Texte intégral
Chèr(e) s ami(e )s,
Je vous remercie d'avoir accepté de vous déplacer ce dernier samedi de juin, après deux campagnes électorales épuisantes et pas mal de week-ends consacrés à l'activité des Verts.
Cette rencontre est une première dans l'histoire de notre mouvement. Elle n'a pas vocation à prendre quelque décision que ce soit, mais à ouvrir un premier échange sur certains aspects de la construction des Verts dans l'avenir.
Le contexte politique actuel rend encore plus important cet échange.
Après une présidentielle où Noël Mamère avait réussi à construire une bonne dynamique et recueilli un score plus qu'honorable, nous venons de subir comme Verts et comme membre de la coalition plurielle, un sérieux coup de semonce électoral aux législatives ; et cela alors même que nous avions la conviction sur le terrain, d'avoir conduit des campagnes de bonne qualité.
Après une série de succès aux Européennes, aux municipales et aux cantonales, un peu à contre-courant des difficultés de nos alliés, notre résultat marque une sorte de coup d'arrêt dans la progression enregistrée depuis 1997.
Nous avions " monté " avec la gauche et résisté jusque-là mieux qu'elle à son érosion.
Nous sommes aujourd'hui, sans subir de débâcle, atteints par sa défaite.
Et si nous avons pu, dans les villes et même dans certains quartiers populaires, limiter la casse, nous ressentons ailleurs, en zone rurale par exemple, la montée d'une certaine tension entre nos propositions et une partie de la société qui se raidit.
Ce revers trouve son origine dans des causes conjoncturelles, dans la cascade d'évènements qui ont marqué et suivi le 21 avril.
Mais il renvoie évidemment à des causes politiques et sociales plus profondes.
Certaines concernent directement le bilan de la majorité plurielle : les conditions d'élaboration et d'application des réformes positives qu'elle a conduites, le refus obstiné d'en conduire d'autres pourtant très importantes, un certain nombre de décisions totalement contre-productives, des ambiguïtés permanentes sur des questions qui nous paraissent fondamentales.
Il nous faut cependant essayer d'inscrire ce refus ou cet " empêchement " de la réforme depuis 1997, dans une analyse plus approfondie des évolutions de la société ; dans l'examen des décalages de plus en plus manifestes entre ces évolutions et les réponses politiques traditionnellement majoritaires.
Nous avons le sentiment, qu'avec la victoire de la droite, ce n'est pas seulement une alternance classique qui s'installe, mais qu'est donné le signal de la fin d'une époque, d'un cycle politique de vingt-cinq ans, et au-delà peut-être des conditions dans lesquelles s'était construit le compromis social et écologique de l'après-guerre.
Où en est la société française et d'ailleurs au-delà, où en sont les sociétés européennes ?
Comment les modèles d'insertion socioprofessionnelle et les modèles de consommation se sont-ils transformés? Quel est l'état exact des failles, des crises et des contradictions qui les traversent ?
Quels sont du point de vue de la progression de l'écologie politique, les facteurs de blocage et les opportunités de la période ?
C'est à ce travail d'inventaire que je vous invite : une matière importante nous a été fournie pour ce faire par les nombreux contacts pris à l'occasion des campagnes électorales.
Alors évidemment, nous ne sommes pas extérieurs à ce travail d'inventaire : il nous concerne nous-mêmes comme Mouvement ; il interroge notre façon de militer, et pour certains d'entre nous, notre façon de diriger ; il questionne dans le même temps les conditions de notre dialogue avec la société, nos alliances, notre position sur la scène politique.
Mais nous serons d'autant plus pertinents et efficaces dans la mise en évidence et le traitement de nos points faibles, y compris en interne, que nous essaierons de les rapporter à l'évolution de la réalité dans son ensemble.
Faire de la politique, à nos yeux, ce n'est pas enregistrer la réalité telle qu'elle est, pour renoncer à la transformer :
C'est ajuster le fond de notre discours, notre organisation, notre tactique, aux facteurs de changement, aux tensions, aux mouvements qui parcourent notre monde.
Toutes ces questions ont à voir avec les sujets qui nous importent aujourd'hui, pour cette première réunion des groupes locaux.
Nous parlons de décalage entre la politique et la société.
Mais nous participons nous-mêmes de ce décalage.
Y compris dans l'étiage et la sous-représentation actuelle des Verts, nous avons entre un million et un million et demi d'électeurs. Pour 10 000 adhérents, même si ce chiffre est en progression.
