Texte intégral
A. Hausser On a beaucoup négocié à gauche la semaine dernière pour parvenir à des accords électoraux pour les législatives. Il y a finalement 170 candidatures de rassemblement ; combien y a-t-il de candidatures uniques ?
- " Un peu plus de 30 candidatures uniques et des candidatures communes pour 65 circonscriptions."
C'est-à-dire où il y a accord entre deux partis de gauche contre un troisième ?
- "Voilà. Parfois, il a y accord des trois partis. Dans ma circonscription par exemple, je suis à la fois le candidat du Parti communiste, naturellement, du Parti socialiste, des Verts et des Radicaux de gauche. Cette dernière semaine, si les débats sur les candidatures ont été importants à gauche, c'est qu'il y a un vrai danger, un danger très grave, qui est l'on se retrouve au soir du premier tour des législatives dans beaucoup de circonscriptions, dans la situation que l'on a connue au soir du premier tour de l'élection présidentielle. C'est-à-dire que la poussée du FN soit telle que la gauche ne soit pas, dans certaines circonscriptions, en situation de pouvoir gagner. Donc, d'emblée, dès les premières heures, le Parti communiste a dit qu'il fallait tenter d'obtenir des candidatures uniques."
C'est ce qu'a dit le PC, mais c'est lui qui a perdu le plus d'électeurs et ce sont les vôtres, dans certains bastions du Pas-de-Calais, du Nord notamment, qui n'étaient pas des bastions du FN, qui ont voté pour lui à la présidentielle. Donc cela vous interpelle très fort...
- "Personne ne peut nier que le PC a pris très au sérieux le véritable séisme qu'a représenté le premier tour de l'élection présidentielle. C'est vrai qu'un certain nombre d'hommes et de femmes qui, dans d'autres circonstances, ont voté pour le PC, ont choisi les votes de protestations, voire l'abstention. Je rappelle que ce qui a été le plus grave, me semble-t-il, en dehors de la poussée du FN au premier tour de la présidentielle, ce qui a été le plus dur pour le PC, ce fut aussi l'abstention massive dans les quartiers très populaires. Je ne peux pas dissocier ce qui s'est passé lors du premier tour de la présidentielle, avec ce qui s'est passé au second tour. C'est-à-dire que le PC, personne ne peut le contester, a contribué entre les deux tours - bien plus que la droite elle même, il faut bien le dire - à mobiliser très fort face au FN. Aujourd'hui, on ne peut pas imaginer le premier tour des législatives sans prendre en compte ce qu'a été cet élan fort, républicain."
Ce sont les urnes qui le diront...
- " Absolument. De ce point de vue, je crois que les choses ont beaucoup bougé. Je vois des partis politiques, notamment la droite, qui ne prend pas en compte ce qui s'est passé lors de l'élection présidentielle. Ils sont de nouveau avec la volonté de tout faire pour donner à J. Chirac les moyens d'une politique antisociale."
On va y venir. Terminons d'abord avec les candidatures : une circonscription pose vraiment problème, la 4ème circonscription des Bouches-du-Rhône, qui acquiert une notoriété nationale, parce qu'il devrait y avoir candidature unique et que ça ne colle pas...
- "Là, le PS doit prendre ses responsabilités jusqu'au bout. Nous n'avons pas vraiment - pardonnez-moi l'expression populaire - "mégoté" dans cette affaire, nous avons pris nos responsabilités. Il faut savoir que dans les Bouches-du-Rhône, les candidats communistes, partout où il y avait danger du FN, ont pris leurs responsabilités, ont retiré leur candidature unilatéralement. Et aujourd'hui, dans la seule circonscription où le député sortant est communiste, le candidat socialiste reste encore en piste ! Je profite de votre émission pour faire un appel à F. Hollande, puisque le candidat socialiste de là-bas dit que cela dépendra de la décision du bureau national du PS. Je dis que nous devons respecter les accords dans cette circonscription ; nous, nous respectons notre parole, il faut respecter les accords et retirer le candidat socialiste et laisser, naturellement, à la gauche la possibilité d'empêcher le FN de gagner."
