Texte intégral
Je suis heureux de vous accueillir ici, pour une rencontre et des échanges que j'ai voulus moins formels que le cadre des visites bilatérales ou des entretiens que vous avez avec mes collaborateurs et moi-même tout au long de l'année.
La période des voeux est traditionnellement l'occasion d'un coup d'oeil rétrospectif sur l'année écoulée et d'un aperçu volontariste de celle qui vient. Compte tenu de la position originale qui est celle de la France dans l'OTAN, il m'est apparu utile de faire le point avec vous. Il est encore difficile de dire si 1997 marque ou non un tournant dans la vie de notre Alliance. Mais nombre de décisions ont été prises, nombre de jalons ont été posés qui influent sur notre avenir commun.
1997, c'est d'abord la signature, le 27 mai, à Paris, de l'Acte fondateur sur les relations entre l'OTAN et la Russie, en présence des 16 Chefs d'Etat et de gouvernement de l'Organisation atlantique et du Président Eltsine. Cet accord représente une mutation majeure dans la relation avec la Russie. La France, très engagée dès l'origine dans ce projet se félicite, avec ses partenaires, de voir la Russie désormais mieux ancrée dans l'architecture de sécurité européenne. L'accord ainsi conclu, grâce notamment à l'action résolue de M. Solana, est équilibré. Il donne à ce grand pays la voix à laquelle il pouvait légitimement prétendre dans les débats sur les sujets d'intérêt communs, sans mettre en cause la capacité de l'Alliance à décider en propre sur les questions la concernant.
Il nous appartient désormais de donner vie, ensemble, à cet accord. La mise en place progressive des mécanismes institutionnels prévus par l'Acte, les premières réunions du Conseil permanent conjoint ont déjà permis des consultations importantes. Il est clair que des domaines tels que le maintien de la paix, la coopération militaire, les questions nucléaires seront au centre de notre dialogue ... La Bosnie et la préparation de l'après-juin 1998 doivent être l'occasion de confirmer cette relation nouvelle.
Dans notre conception, l'Acte Fondateur représente un potentiel considérable pour la consolidation de la sécurité européenne au tournant du siècle. Sa mise en oeuvre doit permettre d'ouvrir à la Russie, en pleine transformation, de nouvelles perspectives.
Le second temps fort pour l'Alliance en 1997 a été le Sommet de Madrid que, pour ma part, je considère comme une étape significative dans la rénovation de l'Alliance.
Ce Sommet a, d'abord, permis d'engager le processus d'élargissement de l'Alliance atlantique en invitant la Hongrie, la Pologne et la République Tchèque à entamer les négociations d'adhésion. Dès aujourd'hui, l'implication progressive des représentants des pays invités aux travaux du Conseil et du Comité militaire à Bruxelles préfigure le nouveau visage de l'Alliance. Le processus est en cours, il est irréversible. Il donnera lieu dans nos pays à des débats publics sans aucun doute utiles lors des discussions de ratification.
Mais nous ne saurions nous en tenir là. La déclaration de Madrid et les communiqués des dernières sessions ministérielles que cette première ouverture en annonce d'autres. Vous savez que la France a marqué en permanence son attachement à cette approche et renouvelé son soutien à la Roumanie et à la Slovénie non par attachement à quelque pays candidat réputé plus ou moins proche, mais par volonté d'inscrire l'élargissement dans un processus plus global de recomposition géopolitique de l'Europe, sans reconstitution de barrières.
A Madrid a également été décidé un renforcement du Partenariat pour la paix qui ouvre de nouvelles opportunités pour les pays recherchant une association plus étroite avec l'Alliance sans y adhérer. Cette démarche favorisera une approche régionale, source d'efficacité non seulement pour l'Europe du Sud-Est mais aussi pour la sécurité de la zone Baltique. A cet égard, la France soutiendra l'action de ses Alliés méditerranéens comme ceux de l'Europe du Nord. Sans perdre de vue les compétences d'autres organisations internationales, nous entendons contribuer ainsi au renforcement de la stabilité européenne. Dans cet esprit, nous intensifierons, dans toutes nos actions de coopération de défense avec les pays partenaires, le recours au cadre du partenariat.
