Communiqué de la présidence de la République en date du 20 mai 1994, sur les camps de prisonniers en Bosnie en 1992.

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Texte intégral

Le Président de la République ayant été mis en cause par un article du journal américain Newsday relatif à la découverte de camps de concentration en Bosnie en 1992, la Présidence de la République tient à faire la mise au point suivante dans le seul but de rétablir la stricte vérité des faits.
- 1. Lors de l'entretien qu'ils ont eu à Sarajevo le 28 juin 1992, le Président Izetbegovic a décrit au Président de la République les violences subies par la population bosniaque sur tout le territoire de la Bosnie-Herzégovine, indiquant que, dans plusieurs villes, les gens risquaient d'être massacrés ou déportés dans des camps. Il a surtout insisté sur la nécessité d'intervenir d'urgence à Sarajevo où un quartier de 60000 habitants était totalement encerclé et où il craignait que la faim ne pousse les habitants à se rendre.
- C'est d'ailleurs ce qu'il a rappelé lors de la conférence de presse tenue conjointement avec le Président de la République : "J'ai demandé au Président Mitterrand de tout faire pour que l'aide humanitaire puisse se rendre sur place".
- 2. Cet appel a été immédiatement entendu. Dès son retour à Paris, le lundi 29 juin, le Président de la République a pris la décision d'envoyer à Sarajevo, malgré les réticences des forces de l'ONU sur place, un Transall français chargé de vivres et de médicaments et un C 130 porteur de matériel technique destiné à remettre en état de fonctionnement l'aéroport. Cette initiative a permis de rompre le blocus de Sarajevo dénoncé par M. Izetbegovic et de mettre en place le pont aérien grâce auquel la catastrophe humanitaire que redoutait le Président bosniaque a été évitée et la survie de la population de Sarajevo assurée.
3. S'agissant des camps, prétendre que le Président de la République aurait été seul détenteur d'une information exclusive confiée par M. Izetbegovic est une absurdité. Le Président bosniaque a en effet évoqué l'existence de camps de concentration (sans nommément les citer, si l'on en croit le compte-rendu que donne le quotidien de Sarajevo, Oslobodjenje, qui seul a relevé ce point) lors de la conférence de presse conjointe. Il a donc tenu lui-meme a profiter de la présence de journalistes de la presse internationale attirés par la visite de François Mitterrand pour alerter l'opinion. Si cette information était nouvelle, comment se fait-il qu'elle n'ait pas suscité plus d'intérêt de la part des médias présents ?
- 4. Prétendre que le Président de la République serait resté silencieux devant la description faite par M. Izetbegovic de la situation en Bosnie est tout aussi inexact. Au contraire, il a, au cours de la conférence de presse donnée sur place, relayé l'appel du Président bosniaque, en appelant à "la conscience universelle pour venir au secours d'une population en danger" (dépêche AFP de Sarajevo, 29 juin 1992). C'était la première fois qu'un appel de cette nature était lancé par un dirigeant international et dans des conditions propres à lui donner le maximum de retentissement.
- 5. C'est le 4 août 1992 que, sur la base des informations recueillies, par les organisations internationales compétentes, l'existence de camps d'internement et de centres de détention a été confirmée par une déclaration du Président du Conseil de sécurité des Nations unies. Le 5 août, les autorités bosniaques faisaient, pour la première fois, circuler une liste de camps installés par les Serbes.
- Le Président de la République a aussitôt réagi et pas seulement en paroles.
- Lors du Conseil des ministres du 5 août, il a réclamé un contrôle des camps de prisonniers : "il faut manifester une exigence forte. Tout camp doit être visité, contrôlé et ouvert" (Le Monde", 7 août). Il a donné instruction à M. Kouchner, ministre de la santé et de l'action humanitaire, de se rendre en Bosnie pour une mission d'inspection des camps. Ce qui a été fait dès le 13 août, après que les contacts préalables aient été pris avec les responsables de Bosnie-Herzégovine, à commencer par le Président Izetbegovic.
- Qui a fait mieux et plus vite ?.