Texte intégral
A. Hausser
L'affaire Vivendi est-elle une affaire politique ? L'Assemblée doit-elle s'en mêler ? Ou est-ce une affaire strictement économique ?
- "C'est une affaire qui concerne une entreprise, un groupe. Et par conséquent, ce n'est pas une affaire politique. Cela dit, l'importance du groupe peut avoir des conséquences politiques. Mais pour l'instant, ce n'est pas le domaine de l'Assemblée nationale."
Et si un certain nombre de députés demandent la constitution d'une commission d'enquête ?
- "On verra, pourquoi pas ? Mais pour l'instant, la question ne se pose pas."
Vous avez lu le message du Président, hier, qui appelle "au sursaut politique". Comment voyez-vous ce sursaut ?
- "Il y a eu des élections, et les Français nous ont lancé des messages. Il faut que ces messages soient rapidement transcrits dans la loi. Les Français sont préoccupés par un certain nombre de sujets : la sécurité, l'emploi. Par conséquent, il faut que les politiques, dans leur attitude, dans leurs votes, dans leurs lois, répondent à cette attente. Si nous voulons réhabiliter le politique, c'est en montrant notre capacité d'être à l'écoute très régulièrement des angoisses, des attentes et des préoccupations des Français."
Et comment sonderez-vous ces Français ?
- "C'est le rôle de l'Assemblée nationale. L'Assemblée nationale, c'est naturellement l'endroit où on vote la loi, c'est naturellement l'endroit où on contrôle le Gouvernement. Mais c'est également l'endroit où les représentants du peuple, quels qu'ils soient et quelles que soient leurs tendances, font écho aux préoccupations des Français."
Mais faire écho aux préoccupations des Français, cela veut dire faire écho à des problèmes locaux...
- "Pas forcément."
Cela veut dire parfois contrer le Gouvernement ?
- "Ce n'est pas forcément faire écho aux problèmes locaux. Le problème de l'insécurité, le problème de l'éducation, le problème de la santé, qui se posent dans chaque circonscription de France est un problème national. Et, par conséquent, nous devons montrer au Gouvernement ce qui va, ce qui ne va pas, les difficultés d'application de la loi. Ce n'est pas forcément contrer le Gouvernement. Il y a une majorité, il y a une opposition. Mais la majorité n'est pas docile, elle doit être le pont entre le Gouvernement et la nation. Et par conséquent, montrer au Premier ministre, au Gouvernement, ce qui va, ce qui ne va pas, pour corriger."
Quand on dit que la majorité n'est pas docile - elle est très importante dans cette législature -, on a toujours l'impression que les gouvernants veulent étouffer les protestations, les velléités des députés.
- "Ce n'est pas parce qu'on émet des réserves ou des opinions différentes que l'on proteste. La majorité est là pour soutenir le Gouvernement, elle a reçu un mandat politique des Français : c'est "faites en sorte que les promesses de J. Chirac soient tenues ; faites en sorte que le Gouvernement qu'il a désigné puisse s'appuyer sur une majorité cohérente". Mais cela n'empêche que cette majorité peut expliquer au Gouvernement et doit expliquer au Gouvernement ce qui va et ce qui ne va pas. Je vais donner un exemple qui vient de la législature passée : si le gouvernement de monsieur Jospin avait un peu plus entendu les députés et les sénateurs sur les difficultés d'application des 35 heures, nous n'en serions pas là. Par conséquent, on a toujours intérêt à écouter les parlementaires, et notamment les députés, qui sont au contact quotidien des réalités."
Allez-vous institutionnaliser cette écoute ?
- "Elle fait partie de l'Assemblée nationale. Mais il faut faire en sorte - et c'est ma responsabilité - qu'elle soit mieux entendue."
Comment allez-vous faire ? Avez-vous votre idée là-dessus ?
- "Oui, c'est un certain nombre de réformes qu'il faut faire, aussi bien sur le fonctionnement des commissions que sur les questions d'actualité qui seront posées au Gouvernement. Et, c'est la venue très régulière à l'Assemblée nationale des ministres pour discuter, dialoguer avec les députés. Ce que je souhaite, c'est que ces députés, dans l'Hémicycle, oublient un peu leur appartenance politique, et se préoccupent des Français directement, et qu'ils ne soient pas figés dans des modèles idéologiques."
Ce n'est pas facile.
- "Rien n'est facile dans la vie."