Concernant les adhésions : est-ce que le PC enregistre autant d'adhésions que les autres partis ?
- "Je vois bien ce qui se dit du côté des autres partis. Ce que je peux vous dire, c'est qu'il y actuellement un vrai courant d'adhésion au PC et je crois que c'est étroitement lié..."
Pour sauver le PC ?
- "Oui, il y a l'idée que le PC est un élément essentiel, que l'on soit d'accord ou pas avec lui, une composante de la démocratie française. Il faut lui donner les moyens de continuer de vivre et de redresser son influence. D'ailleurs, je pense qu'il va le faire à l'occasion de ces législatives. Mais à côté des adhésions, il y a surtout ces 12 ou 15.000 personnes, bien au-delà du PC, qui ont envoyé leurs soutiens financiers, parce que comme je n'ai pas fait 5 % à l'élection présidentielle, je ne suis pas remboursé des frais de campagne et c'est très lourd. Des hommes et des femmes disent aujourd'hui, "Ne baissez pas les bras, poursuivez votre bataille, la gauche a besoin de vous !"."
Le trou est comblé ?
- "Non, pas encore. Il faut encore beaucoup de souscriptions. Il y a eu - je vais parler en franc pour être clair - un peu plus de 10 millions de francs collectés, ce qui est considérable en quelques semaines."
Combien vous en fallait-il ?
- "La campagne a coûté 43 millions ; il faut donc aller bien au-delà. Nous allons aller au-delà et ceux qui dans d'autres périodes regardaient avec humour la vente de muguet par les communistes, ont vu que c'est un apport important."
Est-ce que le PC ne se porte pas mieux dans l'opposition qu'au sein d'un Gouvernement ?
- "Le PC est constructif. Là, à l'occasion des législatives, il souhaite qu'il y ait beaucoup de députés communistes pour défendre les intérêts des hommes et des femmes. Ce n'est pas être dans l'opposition, c'est avoir la volonté de compter et de contribuer à ce que les hommes et les femmes vivent autrement. Cet immense appel a été lancé par des millions de Français à l'occasion de la présidentielle ; nous les avons entendus et nous allons essayer de porter le mieux possible leur démarche, leurs revendications. Les législatives sont beaucoup plus importantes pour les Français - ils le disent, en tous les cas - que toutes les échéances politiques, c'est même ce qu'ils affirmaient avant la présidentielle. Nous allons voir comment les choses se passeront à cette occasion."
Quand S. Royal dit que la débat sur la cohabitation est un faux débat, c'est également votre avis ?
- "Le problème de la cohabitation n'est pas le vrai débat. Le vrai débat, c'est de savoir quelle politique on fait. La cohabitation a permis à L. Jospin et à J. Chirac, à Barcelone, de créer une certaine confusion en montrant qu'ils étaient assez d'accord sur les choix qui, malheureusement, s'apparentent aux choix libéraux. L'essentiel, c'est quelle politique on va mener. Si elle se confond et subit la pression libérale, la cohabitation apparaît vraiment comme quelque chose qui n'est pas bon, mais s'il y a une politique différente, eh bien, l'essentiel pour les Français, c'est quelle politique permettra d'améliorer la situation."
Le PC serait prêt à retourner au Gouvernement ?
- "Le PC s'est inscrit de façon délibérée dans une démarche constructive. L'heure n'est pas à savoir s'il va aller au Gouvernement ou pas, mais à savoir s'il va rassembler avec les candidats de gauche pour empêcher la droite et J. Chirac de mener une politique de revanche sociale, ce qui vraiment se met en place, y compris avec une certaine esbroufe du Gouvernement dans ses premiers pas qui, en fait, ne dissimulent pas qu'il veut vraiment mettre en oeuvre une politique lourde au plan social, avec des privatisations, la mise en cause des retraites. Autant d'éléments qui vont faire réagir, je suis sûr, les électeurs en faveur des candidats de gauche et du PC en particulier."
