Discours de M. Hervé Gaymard, ministre de l'agriculture, de l'alimentation, de la pêche et des affaires rurales, sur les orientations du gouvernement en ce qui concerne la profession vétérinaire, à la fois en matière de formation des professionnels et de contrôle des risques sanitaires liés à la profession, à Paris le 25 octobre 2002.

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Circonstance : Congrés des vétérinaires à Paris le 25 octobre 2002

Texte intégral

Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs,
C'est avec plaisir, Monsieur le Président, que j'interviens aujourd'hui en ouverture de votre congrès.
Comme la médecine humaine, la médecine animale a profondément évolué, ces dernières années. Le métier de vétérinaire emprunte aujourd'hui de multiples visages. Il y a maintenant quatre ans, vous avez pris l'initiative, Monsieur le Président, de réunir pendant plusieurs jours plus d'un millier de vétérinaires. Vous avez pu alors mesurer que, tout en appartenant à une même profession, beaucoup interviennent et la vivent au quotidien de manière très différente.
La profession vétérinaire -à laquelle, vous l'avez rappelé, Monsieur le Président, vous avez consacré durant de nombreuses années une part importante de vos activités- participe activement à la mise en uvre des politiques publiques dans le domaine sanitaire. J'entends donc travailler avec vous de la façon la plus étroite dans ce domaine de la politique de maîtrise des risques sanitaires liés à l'animal.
Dans vos propos, vous avez évoqué un certain nombre de dossiers qui vous tiennent à coeur et pour lesquels vous estimez que des réponses appropriées n'ont pas été trouvées.
Je ne saurai prétendre, vous le comprendrez, avoir dénoué en quelques mois des dossiers difficiles, qui font l'objet de débats depuis plusieurs années. Toutefois, je peux, d'ores et déjà, vous indiquer les orientations que j'entends donner à l'action de mes services dans les domaines que vous avez abordés.
J'évoquerai tout d'abord le mandat sanitaire. Ce contrat, qui lie le vétérinaire libéral à l'Etat, constitue l'une des singularités de notre dispositif de surveillance et de maîtrise des risques sanitaires de l'élevage. Souvent critiqué, il constitue néanmoins l'une des pierres angulaires de notre système. Chacun en reconnaît l'efficacité et j'entends qu'il soit conforté. Si des améliorations sont nécessaires -je pense en particulier à la nécessaire formation initiale et continue qui doit y être associée-, je suis disposé à les apporter. Je sais, par ailleurs, que la question de la rémunération des missions confiées aux vétérinaires sanitaires demeure posée. Elle devra faire l'objet d'un examen attentif, en particulier pour les vétérinaires exerçant en zone difficile. Je suis très attaché, je veux vous le dire, au maintien et, lorsque cela est nécessaire, au renforcement du " maillage vétérinaire " de notre territoire. Je sais combien ceux d'entre vous qui exercent dans nos campagnes et dans les zones de montagne concourent au maintien du tissu rural. Aussi, je ferai tout pour éviter que, faute de vétérinaires en nombre suffisant dans les zones de production, notre pays connaisse une évolution comparable à celle de nos voisins britanniques. Les vétérinaires jouent sur tout le territoire, aux côtés des éleveurs, un rôle essentiel dans la surveillance de la santé des cheptels. Vous pouvez compter sur mon action résolue pour vous aider à le remplir, y compris dans les zones où vos conditions d'exercice sont les plus difficiles.
Il me paraît utile, à cet égard, de mettre en place un système intégré de surveillance et de maîtrise des risques sanitaires pour les élevages bovins. Grâce à l'efficacité du dispositif partenarial développé depuis de très nombreuses années entre les éleveurs -au travers des Groupements de défense sanitaire-, les vétérinaires sanitaires et l'administration, la situation sanitaire du cheptel français s'est considérablement améliorée. Notre pays est désormais officiellement indemne de tuberculose et de leucose. Quant à la brucellose, elle est en voie d'éradication. J'entends poursuivre ces actions d'éradication et favoriser la mise en place d'un dispositif ambitieux de maîtrise des risques nouveaux ou réémergents. Votre profession en sera, naturellement, l'élément central, et je veux, là encore, l'aider à y prendre toute sa place. Enfin, je souhaite que les groupements techniques vétérinaires assurent le relais nécessaire entre l'administration et les professionnels, dans le domaine de la formation et de l'information des vétérinaires sanitaires.
