Déclaration de M. Pierre Moscovici, ministre des affaires européennes, en réponse à une question sur l'élaboration des "critères de Luxembourg" dans la perspective du prochain Conseil européen sur l'emploi, à l'Assemblée nationale le 12 novembre 1997.

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Circonstance : Conseil européen extraordinaire sur l'emploi à Luxembourg les 20 et 21 novembre 1997

Texte intégral

Vous avez raison : le Sommet de Luxembourg ne permettra pas, en un jour, une inversion de la construction européenne mais, dans l'esprit du gouvernement et, j'espère, dans l'esprit de la plupart des gouvernements européens. Il signifiera un début de rééquilibrage de cette construction européenne dans le sens d'une action beaucoup plus favorable à la croissance et à l'emploi.
Ce que le gouvernement attend de ce Sommet, et je crois que cet espoir est raisonnable, c'est une avancée dans trois domaines.
Le premier domaine, c'est la fixation d'objectifs quantifiés, quantifiables, au plan européen, qui permettront de fixer une ambition par rapport au chômage, par rapport au chômage des jeunes - qui sera la première priorité - par rapport au chômage de longue durée, et aussi en termes d'offres de formation ou de création d'emplois, par rapport notamment à de nouveaux besoins. Nous espérons que ces objectifs de Luxembourg seront demain considérés au même titre que les critères de Maastricht, comme des objectifs mobilisateurs pour l'Europe, et qu'ils seront également validés, année après année, également appliqués par des plans d'action nationaux.
La deuxième avancée, c'est un investissement plus grand de l'Union, à travers la Banque européenne d'investissements, notamment en direction des petites et moyennes entreprises, des entreprises innovantes, du capital-risque car c'est là que se créent les emplois par dizaines, par centaines de milliers, par millions dans l'Union
Enfin la troisième avancée concernera le dialogue social et c'est vrai, nous nous réjouissons de la rencontre qui va prendre place, entre la CES d'une part, la Confédération européenne des Syndicats, et l'UNISEE, le patronat européen. Ce dialogue social doit avoir notamment un objet, c'est la réduction et l'aménagement du temps de travail, chacun ayant bien sûr la liberté de le pratiquer selon son génie national.

Alors, vous vous demandez quel prolongement nous comptons donner à ce Sommet. Ce ne doit pas être une rencontre d'un jour, ce doit être une action de longue haleine qui commence. Ce doit être une étape qui est franchie. C'est pourquoi nous attachons une très grande importance à des exercices de surveillance multilatérale qui permettront de mesurer l'application de ces objectifs et de comparer les actions menées dans les différent Etats contre le chômage.

Le Conseil informel de Luxembourg, je le répète, ne changera pas tout en un jour. C'est pourquoi un optimisme invétéré ne serait pas de mise mais en même temps, il faut mesurer l'étape qui sera franchie, le chemin qui aura été fait. Avant Amsterdam, rien n'était prévu. A Luxembourg, une première prise de conscience s'imposera à tous les Européens et c'est fondamental.
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(source http://www,diplomatie,gouv,fr, le 24 septembre 2001)