Texte intégral
La France vient d'entamer la présidence de l'Union Européenne pour six mois. En quoi l'Europe de la Défense est-elle aujourd'hui une réalité concrète ?
Depuis deux ans, les progrès accomplis par le chantier de l'Europe de la Défense sont considérables. Au cur de ce projet se trouve une même volonté politique partagée par les quinze pays membres de l'UE : à côté des instruments diplomatiques, économiques, financiers, humanitaires déjà à sa disposition, l'Europe doit se doter d'un outil militaire qui lui permette de peser dans les situations de crise. Cette volonté politique est comprise et soutenue par les opinions publiques européennes.
Les quinze se sont donc engagés en décembre dernier à Helsinki, sur un objectif global de capacités : d'ici 2003, nous voulons être en mesure d'assumer des missions de maintien et de rétablissement de la paix avec une force de l'ordre de 50 à 60 000 hommes, déployable en 60 jours, apte à se maintenir en opération pendant au moins un an. Nous allons aussi nous doter de moyens adaptés de commandement et de contrôle de situation, de renseignement et de transport militaire.
L'essentiel de notre travail au cours des six prochains mois va être de constituer concrètement cette force de réaction rapide. Pendant l'été, les chefs d'Etat-Major des armées des quinze vont se mettre d'accord sur le tableau d'effectifs et la composition détaillée de cette force. Le 20 novembre, nous recueillerons lors d'une conférence d'engagement de capacités les contributions nationales de quinze pays donnant à la force sa réalité politique et son potentiel d'action.
Preuve que l'Europe de la Défense est bel et bien en marche : les trois principales forces militaires européennes constituées, l'Eurocorps, les Euroforces et le Groupe Aérien Européen défilent aujourd'hui sur les Champs-Elysées, à l'occasion de la fête nationale.
Plus d'un an après la fin du conflit, quel bilan peut-on tirer de l'engagement de l'OTAN et de la France au Kosovo ?
L'heure des bilans n'est pas encore venue : il faut du temps et de la détermination au Kosovo. C'est un test de tenacité pour les démocraties, en particulier pour les européens qui représentent aujourd'hui 80% de la force de stabilisation et en assurent le commandement opérationnel à travers l'Etat-Major de l'Eurocorps.
L'an dernier, les frappes aériennes ont atteint leur but : mettre fin par la pression militaire à l'épuration ethnique. Aujourd'hui, notre mission est d'établir durablement un environnement de sécurité globale et un début de vie démocratique. Malgré des remontées de tensions épisodiques, la violence est endiguée grâce à l'énergie déployée sur le terrain par les forces de la KFOR
Progressivement, la vie économique reprend ses droits, les services publics essentiels se remettent à fonctionner, tout comme la justice et à l'automne, des élections locales se tiendront. Les inlassables efforts de Bernard Kouchner sur place commencent à porter leurs fruits et nous percevons les premiers signes d'un dialogue entre les dirigeants des communautés, une acceptation croissante des règles du jeu démocratique. Bien sûr, il reste des haines, des volontés de revanche: il y a des retours en arrière. Qui lucidement peut s'en étonner ? Dans ce minutieux travail de reconstruction, il faut nous armer de patience et garder en mémoire l'exemple de la Bosnie, où les différentes communautés qui s'étaient entre-déchirées, il y a quelques années coexistent maintenant pacifiquement.
Vous serez aujourd'hui à bord du Charles de Gaulle. Les déboires du porte-avions qui l'ont amené à prolonger de six semaines sa remise à niveau après les premiers essais sont-ils terminés ? Sera t-il prêt à prendre la mer en septembre ?
A l'issue de la première campagne d'essais du porte-avions conduite en 1999 une période de remise à niveau était prévue pour entreprendre un certain nombre de travaux correctifs liés aux constats des essais et à la mise aux nouvelles normes de radioprotection des chaufferies nucléaires.
