Point de presse et déclaration de M. Dominique Galouzeau de Villepin, ministre des affaires étrangères, de la coopération et de la francophonie, sur l'exemplarité de l'évolution politique et démocratique du Mozambique, la coopération de la France avec ce pays notamment dans le domaine du traitement de la dette et l'aide au développement, Maputo le 20 juillet 2002.

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Circonstance : Tournée en Afrique de M. de Villepin du 19 au 21 juillet 2002 : visite au Mozambique le 20, entretien avec le président Joaquim Alberto Chissano et rencontre avec la communauté française

Texte intégral

(Point de presse à Maputo, le 20 juillet 2002) :
Permettez-moi tout d'abord de remercier le président Chissano de son accueil, l'ensemble des autorités mozambicaines et bien sûr mon collègue et ami, le ministre des Affaires étrangères, M. Simao.
Je suis très heureux d'être aujourd'hui au Mozambique, parce qu'il y a ici un pays exemplaire. Après 17 années de guerre civile, ce pays a su s'engager dans la voie de la paix avec courage et il montre un chemin. Il montre un chemin aussi dans le sens de la réconciliation, l'évolution de la vie politique depuis les dernières élections, la volonté de démocratisation et d'ouverture qui permet de préparer dans un bon esprit les prochaines échéances électorales, municipales en 2003, et élections générales en 2004.
La volonté exprimée par le président Chissano de se retirer en 2004 à l'occasion des prochaines élections témoigne du souci de préparer dans de bonnes conditions l'alternance politique et je crois qu'il y a là une décision sage et courageuse, marquée par l'expérience qui est celle du président Chissano au service de son pays.
Exemplarité aussi dans le domaine économique et financier puisque le Mozambique est un des pays qui montre la voie en ce qui concerne l'Initiative en faveur des pays pauvres très endettés. Il y a là une volonté d'avancer, de satisfaire à une exigence de bonne gestion, de rigueur et il y a évidemment beaucoup de bons résultats dans ce domaine qui nous permet, à nous aussi Français, d'avoir avec le Mozambique une coopération exemplaire en particulier dans le domaine du traitement de la dette.
Nous sommes particulièrement heureux de pouvoir ainsi mettre en oeuvre leur contrat "désendettement-développement", qui permet, en échange de remises de dettes, de financer des projets en faveur de la lutte contre la pauvreté. Ainsi, le Mozambique disposera, pour l'année qui vient, de 30 millions d'euros, qui vont permettre, notamment, de lancer d'importantes coopérations dans le domaine de la lutte contre le sida. C'est le choix du Mozambique. Il y a là donc encore dans ce domaine des coopérations exemplaires.

