Texte intégral
Monsieur le maire de Rennes,
monsieur le président du département,
monsieur le président de la région,
cher Josselin de Rohan,
cher monsieur Pronk,
cher monsieur Moussel,
mesdames, messieurs,
chère Tokia,
Je voudrais vous dire d'entrée que la France veut se mobiliser pour que Johannesburg soit une réussite. D'ores et déjà, le président de la République française a décidé de participer à ce rendez vous mondial. D'ores et déjà, à Séville, avec les chefs d'Etat européens et à Kananaskis avec les représentants du G8, il a plaidé pour que tous les chefs d'Etat puissent être présents physiquement à Johannesburg, pour bien montrer l'importance, de ce rendez-vous à la communauté internationale. Et si je suis venu aujourd'hui à l'ouverture de vos travaux, c'est pour vous confirmer l'engagement du gouvernement français pour la réussite de Johanneburg. Le gouvernement français participera activement à tous vos travaux. Tokia Saïfi sera présente 48 heures avec vous, madame Bachelot et madame Haigneré participeront également aux travaux. Nous voulons mettre toute notre énergie, faire tous les efforts nécessaires pour que nous puissions déboucher à Johannesburg sur ce qui, pour nous, est peut être le plus important : à la fois qu'on retrouve l'âme de Rio mais aussi qu'on puisse obtenir des résultats concrets. Le rendez vous de Rio a été très important, il a éveillé la conscience mondiale. Il a été partout dans le monde un rendez vous qui a fait germer des espoirs, des idées, des engagements. Conscience de la planète, mais maintenant substance de l'action, c'est cela le rendez vous de Johannesburg, tout en gardant cette âme qui fait bouger les peuples, que l'on avait ressentie à Rio.
Cet héritage de Rio, il faut le protéger, notamment cette démarche de l'agenda 21, démarche globale mais démarche locale qui finalement s'est déclinée, s'est enracinée et a pénétré le monde ; cette démarche de métissage entre le rôle des Etats, le rôle des ONG, le rôle des collectivités, l'ensemble des acteurs qui se sont rassemblés, qui vont se retrouver à Johannesburg. Et puis cette exigence d'avoir sur ces sujets évidemment en permanence une pensée universelle et une pensée locale, de faire en sorte qu'on puisse les uns et les autres être conscients qu'aujourd'hui, la planète est à nous tous, mais qu'on fond, elle ne peut se concevoir de manière universelle que si on prend en considération chaque espace local, chaque espace de vie pour lequel souvent des actions urgentes sont nécessaires. C'est pour cela que nous sommes donc engagés dans cette réussite en souhaitant que Johannesburg partage l'élan de Rio et ajoute ce volet d'actions concrètes dont monsieur Pronk parlait à l'instant. Il est évident que nous pourrions être préoccupés par les différents rendez vous qui ont préparé cette rencontre en Afrique du Sud. Il est vrai que Kyoto avec l'effet de serre, Carthagène avec la biodiversité, Mebri (phon) sur l'ensemble de ces sujets biodiversité également, toutes ces questions ont provoqué des débats difficiles, et on le voit encore sur l'effet de serre où il faut convaincre fortement des grands pays à reconnaître ce protocole.
Nous voyons bien qu'il y a des difficultés de négociations ou qu'il y a des tensions encore sur tous ces sujets. On a vu les difficultés à Bali, où la tendance était encore de s'opposer les uns aux autres, d'essayer d'améliorer Doha, d'essayer toujours de faire plus, ce qui est légitime, et donc d'essayer de faire en sorte que le débat entre la quantité de l'aide, cet objectif des 0,7 puisse être atteint, partagé le plus vite possible, mais sans oublier l'exigence de la qualité du développement local. Car il est nécessaire de travailler sur l'ensemble de la mobilisation financière, et en ce qui me concerne, à la tête du gouvernement de la France, nous ferons en sorte que nous puissions augmenter ce chiffre dont nous ne sommes pas très fiers de 0,32 % de notre aide au développement pour l'amener progressivement à l'objectif pour lequel nous sommes engagés.