Un certain nombre de réformes vont être proposées par J.-P. Raffarin cet après-midi. On sait qu'il veut s'attaquer à la question des retraites, à l'insécurité - mais, là, il y a déjà des choses qui sont amorcées. La crise boursière ne va-t-elle pas contrecarrer ces projets ?
- "La crise boursière peut accroître les difficultés du Gouvernement mais il faut sortir rapidement de cette crise."
Oui, mais cela ne se décrète pas.
- "Non, mais la confiance va apparaître rapidement. Quand on va voir un Gouvernement qui est déterminé, un Gouvernement qui agit, je suis persuadé que la confiance va revenir."
Uniquement en France ?
- "Non, naturellement. La conjoncture française est liée en grande partie à un certain nombre de conjonctures étrangères. Mais commençons en France par poser les bases du retour à la confiance. Il faut que les entrepreneurs, que les commerçants, que les artisans, aient envie, en France, de travailler, de produire, de créer. Et pour qu'ils aient envie de travailler, de produire et de créer, il faut que notre législation ne soit pas une législation désespérante pour ces commerçants, ces artisans, ces agriculteurs ou ces industriels."
Faut-il commencer par réformer dans ce domaine ou faut-il commencer par la décentralisation, comme J. Chirac l'a dit, comme le Premier ministre l'a dit, comme la campagne l'a dit ?
- "Il faut mener plusieurs front en même temps parce qu'il y a urgence : il y a urgence sur la sécurité, il y a urgence sur le système de santé, il y a urgence sur l'éducation, mais il y a aussi urgence sur un certain nombre de réformes de fond qu'il faut faire rapidement, mais pas dans la précipitation, et notamment la décentralisation. Je suis maire d'Evreux et je vois l'importance et la nécessité de donner à l'élu local plus de responsabilités. Aujourd'hui, les initiatives locales se perdent dans le dédale de la complexité administrative. Il faut revenir à plus d'efficacité."
Comment obtient-on cette efficacité ? Comment la mesure-t-on surtout? Uniquement à travers les sondages ?
- "Pas du tout. L'efficacité d'un élu se marque à sa capacité à faire aboutir un certain nombre de dossiers. L'efficacité du maire, c'est sa capacité ou non de réaliser dans sa ville un certain nombre d'investissements, de faire bouger les choses. Cela se voit tout de suite."
(Source :premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 4 juillet 2002)
L'affaire Vivendi est-elle une affaire politique ? L'Assemblée doit-elle s'en mêler ? Ou est-ce une affaire strictement économique ?
- "C'est une affaire qui concerne une entreprise, un groupe. Et par conséquent, ce n'est pas une affaire politique. Cela dit, l'importance du groupe peut avoir des conséquences politiques. Mais pour l'instant, ce n'est pas le domaine de l'Assemblée nationale."
Et si un certain nombre de députés demandent la constitution d'une commission d'enquête ?
- "On verra, pourquoi pas ? Mais pour l'instant, la question ne se pose pas."
Vous avez lu le message du Président, hier, qui appelle "au sursaut politique". Comment voyez-vous ce sursaut ?
- "Il y a eu des élections, et les Français nous ont lancé des messages. Il faut que ces messages soient rapidement transcrits dans la loi. Les Français sont préoccupés par un certain nombre de sujets : la sécurité, l'emploi. Par conséquent, il faut que les politiques, dans leur attitude, dans leurs votes, dans leurs lois, répondent à cette attente. Si nous voulons réhabiliter le politique, c'est en montrant notre capacité d'être à l'écoute très régulièrement des angoisses, des attentes et des préoccupations des Français."
Et comment sonderez-vous ces Français ?
- "C'est le rôle de l'Assemblée nationale. L'Assemblée nationale, c'est naturellement l'endroit où on vote la loi, c'est naturellement l'endroit où on contrôle le Gouvernement. Mais c'est également l'endroit où les représentants du peuple, quels qu'ils soient et quelles que soient leurs tendances, font écho aux préoccupations des Français."
Mais faire écho aux préoccupations des Français, cela veut dire faire écho à des problèmes locaux...
- "Pas forcément."
Cela veut dire parfois contrer le Gouvernement ?
- "Ce n'est pas forcément faire écho aux problèmes locaux. Le problème de l'insécurité, le problème de l'éducation, le problème de la santé, qui se posent dans chaque circonscription de France est un problème national. Et, par conséquent, nous devons montrer au Gouvernement ce qui va, ce qui ne va pas, les difficultés d'application de la loi. Ce n'est pas forcément contrer le Gouvernement. Il y a une majorité, il y a une opposition. Mais la majorité n'est pas docile, elle doit être le pont entre le Gouvernement et la nation. Et par conséquent, montrer au Premier ministre, au Gouvernement, ce qui va, ce qui ne va pas, pour corriger."