(Source :premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 21 mai 2002)
- " Un peu plus de 30 candidatures uniques et des candidatures communes pour 65 circonscriptions."
C'est-à-dire où il y a accord entre deux partis de gauche contre un troisième ?
- "Voilà. Parfois, il a y accord des trois partis. Dans ma circonscription par exemple, je suis à la fois le candidat du Parti communiste, naturellement, du Parti socialiste, des Verts et des Radicaux de gauche. Cette dernière semaine, si les débats sur les candidatures ont été importants à gauche, c'est qu'il y a un vrai danger, un danger très grave, qui est l'on se retrouve au soir du premier tour des législatives dans beaucoup de circonscriptions, dans la situation que l'on a connue au soir du premier tour de l'élection présidentielle. C'est-à-dire que la poussée du FN soit telle que la gauche ne soit pas, dans certaines circonscriptions, en situation de pouvoir gagner. Donc, d'emblée, dès les premières heures, le Parti communiste a dit qu'il fallait tenter d'obtenir des candidatures uniques."
C'est ce qu'a dit le PC, mais c'est lui qui a perdu le plus d'électeurs et ce sont les vôtres, dans certains bastions du Pas-de-Calais, du Nord notamment, qui n'étaient pas des bastions du FN, qui ont voté pour lui à la présidentielle. Donc cela vous interpelle très fort...
- "Personne ne peut nier que le PC a pris très au sérieux le véritable séisme qu'a représenté le premier tour de l'élection présidentielle. C'est vrai qu'un certain nombre d'hommes et de femmes qui, dans d'autres circonstances, ont voté pour le PC, ont choisi les votes de protestations, voire l'abstention. Je rappelle que ce qui a été le plus grave, me semble-t-il, en dehors de la poussée du FN au premier tour de la présidentielle, ce qui a été le plus dur pour le PC, ce fut aussi l'abstention massive dans les quartiers très populaires. Je ne peux pas dissocier ce qui s'est passé lors du premier tour de la présidentielle, avec ce qui s'est passé au second tour. C'est-à-dire que le PC, personne ne peut le contester, a contribué entre les deux tours - bien plus que la droite elle même, il faut bien le dire - à mobiliser très fort face au FN. Aujourd'hui, on ne peut pas imaginer le premier tour des législatives sans prendre en compte ce qu'a été cet élan fort, républicain."
Ce sont les urnes qui le diront...
- " Absolument. De ce point de vue, je crois que les choses ont beaucoup bougé. Je vois des partis politiques, notamment la droite, qui ne prend pas en compte ce qui s'est passé lors de l'élection présidentielle. Ils sont de nouveau avec la volonté de tout faire pour donner à J. Chirac les moyens d'une politique antisociale."
On va y venir. Terminons d'abord avec les candidatures : une circonscription pose vraiment problème, la 4ème circonscription des Bouches-du-Rhône, qui acquiert une notoriété nationale, parce qu'il devrait y avoir candidature unique et que ça ne colle pas...
- "Là, le PS doit prendre ses responsabilités jusqu'au bout. Nous n'avons pas vraiment - pardonnez-moi l'expression populaire - "mégoté" dans cette affaire, nous avons pris nos responsabilités. Il faut savoir que dans les Bouches-du-Rhône, les candidats communistes, partout où il y avait danger du FN, ont pris leurs responsabilités, ont retiré leur candidature unilatéralement. Et aujourd'hui, dans la seule circonscription où le député sortant est communiste, le candidat socialiste reste encore en piste ! Je profite de votre émission pour faire un appel à F. Hollande, puisque le candidat socialiste de là-bas dit que cela dépendra de la décision du bureau national du PS. Je dis que nous devons respecter les accords dans cette circonscription ; nous, nous respectons notre parole, il faut respecter les accords et retirer le candidat socialiste et laisser, naturellement, à la gauche la possibilité d'empêcher le FN de gagner."
