Texte intégral
Chers camarades, notre dernier Conseil national, au lendemain du premier tour de l'élection présidentielle, était celui de la tristesse et de la déception. Aujourd'hui, notre Conseil doit être tourné vers l'espoir et la mobilisation.
Que s'est-il passé depuis quinze jours qui autorise cette évolution dans nos esprits ?
D'abord, la nécessité de surmonter le choc du 21 avril par un sursaut a conduit la gauche à se ressaisir dans ses profondeurs pour mener un combat exemplaire contre l'extrême-droite ; et ce n'était pas facile eu égard aux réticences que lui inspirait, à juste raison, le candidat restant.
Le 5 mai, la victoire de la République a été, pour partie, la nôtre et nous avons fait plus que notre devoir. Nous avons surmonté nos intérêts de parti, nous avons dépassé nos frustrations, nous avons appelé clairement à voter pour le candidat restant en lice, nous avons fait de l'élection du 5 mai un véritable référendum pour la République et nous l'avons gagné.
Ensuite, il y a eu, dans ces quinze jours, une formidable mobilisation civique dont le point d'orgue a été la manifestation du 1er mai partout en France, mais je n'oublie pas non plus les formes spontanées d'intervention de la jeunesse, rappelant tout simplement que le vote était l'acte fondamental dans une démocratie et qu'il ne pouvait pas y avoir d'avenir s'il n'y avait pas mobilisation du suffrage universel.
Notre Parti, d'ailleurs, a été reconnu comme menant ce combat contre l'extrême-droite et également comme force d'espoir, au point de recueillir plus d'adhésions dans une période courte que nous n'en avions connu y compris au lendemain de succès électoraux.
" La droite, loin de prendre conscience des enjeux et des défis apparus lors des deux tours de l'élection présidentielle, s'est repliée sur elle-même, sur ses intérêts, sur son personnel politique, bref sur ses 19 %. Elle se situe dans une logique d'accaparement du pouvoir, d'écrasement des autres, y compris de ses alliés, et d'annonces toujours sans lendemain. Le choix, à cet égard, de Jean-Pierre RAFFARIN comme Premier Ministre est symbolique de cet état d'esprit.
Les élections législatives constituent désormais le rendez-vous majeur pour notre pays. C'est à cette occasion que les Français feront le choix de leur avenir pour les cinq ans qui viennent, dès lors que l'élection présidentielle n'a pas permis d'arbitrer entre les programmes politiques, c'est-à-dire entre la droite et la gauche.
Nous devons partir, candidats, responsables du Parti, militants, pour cette confrontation démocratique avec modestie sans doute. N'oublions pas le résultat du 21 avril et les messages qui nous ont été adressés. Mais nous devons partir aussi avec le ferme espoir de convaincre une majorité d'électeurs disponibles pour faire une nouvelle fois le choix de la gauche.
Pour cette campagne qui s'ouvre d'ores et déjà, il nous faut trois instruments simples :
- un programme ;
- une stratégie électorale ;
- et un sens dans la campagne que nous devons engager pour affirmer notre identité.
Le programme doit assurer une triple cohérence :
- cohérence avec ce que l'on a fait depuis cinq ans autour de Lionel JOSPIN et dont les acquis sont d'ores et déjà menacés par la droite.
- cohérence avec ce que le Parti avait préparé pour son projet, que les militants avaient voté à la fin de l'année dernière et qui avait inspiré le projet lui-même de Lionel JOSPIN lors de l'élection présidentielle ;
- cohérence enfin avec les messages des Français, les messages du premier tour à travers un certain nombre de craintes, d'exaspérations, mais aussi d'espérances, et les messages du second tour autour de ce rassemblement sur les valeurs démocratiques.
Il ne s'agit donc pas d'infléchir dans un sens ou dans un autre, il s'agit plutôt de bien marquer nos priorités.
D'abord, sur la présence et l'efficacité des services publics.
Ensuite, sur l'intégration républicaine, c'est-à-dire le respect des règles et, notamment, la sécurité, mais également l'égalité des droits et l'égalité des chances.
Faire de la jeunesse une véritable priorité ; elle le mérite au regard de sa mobilisation de ces derniers jours, elle l'exige au regard de ses inquiétudes sur l'avenir.
Faire aussi de la solidarité le maître-mot et notamment en matière de retraite ou de pacte entre les générations.
Enfin, faire de l'Europe, de l'Europe politique, de l'Europe sociale, un véritable levier par rapport aux effets de la mondialisation libérale. "
" Le deuxième instrument, c'est la stratégie électorale.
