Texte intégral
Monsieur le Président,
Monsieur le Chancelier,
Mesdames et Messieurs,
N'ayant pas la culture du Président autrichien, je ne pourrai pas, comme lui, m'exprimer successivement en français, dans sa langue natale, puis en français. Je suis obligé de me limiter à la seule langue que je possède réellement.
Néanmoins, c'est de tout coeur que je voudrais vous remercier, Monsieur le Président, mon cher Thomas, pour votre invitation et pour votre accueil. Vos paroles pleines de chaleur, pleines damitié mont profondément touché. Ma délégation et moi-même y avons été dautant plus sensibles quelles ont été tenues ici, à la Hofburg, dans ce palais présidentiel, probablement le plus beau d'Europe et vraisemblablement le plus beau du monde, au cur de lAutriche et de son histoire.
Grande histoire dun peuple dont la volonté, le génie, le destin ont profondément marqué notre continent. Un grand peuple qui parle à lâme et au cur des Français.
Il y a plus de trente ans, le Général de Gaulle, recevant à Paris le Chancelier dAutriche, évoquait cette attirance et cette affinité profonde entre nos deux pays. Il disait, je le cite, « Il y a beaucoup de siècles que ce qui est autrichien intéresse et touche vivement la France ; que votre pays et le mien se connaissent et sestiment mais aussi quils se plaisent, ce qui est plus rare et plus précieux encore ». Il y a longtemps, en effet, que les Français se passionnent pour lAutriche, sa vie intellectuelle, artistique, lintense et brillant foisonnement créatif, lesprit précurseur quincarne Vienne depuis toujours ou depuis si longtemps.
Mais je noublie pas non plus, Monsieur le Président, que souvent lHistoire opposa nos deux peuples. Rivalité ancienne, qui fit saffronter les armées de Charles Quint et celles de François Ier, puis celles de leurs successeurs, jusqu'aux guerres de la Révolution française et du 1er Empire, et jusqu'aux deux grands conflits fratricides et absurdes qui ensanglantèrent notre siècle.
Cest dire, Monsieur le Président, le prix terrible que nous avons payé aux luttes de puissance et dinfluence en Europe. Cest dire combien le projet européen et son rêve de paix tiennent au cur de lAutriche, je le sais, et de la France. Cest dire combien nous devons nous mobiliser pour faire progresser une Europe démocratique, prospère et pacifique.
Lidée des pères de lEurope était humble et ambitieuse. Humble, leur projet dunion douanière et commerciale, à six dabord. Mais ambitieuse, leur volonté de nouer pas à pas une solidarité, de bâtir une communauté de destins, de sans cesse lélargir, de réaliser enfin lunion de tous nos pays. Il sagissait dancrer patiemment lEurope dans les esprits et dans les coeurs, après tant et tant de déchirements et de souffrances.
De grandes échéances nous attendent pour consolider lEurope, pour lapprofondir, pour lélargir, pour en faire un acteur de premier plan sur la scène internationale, pour promouvoir dans le monde cette conception de lhomme, de l'humanisme qui nous rassemble.
Consolider, approfondir lEurope, cest réussir le passage à la monnaie unique et opérer par là-même un rapprochement sans précédent de nos économies.
Consolider et approfondir lEurope, cest la mettre au service de nos concitoyens, cest faire en sorte quils sy reconnaissent, cest défendre ensemble le modèle social européen auquel Autrichiens et Français sommes attachés. Je sais, en effet, cet attachement que portent à ce modèle social les Autrichiens grâce à ce « partenariat social » qui fait leur force.
Bientôt, lEurope va sélargir. Le mois prochain, nous engagerons les négociations dadhésion avec de nouveaux pays européens.