Mais vous savez que l'action de la France, la coopération de la France avec le Mozambique, est très diversifiée : domaine bien sûr de la lutte contre la pauvreté, du renforcement de l'Etat de droit, de la formation, en particulier de la mise en place d'une Cour des comptes. Il y a aussi d'importants efforts qui sont faits en ce qui concerne l'enseignement du français, la coopération culturelle. Nous sommes très satisfaits de voir qu'il y a près de 20 000 Mozambicains qui, aujourd'hui, apprennent le français. C'est une immense satisfaction que de voir se développer, ainsi, un vivier francophone au Mozambique.
Ces différents axes de coopération font que nous sommes fortement engagés aujourd'hui au Mozambique, au service du développement de ce pays. Dans le cadre du NEPAD, faut-il le souligner, bien évidemment, le Mozambique occupe une place très forte. Le président Chissano a adressé une lettre au président Chirac à l'occasion de la préparation du Sommet du G8 de Kananaskis. Tout ce qui est engagé par le Mozambique dans le sens de l'évaluation, de la responsabilité pour développer la participation du secteur privé dans ce pays montre bien la volonté, aussi, de s'engager dans la voie d'une coopération moderne, de la volonté de l'économie mozambicaine de s'ouvrir à la modernité.
Et nous nous en félicitons. Une nouvelle fois je tiens à remercier, mon collègue et ami, M. Simao, ministre des Affaires étrangères, pour son accueil et pour les échanges très fructueux que nous avons pu avoir, abordant ainsi l'ensemble des problèmes du continent, parce que la sagesse de la diplomatie mozambicaine est très importante et nous sommes heureux de pouvoir nous concerter sur un certain nombre de situations difficiles, de crises difficiles. Nous avons ainsi pu évoquer la situation de Madagascar, du Zimbabwe, des Grands Lacs et la vocation particulière de la diplomatie mozambicaine, du fait que le président Chissano occupe la présidence du Comité sécurité et politique de la SADEC. Le fait que le Mozambique accueille l'année prochaine le Sommet de l'Union africaine souligne tout le rôle et tout le poids de cette diplomatie mozambicaine.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 23 juillet 2002)
(Déclaration devant la communauté française à Maputo, le 20 juillet 2002) :
J'ai rencontré ce matin le président Chissano, ce qui explique mon retard, mais je suis content de voir que vous n'avez pas tout à fait perdu votre temps puisque vous avez commencé à déjeuner.
Cette visite au Mozambique est importante pour moi parce que, après l'Angola, c'est l'occasion de saluer un pays qui a fait un chemin exemplaire tout au long des dernières années. Après 17 années de guerre civile, il n'est pas facile de tourner la page et il est intéressant de voir avec quelle patience, quelle détermination, nos amis Mozambicains ont réussi à accomplir un formidable chemin qui est un élément de réflexion, de méditation, pour nous tous.
Tout d'abord la paix. Après 17 années de guerre, ce n'est pas chose facile, il faut beaucoup de patience, beaucoup de cur, beaucoup d'imagination aussi. J'entendais un certain nombre de mes interlocuteurs me dire ce matin que le Mozambique avait l'une des plus petites armées d'Afrique, 11 000 hommes. Comment faire pour arriver à ce résultat quand on a connu la guerre pendant si longtemps ? Comment faire pour arriver, qui plus est, à avoir une armée qui est mise à contribution au service du développement, au service des coopérations, au service des grandes catastrophes naturelles qui frappent malheureusement régulièrement ce pays ?
Il faut là une vraie détermination. Vraie détermination aussi pour s'engager dans la voie du développement, et le Mozambique fait partie de ces pays pauvres qu'il faut aider. Mais, avant cela, le Mozambique s'aide lui-même et là encore il y a des leçons à tirer. Leçons à tirer dans la volonté du Mozambique de s'engager dans le NEPAD. Actions exemplaires que le Mozambique mène aussi dans le cadre de l'Initiative pour les pays pauvres très endettés et qui nous permet d'avoir des coopérations très nouvelles, audacieuses, avec le Mozambique, en particulier en faisant en sorte d'effacer cette dette au profit d'actions de développement importantes, vous savez que le Mozambique a tenu à privilégier, dans ce cadre par exemple, les actions menées dans la lutte contre le sida.
Et il y a de grandes coopérations que nous menons avec le Mozambique, que vous incarnez tous ici les uns et les autres dans des domaines très différents. Je veux saluer tous ceux qui sont engagés dans ce combat social si important, le combat pour l'éducation qui fait parti des priorités des pays du NEPAD, combat aussi pour lutter contre les grandes endémies, problèmes du sida, problèmes liés évidemment à la transfusion sanguine, aux problèmes du cur, et je salue ceux qui représentent ici l'Institut du Cur. Il y a beaucoup à faire et chacun a l'expérience individuelle. Je l'ai vu ailleurs. Je le vois aujourd'hui au Mozambique, je vois ce qu'une bonne idée, de la bonne volonté, de la générosité peut changer autour de soi.
Je visitais ce matin l'hôpital de jour, on s'attend à des initiatives prises par les uns et par les autres. On voit, là encore, qu'une association peut modifier le rapport avec ceux qui souffrent, ceux qui sont atteints de la maladie. J'entendais des chiffres terrifiants ce matin : 400 instituteurs, 400 formateurs-professeurs qui meurent chaque année du sida, ceux-là même qui sont chargés d'enseigner, de faire passer le savoir qui sont atteints. Nous devons peut-être, en priorité, vis-à-vis des professions de santé qui sont formés dans ce pays, ceux qui ont vocation à faire passer le savoir, essayer d'imaginer des coopérations plus audacieuses.
Il y a encore beaucoup de domaines où vous agissez. J'ai beaucoup regretté de ne pouvoir, comme je voulais le faire au départ, aller à Cabo Delgado, une des régions où nous menons des coopérations exemplaires dans le domaine de la santé, dans le domaine de l'éducation, mais ce n'est que partie remise et nous reviendrons. Nous reviendrons pour d'autres occasions qui méritent aussi d'être saluées.
Les efforts du Mozambique dans la voie de la réconciliation et de la démocratie doivent être soulignés. J'évoquais avec le président Chissano la perspective des élections en 2003 -2004, les efforts faits pour ouvrir la vie politique du Mozambique. J'évoquais aussi, il me le confirmait, son souhait de s'effacer, de se retirer en 2004. Il y a là encore un chemin, un exemple, qui vaut très au-delà du Mozambique et qui est je crois particulièrement exemplaire de la sagesse de ce pays. Sagesse, je tiens à vous le dire, qui apparaît aussi dans la diplomatie mozambicaine, on le voit dans le regard que le Mozambique porte sur les crises de l'Afrique, la crise des Grands Lacs, la situation à Madagascar, la situation au Zimbabwe. Il y a beaucoup à apprendre, beaucoup à échanger.
Je suis heureux de fêter aujourd'hui ce que vous me permettrez de qualifier, presque, d'une réunion de famille parce que nous sommes tous ensemble liés par les mêmes objectifs. Vous savez que pour nos communautés, il y a dans la vision, qui est celle de notre ministère aujourd'hui, et du gouvernement français, des priorités très fortes que nous voulons affirmer, pour la santé, pour l'enseignement et je veux saluer la bientôt nouvelle école française. Je sais ce qu'elle doit à votre énergie, à celle de la présidente de l'Association, Mme Ciret. Tout ceci est possible parce qu'il y a des efforts, des volontés qui s'expriment et je tiens à les saluer tout particulièrement.
Voilà on va peut-être essayer de manger un petit quelque chose. Je sais que nous sommes dans un cadre qui est l'un des cadres les plus actifs. On me l'a dit souvent ce matin. Ce centre franco-mozambicain, c'est un des endroits les plus actifs, un endroit plein de vitalité dans cette ville et je sais ce que cela doit aussi au dynamisme des uns et des autres. Nous avons une exposition sur l'adressage, c'est une belle initiative qui est prise dans le cadre de plusieurs villes et qui permet je crois d'introduire plus de rationalité dans la gestion municipale. Nous avons aussi des coopérations permettant de renforcer l'Etat de droit, de faire avancer la formation d'un certain nombre de responsables mozambicains. De tout ceci je me félicite mais, au premier chef, je voulais vous dire à la fois la reconnaissance de la France pour ce que vous faites et notre amitié. Merci.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 23 juillet 2002)