Le PS - et c'était également vrai le 21 avril - est la force principale de la gauche ; c'est autour de lui que le rassemblement est possible. C'est donc sa responsabilité de l'assurer.
Il y a là encore une triple nécessité :
- nécessité de faire ce rassemblement de la gauche pour mobiliser l'électorat, le nôtre mais aussi celui qui s'est dispersé ou abstenu lors du premier tour de l'élection présidentielle ;
- nécessité de le faire pour répondre aux candidatures uniques de la droite, qui se feront de gré ou de force, et on sait bien que l'UDF est aujourd'hui sous la contrainte et que nous aurons, parce que nous les menaçons déjà, partout dans nos circonscriptions des candidats uniques de la droite ;
- nécessité de le faire pour écarter (et c'est sans doute la menace la plus forte) la menace de l'exclusion du second tour des élections législatives. Nous ne devons pas revivre à l'échelle de circonscriptions ce que nous avons supporté pour le second tour de l'élection présidentielle. Là, je crois qu'il faut le dire avec fermeté. Ce n'est pas simplement par rapport à tel intérêt de famille politique ou de sensibilité, c'est par rapport à ce que se profile une menace que nous connaissons où, faute d'avoir les 12,5 % des inscrits (nous ne pouvons pas prévoir la participation à ce stade), nous n'aurions pas le droit de concourir. C'est pourquoi il faut aller dans cette stratégie électorale avec la volonté d'aboutir vite, avec courage dans les arbitrages. Ce n'est jamais facile de demander à un candidat ou à une candidate socialiste de se retirer et nous devons le faire avec la conscience des enjeux pour la gauche, pour la gauche si elle veut avoir le plus grand nombre de députés, pour la gauche si elle veut être majoritaire, mais aussi pour le PS, qui sera en situation de la représenter, cette gauche, dans bon nombre de circonscriptions, avec des candidatures uniques. C'est le plus souvent autour de nous que les candidatures communes se décideront, c'est autour de nous qu'il y aura la bataille politique permettant le succès de sortants ou l'élection de candidats qui se présentent contre la droite. "
" Cette campagne sera courte, à peine un mois, elle sera forcément locale (577 circonscriptions, 577 combats), mais néanmoins cette campagne doit être nationale et, donc, elle doit être claire et forte.
Trois questions seront forcément posées dans les prochains jours.
La première est celle d'aujourd'hui : quelle riposte au Gouvernement provisoire de Jean-Pierre RAFFARIN. "
" Il faudra dénoncer ses annonces et ses fausses décisions.
Il faudra être en capacité aussi dans cette période, nous la gauche, les socialistes, de faire des propositions alternatives. Ne laissons pas simplement s'installer une droite qui, elle, serait autorisée par les circonstances à avancer une politique, sans effet d'ailleurs sur le pays, et nous restant simplement dans la posture de la virtualité.
La deuxième question, c'est l'utilité de la gauche pour les années qui viennent.
Nous devons affirmer la nécessité sans doute de défendre les acquis, de faire vivre la démocratie, et ce n'est pas une question secondaire après ce qui s'est produit, mais nous devons affirmer aussi l'exigence de promouvoir de nouveaux progrès pour notre société et c'est le dernier mot que je voudrais prononcer pour ce soir.
Tout l'enjeu de l'élection, l'avenir même de ce que nous représentons, dépendra de notre capacité à faire vivre la mobilisation qui est née au lendemain du premier tour de l'élection présidentielle. Si ce sursaut civique, si cet intérêt nouveau à l'égard de la politique, si cet engagement y compris à nos côtés se prolongent, alors j'ai confiance dans la période qui s'ouvre. Si en revanche, faute d'avoir compris l'enjeu, de dessiner le débat essentiel pour les Français, d'appeler à une conscience qui nous dépasse tous, nous restons simplement dans la gestion de nos intérêt partisans, dans la protection de tel ou tel ou dans une stratégie qui serait simplement dirigée sur nous-mêmes, alors je crois que nous ne pouvons pas caresser d'espoir de succès.
C'est pourquoi le rôle du Parti Socialiste dans ces prochains jours, à la fois comme élément déterminant du rassemblement de la gauche, comme vecteur de ce que doit être son programme si nous l'emportons, et comme facteur de mobilisation civique, le rôle du Parti Socialiste est essentiel. "
" Je crois que nous avons dans nos mains plus d'atouts qu'on le dit souvent, nous devons les jouer, sans provocation, sans avidité, mais nous devons les jouer parce que c'est l'intérêt, bien sûr, des socialistes, l'intérêt de la gauche, mais aussi l'intérêt de la France. "
Merci.
