Texte intégral
Monsieur le Maire,
Mesdames et Messieurs les élu (e)s,
Mesdames et Messieurs les responsables d'association,
Mesdames et Messieurs,
Chers ami es et camarades,
Je me souviens, c'était il y a une année, je me trouvais ici, aux côtés de mon ami et camarade Maurice Nilès, en tant que Ministre de la République représentant le gouvernement à cette émouvante cérémonie essentielle pour que la mémoire se transmette.
Je me souviens de l'intervention de Maurice, de cette voix vibrante qui a si longtemps habité l'hémicycle de l'Assemblée Nationale portant les aspirations, les espoirs du monde du travail.
Je me souviens de ce 60ème anniversaire où nous nous sentions tous peu de choses face à l'histoire, face à cet évènement tragique et héroïque des vingt sept martyrs de la clairière.
Qui étaient ils ? Des militants politiques et syndicaux, parfois très jeunes, honnêtes et sincères.
Que voulaient ils ? Mettre fin à l'oppression du peuple, mettre fin à celle de la France.
A quoi rêvaient ils ? A un monde de paix, de justice, de fraternité et de liberté.
Oui, en ce 22 octobre 1941 les 27 martyrs de la clairière étaient le visage de la France. De cette France qui avait su dire non.
Non à l'occupation et à la barbarie nazie.
Non à la collaboration de Vichy et de l'ensemble de l'appareil d'état mis au service de la répression des Juifs, des démocrates, des syndicalistes, des francs-maçons, des communistes et de toutes celles et de tous ceux qui ne voulaient pas d'une France avilie.
Non au silence, à la complicité, à la lâcheté de ceux qui détournaient parfois la tête devant les affiches portant le nom des otages, griffonnaient des lettres anonymes ou pire encore participaient aux crimes de la milice.
Comment ne pas évoquer ici notre indignation devant la libération de Maurice Papon. On a pensé une fois la justice passée que le sens de l'histoire, l'honneur de la France étaient rétablis. La libération de M. Papon entache notre histoire. Au nom de tous ceux et de toutes celles qui ont souffert, qui ont dit non, nous demandons justice.
Combien étaient ils celles et ceux qui par un geste, une action, une manifestation avaient depuis juin 1940 tenté de faire vivre une autre image de la France ? Au début très peu. Ils se référaient à de Gaulle, distribuaient l'Humanité ou les Cahiers de Témoignage chrétien.
Malraux parlait de cette armée de l'ombre qui ne portait pas encore le nom de Résistance. Ils et elles entretenaient la lueur d'une flamme vacillante d'une France d'après guerre qui ne ressemblerait pas à celle d'avant. Ils voulaient une France où les mots de justice et de paix viendraient compléter le triptyque républicain de Liberté Egalité et de Fraternité.
A Chateaubriant c'est cette France là qu'on assassine, celle qui refuse de se plier, celle qui veut se battre pour un monde meilleur. Ce sont les 27 militants de cette cause là que l'on fusille pour l'exemple.
Ces 27 rejoignent le panthéon des martyrs de la liberté, ceux de l'an II à Valmy, des ouvriers de 1830 et de 1848, ceux de la commune de Paris. Ils sont le visage de cette France militante et combattante celle qui ne cède jamais malgré l'adversité.
Oui, il fallait du courage dans un pays où les allemands, la police et les délateurs étaient partout, pour organiser des réseaux, diffuser les tracts, faire des faux papiers, protéger les enfants. Il fallait du courage et des convictions.
Ils sont un exemple pour nous tous encore aujourd'hui. Si l'histoire de notre pays n'est pas dénuée de zones d'ombres, les résistants, les héros que nous commémorons aujourd'hui n'ont pas failli, ils sont l'honneur de la France.
Chacun sait ici que certains militants avaient été saisis au moment de la défaite de 1940 par les démons de l'incertitude. Isolés, voyant leurs repères se brouiller, ils ont su malgré tout trouver le courage de réagir. Ils ont pris le chemin de la liberté à reconquérir : leur boussole, c'était la dignité de chaque homme et chaque femme.
Militants communistes, c'est d'eux dont je parle, ils ont su donner à voir de leur idéal. Comment ne pas évoquer André Tollet, mais aussi mon ami et camarade Henri Rol Tanguy, résistant, brigadiste, qui a porté toujours haut son idéal communiste.
Ils sont les symboles de la dignité communiste et au delà de la dignité humaine.
Les communistes ont toujours été identifiés comme ceux qui ne laissent pas faire, qui luttent pied à pied contre l'injustice et le sort fait à notre peuple. Avec d'autres, ils ont contribué à semer les germes d'une conscience qui a parfois rencontré l'histoire comme au moment du Front Populaire ou à la Libération.
N'avons-nous pas aujourd'hui d'autres défis à relever ? Je le crois en voyant encore tant de lieux d'oppression sur la planète. Je le crois en ayant au cur la blessure du 21 avril.