Quand on dit que la majorité n'est pas docile - elle est très importante dans cette législature -, on a toujours l'impression que les gouvernants veulent étouffer les protestations, les velléités des députés.
- "Ce n'est pas parce qu'on émet des réserves ou des opinions différentes que l'on proteste. La majorité est là pour soutenir le Gouvernement, elle a reçu un mandat politique des Français : c'est "faites en sorte que les promesses de J. Chirac soient tenues ; faites en sorte que le Gouvernement qu'il a désigné puisse s'appuyer sur une majorité cohérente". Mais cela n'empêche que cette majorité peut expliquer au Gouvernement et doit expliquer au Gouvernement ce qui va et ce qui ne va pas. Je vais donner un exemple qui vient de la législature passée : si le gouvernement de monsieur Jospin avait un peu plus entendu les députés et les sénateurs sur les difficultés d'application des 35 heures, nous n'en serions pas là. Par conséquent, on a toujours intérêt à écouter les parlementaires, et notamment les députés, qui sont au contact quotidien des réalités."
Allez-vous institutionnaliser cette écoute ?
- "Elle fait partie de l'Assemblée nationale. Mais il faut faire en sorte - et c'est ma responsabilité - qu'elle soit mieux entendue."
Comment allez-vous faire ? Avez-vous votre idée là-dessus ?
- "Oui, c'est un certain nombre de réformes qu'il faut faire, aussi bien sur le fonctionnement des commissions que sur les questions d'actualité qui seront posées au Gouvernement. Et, c'est la venue très régulière à l'Assemblée nationale des ministres pour discuter, dialoguer avec les députés. Ce que je souhaite, c'est que ces députés, dans l'Hémicycle, oublient un peu leur appartenance politique, et se préoccupent des Français directement, et qu'ils ne soient pas figés dans des modèles idéologiques."
Ce n'est pas facile.
- "Rien n'est facile dans la vie."
Un certain nombre de réformes vont être proposées par J.-P. Raffarin cet après-midi. On sait qu'il veut s'attaquer à la question des retraites, à l'insécurité - mais, là, il y a déjà des choses qui sont amorcées. La crise boursière ne va-t-elle pas contrecarrer ces projets ?
- "La crise boursière peut accroître les difficultés du Gouvernement mais il faut sortir rapidement de cette crise."
Oui, mais cela ne se décrète pas.
- "Non, mais la confiance va apparaître rapidement. Quand on va voir un Gouvernement qui est déterminé, un Gouvernement qui agit, je suis persuadé que la confiance va revenir."
Uniquement en France ?
- "Non, naturellement. La conjoncture française est liée en grande partie à un certain nombre de conjonctures étrangères. Mais commençons en France par poser les bases du retour à la confiance. Il faut que les entrepreneurs, que les commerçants, que les artisans, aient envie, en France, de travailler, de produire, de créer. Et pour qu'ils aient envie de travailler, de produire et de créer, il faut que notre législation ne soit pas une législation désespérante pour ces commerçants, ces artisans, ces agriculteurs ou ces industriels."
Faut-il commencer par réformer dans ce domaine ou faut-il commencer par la décentralisation, comme J. Chirac l'a dit, comme le Premier ministre l'a dit, comme la campagne l'a dit ?
- "Il faut mener plusieurs front en même temps parce qu'il y a urgence : il y a urgence sur la sécurité, il y a urgence sur le système de santé, il y a urgence sur l'éducation, mais il y a aussi urgence sur un certain nombre de réformes de fond qu'il faut faire rapidement, mais pas dans la précipitation, et notamment la décentralisation. Je suis maire d'Evreux et je vois l'importance et la nécessité de donner à l'élu local plus de responsabilités. Aujourd'hui, les initiatives locales se perdent dans le dédale de la complexité administrative. Il faut revenir à plus d'efficacité."
Comment obtient-on cette efficacité ? Comment la mesure-t-on surtout? Uniquement à travers les sondages ?
- "Pas du tout. L'efficacité d'un élu se marque à sa capacité à faire aboutir un certain nombre de dossiers. L'efficacité du maire, c'est sa capacité ou non de réaliser dans sa ville un certain nombre d'investissements, de faire bouger les choses. Cela se voit tout de suite."
(Source :premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 4 juillet 2002)