Texte intégral
Le rapport d'activité a été adopté à 78 %, c'est un score historique dans l'organisation...
- " Ce vote traduit avant tout une CFDT encore plus rassemblée. Je m'en réjouis. Si l'activité a été approuvée aussi largement, c'est aussi parce que les militants se sont retrouvés, par leurs pratiques de terrain, dans les orientations définies au niveau national. Ce consensus porte sur l'action en général de la CFDT. Par exemple, 80 % des militants présents au congrès disent avoir négocié un accord RTT dans leur entreprise ou dans leur administration. Ce qui signifie que la démarche contractuelle portée par le Bureau national et la pratique des militants sont en phase. D'ailleurs, beaucoup d'interventions ont fait le lien entre nos grandes orientations et leur mise en oeuvre au niveau local ".
De la même façon, les résolutions sur l'orientation ont été votées à 70 % ou même 90 %. Ce congrès s'est déroulé dans un quasi-consensus. Il n'y a plus d'opposition à la CFDT, voire plus de débats ?
- " Je pense que l'on se dirige désormais vers des congrès où les débats peuvent rester très vifs, très clivés, sans s'inscrire pour autant dans une démarche d'opposition idéologique. On est ainsi sorti des débats opposant des groupes sur la base du " pour " ou " contre " la confédération. Ce phénomène s'est amorcé au congrès de Lille, en 1998, par le rejet d'une opposition structurée et d'un fonctionnement en tendance. Trois ans après, cette évolution s'est confirmée et constitue un gain qualitatif important pour l'organisation. Les échanges ont davantage lieu sur des thèmes concrets de la vie syndicale, comme l'emploi, les salaires ou les retraites. C'est autrement plus riche pour le débat démocratique. En fonction des sujets, ce ne sont pas forcément les mêmes qui sont en accord ou en désaccord. C'est à mon avis une des avancées les plus importantes depuis le congrès de Lille. Ces scores de plus de 75 %, au-delà de la confiance, traduisent une grande exigence de mobilisation collective. Ils nous imposent de réussir et de donner des réponses. C'est très stimulant ".
Certains thèmes, comme les retraites ont quand même remué un peu la salle...
- " Tant mieux ! C'est la preuve que nous pouvons mener à la fois de vrais débats sur les idées, sur les orientations de fond, et approuver massivement les choix du Bureau national. Alors, c'est vrai, sur les retraites, la discussion a été forte. Et les médias l'ont largement mis en exergue : à la CFDT, comme dans le reste de la société française, il y a débat sur ce thème. Nous n'avons pas éludé ces questions. Le congrès en a débattu. L'architecture de nos positions est claire. Nous avons fait le choix de garantir un bon taux de remplacement et le droit à une retraite à taux plein après quarante années de cotisation. Ensuite, les moyens pour y parvenir doivent se discuter, se négocier. Le point que l'on sait également difficile porte sur la durée de cotisation des régimes spéciaux. Mais ce n'est pas à la CFDT de mettre en avant cette durée, qui reste un paramètre, parmi d'autres, de la réforme ".
L'amendement refusant les licenciements dans les entreprises qui font des bénéfices a été repoussé à seulement 54 %. Le positionnement " zéro chômeur " a-t-il été mal compris ?
- " Alors que s'est installée une pensée unique sur le sujet, que le débat a été " plombé " par les politiques, de droite comme de gauche, autour notamment de l'affaire Danone ou de la loi de modernisation sociale, la CFDT a osé aborder ce thème. Je pense que les militants identifient bien la démarche " zéro chômeur " . Le congrès a donné un sens et un contenu à cette revendication. Face aux entreprises qui licencient, même si elles restent bénéficiaires, on doit être exigeant sur l'objectif " zéro chômeur ". Ce qui impose d'aborder frontalement les questions de reclassement, de formation et de réindustrialisation des territoires... Autant d'éléments certes plus complexes que la simple demande d'interdiction des licenciements, mais sûrement plus productifs... Au passage, la qualité de notre débat au congrès a montré que le choix de cet amendement par le Bureau national, loin d'être caricatural, a été l'occasion d'une confrontation constructive ".
Avec Nicole, il y avait un style de fonctionnement, avec toi, il y en aura un autre, mais sur le fond ?
- " Il me semble que la démarche pragmatique, de développement du contractuel, de recherche de résultats et de valorisation des acquis est désormais la marque de fabrique CFDT. Elle a été poussée depuis dix ans, et il y aura évidemment, sur le fond, continuité ".