En ce qui concerne l'adaptation interne de l'Alliance, le Sommet et les sessions Ministérielles de décembre ont, à nos yeux, lancé une transformation de l'organisation militaire qui ne fait que débuter et prendra plusieurs années. Les résultats de Madrid concernant l'affirmation de l'identité européenne de défense constituent une réelle avancée. Comme vous le savez cependant, ces progrès ne nous sont pas apparus suffisants pour permettre à la France de participer pleinement à la structure militaire intégrée. La question du rééquilibrage des responsabilités de commandement entre Européens et Américains conserve à nos yeux sa dimension d'avenir.
Dans ces conditions, la démarche de la France à l'égard de l'Alliance demeure résolument positive et constructive. Nous entendons continuer à contribuer au processus d'adaptation de l'Alliance. Ainsi, la France ne participera pas au commandement intégré mais continuera à progresser dans son implication dans les activités militaires de l'OTAN : au Comité militaire, au sein du système GFIM, dans les structures du partenariat ou de la planification opérationnelle. Nous entendons par là favoriser le développement de l'identité européenne de défense. Le réexamen du concept stratégique revêtira une importance particulière pour l'avenir. Nous comptons y apporter nos propositions.
Dans ce contexte général, la Bosnie représente un élément déterminant de notre relation. Elle est la démonstration, non par des mots mais par des actes, de notre solidarité active.
C'est depuis deux ans un dossier majeur pour l'Alliance, marqué par un engagement côte à côte sur le terrain des Européens et des Américains, mais aussi des Russes, de pays partenaires et de pays non alliés. Cette coopération a contribué à faire mûrir l'Alliance. Elle a nourri les réflexions sur son adaptation. Nous ne devons pas échouer.
Je ne m'étendrai pas sur les décisions à prendre pour l'après-juin 1998 ; il faut poursuivre notre présence selon des modalités et une organisation qui permettent de marquer clairement que nous franchissons une nouvelle étape dans la mise en oeuvre des accords de paix. Cela me paraît être une condition indispensable à l'objectif politique de moyen terme qui nous est commun, c'est-à-dire celui de la pleine responsabilité des autorités politiques de Bosnie-Herzégovine. Les discussions s'engagent cette semaine au Comité militaire et au Conseil atlantique ; je suis confiant qu'elles seront fructueuses.
Si 1997 a été une année importante pour l'Alliance, elle a été aussi marquée, pour l'Union européenne, par la conclusion de la Conférence intergouvernementale. Permettez-moi quelques mots à ce sujet, car il ne s'agit pas d'une digression. Le nouveau Traité d'Amsterdam, une fois ratifié, ouvre à l'Europe des Quinze des perspectives en matière de sécurité et de défense que je trouve pour ma part significatives.
Je ne citerai, pour me faire comprendre, que les précisions apportées au rôle du Conseil européen, au contenu de la politique de défense commune ou encore l'inscription des missions de Petersberg dans le Traité. Il y en a d'autres, notamment dans le domaine des industries d'armement.
Mises ensemble, les avancées de l'OTAN d'une part, de l'Union européenne et de l'UEO d'autre part, cette dernière étroitement solidaire du cadre atlantique depuis les conclusions de Berlin en juin 1996, dessinent les contours principaux de notre organisation future de sécurité.
Il est de notre responsabilité de poursuivre cette construction, ensemble, comme nous l'avons commencée voilà près de cinquante ans. En ce début d'année, je formule le voeu que nous sachions continuer à progresser, par-delà les différences d'analyses, vers notre objectif commun - une sécurité européenne assurée, un partenariat transatlantique renouvelé.
J'assortis ce voeu d'un hommage à tout le travail patient, peu visible mais déterminant, qui est accompli par les diplomates et les militaires, côte à côte pour mettre en pratique les intentions des accords politiques que j'ai mentionnés. Les occasions de souligner l'apport d'information et la force de proposition que vous représentez collectivement ne sont pas assez fréquentes, aussi j'ai plaisir à conclure ce propos amical par un mot de reconnaissance et d'estime sincère pour votre professionnalisme et votre volonté d'action, qui apporteront sans nul doute de nouvelles réussites au service de nos valeurs communes en 1998.
