remèdes à apporter à certaines crises : par exemple au Proche-Orient. La visite du président Bush a permis de vérifier une fois de plus que ce qui nous rassemble est infiniment plus important que ce qui nous sépare : par le dialogue, nous pouvons agir plus efficacement.
Q - Est-ce que le France adhère désormais au discours du président américain sur l'"Axe du mal", expression jugée trop "simpliste" par votre prédécesseur, Hubert Védrine ?
R - Evitons toute querelle sémantique. L'essentiel est de demeurer unis et solidaires face à la menace terroriste et aux risques de prolifération. L'esprit de responsabilité marque les relations entre les deux rives de l'Atlantique : l'expérience de ces dernières années, dans le Golfe, dans les Balkans ou tout récemment en Afghanistan, montre qu'une action conjointe de l'Europe et des Etats-Unis permet d'avancer vers des solutions durables.
Q - Comment réformer l'OTAN et en faire une organisation de lutte contre le terrorisme mondial ?
R - Aujourd'hui, la France consacre une part importante de ses ressources humaines et financières à l'effort de défense. Ce choix nous permet de participer de manière active aux opérations de maintien de la paix, par exemple avec l'OTAN dans les Balkans. Le président de la République a annoncé un accroissement de cet effort, afin notamment que nous puissions atteindre nos objectifs politiques dans le domaine de la politique européenne de sécurité et de défense, et jouer pleinement notre rôle dans le monde. C'est une priorité.
Dans cet esprit, nous participons de manière constructive au processus de réforme de l'OTAN que nous estimons nécessaire.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 29 mai 2002)