(Source http://www.parti-socialiste.fr, le 13 mai 2002)
Que s'est-il passé depuis quinze jours qui autorise cette évolution dans nos esprits ?
D'abord, la nécessité de surmonter le choc du 21 avril par un sursaut a conduit la gauche à se ressaisir dans ses profondeurs pour mener un combat exemplaire contre l'extrême-droite ; et ce n'était pas facile eu égard aux réticences que lui inspirait, à juste raison, le candidat restant.
Le 5 mai, la victoire de la République a été, pour partie, la nôtre et nous avons fait plus que notre devoir. Nous avons surmonté nos intérêts de parti, nous avons dépassé nos frustrations, nous avons appelé clairement à voter pour le candidat restant en lice, nous avons fait de l'élection du 5 mai un véritable référendum pour la République et nous l'avons gagné.
Ensuite, il y a eu, dans ces quinze jours, une formidable mobilisation civique dont le point d'orgue a été la manifestation du 1er mai partout en France, mais je n'oublie pas non plus les formes spontanées d'intervention de la jeunesse, rappelant tout simplement que le vote était l'acte fondamental dans une démocratie et qu'il ne pouvait pas y avoir d'avenir s'il n'y avait pas mobilisation du suffrage universel.
Notre Parti, d'ailleurs, a été reconnu comme menant ce combat contre l'extrême-droite et également comme force d'espoir, au point de recueillir plus d'adhésions dans une période courte que nous n'en avions connu y compris au lendemain de succès électoraux.
" La droite, loin de prendre conscience des enjeux et des défis apparus lors des deux tours de l'élection présidentielle, s'est repliée sur elle-même, sur ses intérêts, sur son personnel politique, bref sur ses 19 %. Elle se situe dans une logique d'accaparement du pouvoir, d'écrasement des autres, y compris de ses alliés, et d'annonces toujours sans lendemain. Le choix, à cet égard, de Jean-Pierre RAFFARIN comme Premier Ministre est symbolique de cet état d'esprit.
Les élections législatives constituent désormais le rendez-vous majeur pour notre pays. C'est à cette occasion que les Français feront le choix de leur avenir pour les cinq ans qui viennent, dès lors que l'élection présidentielle n'a pas permis d'arbitrer entre les programmes politiques, c'est-à-dire entre la droite et la gauche.
Nous devons partir, candidats, responsables du Parti, militants, pour cette confrontation démocratique avec modestie sans doute. N'oublions pas le résultat du 21 avril et les messages qui nous ont été adressés. Mais nous devons partir aussi avec le ferme espoir de convaincre une majorité d'électeurs disponibles pour faire une nouvelle fois le choix de la gauche.
Pour cette campagne qui s'ouvre d'ores et déjà, il nous faut trois instruments simples :
- un programme ;
- une stratégie électorale ;
- et un sens dans la campagne que nous devons engager pour affirmer notre identité.
Le programme doit assurer une triple cohérence :
- cohérence avec ce que l'on a fait depuis cinq ans autour de Lionel JOSPIN et dont les acquis sont d'ores et déjà menacés par la droite.
- cohérence avec ce que le Parti avait préparé pour son projet, que les militants avaient voté à la fin de l'année dernière et qui avait inspiré le projet lui-même de Lionel JOSPIN lors de l'élection présidentielle ;
- cohérence enfin avec les messages des Français, les messages du premier tour à travers un certain nombre de craintes, d'exaspérations, mais aussi d'espérances, et les messages du second tour autour de ce rassemblement sur les valeurs démocratiques.
Il ne s'agit donc pas d'infléchir dans un sens ou dans un autre, il s'agit plutôt de bien marquer nos priorités.
D'abord, sur la présence et l'efficacité des services publics.
Ensuite, sur l'intégration républicaine, c'est-à-dire le respect des règles et, notamment, la sécurité, mais également l'égalité des droits et l'égalité des chances.
Faire de la jeunesse une véritable priorité ; elle le mérite au regard de sa mobilisation de ces derniers jours, elle l'exige au regard de ses inquiétudes sur l'avenir.
Faire aussi de la solidarité le maître-mot et notamment en matière de retraite ou de pacte entre les générations.
Enfin, faire de l'Europe, de l'Europe politique, de l'Europe sociale, un véritable levier par rapport aux effets de la mondialisation libérale. "
" Le deuxième instrument, c'est la stratégie électorale.
Le PS - et c'était également vrai le 21 avril - est la force principale de la gauche ; c'est autour de lui que le rassemblement est possible. C'est donc sa responsabilité de l'assurer.