Je vous souhaite à tous une année fructueuse et heureuse.
(Source http://www.défense.gouv.fr, le 17 septembre 2001)
La période des voeux est traditionnellement l'occasion d'un coup d'oeil rétrospectif sur l'année écoulée et d'un aperçu volontariste de celle qui vient. Compte tenu de la position originale qui est celle de la France dans l'OTAN, il m'est apparu utile de faire le point avec vous. Il est encore difficile de dire si 1997 marque ou non un tournant dans la vie de notre Alliance. Mais nombre de décisions ont été prises, nombre de jalons ont été posés qui influent sur notre avenir commun.
1997, c'est d'abord la signature, le 27 mai, à Paris, de l'Acte fondateur sur les relations entre l'OTAN et la Russie, en présence des 16 Chefs d'Etat et de gouvernement de l'Organisation atlantique et du Président Eltsine. Cet accord représente une mutation majeure dans la relation avec la Russie. La France, très engagée dès l'origine dans ce projet se félicite, avec ses partenaires, de voir la Russie désormais mieux ancrée dans l'architecture de sécurité européenne. L'accord ainsi conclu, grâce notamment à l'action résolue de M. Solana, est équilibré. Il donne à ce grand pays la voix à laquelle il pouvait légitimement prétendre dans les débats sur les sujets d'intérêt communs, sans mettre en cause la capacité de l'Alliance à décider en propre sur les questions la concernant.
Il nous appartient désormais de donner vie, ensemble, à cet accord. La mise en place progressive des mécanismes institutionnels prévus par l'Acte, les premières réunions du Conseil permanent conjoint ont déjà permis des consultations importantes. Il est clair que des domaines tels que le maintien de la paix, la coopération militaire, les questions nucléaires seront au centre de notre dialogue ... La Bosnie et la préparation de l'après-juin 1998 doivent être l'occasion de confirmer cette relation nouvelle.
Dans notre conception, l'Acte Fondateur représente un potentiel considérable pour la consolidation de la sécurité européenne au tournant du siècle. Sa mise en oeuvre doit permettre d'ouvrir à la Russie, en pleine transformation, de nouvelles perspectives.
Le second temps fort pour l'Alliance en 1997 a été le Sommet de Madrid que, pour ma part, je considère comme une étape significative dans la rénovation de l'Alliance.
Ce Sommet a, d'abord, permis d'engager le processus d'élargissement de l'Alliance atlantique en invitant la Hongrie, la Pologne et la République Tchèque à entamer les négociations d'adhésion. Dès aujourd'hui, l'implication progressive des représentants des pays invités aux travaux du Conseil et du Comité militaire à Bruxelles préfigure le nouveau visage de l'Alliance. Le processus est en cours, il est irréversible. Il donnera lieu dans nos pays à des débats publics sans aucun doute utiles lors des discussions de ratification.
Mais nous ne saurions nous en tenir là. La déclaration de Madrid et les communiqués des dernières sessions ministérielles que cette première ouverture en annonce d'autres. Vous savez que la France a marqué en permanence son attachement à cette approche et renouvelé son soutien à la Roumanie et à la Slovénie non par attachement à quelque pays candidat réputé plus ou moins proche, mais par volonté d'inscrire l'élargissement dans un processus plus global de recomposition géopolitique de l'Europe, sans reconstitution de barrières.
A Madrid a également été décidé un renforcement du Partenariat pour la paix qui ouvre de nouvelles opportunités pour les pays recherchant une association plus étroite avec l'Alliance sans y adhérer. Cette démarche favorisera une approche régionale, source d'efficacité non seulement pour l'Europe du Sud-Est mais aussi pour la sécurité de la zone Baltique. A cet égard, la France soutiendra l'action de ses Alliés méditerranéens comme ceux de l'Europe du Nord. Sans perdre de vue les compétences d'autres organisations internationales, nous entendons contribuer ainsi au renforcement de la stabilité européenne. Dans cet esprit, nous intensifierons, dans toutes nos actions de coopération de défense avec les pays partenaires, le recours au cadre du partenariat.