Ce rapport de un à cent pourrait, en apparence être gratifiant car il témoigne d'une sacrée productivité de nos militants ! Mais il signale quand même, un gros problème.
Comment bâtir des orientations politiques, comment mettre en uvre des processus démocratiques, comment vérifier la pertinence de nos propos, avec un tel décalage ?
Notre capacité à capter les évolutions de l'opinion, à tisser des alliances, s'en trouve affaiblie.
Nous courons parfois derrière les mouvements sociaux, sans pouvoir construire avec eux un véritable dialogue politique.
Nous apparaissons comme très vulnérables aux retournements de tendances, trop faiblement réactifs à une modification rapide des enjeux.
À l'inverse, notre image est excessivement soumise à ce que les médias, pas toujours passionnés par le fond, retiennent de nos débats ou de nos conflits, dont les effets peuvent parfois d'un seul coup, anéantir des heures et des heures de travail sur le terrain.
Notre faiblesse numérique, et la faiblesse des moyens dont nous disposons au niveau de ce terrain, ont des conséquences tout à fait concrètes.
Alors que les attentes à l'égard des Verts deviennent exigeantes, alors que les sollicitations se multiplient, les petits noyaux de militants surinvestis ne suffisent plus. Les militants et les responsables croulent sous les tâches. Nous avons moins le temps de lire, de réfléchir, de parler, d'échanger. Des distances se créent, avec des formes d'implication à plusieurs vitessesBref, le dévouement ne suffit plus.
Nous avons du mal à conduire des campagnes systématiques et prolongées, à installer des partenariats durables et solides permettant, sur les sujets où nous sommes forts, de contrer la mobilisation des lobbies.
Regardez aujourd'hui, avec le retour de la droite, en matière d'eau, de déchets, de transports, d'emplois, tous les thèmes sur lesquels nous pourrions engager des mobilisations, et pour lesquels nos concitoyens manquent d'informations, d'explications, de débats.
Et pourtant, nous avons des ressources, des sympathisants, des savoir-faire, des expertises tirées de la pratique autour de nous.
Sommes-nous assez en situation ou en capacité de les mettre en mouvement, de bâtir des réseaux de débat et d'action qui démultiplient nos moyens, répartissent les tâches, élargissent les mobilisations ?
Comment notre propre façon de militer, nos formes d'organisation, nous permettent-elles d'accueillir et de maintenir ces ressources ? Par certains côtés, ne les éloignent-elles pas de nous ?
En réalité, beaucoup de groupes locaux ont d'ores et déjà commencé à accumuler des expériences qui vont dans le sens de trouver des solutions à ces interrogations : moments de convivialité, d'accueil et de formation ; édition de bulletins, groupes thématiques, cafés verts, ouverture aux sympathisants, fêtes, réunion d'EGEP locaux, articulation satisfaisante entre élus et militants.
Il y a sur ces questions, un patrimoine vert des groupes locaux. Mais ce patrimoine est dispersé. Il circule peu. Les compétences des uns ne servent pas toujours aux autres.
Le savoir ainsi constitué mérite d'être systématisé, capitalisé.
Bien sûr, ce problème se pose à tous les niveaux du mouvement. Certains s'interrogent même sur d'autres modes d'implication militante que le groupe local, par exemple les groupes thématiques, les groupes d'affinités
Il appartiendra aux Verts, sur la base de l'audit participatif interne que j'ai lancé l'an dernier et dont nous aurons bientôt les premiers résultats, de choisir des directions.
Mon sentiment est cependant qu'il faut aborder par un bout tous ces sujets, et que le fil à tisser touche au rassemblement à tous les niveaux, des moyens pour que les structures de base des Verts soient systématiquement favorisées.
Moyens de communication politique externe, moyens d'information interne, moyens de formation, moyens matériels pour se doter de locaux (on connaît l'importance des espaces de ce type pour cristalliser le " vivre ensemble militant "), moyens de documentation, la liste des besoins est longue pour engager la construction par en bas d'un mouvement écologiste bien plus enraciné.
C'est en fonction aussi de l'urgence qu'il y a à rassembler ces moyens et à représenter mieux les militants à tous les niveaux, qu'il nous faut réformer le fonctionnement des Verts.
Il était sinon logique, du moins assez inévitable, que cette question ne se pose pas auparavant avec tant d'acuité.
Notre propos essentiel était alors de faire apparaître une figure nationale d'organisation capable d'incarner l'espace de l'écologie politique, et de se confronter, par alliance et par différenciation, avec d'autres formations politiques.