La chute du mur de Berlin a donné le signal de la liberté à lEst de notre continent. Dans cette accélération de lHistoire, qui a vu, en quelques semaines, la moitié dun continent renaître à la démocratie, les peuples ont identifié leur liberté retrouvée avec lappartenance à lUnion européenne. Nous navons pas le droit de les décevoir. Et vous Autrichiens, qui partagez avec certains de ces peuples une longue histoire commune, y êtes particulièrement attentifs.
Le processus délargissement sera difficile, leffort dadaptation de ces pays est immense. Nous les y aiderons. Mais nous, pays membres, devons aussi nous adapter, notamment en réformant les institutions européennes, ce qui est un préalable indispensable à lélargissement si nous voulons que la communauté continue de fonctionner.
Ce besoin dEurope ne sexprime pas seulement à lEst, il sexprime partout, notamment au Sud. Cette attente, ne la décevons pas. Cest aussi la vocation de lEurope de favoriser lémergence dun monde multipolaire, un monde harmonieux et en paix.
A quelques mois de la Présidence autrichienne de lUnion, lEurope se souvient quà Vienne, au tournant du siècle, Otto Wagner inventait la ville de lavenir, Klimt rompait avec la tradition, Schönberg bouleversait le langage musical, Freud libérait linconscient. Vienne exprimait alors, mieux que partout en Europe, les rêves universels. Rêves fracassés par la guerre, la longue guerre fratricide ouverte en 1914 et qui sest poursuivie jusqu'à la guerre froide.
Aujourdhui, à laube dun nouveau siècle, lEurope doit rompre avec son passé, son cortège de violence et de souffrances, ses rêves avortés. Elle doit résolument aller de lavant, se renforcer, se rassembler. Nous, Autrichiens et Français, partageons une même vision de ce que doit être lEurope, une Union au service des hommes, une Europe puissante au service de la paix.
Au-delà, cest ensemble que nous devons aborder les grands problèmes de notre temps. Depuis plus dun demi-siècle, Vienne accueille de nombreuses organisations internationales. Elle est devenue lune des grandes capitales de la paix, de la sécurité, du développement, autant de questions qui mobilisent la France. Voilà pourquoi, Monsieur le Président, Autrichiens et Français doivent là encore se retrouver.
Mais développer une vision commune, cest dabord se rencontrer, se connaître, apprendre à travailler ensemble. Donnons une impulsion nouvelle à notre coopération. Renforçons le rôle et les moyens des institutions qui nous réunissent. Je pense en particulier au Centre franco-autrichien qui, depuis vingt ans, fait progresser le dialogue entre nos deux pays. Soyons ambitieux pour notre relation ! Nous venons délaborer un plan daction. Allons plus loin de façon pragmatique mais volontaire ! Multiplions les projets communs, industriels, scientifiques, universitaires, culturels, sportifs.
Ce sont là quelques exemples de ce quAutrichiens et Français peuvent accomplir ensemble. Monsieur le Président, Monsieur le Chancelier, nous aurons demain loccasion de nous entretenir plus longuement de ces projets davenir. Des projets qui sont aussi de la responsabilité de nos communautés daffaires. Cest le sens du message que, demain matin, je leur adresserai.
Oui, Monsieur le Président, faisons de cette année 1998 le point de départ dun nouveau partenariat moderne et efficace. Partenariat ambitieux, à la mesure de tout ce qui nous rapproche, de nos affinités profondes, de nos responsabilités au regard de lHistoire, de ce que représentent, en Europe, lAutriche et la France.
Cest fort de cette volonté que je vais maintenant lever mon verre. Je le lève, Monsieur le Président, en votre honneur. Je le lève en lhonneur du Chancelier Klima et des hautes personnalités autrichiennes et françaises qui nous font lamitié de leur présence ce soir. Je bois à la prospérité et au bonheur du peuple autrichien, ami du peuple français. Je bois à lamitié entre lAutriche et la France. Et je bois, Monsieur le Président, Monsieur le Chancelier, aux succès, dont je ne doute pas, de votre future Présidence européenne et à lEurope.