S'agissant de la certification, je sais combien son développement vous tient à cur. Les vétérinaires sanitaires, de par le mandat qui les lient à l'Etat, participent, dans leur domaine de compétence, à l'établissement des garanties nécessaires à la certification. A ce stade, il ne me paraît toutefois pas opportun de leur faire supporter les responsabilités liées à l'établissement des certificats sanitaires requis pour les échanges internationaux.
En faisant référence, Monsieur le Président, à la question du médicament vétérinaire, vous avez évoqué une situation " malsaine ". Tout en vous laissant le choix de ce qualificatif, j'entends vous dire combien je partage votre préoccupation. Le rapport que m'a remis au début de l'été le Comité Permanent de Coordination des Inspections de mon Ministère, et que vous avez cité, est malheureusement très clair : la loi de 1975 n'est pas appliquée de façon satisfaisante.
Les pouvoirs publics ont, sans doute, une part de responsabilité dans cette situation. Aussi est-il indispensable que nous travaillions désormais ensemble à l'amélioration des conditions de distribution et d'utilisation des médicaments vétérinaires. Sans remettre en cause les équilibres existants, je souhaite que le nouveau dispositif garantisse aux consommateurs la meilleure sécurité de nos produits alimentaires. Il devra en outre tenir compte de la réalité du terrain. Des projets de texte font actuellement l'objet de consultations. Je souhaite qu'elles puissent aboutir le plus rapidement possible.
Les professionnels vétérinaires sont des acteurs essentiels de la santé et de la protection des animaux. La vocation de nombreux enfants et adolescents qui aspirent à devenir vétérinaires puise d'ailleurs là sa source. Au quotidien, vous exercez, d'ores et déjà, ce rôle avec beaucoup d'engagement et de courage, et je tiens à vous en féliciter. Demain, je sais qu'outre votre expertise, vous apporterez ce même enthousiasme aux Comités départementaux de la protection animale ou vous serez appelés à siéger.
Je comprends, par ailleurs, votre impatience à connaître les conditions sanitaires applicables aux dispensaires pour animaux. Aussi, ai-je demandé à la Direction Générale de l'Alimentation de mon Ministère, la DGAL, d'y travailler en priorité.
Vous m'avez également fait part, Monsieur le Président, de votre préoccupation, s'agissant de l'identification électronique et plus généralement de la gestion du fichier national canin.
Dès mon arrivée fin mai, je me suis saisi de ce dossier. J'en connais les difficultés et les enjeux ainsi que le débat passionné qui l'entoure. Il n'est pas dans mes intentions, vous le comprendrez, de favoriser un mode d'identification plutôt qu'un autre. Je souhaite, en revanche, que nous puissions offrir à toute personne qui a perdu son animal un service efficace. Tels sont les principes qui ont animé les réunions conduites par mon Cabinet. Quelles que soient les difficultés, je privilégierai, par méthode, la recherche d'une solution consensuelle. A défaut, je trancherai cette question, animé d'un souci de responsabilité et d'équité.
Enfin, vous m'avez fait part, Monsieur le Président, de vos préoccupations pour l'enseignement vétérinaire.
Sa réforme est un sujet qui, vous le savez, me tient tout particulièrement à cur.
Je souhaite que nous puissions rapidement conduire la réforme des classes préparatoires. Je ne me résous pas à ce, que du fait notamment de la difficulté du concours, un nombre important de jeunes Français, qui veulent devenir vétérinaires, s'inscrivent à la formation dispensée par l'Université de Liège.
Dans les tout prochains jours, je vais inviter le Ministre belge de l'Enseignement Supérieur, de l'Enseignement de Promotion Sociale et de la Recherche Scientifique pour la communauté française, Françoise DUPUIS, à engager des discussions, afin qu'ensemble nous puissions apporter à ce dossier une réponse satisfaisante.
Monsieur le Président, je sais que vous vous apprêtez à quitter vos fonctions. " Pour chaque être, il existe une sorte d'activité où il serait utile à la société, en même temps qu'il y trouverait son bonheur ", nous enseigne Maurice BARRÈS. Je veux vous souhaiter, après ces décennies d'activités et d'effort, d'embrasser de nouveaux horizons et de retrouver, au côté de votre famille, " le temps de la vie ". Pour tous, vos collègues, la profession et les agents des services du Ministère, vous demeurerez à la fois un partenaire d'une grande qualité et un exemple. Merci encore à vous.
A tous, enfin, je veux dire mon écoute et à ma détermination à vous aider à toujours mieux remplir vos missions, au service des animaux et du monde agricole.
Je vous remercie.
(Source http://www.agriculture.gouv.fr, le 28 octobre 2002)