Mais on voit bien que ce débat sur la quantité n'exclut pas le débat sur la qualité des interventions, sur ce que doit être le développement durable dans son organisation, dans ses moyens, dans ses soutiens, dans son efficacité, dans son évaluation. Nous avons bien compris la détermination de Kofi Annan pour réussir Johannesburg et, à la suite de Bali, organiser différentes réunions pour que puissent se dégager, se préparer, les accords nécessaires. Car si Johannesburg était en effet un échec vous avez raison, monsieur Pronk , il y aurait derrière un véritable désespoir. Nous n'avons pas le droit d'échouer à Johannesburg et nous serons disponibles d'ici la fin août pour toutes les réunions intermédiaires que l'Onu souhaitera organiser avec les différents représentants des Etats pour préparer l'accord de Johannesburg. Nous allons à ce rendez vous avec un certain nombre de convictions.
Evidemment, nous sommes frappés par la lucidité avec laquelle il faut regarder le monde aujourd'hui et notamment l'augmentation de la destruction de la biodiversité et l'aggravation très préoccupante de la pauvreté. Nous y allons avec des convictions et des messages à faire partager. D'abord, ce qui est, je crois, très important dans la culture de cette dynamique de préparation qui a été engagée, c'est l'idée de partager l'intérêt général. Je crois que pendant trop longtemps, les Etats ont laissé penser qu'ils étaient les seuls à être acteurs de l'intérêt général. Et finalement, on voit bien que l'intérêt général est aussi à partager, que les associations, que les organisations, que les acteurs individuels ont une part de responsabilité dans l'intérêt général. Nous sommes tous porteurs d'une part de l'intérêt général et c'est important que nous nous trouvions tous mêlés dans nos différentes responsabilités pour faire en sorte qu'on arrive à convaincre que cet intérêt général n'est pas le monopole des uns mais le partage de tous. Et c'est, je crois, très important pour un pays comme la France qui a porté ses valeurs universelles, de pouvoir continuer à militer pour des causes plus grandes que nous. Notre préoccupation aussi sera d'affirmer évidemment ce que sont nos priorités et les priorités, qu'elles soient géographiques, politiques ou techniques. Je pense évidemment à des priorités que nous voulons affirmer quant à l'aide à l'Afrique subsaharienne, quant aux pays de la Méditerranée, quant à notre soutien au Nepad. Il est clair que nous avons là des engagements sur lesquels nous avons une parole de fidélité à tenir et nous militerons pour que cette fidélité soit affirmée.
Et puis évidemment, sur le plan des techniques, des dossiers, nous aurons notre contribution, et nous sommes prêts, sur des dossiers comme ceux de l'eau, comme ceux de l'énergie, comme ceux de la gouvernance, à faire en sorte que la France puisse contribuer au développement durable par ses concours technologiques, administratifs, financiers, pour participer à ce qu'il y ait un partage de nos engagements.
Troisième conviction que nous voulons affirmer, et qui relève de ce que Jean Claude Guillebaud appelle le "principe d'humanité", qu'il fonde sur la mobilisation de l'intelligence des peuples : la prochaine planète ne sera pas notre héritage mais notre création. Le monde qui nous attend n'est pas à détruire évidemment, il est à "construire", dit Guillebaud. Il y a des efforts considérables à faire, pour cette construction, cette fondation, qui, par l'intelligence et le partage de l'intelligence, est la formation (notamment la formation au développement durable). De nombreuses organisations non gouvernementales sont mobilisées sur cette éducation à l'environnement, sur cette éducation au développement durable. Il y a beaucoup d'efforts à faire pour que ce partage de l'intelligence, ce partage de la matière grise, ce partage de la connaissance soient dans le monde le mieux équilibrés possible. C'est, je pense, très important d'avoir, pour un pays comme le nôtre, vocation à faire partager à la fois le contenu des connaissances mais aussi les techniques d'éducation et de formation. En multipliant les outils de nouvelles technologies, pour qu'il y ait une meilleure connaissance et un meilleur partage de ces connaissances en matière d'éducation à l'environnement et au développement durable. Nous pensons qu'il y a là beaucoup d'initiatives qui sont à développer.
Sur le plan de l'économie, nous voyons bien aussi qu'il faut faire partie activement de ces groupes de travail qui recherchent des solutions nouvelles. Je pense au commerce éthique, au commerce équitable, à toutes ces réflexions, toutes ces dynamiques qui sont des dynamiques nouvelles, qui bouleversent les idées, les échanges, et qui sont importantes à intégrer. Afin que ces échanges économiques puissent participer à cette nouvelle économie que nous souhaitons, qui soit davantage respectueuse de la planète. Il y a sur tous ces sujets, comme le disait monsieur Pronk tout à l'heure, nécessité en permanence de conjuguer, de mêler, d'inter appliquer l'économique, le social et l'environnement. C'est évident que cela impose de nouvelles visions économiques, de nouvelles démarches actives qui doivent faire partie de notre engagement.