Monsieur le Chancelier,
Mesdames et Messieurs,
N'ayant pas la culture du Président autrichien, je ne pourrai pas, comme lui, m'exprimer successivement en français, dans sa langue natale, puis en français. Je suis obligé de me limiter à la seule langue que je possède réellement.
Néanmoins, c'est de tout coeur que je voudrais vous remercier, Monsieur le Président, mon cher Thomas, pour votre invitation et pour votre accueil. Vos paroles pleines de chaleur, pleines damitié mont profondément touché. Ma délégation et moi-même y avons été dautant plus sensibles quelles ont été tenues ici, à la Hofburg, dans ce palais présidentiel, probablement le plus beau d'Europe et vraisemblablement le plus beau du monde, au cur de lAutriche et de son histoire.
Grande histoire dun peuple dont la volonté, le génie, le destin ont profondément marqué notre continent. Un grand peuple qui parle à lâme et au cur des Français.
Il y a plus de trente ans, le Général de Gaulle, recevant à Paris le Chancelier dAutriche, évoquait cette attirance et cette affinité profonde entre nos deux pays. Il disait, je le cite, « Il y a beaucoup de siècles que ce qui est autrichien intéresse et touche vivement la France ; que votre pays et le mien se connaissent et sestiment mais aussi quils se plaisent, ce qui est plus rare et plus précieux encore ». Il y a longtemps, en effet, que les Français se passionnent pour lAutriche, sa vie intellectuelle, artistique, lintense et brillant foisonnement créatif, lesprit précurseur quincarne Vienne depuis toujours ou depuis si longtemps.
Mais je noublie pas non plus, Monsieur le Président, que souvent lHistoire opposa nos deux peuples. Rivalité ancienne, qui fit saffronter les armées de Charles Quint et celles de François Ier, puis celles de leurs successeurs, jusqu'aux guerres de la Révolution française et du 1er Empire, et jusqu'aux deux grands conflits fratricides et absurdes qui ensanglantèrent notre siècle.
Cest dire, Monsieur le Président, le prix terrible que nous avons payé aux luttes de puissance et dinfluence en Europe. Cest dire combien le projet européen et son rêve de paix tiennent au cur de lAutriche, je le sais, et de la France. Cest dire combien nous devons nous mobiliser pour faire progresser une Europe démocratique, prospère et pacifique.
Lidée des pères de lEurope était humble et ambitieuse. Humble, leur projet dunion douanière et commerciale, à six dabord. Mais ambitieuse, leur volonté de nouer pas à pas une solidarité, de bâtir une communauté de destins, de sans cesse lélargir, de réaliser enfin lunion de tous nos pays. Il sagissait dancrer patiemment lEurope dans les esprits et dans les coeurs, après tant et tant de déchirements et de souffrances.
De grandes échéances nous attendent pour consolider lEurope, pour lapprofondir, pour lélargir, pour en faire un acteur de premier plan sur la scène internationale, pour promouvoir dans le monde cette conception de lhomme, de l'humanisme qui nous rassemble.
Consolider, approfondir lEurope, cest réussir le passage à la monnaie unique et opérer par là-même un rapprochement sans précédent de nos économies.
Consolider et approfondir lEurope, cest la mettre au service de nos concitoyens, cest faire en sorte quils sy reconnaissent, cest défendre ensemble le modèle social européen auquel Autrichiens et Français sommes attachés. Je sais, en effet, cet attachement que portent à ce modèle social les Autrichiens grâce à ce « partenariat social » qui fait leur force.
Bientôt, lEurope va sélargir. Le mois prochain, nous engagerons les négociations dadhésion avec de nouveaux pays européens.