Je crois que la situation a changé, que nous ne pouvons plus continuer comme avant, et même que nous avons pris un peu de retard.
Faire que le vote utile, c'est-à-dire le vote de premier choix, devienne pour le plus grand nombre un vote vert ; peser, au-delà du vote, par la responsabilisation des acteurs et le débat démocratique sur les choix les plus quotidiens, y compris sur les comportements de consommation, de travail, de déplacements : cela suppose un élargissement considérable de notre base et d'autres façons de faire vivre la politique que les formes traditionnelles.
C'est l'objet de ce premier échange, de cette première rencontre.
Le but, à terme, est d'améliorer le lien entre toutes les équipes du mouvement, locales, départementales, régionales, nationales.
Mais le propos est aussi, par des procédures à définir, de former un réseau transversal des pratiques écologistes locales, de constituer progressivement un dispositif permanent de ressources et d'échanges d'informations et d'expériences.
Contrairement à ce que je lis ici ou là dans la presse, je ne crois pas que les Verts soient revenus à la situation d'avant 1997.
Je ne pense pas non plus que la tendance à la bipolarisation politique soit aussi inéluctable qu'on le dit, et que nous n'aurions le choix qu'entre la marginalisation protestataire ou la satellisation également mortifère autour d'une sociale démocratie, elle-même bien atteinte dans toute l'Europe.
Ma conviction est plutôt que les Verts, pour occuper tout leur espace, sont responsables et jusqu'à un certain point maîtres de leur propre avenir.
Qu'ils doivent sortir parfois du simplisme. Qu'ils doivent sortir de cette idée que la politique verte se résumerait, comme les autres, à la diffusion de propositions élaborées par ceux qui savent, à usage de ceux qui ne savent pas.
Nous entrons dans une phase où ce qui distinguera les Verts des autres, ce sera aussi leur capacité à inventer de nouvelles modalités du débat public, de nouvelles modalités d'élaboration des programmes, de nouveaux modes d'anticipation, de gestion, et de sortie des conflits.
C'est dans les groupes locaux que tout cela peut et doit prendre forme.
Voilà le sens de notre rencontre d'aujourd'hui, à laquelle je vous remercie encore une fois d'avoir accepté de participer.
(Source http://www.les-verts.org, le 24 juillet 2002)
Je vous remercie d'avoir accepté de vous déplacer ce dernier samedi de juin, après deux campagnes électorales épuisantes et pas mal de week-ends consacrés à l'activité des Verts.
Cette rencontre est une première dans l'histoire de notre mouvement. Elle n'a pas vocation à prendre quelque décision que ce soit, mais à ouvrir un premier échange sur certains aspects de la construction des Verts dans l'avenir.
Le contexte politique actuel rend encore plus important cet échange.
Après une présidentielle où Noël Mamère avait réussi à construire une bonne dynamique et recueilli un score plus qu'honorable, nous venons de subir comme Verts et comme membre de la coalition plurielle, un sérieux coup de semonce électoral aux législatives ; et cela alors même que nous avions la conviction sur le terrain, d'avoir conduit des campagnes de bonne qualité.
Après une série de succès aux Européennes, aux municipales et aux cantonales, un peu à contre-courant des difficultés de nos alliés, notre résultat marque une sorte de coup d'arrêt dans la progression enregistrée depuis 1997.
Nous avions " monté " avec la gauche et résisté jusque-là mieux qu'elle à son érosion.
Nous sommes aujourd'hui, sans subir de débâcle, atteints par sa défaite.
Et si nous avons pu, dans les villes et même dans certains quartiers populaires, limiter la casse, nous ressentons ailleurs, en zone rurale par exemple, la montée d'une certaine tension entre nos propositions et une partie de la société qui se raidit.
Ce revers trouve son origine dans des causes conjoncturelles, dans la cascade d'évènements qui ont marqué et suivi le 21 avril.
Mais il renvoie évidemment à des causes politiques et sociales plus profondes.
Certaines concernent directement le bilan de la majorité plurielle : les conditions d'élaboration et d'application des réformes positives qu'elle a conduites, le refus obstiné d'en conduire d'autres pourtant très importantes, un certain nombre de décisions totalement contre-productives, des ambiguïtés permanentes sur des questions qui nous paraissent fondamentales.
Il nous faut cependant essayer d'inscrire ce refus ou cet " empêchement " de la réforme depuis 1997, dans une analyse plus approfondie des évolutions de la société ; dans l'examen des décalages de plus en plus manifestes entre ces évolutions et les réponses politiques traditionnellement majoritaires.