Cinquième message, qui, je crois aussi, fait partie de notre culture plus récente et pour lequel nous avons des résultats importants et monsieur le maire de Rennes y faisait allusion tout à l'heure, à propos du développement urbain très important , c'est l'action des collectivités territoriales le président de Bretagne le disait lui aussi. Je souhaite vraiment que l'ONU soit très attentive à toutes les initiatives des collectivités territoriales et de coopération décentralisée. Il y a aujourd'hui un véritable élan des collectivités territoriales des villes, des départements, des régions partout dans le monde du nord mais partout aussi dans le monde du sud pour organiser ces échanges. Ce sont des échanges très fertiles, dans la mesure où ils sont en général fondés sur des coups de coeur ; ce sont des engagements personnels, ce sont des implications individuelles, territoriales, locales, à dimension humaine. Cette dynamique de la coopération décentralisée, de l'échange, à partir des collectivités territoriales, est très importante parce qu'elle met face à face des acteurs concernés, impliqués, des acteurs généreux et déterminés. Je pense qu'il y a là un moteur formidable, à organiser d'ailleurs, de manière à ce que les choses ne soient pas trop dispersées, sans porter atteinte à cette liberté qui est à la base d'une collectivité territoriale, d'un engagement. De faire en sorte qu'il y ait des cohérences. Ce qui a été fait dans notre pays depuis quelques années sur les ateliers de coopération décentralisée, un certain nombre d'initiatives nous ont permis de mieux travailler à l'ingénierie de la coopération, à l'ingénierie du soutien entre partenaires territoriaux. Il y a là, je crois, beaucoup d'espoir et beaucoup d'initiatives, beaucoup de moyens aussi qui, s'ils ne sont pas dispersés, peuvent participer à cette dynamique du développement durable. C'est pour cela que je souhaite qu'à côté des organisations non gouvernementales, à côté des Etats et de tous les acteurs impliqués à Johannesburg, les collectivités territoriales trouvent aussi leur place pour apporter leur énergie, le coeur, leur ardeur dans cette mobilisation mondiale.
Enfin et vous l'avez dit aussi monsieur Pronk je partage votre conviction pour la mobilisation des jeunes. Il est clair, on voit bien aujourd'hui qu'il y a un formidable élan dans le coeur des jeunes qui sentent que la société laisse assez peu de place à leur engagement. Nous sortons d'un débat politique français qui, de ce point de vue, ne nous a pas donné que des satisfactions. Les taux d'abstention qui, au départ, pouvaient révéler des indifférences révèlent aussi des défiances. Nous devons penser à l'engagement des jeunes. Et pour ce faire, il faut aussi penser à ce que sont leurs moteurs : la cause humanitaire, la cause mondiale sont des causes qui sont au coeur même de leur propre engagement. Nous avons le devoir de faire en sorte que cet engagement ne soit pas sans issue, sans perspective. C'est très important de faire en sorte qu'on puisse motiver les jeunes dans nos appareils éducatifs, universitaires mais aussi dans l'ensemble de notre société et de la vie associative. Il faut faire en sorte que les jeunes puissent sentir cette cause du développement durable, cette cause de l'environnement au niveau de la planète comme une cause qui les concerne mondialement et personnellement. Il y a là, je crois, un projet qui peut redonner à ce vieil humanisme auquel nous sommes très attachés, de la modernité, qui peut redonner à cet engagement de dépassement, de création, une perspective moderne qui peut parler aux jeunes dans le monde d'aujourd'hui.
Voilà quelques uns des messages pour lesquels la France est motivée à s'engager dans la réussite de Johannesburg. Je tiens à vous dire avec conviction, que ce qui fait notre unité nationale, ce sont ces valeurs de la République, ces valeurs pour lesquelles les Français se sont mobilisés récemment, cette liberté, cette égalité, cette fraternité. Elles n'ont pas de sens seulement à l'intérieur de nos frontières, ce n'est pas un esprit féodal que portaient les fédérateurs de ces convictions républicaines. Au contraire, c'était une pensée universelle, cette liberté, cette égalité, cette fraternité. Il nous faut c'est notre devoir chercher dans le monde à mieux les partager.
Je vous souhaite à toutes et à tous, de bons travaux. Je vous laisse Tokia 48 heures durant. Elle sera attentive à tout ce que vous pourrez proposer et ensemble, nous réussirons Johannesburg. Merci."