Un échauffement accidentel d'une partie des éléments de protection des chaufferies en février a obligé le chantier à reprendre la configuration de l'ensemble pour éviter ce type d'incident à l'avenir. C'est ce qui a induit ce délai supplémentaire. Le Charles de Gaulle a donc repris la mer le 19 mai et les essais qui se déroulent depuis consacrent la réussite des travaux entrepris au cours de la remise à niveau.
Cette période d'essais à la mer s'achèvera d'ici une dizaine de jours après des essais d'ensemble qui établiront la capacité du bâtiment à conduire des opérations aériennes d'envergure.
Après les relèves d'équipage de l'été une dernière sortie d'essais, en recherchant des mers fortes, sera menée avant que ne soit prononcé l'achèvement et que le porte-avions soit remis officiellement à la marine. Son appareillage pour Toulon est prévu début octobre. Tout va pour le mieux aujourd'hui.
Les restructurations de la DCN se succèdent sans que l'on sache si la DCN-Brest a encore un avenir dans le domaine des constructions neuves. Qu'en est-il ?
J'attache une grande importance à la réussite de la réforme de DCN, afin qu'elle occupe la place qui lui revient sur le marché de l'industrie navale militaire. Des étapes significatives ont d'ores et déjà été franchies depuis que j'ai approuvé le plan d'entreprise, en mai 1998, avec notamment la mise en uvre d'un accord sur l'aménagement et la réduction du temps de travail, la conclusion d'un important contrat de frégates ou encore la décision de constituer une société commerciale commune entre DCN et le groupe Thomson CSF.
Pour sa part, l'établissement de Brest est une pièce essentielle pour le maintien en condition opérationnelle de la force océanique stratégique et de nombreux autres bâtiments de la marine nationale, et pour la construction neuve de bâtiments de surface de fort tonnage.
La réalisation du porte-avions Charles de Gaulle le montre, de même que ses performances mettent en évidence la qualité technologique de DCN. Ma décision, le 11 mai dernier, de lancer la phase de définition du programme NTCD (nouveaux transports de chalands de débarquement) et de confier à DCN la maîtrise d'uvre de la conception et de la réalisation de ces deux navires illustre très clairement cette confiance en l'avenir de DCN-Brest.
(Source : http://www.defense.gouv.fr, le 1er août 2000)
Depuis deux ans, les progrès accomplis par le chantier de l'Europe de la Défense sont considérables. Au cur de ce projet se trouve une même volonté politique partagée par les quinze pays membres de l'UE : à côté des instruments diplomatiques, économiques, financiers, humanitaires déjà à sa disposition, l'Europe doit se doter d'un outil militaire qui lui permette de peser dans les situations de crise. Cette volonté politique est comprise et soutenue par les opinions publiques européennes.
Les quinze se sont donc engagés en décembre dernier à Helsinki, sur un objectif global de capacités : d'ici 2003, nous voulons être en mesure d'assumer des missions de maintien et de rétablissement de la paix avec une force de l'ordre de 50 à 60 000 hommes, déployable en 60 jours, apte à se maintenir en opération pendant au moins un an. Nous allons aussi nous doter de moyens adaptés de commandement et de contrôle de situation, de renseignement et de transport militaire.
L'essentiel de notre travail au cours des six prochains mois va être de constituer concrètement cette force de réaction rapide. Pendant l'été, les chefs d'Etat-Major des armées des quinze vont se mettre d'accord sur le tableau d'effectifs et la composition détaillée de cette force. Le 20 novembre, nous recueillerons lors d'une conférence d'engagement de capacités les contributions nationales de quinze pays donnant à la force sa réalité politique et son potentiel d'action.
Preuve que l'Europe de la Défense est bel et bien en marche : les trois principales forces militaires européennes constituées, l'Eurocorps, les Euroforces et le Groupe Aérien Européen défilent aujourd'hui sur les Champs-Elysées, à l'occasion de la fête nationale.
Plus d'un an après la fin du conflit, quel bilan peut-on tirer de l'engagement de l'OTAN et de la France au Kosovo ?
L'heure des bilans n'est pas encore venue : il faut du temps et de la détermination au Kosovo. C'est un test de tenacité pour les démocraties, en particulier pour les européens qui représentent aujourd'hui 80% de la force de stabilisation et en assurent le commandement opérationnel à travers l'Etat-Major de l'Eurocorps.