L'objectif de développement, avec 1,2 million d'adhérents d'ici 5 ans, est très ambitieux. Est-ce un changement d'échelle dans la politique de syndicalisation ?
- " Tout le monde semble étonné que l'on s'impose un tel challenge. Ce sont des objectifs que se sont déjà données certaines fédérations ou régions. Des structures CFDT qui ont des progressions de plus 10 % l'an, ça existe déjà. Nous voulons tout simplement généraliser cette dynamique de développement dans toute la confédération ".
Tu as annoncé, dans ton discours de clôture, un grand rassemblement pour l'automne. Peux-tu nous en dire plus ?
- " L'idée, en rassemblant 20 000 à 30 000 élus et mandatés CFDT à Paris, c'est de montrer, de façon massive, que l'organisation de proximité qui est en capacité d'être présente et de donner des réponses quotidiennes aux salariés, c'est la CFDT. C'est montrer aussi que cette force est capable d'avoir des priorités revendicatives. C'est enfin, en étant à l'écoute des salariés, lancer une grande opération de syndicalisation. Une démarche volontaire que nous privilégions aussi pour les prud'hommes, en mettant en avant un syndicalisme proche des salariés et producteur de résultats concrets ".
Le nouveau gouvernement n'a cessé d'affirmer sa volonté de relancer le dialogue social. Quelles en sont, pour la CFDT, les conditions ?
- " Le préalable, c'est la refonte des règles de la négociation collective en France. Pour que cela réussisse, l'État doit reconnaître le rôle des partenaires sociaux, en leur permettant d'assurer leurs fonctions. Un espace de négociation doit leur être ouvert avant toute modification législative dans le champ social. Il faut aussi renforcer la légitimité des partenaires sociaux par la mise en place d'élections de représentativité, pour aller ensuite vers le principe de l'accord majoritaire. Face au doute qui s'est installé dans la société et à l'exigence de réponses à apporter, la nécessité de relancer la participation des corps intermédiaires n'a jamais été aussi forte ".
Tu viens de fêter tes 46 ans. Que peuvent te souhaiter les militants ?
- " Être le porte-parole fidèle de leurs ambitions, mais à condition qu'elles soient fortes... "
(Source http://www.cfdt.fr, le 14 juin 2002)
- " Ce vote traduit avant tout une CFDT encore plus rassemblée. Je m'en réjouis. Si l'activité a été approuvée aussi largement, c'est aussi parce que les militants se sont retrouvés, par leurs pratiques de terrain, dans les orientations définies au niveau national. Ce consensus porte sur l'action en général de la CFDT. Par exemple, 80 % des militants présents au congrès disent avoir négocié un accord RTT dans leur entreprise ou dans leur administration. Ce qui signifie que la démarche contractuelle portée par le Bureau national et la pratique des militants sont en phase. D'ailleurs, beaucoup d'interventions ont fait le lien entre nos grandes orientations et leur mise en oeuvre au niveau local ".
De la même façon, les résolutions sur l'orientation ont été votées à 70 % ou même 90 %. Ce congrès s'est déroulé dans un quasi-consensus. Il n'y a plus d'opposition à la CFDT, voire plus de débats ?
- " Je pense que l'on se dirige désormais vers des congrès où les débats peuvent rester très vifs, très clivés, sans s'inscrire pour autant dans une démarche d'opposition idéologique. On est ainsi sorti des débats opposant des groupes sur la base du " pour " ou " contre " la confédération. Ce phénomène s'est amorcé au congrès de Lille, en 1998, par le rejet d'une opposition structurée et d'un fonctionnement en tendance. Trois ans après, cette évolution s'est confirmée et constitue un gain qualitatif important pour l'organisation. Les échanges ont davantage lieu sur des thèmes concrets de la vie syndicale, comme l'emploi, les salaires ou les retraites. C'est autrement plus riche pour le débat démocratique. En fonction des sujets, ce ne sont pas forcément les mêmes qui sont en accord ou en désaccord. C'est à mon avis une des avancées les plus importantes depuis le congrès de Lille. Ces scores de plus de 75 %, au-delà de la confiance, traduisent une grande exigence de mobilisation collective. Ils nous imposent de réussir et de donner des réponses. C'est très stimulant ".
Certains thèmes, comme les retraites ont quand même remué un peu la salle...