(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 3 juillet 2002)
monsieur le président du département,
monsieur le président de la région,
cher Josselin de Rohan,
cher monsieur Pronk,
cher monsieur Moussel,
mesdames, messieurs,
chère Tokia,
Je voudrais vous dire d'entrée que la France veut se mobiliser pour que Johannesburg soit une réussite. D'ores et déjà, le président de la République française a décidé de participer à ce rendez vous mondial. D'ores et déjà, à Séville, avec les chefs d'Etat européens et à Kananaskis avec les représentants du G8, il a plaidé pour que tous les chefs d'Etat puissent être présents physiquement à Johannesburg, pour bien montrer l'importance, de ce rendez-vous à la communauté internationale. Et si je suis venu aujourd'hui à l'ouverture de vos travaux, c'est pour vous confirmer l'engagement du gouvernement français pour la réussite de Johanneburg. Le gouvernement français participera activement à tous vos travaux. Tokia Saïfi sera présente 48 heures avec vous, madame Bachelot et madame Haigneré participeront également aux travaux. Nous voulons mettre toute notre énergie, faire tous les efforts nécessaires pour que nous puissions déboucher à Johannesburg sur ce qui, pour nous, est peut être le plus important : à la fois qu'on retrouve l'âme de Rio mais aussi qu'on puisse obtenir des résultats concrets. Le rendez vous de Rio a été très important, il a éveillé la conscience mondiale. Il a été partout dans le monde un rendez vous qui a fait germer des espoirs, des idées, des engagements. Conscience de la planète, mais maintenant substance de l'action, c'est cela le rendez vous de Johannesburg, tout en gardant cette âme qui fait bouger les peuples, que l'on avait ressentie à Rio.
Cet héritage de Rio, il faut le protéger, notamment cette démarche de l'agenda 21, démarche globale mais démarche locale qui finalement s'est déclinée, s'est enracinée et a pénétré le monde ; cette démarche de métissage entre le rôle des Etats, le rôle des ONG, le rôle des collectivités, l'ensemble des acteurs qui se sont rassemblés, qui vont se retrouver à Johannesburg. Et puis cette exigence d'avoir sur ces sujets évidemment en permanence une pensée universelle et une pensée locale, de faire en sorte qu'on puisse les uns et les autres être conscients qu'aujourd'hui, la planète est à nous tous, mais qu'on fond, elle ne peut se concevoir de manière universelle que si on prend en considération chaque espace local, chaque espace de vie pour lequel souvent des actions urgentes sont nécessaires. C'est pour cela que nous sommes donc engagés dans cette réussite en souhaitant que Johannesburg partage l'élan de Rio et ajoute ce volet d'actions concrètes dont monsieur Pronk parlait à l'instant. Il est évident que nous pourrions être préoccupés par les différents rendez vous qui ont préparé cette rencontre en Afrique du Sud. Il est vrai que Kyoto avec l'effet de serre, Carthagène avec la biodiversité, Mebri (phon) sur l'ensemble de ces sujets biodiversité également, toutes ces questions ont provoqué des débats difficiles, et on le voit encore sur l'effet de serre où il faut convaincre fortement des grands pays à reconnaître ce protocole.
Nous voyons bien qu'il y a des difficultés de négociations ou qu'il y a des tensions encore sur tous ces sujets. On a vu les difficultés à Bali, où la tendance était encore de s'opposer les uns aux autres, d'essayer d'améliorer Doha, d'essayer toujours de faire plus, ce qui est légitime, et donc d'essayer de faire en sorte que le débat entre la quantité de l'aide, cet objectif des 0,7 puisse être atteint, partagé le plus vite possible, mais sans oublier l'exigence de la qualité du développement local. Car il est nécessaire de travailler sur l'ensemble de la mobilisation financière, et en ce qui me concerne, à la tête du gouvernement de la France, nous ferons en sorte que nous puissions augmenter ce chiffre dont nous ne sommes pas très fiers de 0,32 % de notre aide au développement pour l'amener progressivement à l'objectif pour lequel nous sommes engagés.
Mais on voit bien que ce débat sur la quantité n'exclut pas le débat sur la qualité des interventions, sur ce que doit être le développement durable dans son organisation, dans ses moyens, dans ses soutiens, dans son efficacité, dans son évaluation. Nous avons bien compris la détermination de Kofi Annan pour réussir Johannesburg et, à la suite de Bali, organiser différentes réunions pour que puissent se dégager, se préparer, les accords nécessaires. Car si Johannesburg était en effet un échec vous avez raison, monsieur Pronk , il y aurait derrière un véritable désespoir. Nous n'avons pas le droit d'échouer à Johannesburg et nous serons disponibles d'ici la fin août pour toutes les réunions intermédiaires que l'Onu souhaitera organiser avec les différents représentants des Etats pour préparer l'accord de Johannesburg. Nous allons à ce rendez vous avec un certain nombre de convictions.