L'an dernier, les frappes aériennes ont atteint leur but : mettre fin par la pression militaire à l'épuration ethnique. Aujourd'hui, notre mission est d'établir durablement un environnement de sécurité globale et un début de vie démocratique. Malgré des remontées de tensions épisodiques, la violence est endiguée grâce à l'énergie déployée sur le terrain par les forces de la KFOR
Progressivement, la vie économique reprend ses droits, les services publics essentiels se remettent à fonctionner, tout comme la justice et à l'automne, des élections locales se tiendront. Les inlassables efforts de Bernard Kouchner sur place commencent à porter leurs fruits et nous percevons les premiers signes d'un dialogue entre les dirigeants des communautés, une acceptation croissante des règles du jeu démocratique. Bien sûr, il reste des haines, des volontés de revanche: il y a des retours en arrière. Qui lucidement peut s'en étonner ? Dans ce minutieux travail de reconstruction, il faut nous armer de patience et garder en mémoire l'exemple de la Bosnie, où les différentes communautés qui s'étaient entre-déchirées, il y a quelques années coexistent maintenant pacifiquement.
Vous serez aujourd'hui à bord du Charles de Gaulle. Les déboires du porte-avions qui l'ont amené à prolonger de six semaines sa remise à niveau après les premiers essais sont-ils terminés ? Sera t-il prêt à prendre la mer en septembre ?
A l'issue de la première campagne d'essais du porte-avions conduite en 1999 une période de remise à niveau était prévue pour entreprendre un certain nombre de travaux correctifs liés aux constats des essais et à la mise aux nouvelles normes de radioprotection des chaufferies nucléaires.
Un échauffement accidentel d'une partie des éléments de protection des chaufferies en février a obligé le chantier à reprendre la configuration de l'ensemble pour éviter ce type d'incident à l'avenir. C'est ce qui a induit ce délai supplémentaire. Le Charles de Gaulle a donc repris la mer le 19 mai et les essais qui se déroulent depuis consacrent la réussite des travaux entrepris au cours de la remise à niveau.
Cette période d'essais à la mer s'achèvera d'ici une dizaine de jours après des essais d'ensemble qui établiront la capacité du bâtiment à conduire des opérations aériennes d'envergure.
Après les relèves d'équipage de l'été une dernière sortie d'essais, en recherchant des mers fortes, sera menée avant que ne soit prononcé l'achèvement et que le porte-avions soit remis officiellement à la marine. Son appareillage pour Toulon est prévu début octobre. Tout va pour le mieux aujourd'hui.
Les restructurations de la DCN se succèdent sans que l'on sache si la DCN-Brest a encore un avenir dans le domaine des constructions neuves. Qu'en est-il ?
J'attache une grande importance à la réussite de la réforme de DCN, afin qu'elle occupe la place qui lui revient sur le marché de l'industrie navale militaire. Des étapes significatives ont d'ores et déjà été franchies depuis que j'ai approuvé le plan d'entreprise, en mai 1998, avec notamment la mise en uvre d'un accord sur l'aménagement et la réduction du temps de travail, la conclusion d'un important contrat de frégates ou encore la décision de constituer une société commerciale commune entre DCN et le groupe Thomson CSF.
Pour sa part, l'établissement de Brest est une pièce essentielle pour le maintien en condition opérationnelle de la force océanique stratégique et de nombreux autres bâtiments de la marine nationale, et pour la construction neuve de bâtiments de surface de fort tonnage.
La réalisation du porte-avions Charles de Gaulle le montre, de même que ses performances mettent en évidence la qualité technologique de DCN. Ma décision, le 11 mai dernier, de lancer la phase de définition du programme NTCD (nouveaux transports de chalands de débarquement) et de confier à DCN la maîtrise d'uvre de la conception et de la réalisation de ces deux navires illustre très clairement cette confiance en l'avenir de DCN-Brest.
(Source : http://www.defense.gouv.fr, le 1er août 2000)