Il y a là encore une triple nécessité :
- nécessité de faire ce rassemblement de la gauche pour mobiliser l'électorat, le nôtre mais aussi celui qui s'est dispersé ou abstenu lors du premier tour de l'élection présidentielle ;
- nécessité de le faire pour répondre aux candidatures uniques de la droite, qui se feront de gré ou de force, et on sait bien que l'UDF est aujourd'hui sous la contrainte et que nous aurons, parce que nous les menaçons déjà, partout dans nos circonscriptions des candidats uniques de la droite ;
- nécessité de le faire pour écarter (et c'est sans doute la menace la plus forte) la menace de l'exclusion du second tour des élections législatives. Nous ne devons pas revivre à l'échelle de circonscriptions ce que nous avons supporté pour le second tour de l'élection présidentielle. Là, je crois qu'il faut le dire avec fermeté. Ce n'est pas simplement par rapport à tel intérêt de famille politique ou de sensibilité, c'est par rapport à ce que se profile une menace que nous connaissons où, faute d'avoir les 12,5 % des inscrits (nous ne pouvons pas prévoir la participation à ce stade), nous n'aurions pas le droit de concourir. C'est pourquoi il faut aller dans cette stratégie électorale avec la volonté d'aboutir vite, avec courage dans les arbitrages. Ce n'est jamais facile de demander à un candidat ou à une candidate socialiste de se retirer et nous devons le faire avec la conscience des enjeux pour la gauche, pour la gauche si elle veut avoir le plus grand nombre de députés, pour la gauche si elle veut être majoritaire, mais aussi pour le PS, qui sera en situation de la représenter, cette gauche, dans bon nombre de circonscriptions, avec des candidatures uniques. C'est le plus souvent autour de nous que les candidatures communes se décideront, c'est autour de nous qu'il y aura la bataille politique permettant le succès de sortants ou l'élection de candidats qui se présentent contre la droite. "
" Cette campagne sera courte, à peine un mois, elle sera forcément locale (577 circonscriptions, 577 combats), mais néanmoins cette campagne doit être nationale et, donc, elle doit être claire et forte.
Trois questions seront forcément posées dans les prochains jours.
La première est celle d'aujourd'hui : quelle riposte au Gouvernement provisoire de Jean-Pierre RAFFARIN. "
" Il faudra dénoncer ses annonces et ses fausses décisions.
Il faudra être en capacité aussi dans cette période, nous la gauche, les socialistes, de faire des propositions alternatives. Ne laissons pas simplement s'installer une droite qui, elle, serait autorisée par les circonstances à avancer une politique, sans effet d'ailleurs sur le pays, et nous restant simplement dans la posture de la virtualité.
La deuxième question, c'est l'utilité de la gauche pour les années qui viennent.
Nous devons affirmer la nécessité sans doute de défendre les acquis, de faire vivre la démocratie, et ce n'est pas une question secondaire après ce qui s'est produit, mais nous devons affirmer aussi l'exigence de promouvoir de nouveaux progrès pour notre société et c'est le dernier mot que je voudrais prononcer pour ce soir.
Tout l'enjeu de l'élection, l'avenir même de ce que nous représentons, dépendra de notre capacité à faire vivre la mobilisation qui est née au lendemain du premier tour de l'élection présidentielle. Si ce sursaut civique, si cet intérêt nouveau à l'égard de la politique, si cet engagement y compris à nos côtés se prolongent, alors j'ai confiance dans la période qui s'ouvre. Si en revanche, faute d'avoir compris l'enjeu, de dessiner le débat essentiel pour les Français, d'appeler à une conscience qui nous dépasse tous, nous restons simplement dans la gestion de nos intérêt partisans, dans la protection de tel ou tel ou dans une stratégie qui serait simplement dirigée sur nous-mêmes, alors je crois que nous ne pouvons pas caresser d'espoir de succès.
C'est pourquoi le rôle du Parti Socialiste dans ces prochains jours, à la fois comme élément déterminant du rassemblement de la gauche, comme vecteur de ce que doit être son programme si nous l'emportons, et comme facteur de mobilisation civique, le rôle du Parti Socialiste est essentiel. "
" Je crois que nous avons dans nos mains plus d'atouts qu'on le dit souvent, nous devons les jouer, sans provocation, sans avidité, mais nous devons les jouer parce que c'est l'intérêt, bien sûr, des socialistes, l'intérêt de la gauche, mais aussi l'intérêt de la France. "
Merci.
(Source http://www.parti-socialiste.fr, le 13 mai 2002)