Evidemment, nous sommes frappés par la lucidité avec laquelle il faut regarder le monde aujourd'hui et notamment l'augmentation de la destruction de la biodiversité et l'aggravation très préoccupante de la pauvreté. Nous y allons avec des convictions et des messages à faire partager. D'abord, ce qui est, je crois, très important dans la culture de cette dynamique de préparation qui a été engagée, c'est l'idée de partager l'intérêt général. Je crois que pendant trop longtemps, les Etats ont laissé penser qu'ils étaient les seuls à être acteurs de l'intérêt général. Et finalement, on voit bien que l'intérêt général est aussi à partager, que les associations, que les organisations, que les acteurs individuels ont une part de responsabilité dans l'intérêt général. Nous sommes tous porteurs d'une part de l'intérêt général et c'est important que nous nous trouvions tous mêlés dans nos différentes responsabilités pour faire en sorte qu'on arrive à convaincre que cet intérêt général n'est pas le monopole des uns mais le partage de tous. Et c'est, je crois, très important pour un pays comme la France qui a porté ses valeurs universelles, de pouvoir continuer à militer pour des causes plus grandes que nous. Notre préoccupation aussi sera d'affirmer évidemment ce que sont nos priorités et les priorités, qu'elles soient géographiques, politiques ou techniques. Je pense évidemment à des priorités que nous voulons affirmer quant à l'aide à l'Afrique subsaharienne, quant aux pays de la Méditerranée, quant à notre soutien au Nepad. Il est clair que nous avons là des engagements sur lesquels nous avons une parole de fidélité à tenir et nous militerons pour que cette fidélité soit affirmée.
Et puis évidemment, sur le plan des techniques, des dossiers, nous aurons notre contribution, et nous sommes prêts, sur des dossiers comme ceux de l'eau, comme ceux de l'énergie, comme ceux de la gouvernance, à faire en sorte que la France puisse contribuer au développement durable par ses concours technologiques, administratifs, financiers, pour participer à ce qu'il y ait un partage de nos engagements.
Troisième conviction que nous voulons affirmer, et qui relève de ce que Jean Claude Guillebaud appelle le "principe d'humanité", qu'il fonde sur la mobilisation de l'intelligence des peuples : la prochaine planète ne sera pas notre héritage mais notre création. Le monde qui nous attend n'est pas à détruire évidemment, il est à "construire", dit Guillebaud. Il y a des efforts considérables à faire, pour cette construction, cette fondation, qui, par l'intelligence et le partage de l'intelligence, est la formation (notamment la formation au développement durable). De nombreuses organisations non gouvernementales sont mobilisées sur cette éducation à l'environnement, sur cette éducation au développement durable. Il y a beaucoup d'efforts à faire pour que ce partage de l'intelligence, ce partage de la matière grise, ce partage de la connaissance soient dans le monde le mieux équilibrés possible. C'est, je pense, très important d'avoir, pour un pays comme le nôtre, vocation à faire partager à la fois le contenu des connaissances mais aussi les techniques d'éducation et de formation. En multipliant les outils de nouvelles technologies, pour qu'il y ait une meilleure connaissance et un meilleur partage de ces connaissances en matière d'éducation à l'environnement et au développement durable. Nous pensons qu'il y a là beaucoup d'initiatives qui sont à développer.
Sur le plan de l'économie, nous voyons bien aussi qu'il faut faire partie activement de ces groupes de travail qui recherchent des solutions nouvelles. Je pense au commerce éthique, au commerce équitable, à toutes ces réflexions, toutes ces dynamiques qui sont des dynamiques nouvelles, qui bouleversent les idées, les échanges, et qui sont importantes à intégrer. Afin que ces échanges économiques puissent participer à cette nouvelle économie que nous souhaitons, qui soit davantage respectueuse de la planète. Il y a sur tous ces sujets, comme le disait monsieur Pronk tout à l'heure, nécessité en permanence de conjuguer, de mêler, d'inter appliquer l'économique, le social et l'environnement. C'est évident que cela impose de nouvelles visions économiques, de nouvelles démarches actives qui doivent faire partie de notre engagement.