Nous avons le sentiment, qu'avec la victoire de la droite, ce n'est pas seulement une alternance classique qui s'installe, mais qu'est donné le signal de la fin d'une époque, d'un cycle politique de vingt-cinq ans, et au-delà peut-être des conditions dans lesquelles s'était construit le compromis social et écologique de l'après-guerre.
Où en est la société française et d'ailleurs au-delà, où en sont les sociétés européennes ?
Comment les modèles d'insertion socioprofessionnelle et les modèles de consommation se sont-ils transformés? Quel est l'état exact des failles, des crises et des contradictions qui les traversent ?
Quels sont du point de vue de la progression de l'écologie politique, les facteurs de blocage et les opportunités de la période ?
C'est à ce travail d'inventaire que je vous invite : une matière importante nous a été fournie pour ce faire par les nombreux contacts pris à l'occasion des campagnes électorales.
Alors évidemment, nous ne sommes pas extérieurs à ce travail d'inventaire : il nous concerne nous-mêmes comme Mouvement ; il interroge notre façon de militer, et pour certains d'entre nous, notre façon de diriger ; il questionne dans le même temps les conditions de notre dialogue avec la société, nos alliances, notre position sur la scène politique.
Mais nous serons d'autant plus pertinents et efficaces dans la mise en évidence et le traitement de nos points faibles, y compris en interne, que nous essaierons de les rapporter à l'évolution de la réalité dans son ensemble.
Faire de la politique, à nos yeux, ce n'est pas enregistrer la réalité telle qu'elle est, pour renoncer à la transformer :
C'est ajuster le fond de notre discours, notre organisation, notre tactique, aux facteurs de changement, aux tensions, aux mouvements qui parcourent notre monde.
Toutes ces questions ont à voir avec les sujets qui nous importent aujourd'hui, pour cette première réunion des groupes locaux.
Nous parlons de décalage entre la politique et la société.
Mais nous participons nous-mêmes de ce décalage.
Y compris dans l'étiage et la sous-représentation actuelle des Verts, nous avons entre un million et un million et demi d'électeurs. Pour 10 000 adhérents, même si ce chiffre est en progression.
Ce rapport de un à cent pourrait, en apparence être gratifiant car il témoigne d'une sacrée productivité de nos militants ! Mais il signale quand même, un gros problème.
Comment bâtir des orientations politiques, comment mettre en uvre des processus démocratiques, comment vérifier la pertinence de nos propos, avec un tel décalage ?
Notre capacité à capter les évolutions de l'opinion, à tisser des alliances, s'en trouve affaiblie.
Nous courons parfois derrière les mouvements sociaux, sans pouvoir construire avec eux un véritable dialogue politique.
Nous apparaissons comme très vulnérables aux retournements de tendances, trop faiblement réactifs à une modification rapide des enjeux.
À l'inverse, notre image est excessivement soumise à ce que les médias, pas toujours passionnés par le fond, retiennent de nos débats ou de nos conflits, dont les effets peuvent parfois d'un seul coup, anéantir des heures et des heures de travail sur le terrain.
Notre faiblesse numérique, et la faiblesse des moyens dont nous disposons au niveau de ce terrain, ont des conséquences tout à fait concrètes.
Alors que les attentes à l'égard des Verts deviennent exigeantes, alors que les sollicitations se multiplient, les petits noyaux de militants surinvestis ne suffisent plus. Les militants et les responsables croulent sous les tâches. Nous avons moins le temps de lire, de réfléchir, de parler, d'échanger. Des distances se créent, avec des formes d'implication à plusieurs vitessesBref, le dévouement ne suffit plus.
Nous avons du mal à conduire des campagnes systématiques et prolongées, à installer des partenariats durables et solides permettant, sur les sujets où nous sommes forts, de contrer la mobilisation des lobbies.
Regardez aujourd'hui, avec le retour de la droite, en matière d'eau, de déchets, de transports, d'emplois, tous les thèmes sur lesquels nous pourrions engager des mobilisations, et pour lesquels nos concitoyens manquent d'informations, d'explications, de débats.
Et pourtant, nous avons des ressources, des sympathisants, des savoir-faire, des expertises tirées de la pratique autour de nous.
Sommes-nous assez en situation ou en capacité de les mettre en mouvement, de bâtir des réseaux de débat et d'action qui démultiplient nos moyens, répartissent les tâches, élargissent les mobilisations ?