- " Tant mieux ! C'est la preuve que nous pouvons mener à la fois de vrais débats sur les idées, sur les orientations de fond, et approuver massivement les choix du Bureau national. Alors, c'est vrai, sur les retraites, la discussion a été forte. Et les médias l'ont largement mis en exergue : à la CFDT, comme dans le reste de la société française, il y a débat sur ce thème. Nous n'avons pas éludé ces questions. Le congrès en a débattu. L'architecture de nos positions est claire. Nous avons fait le choix de garantir un bon taux de remplacement et le droit à une retraite à taux plein après quarante années de cotisation. Ensuite, les moyens pour y parvenir doivent se discuter, se négocier. Le point que l'on sait également difficile porte sur la durée de cotisation des régimes spéciaux. Mais ce n'est pas à la CFDT de mettre en avant cette durée, qui reste un paramètre, parmi d'autres, de la réforme ".
L'amendement refusant les licenciements dans les entreprises qui font des bénéfices a été repoussé à seulement 54 %. Le positionnement " zéro chômeur " a-t-il été mal compris ?
- " Alors que s'est installée une pensée unique sur le sujet, que le débat a été " plombé " par les politiques, de droite comme de gauche, autour notamment de l'affaire Danone ou de la loi de modernisation sociale, la CFDT a osé aborder ce thème. Je pense que les militants identifient bien la démarche " zéro chômeur " . Le congrès a donné un sens et un contenu à cette revendication. Face aux entreprises qui licencient, même si elles restent bénéficiaires, on doit être exigeant sur l'objectif " zéro chômeur ". Ce qui impose d'aborder frontalement les questions de reclassement, de formation et de réindustrialisation des territoires... Autant d'éléments certes plus complexes que la simple demande d'interdiction des licenciements, mais sûrement plus productifs... Au passage, la qualité de notre débat au congrès a montré que le choix de cet amendement par le Bureau national, loin d'être caricatural, a été l'occasion d'une confrontation constructive ".
Avec Nicole, il y avait un style de fonctionnement, avec toi, il y en aura un autre, mais sur le fond ?
- " Il me semble que la démarche pragmatique, de développement du contractuel, de recherche de résultats et de valorisation des acquis est désormais la marque de fabrique CFDT. Elle a été poussée depuis dix ans, et il y aura évidemment, sur le fond, continuité ".
L'objectif de développement, avec 1,2 million d'adhérents d'ici 5 ans, est très ambitieux. Est-ce un changement d'échelle dans la politique de syndicalisation ?
- " Tout le monde semble étonné que l'on s'impose un tel challenge. Ce sont des objectifs que se sont déjà données certaines fédérations ou régions. Des structures CFDT qui ont des progressions de plus 10 % l'an, ça existe déjà. Nous voulons tout simplement généraliser cette dynamique de développement dans toute la confédération ".
Tu as annoncé, dans ton discours de clôture, un grand rassemblement pour l'automne. Peux-tu nous en dire plus ?
- " L'idée, en rassemblant 20 000 à 30 000 élus et mandatés CFDT à Paris, c'est de montrer, de façon massive, que l'organisation de proximité qui est en capacité d'être présente et de donner des réponses quotidiennes aux salariés, c'est la CFDT. C'est montrer aussi que cette force est capable d'avoir des priorités revendicatives. C'est enfin, en étant à l'écoute des salariés, lancer une grande opération de syndicalisation. Une démarche volontaire que nous privilégions aussi pour les prud'hommes, en mettant en avant un syndicalisme proche des salariés et producteur de résultats concrets ".
Le nouveau gouvernement n'a cessé d'affirmer sa volonté de relancer le dialogue social. Quelles en sont, pour la CFDT, les conditions ?
- " Le préalable, c'est la refonte des règles de la négociation collective en France. Pour que cela réussisse, l'État doit reconnaître le rôle des partenaires sociaux, en leur permettant d'assurer leurs fonctions. Un espace de négociation doit leur être ouvert avant toute modification législative dans le champ social. Il faut aussi renforcer la légitimité des partenaires sociaux par la mise en place d'élections de représentativité, pour aller ensuite vers le principe de l'accord majoritaire. Face au doute qui s'est installé dans la société et à l'exigence de réponses à apporter, la nécessité de relancer la participation des corps intermédiaires n'a jamais été aussi forte ".
Tu viens de fêter tes 46 ans. Que peuvent te souhaiter les militants ?
- " Être le porte-parole fidèle de leurs ambitions, mais à condition qu'elles soient fortes... "
(Source http://www.cfdt.fr, le 14 juin 2002)