Cinquième message, qui, je crois aussi, fait partie de notre culture plus récente et pour lequel nous avons des résultats importants et monsieur le maire de Rennes y faisait allusion tout à l'heure, à propos du développement urbain très important , c'est l'action des collectivités territoriales le président de Bretagne le disait lui aussi. Je souhaite vraiment que l'ONU soit très attentive à toutes les initiatives des collectivités territoriales et de coopération décentralisée. Il y a aujourd'hui un véritable élan des collectivités territoriales des villes, des départements, des régions partout dans le monde du nord mais partout aussi dans le monde du sud pour organiser ces échanges. Ce sont des échanges très fertiles, dans la mesure où ils sont en général fondés sur des coups de coeur ; ce sont des engagements personnels, ce sont des implications individuelles, territoriales, locales, à dimension humaine. Cette dynamique de la coopération décentralisée, de l'échange, à partir des collectivités territoriales, est très importante parce qu'elle met face à face des acteurs concernés, impliqués, des acteurs généreux et déterminés. Je pense qu'il y a là un moteur formidable, à organiser d'ailleurs, de manière à ce que les choses ne soient pas trop dispersées, sans porter atteinte à cette liberté qui est à la base d'une collectivité territoriale, d'un engagement. De faire en sorte qu'il y ait des cohérences. Ce qui a été fait dans notre pays depuis quelques années sur les ateliers de coopération décentralisée, un certain nombre d'initiatives nous ont permis de mieux travailler à l'ingénierie de la coopération, à l'ingénierie du soutien entre partenaires territoriaux. Il y a là, je crois, beaucoup d'espoir et beaucoup d'initiatives, beaucoup de moyens aussi qui, s'ils ne sont pas dispersés, peuvent participer à cette dynamique du développement durable. C'est pour cela que je souhaite qu'à côté des organisations non gouvernementales, à côté des Etats et de tous les acteurs impliqués à Johannesburg, les collectivités territoriales trouvent aussi leur place pour apporter leur énergie, le coeur, leur ardeur dans cette mobilisation mondiale.
Enfin et vous l'avez dit aussi monsieur Pronk je partage votre conviction pour la mobilisation des jeunes. Il est clair, on voit bien aujourd'hui qu'il y a un formidable élan dans le coeur des jeunes qui sentent que la société laisse assez peu de place à leur engagement. Nous sortons d'un débat politique français qui, de ce point de vue, ne nous a pas donné que des satisfactions. Les taux d'abstention qui, au départ, pouvaient révéler des indifférences révèlent aussi des défiances. Nous devons penser à l'engagement des jeunes. Et pour ce faire, il faut aussi penser à ce que sont leurs moteurs : la cause humanitaire, la cause mondiale sont des causes qui sont au coeur même de leur propre engagement. Nous avons le devoir de faire en sorte que cet engagement ne soit pas sans issue, sans perspective. C'est très important de faire en sorte qu'on puisse motiver les jeunes dans nos appareils éducatifs, universitaires mais aussi dans l'ensemble de notre société et de la vie associative. Il faut faire en sorte que les jeunes puissent sentir cette cause du développement durable, cette cause de l'environnement au niveau de la planète comme une cause qui les concerne mondialement et personnellement. Il y a là, je crois, un projet qui peut redonner à ce vieil humanisme auquel nous sommes très attachés, de la modernité, qui peut redonner à cet engagement de dépassement, de création, une perspective moderne qui peut parler aux jeunes dans le monde d'aujourd'hui.
Voilà quelques uns des messages pour lesquels la France est motivée à s'engager dans la réussite de Johannesburg. Je tiens à vous dire avec conviction, que ce qui fait notre unité nationale, ce sont ces valeurs de la République, ces valeurs pour lesquelles les Français se sont mobilisés récemment, cette liberté, cette égalité, cette fraternité. Elles n'ont pas de sens seulement à l'intérieur de nos frontières, ce n'est pas un esprit féodal que portaient les fédérateurs de ces convictions républicaines. Au contraire, c'était une pensée universelle, cette liberté, cette égalité, cette fraternité. Il nous faut c'est notre devoir chercher dans le monde à mieux les partager.
Je vous souhaite à toutes et à tous, de bons travaux. Je vous laisse Tokia 48 heures durant. Elle sera attentive à tout ce que vous pourrez proposer et ensemble, nous réussirons Johannesburg. Merci."
(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 3 juillet 2002)