La chute du mur de Berlin a donné le signal de la liberté à lEst de notre continent. Dans cette accélération de lHistoire, qui a vu, en quelques semaines, la moitié dun continent renaître à la démocratie, les peuples ont identifié leur liberté retrouvée avec lappartenance à lUnion européenne. Nous navons pas le droit de les décevoir. Et vous Autrichiens, qui partagez avec certains de ces peuples une longue histoire commune, y êtes particulièrement attentifs.
Le processus délargissement sera difficile, leffort dadaptation de ces pays est immense. Nous les y aiderons. Mais nous, pays membres, devons aussi nous adapter, notamment en réformant les institutions européennes, ce qui est un préalable indispensable à lélargissement si nous voulons que la communauté continue de fonctionner.
Ce besoin dEurope ne sexprime pas seulement à lEst, il sexprime partout, notamment au Sud. Cette attente, ne la décevons pas. Cest aussi la vocation de lEurope de favoriser lémergence dun monde multipolaire, un monde harmonieux et en paix.
A quelques mois de la Présidence autrichienne de lUnion, lEurope se souvient quà Vienne, au tournant du siècle, Otto Wagner inventait la ville de lavenir, Klimt rompait avec la tradition, Schönberg bouleversait le langage musical, Freud libérait linconscient. Vienne exprimait alors, mieux que partout en Europe, les rêves universels. Rêves fracassés par la guerre, la longue guerre fratricide ouverte en 1914 et qui sest poursuivie jusqu'à la guerre froide.
Aujourdhui, à laube dun nouveau siècle, lEurope doit rompre avec son passé, son cortège de violence et de souffrances, ses rêves avortés. Elle doit résolument aller de lavant, se renforcer, se rassembler. Nous, Autrichiens et Français, partageons une même vision de ce que doit être lEurope, une Union au service des hommes, une Europe puissante au service de la paix.
Au-delà, cest ensemble que nous devons aborder les grands problèmes de notre temps. Depuis plus dun demi-siècle, Vienne accueille de nombreuses organisations internationales. Elle est devenue lune des grandes capitales de la paix, de la sécurité, du développement, autant de questions qui mobilisent la France. Voilà pourquoi, Monsieur le Président, Autrichiens et Français doivent là encore se retrouver.
Mais développer une vision commune, cest dabord se rencontrer, se connaître, apprendre à travailler ensemble. Donnons une impulsion nouvelle à notre coopération. Renforçons le rôle et les moyens des institutions qui nous réunissent. Je pense en particulier au Centre franco-autrichien qui, depuis vingt ans, fait progresser le dialogue entre nos deux pays. Soyons ambitieux pour notre relation ! Nous venons délaborer un plan daction. Allons plus loin de façon pragmatique mais volontaire ! Multiplions les projets communs, industriels, scientifiques, universitaires, culturels, sportifs.
Ce sont là quelques exemples de ce quAutrichiens et Français peuvent accomplir ensemble. Monsieur le Président, Monsieur le Chancelier, nous aurons demain loccasion de nous entretenir plus longuement de ces projets davenir. Des projets qui sont aussi de la responsabilité de nos communautés daffaires. Cest le sens du message que, demain matin, je leur adresserai.
Oui, Monsieur le Président, faisons de cette année 1998 le point de départ dun nouveau partenariat moderne et efficace. Partenariat ambitieux, à la mesure de tout ce qui nous rapproche, de nos affinités profondes, de nos responsabilités au regard de lHistoire, de ce que représentent, en Europe, lAutriche et la France.
Cest fort de cette volonté que je vais maintenant lever mon verre. Je le lève, Monsieur le Président, en votre honneur. Je le lève en lhonneur du Chancelier Klima et des hautes personnalités autrichiennes et françaises qui nous font lamitié de leur présence ce soir. Je bois à la prospérité et au bonheur du peuple autrichien, ami du peuple français. Je bois à lamitié entre lAutriche et la France. Et je bois, Monsieur le Président, Monsieur le Chancelier, aux succès, dont je ne doute pas, de votre future Présidence européenne et à lEurope.