Point de presse conjoint de MM. Dominique Galouzeau de Villepin, ministre des affaires étrangères, de la coopération et de la francophonie, et Shimon Peres, ministre israélien des affaires étrangères, sur les relations franco-israéliennes, la nécessité d'une Conférence internationale et l'urgence d'une solution politique au Proche-Orient, Paris le 29 juillet 2002.

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Circonstance : Visite en France de M. Shimon Pérès, ministre israélien des affaires étrangères le 29 juillet 2002 à Paris

Texte intégral

Permettez-moi d'abord de vous dire tout le plaisir que j'ai de recevoir aujourd'hui le ministre des Affaires étrangères israélien, M. Shimon Pérès.
Nous entretenons des relations de confiance et de grande estime. Il exprime depuis des années une volonté de paix. Et c'est donc particulièrement important pour nous de garder un contact et une réflexion très étroite pour faire avancer ces questions qui nous préoccupent et la situation aujourd'hui tragique au Proche-Orient.
Nous avons évoqué l'ensemble des problèmes de la région. Nous avons fait un tour d'horizon des relations bilatérales entre la France et Israël. Nous sommes soucieux de les développer, de les intensifier. Nous avons exprimé notre inquiétude devant le risque d'escalade de la violence, notre préoccupation face à la situation humanitaire dans les territoires palestiniens. J'ai souligné combien le rétablissement d'une perspective politique était importante pour la région. Il faut aller de l'avant.
Depuis plusieurs mois, la France plaide avec beaucoup d'énergie et de conviction, pour la nécessité d'une Conférence internationale. Nous estimons, en effet, qu'il faut certes se mobiliser sur les questions de sécurité, se mobiliser dans la lutte contre le terrorisme, et la position de la France sur ces questions ne souffre d'aucune ambiguïté. Mais il faut parallèlement mobiliser nos énergies dans le sens de la paix pour créer un espoir du côté palestinien où l'on souffre d'une absence de perspectives, d'une absence d'avenir, et du côté israélien où l'on souffre de ce danger quotidien du terrorisme. La Conférence internationale constitue aujourd'hui la meilleure façon d'avancer dans la perpective des prochaines semaines et des prochains mois. Il ne faut pas laisser le vide se créer devant nous. Et, forts de la conviction qui est la nôtre, qu'il existe aujourd'hui un grand consensus sur la scène internationale quant à l'objectif qui est visé de création d'un Etat palestinien capable de vivre en paix et en sécurité aux côtés d'Israël, cette Conférence constitue le cadre le plus approprié pour faire avancer les choses. Elle pourrait se tenir d'abord au niveau technique, puis au niveau ministériel et permettrait de fixer les termes de références et le cadre général de la négociation.

Dans le cadre de la dynamisation, c'est une de nos préoccupations communes de nos relations bilatérales. Nous avons en particulier décidé la création d'un groupe conjoint de haut niveau chargé de réfléchir à l'activation de nos relations dans tous les domaines. C'est donc une nouvelle fois pour moi un grand plaisir que d'accueillir à Paris M. Shimon Pérès qui, comme vous le savez, a rencontré ce matin le président de la République et a eu de nombreux contacts ministériels à Paris.
Q - Monsieur de Villepin, avez-vous évoqué le raid de l'armée israélienne à Gaza ?
R - Nous avons évoqué la situation au cours des dernières semaines et en particulier la situation créée par les événements de Gaza pour souligner, une fois de plus, la nécessité de se mobiliser, d'avancer, de ne pas laisser justement l'initiative à cet engrenage extrêmement dangereux pour la région. Dans ce contexte, la France estime et continue de penser qu'il faut des initiatives politiques et que la politique de sécurité, seule, ne peut pas être la réponse. C'est une nouvelle justification et je suis heureux que nous soyons d'accord sur la nécessité d'une grande initiative qui pourrait être la Conférence internationale, qui paraît la seule à même de recréer un espoir dans cette région.
Q - Avez-vous parlé de la situation de Yasser Arafat ?
R - Sur Yasser Arafat, nous avons eu l'occasion de le dire à plusieurs reprises, nous estimons qu'il appartient aux Palestiniens de déterminer leur dirigeant. Yasser Arafat est le responsable élu du peuple palestinien. Vous connaissez donc la position française. De ce point de vue, il n'y a aucun changement. Parallèlement, il faut avancer et il faut avancer vite. Il faut donc, dans ce contexte, être pragmatique et c'est pour cela que nous avançons l'idée d'une Conférence internationale qui pourrait, dans un premier temps, se tenir à l'échelon des experts ou à l'échelon ministériel car il est essentiel de créer le mouvement. En créant le mouvement, en avançant, en obtenant des résultats, nous sommes susceptibles de créer l'indispensable élan qui peut permettre de faire à la fois bouger les esprits et enclencher l'indispensable processus de paix.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 31 juillet 2002)