Concernant les adhésions : est-ce que le PC enregistre autant d'adhésions que les autres partis ?
- "Je vois bien ce qui se dit du côté des autres partis. Ce que je peux vous dire, c'est qu'il y actuellement un vrai courant d'adhésion au PC et je crois que c'est étroitement lié..."
Pour sauver le PC ?
- "Oui, il y a l'idée que le PC est un élément essentiel, que l'on soit d'accord ou pas avec lui, une composante de la démocratie française. Il faut lui donner les moyens de continuer de vivre et de redresser son influence. D'ailleurs, je pense qu'il va le faire à l'occasion de ces législatives. Mais à côté des adhésions, il y a surtout ces 12 ou 15.000 personnes, bien au-delà du PC, qui ont envoyé leurs soutiens financiers, parce que comme je n'ai pas fait 5 % à l'élection présidentielle, je ne suis pas remboursé des frais de campagne et c'est très lourd. Des hommes et des femmes disent aujourd'hui, "Ne baissez pas les bras, poursuivez votre bataille, la gauche a besoin de vous !"."
Le trou est comblé ?
- "Non, pas encore. Il faut encore beaucoup de souscriptions. Il y a eu - je vais parler en franc pour être clair - un peu plus de 10 millions de francs collectés, ce qui est considérable en quelques semaines."
Combien vous en fallait-il ?
- "La campagne a coûté 43 millions ; il faut donc aller bien au-delà. Nous allons aller au-delà et ceux qui dans d'autres périodes regardaient avec humour la vente de muguet par les communistes, ont vu que c'est un apport important."
Est-ce que le PC ne se porte pas mieux dans l'opposition qu'au sein d'un Gouvernement ?
- "Le PC est constructif. Là, à l'occasion des législatives, il souhaite qu'il y ait beaucoup de députés communistes pour défendre les intérêts des hommes et des femmes. Ce n'est pas être dans l'opposition, c'est avoir la volonté de compter et de contribuer à ce que les hommes et les femmes vivent autrement. Cet immense appel a été lancé par des millions de Français à l'occasion de la présidentielle ; nous les avons entendus et nous allons essayer de porter le mieux possible leur démarche, leurs revendications. Les législatives sont beaucoup plus importantes pour les Français - ils le disent, en tous les cas - que toutes les échéances politiques, c'est même ce qu'ils affirmaient avant la présidentielle. Nous allons voir comment les choses se passeront à cette occasion."
Quand S. Royal dit que la débat sur la cohabitation est un faux débat, c'est également votre avis ?
- "Le problème de la cohabitation n'est pas le vrai débat. Le vrai débat, c'est de savoir quelle politique on fait. La cohabitation a permis à L. Jospin et à J. Chirac, à Barcelone, de créer une certaine confusion en montrant qu'ils étaient assez d'accord sur les choix qui, malheureusement, s'apparentent aux choix libéraux. L'essentiel, c'est quelle politique on va mener. Si elle se confond et subit la pression libérale, la cohabitation apparaît vraiment comme quelque chose qui n'est pas bon, mais s'il y a une politique différente, eh bien, l'essentiel pour les Français, c'est quelle politique permettra d'améliorer la situation."
Le PC serait prêt à retourner au Gouvernement ?
- "Le PC s'est inscrit de façon délibérée dans une démarche constructive. L'heure n'est pas à savoir s'il va aller au Gouvernement ou pas, mais à savoir s'il va rassembler avec les candidats de gauche pour empêcher la droite et J. Chirac de mener une politique de revanche sociale, ce qui vraiment se met en place, y compris avec une certaine esbroufe du Gouvernement dans ses premiers pas qui, en fait, ne dissimulent pas qu'il veut vraiment mettre en oeuvre une politique lourde au plan social, avec des privatisations, la mise en cause des retraites. Autant d'éléments qui vont faire réagir, je suis sûr, les électeurs en faveur des candidats de gauche et du PC en particulier."
(Source :premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 21 mai 2002)