En ce qui concerne l'adaptation interne de l'Alliance, le Sommet et les sessions Ministérielles de décembre ont, à nos yeux, lancé une transformation de l'organisation militaire qui ne fait que débuter et prendra plusieurs années. Les résultats de Madrid concernant l'affirmation de l'identité européenne de défense constituent une réelle avancée. Comme vous le savez cependant, ces progrès ne nous sont pas apparus suffisants pour permettre à la France de participer pleinement à la structure militaire intégrée. La question du rééquilibrage des responsabilités de commandement entre Européens et Américains conserve à nos yeux sa dimension d'avenir.
Dans ces conditions, la démarche de la France à l'égard de l'Alliance demeure résolument positive et constructive. Nous entendons continuer à contribuer au processus d'adaptation de l'Alliance. Ainsi, la France ne participera pas au commandement intégré mais continuera à progresser dans son implication dans les activités militaires de l'OTAN : au Comité militaire, au sein du système GFIM, dans les structures du partenariat ou de la planification opérationnelle. Nous entendons par là favoriser le développement de l'identité européenne de défense. Le réexamen du concept stratégique revêtira une importance particulière pour l'avenir. Nous comptons y apporter nos propositions.
Dans ce contexte général, la Bosnie représente un élément déterminant de notre relation. Elle est la démonstration, non par des mots mais par des actes, de notre solidarité active.
C'est depuis deux ans un dossier majeur pour l'Alliance, marqué par un engagement côte à côte sur le terrain des Européens et des Américains, mais aussi des Russes, de pays partenaires et de pays non alliés. Cette coopération a contribué à faire mûrir l'Alliance. Elle a nourri les réflexions sur son adaptation. Nous ne devons pas échouer.
Je ne m'étendrai pas sur les décisions à prendre pour l'après-juin 1998 ; il faut poursuivre notre présence selon des modalités et une organisation qui permettent de marquer clairement que nous franchissons une nouvelle étape dans la mise en oeuvre des accords de paix. Cela me paraît être une condition indispensable à l'objectif politique de moyen terme qui nous est commun, c'est-à-dire celui de la pleine responsabilité des autorités politiques de Bosnie-Herzégovine. Les discussions s'engagent cette semaine au Comité militaire et au Conseil atlantique ; je suis confiant qu'elles seront fructueuses.
Si 1997 a été une année importante pour l'Alliance, elle a été aussi marquée, pour l'Union européenne, par la conclusion de la Conférence intergouvernementale. Permettez-moi quelques mots à ce sujet, car il ne s'agit pas d'une digression. Le nouveau Traité d'Amsterdam, une fois ratifié, ouvre à l'Europe des Quinze des perspectives en matière de sécurité et de défense que je trouve pour ma part significatives.
Je ne citerai, pour me faire comprendre, que les précisions apportées au rôle du Conseil européen, au contenu de la politique de défense commune ou encore l'inscription des missions de Petersberg dans le Traité. Il y en a d'autres, notamment dans le domaine des industries d'armement.
Mises ensemble, les avancées de l'OTAN d'une part, de l'Union européenne et de l'UEO d'autre part, cette dernière étroitement solidaire du cadre atlantique depuis les conclusions de Berlin en juin 1996, dessinent les contours principaux de notre organisation future de sécurité.
Il est de notre responsabilité de poursuivre cette construction, ensemble, comme nous l'avons commencée voilà près de cinquante ans. En ce début d'année, je formule le voeu que nous sachions continuer à progresser, par-delà les différences d'analyses, vers notre objectif commun - une sécurité européenne assurée, un partenariat transatlantique renouvelé.
J'assortis ce voeu d'un hommage à tout le travail patient, peu visible mais déterminant, qui est accompli par les diplomates et les militaires, côte à côte pour mettre en pratique les intentions des accords politiques que j'ai mentionnés. Les occasions de souligner l'apport d'information et la force de proposition que vous représentez collectivement ne sont pas assez fréquentes, aussi j'ai plaisir à conclure ce propos amical par un mot de reconnaissance et d'estime sincère pour votre professionnalisme et votre volonté d'action, qui apporteront sans nul doute de nouvelles réussites au service de nos valeurs communes en 1998.
Je vous souhaite à tous une année fructueuse et heureuse.
(Source http://www.défense.gouv.fr, le 17 septembre 2001)