Comment notre propre façon de militer, nos formes d'organisation, nous permettent-elles d'accueillir et de maintenir ces ressources ? Par certains côtés, ne les éloignent-elles pas de nous ?
En réalité, beaucoup de groupes locaux ont d'ores et déjà commencé à accumuler des expériences qui vont dans le sens de trouver des solutions à ces interrogations : moments de convivialité, d'accueil et de formation ; édition de bulletins, groupes thématiques, cafés verts, ouverture aux sympathisants, fêtes, réunion d'EGEP locaux, articulation satisfaisante entre élus et militants.
Il y a sur ces questions, un patrimoine vert des groupes locaux. Mais ce patrimoine est dispersé. Il circule peu. Les compétences des uns ne servent pas toujours aux autres.
Le savoir ainsi constitué mérite d'être systématisé, capitalisé.
Bien sûr, ce problème se pose à tous les niveaux du mouvement. Certains s'interrogent même sur d'autres modes d'implication militante que le groupe local, par exemple les groupes thématiques, les groupes d'affinités
Il appartiendra aux Verts, sur la base de l'audit participatif interne que j'ai lancé l'an dernier et dont nous aurons bientôt les premiers résultats, de choisir des directions.
Mon sentiment est cependant qu'il faut aborder par un bout tous ces sujets, et que le fil à tisser touche au rassemblement à tous les niveaux, des moyens pour que les structures de base des Verts soient systématiquement favorisées.
Moyens de communication politique externe, moyens d'information interne, moyens de formation, moyens matériels pour se doter de locaux (on connaît l'importance des espaces de ce type pour cristalliser le " vivre ensemble militant "), moyens de documentation, la liste des besoins est longue pour engager la construction par en bas d'un mouvement écologiste bien plus enraciné.
C'est en fonction aussi de l'urgence qu'il y a à rassembler ces moyens et à représenter mieux les militants à tous les niveaux, qu'il nous faut réformer le fonctionnement des Verts.
Il était sinon logique, du moins assez inévitable, que cette question ne se pose pas auparavant avec tant d'acuité.
Notre propos essentiel était alors de faire apparaître une figure nationale d'organisation capable d'incarner l'espace de l'écologie politique, et de se confronter, par alliance et par différenciation, avec d'autres formations politiques.
Je crois que la situation a changé, que nous ne pouvons plus continuer comme avant, et même que nous avons pris un peu de retard.
Faire que le vote utile, c'est-à-dire le vote de premier choix, devienne pour le plus grand nombre un vote vert ; peser, au-delà du vote, par la responsabilisation des acteurs et le débat démocratique sur les choix les plus quotidiens, y compris sur les comportements de consommation, de travail, de déplacements : cela suppose un élargissement considérable de notre base et d'autres façons de faire vivre la politique que les formes traditionnelles.
C'est l'objet de ce premier échange, de cette première rencontre.
Le but, à terme, est d'améliorer le lien entre toutes les équipes du mouvement, locales, départementales, régionales, nationales.
Mais le propos est aussi, par des procédures à définir, de former un réseau transversal des pratiques écologistes locales, de constituer progressivement un dispositif permanent de ressources et d'échanges d'informations et d'expériences.
Contrairement à ce que je lis ici ou là dans la presse, je ne crois pas que les Verts soient revenus à la situation d'avant 1997.
Je ne pense pas non plus que la tendance à la bipolarisation politique soit aussi inéluctable qu'on le dit, et que nous n'aurions le choix qu'entre la marginalisation protestataire ou la satellisation également mortifère autour d'une sociale démocratie, elle-même bien atteinte dans toute l'Europe.
Ma conviction est plutôt que les Verts, pour occuper tout leur espace, sont responsables et jusqu'à un certain point maîtres de leur propre avenir.
Qu'ils doivent sortir parfois du simplisme. Qu'ils doivent sortir de cette idée que la politique verte se résumerait, comme les autres, à la diffusion de propositions élaborées par ceux qui savent, à usage de ceux qui ne savent pas.
Nous entrons dans une phase où ce qui distinguera les Verts des autres, ce sera aussi leur capacité à inventer de nouvelles modalités du débat public, de nouvelles modalités d'élaboration des programmes, de nouveaux modes d'anticipation, de gestion, et de sortie des conflits.
C'est dans les groupes locaux que tout cela peut et doit prendre forme.
Voilà le sens de notre rencontre d'aujourd'hui, à laquelle je vous remercie encore une fois d'avoir accepté de participer.
(Source http://www.les-verts.org, le 24 juillet 2002)