Partout dans le monde des femmes et des hommes se lèvent contre un système qui se satisfait des inégalités, des injustices, de la famine, des discriminations. Un système inhumain qui produit des catastrophes écologiques, la violence et la guerre. Ces hommes et ces femmes savent qu'il n'est pas écrit que cela doit être ainsi.
Il y a encore dans ce monde des milliers de Guy Moquet, qui crient contre l'injustice et l'oppression. Ils luttent pour le travail, le pain, la liberté mais ils luttent surtout pour la dignité.
*
Ces hommes et ces femmes debout sont le cur de la démocratie et du progrès. Donner son temps, son énergie avec d'autres pour d'autres est utile, vital à tout développement de société. Pour moi les mots engagement, bénévolat, militant, militante sont des mots nobles de la langue française. Ils veulent dire abnégation, volonté, générosité et courage. Tous les responsables devraient se féliciter d'avoir face à eux des citoyens actifs. Car que serait notre République sans ces hommes et ces femmes qui se dépensent sans compter, pour faire connaître leurs idées, pour les défendre, pour construire avec d'autres un monde plus juste et plus humain. L'engagement c'est aussi parfois faire preuve de courage et de sacrifice. Cette clairière en est témoin.
Le contexte fort heureusement n'est pas le même mais nous savons que nous devons faire preuve de cur, de détermination dans la période qui s'annonce. Une période lourde de tensions internationales, de peur, d'insécurité sociale et démocratique
Une période porteuse également d'exigences de nouveaux rapports entre les individus et les peuples. Savoir dire non à un ordre établi ; savoir porter les révoltes et les indignations justifiées ; savoir agir pour que, rassemblés, les hommes et les femmes portent une société de bonheur et de dignité ; voilà ce que peut porter un engagement du 21ème siècle.
Pensons aux 27 de Chateaubriant qui sont allés au bout de leur engagement. N'oublions jamais la dernière phrase de Guy Moquet écrite à sa famille : " Vous tous qui restez, soyez digne de nous, les 27 qui allons mourir. "
Guy sortait tout juste de l'adolescence. En ce temps où les jeunes sont tant montrés du doigt, stigmatisés, sachons le rappeler. Sachons dire ce dont la jeunesse est capable : capable de toutes les audaces pour agir contre la misère, le racisme. Capable de toutes les audaces pour dire " liberté ". Sachons le dire et le reconnaître pour qu'eux mêmes, soient fiers de porter notre espérance.
Mesdames, Messieurs,
Permettez moi de m'effacer devant le poète Pierre Emmanuel qui écrivait ces vers en janvier 1942 sur les otages de Chateaubriant.
" Ces morts ces simples morts sont tout notre héritage
leurs pauvres corps sanglants resteront indivis.
Nous ne laisserons pas en friche leur image
Les vergers fleuriront sur les prés reverdis "
Ces vers dédiés aux 27 de Chateaubriant, je les fais miens. Ils sont le lien entre les combattants d'hier et les communistes d'aujourd'hui.
Je vous remercie.
(Source http://www.pcf.fr, le 30 octobre 2002)
Mesdames et Messieurs les élu (e)s,
Mesdames et Messieurs les responsables d'association,
Mesdames et Messieurs,
Chers ami es et camarades,
Je me souviens, c'était il y a une année, je me trouvais ici, aux côtés de mon ami et camarade Maurice Nilès, en tant que Ministre de la République représentant le gouvernement à cette émouvante cérémonie essentielle pour que la mémoire se transmette.
Je me souviens de l'intervention de Maurice, de cette voix vibrante qui a si longtemps habité l'hémicycle de l'Assemblée Nationale portant les aspirations, les espoirs du monde du travail.
Je me souviens de ce 60ème anniversaire où nous nous sentions tous peu de choses face à l'histoire, face à cet évènement tragique et héroïque des vingt sept martyrs de la clairière.
Qui étaient ils ? Des militants politiques et syndicaux, parfois très jeunes, honnêtes et sincères.
Que voulaient ils ? Mettre fin à l'oppression du peuple, mettre fin à celle de la France.
A quoi rêvaient ils ? A un monde de paix, de justice, de fraternité et de liberté.
Oui, en ce 22 octobre 1941 les 27 martyrs de la clairière étaient le visage de la France. De cette France qui avait su dire non.
Non à l'occupation et à la barbarie nazie.
Non à la collaboration de Vichy et de l'ensemble de l'appareil d'état mis au service de la répression des Juifs, des démocrates, des syndicalistes, des francs-maçons, des communistes et de toutes celles et de tous ceux qui ne voulaient pas d'une France avilie.
Non au silence, à la complicité, à la lâcheté de ceux qui détournaient parfois la tête devant les affiches portant le nom des otages, griffonnaient des lettres anonymes ou pire encore participaient aux crimes de la milice.
Comment ne pas évoquer ici notre indignation devant la libération de Maurice Papon. On a pensé une fois la justice passée que le sens de l'histoire, l'honneur de la France étaient rétablis. La libération de M. Papon entache notre histoire. Au nom de tous ceux et de toutes celles qui ont souffert, qui ont dit non, nous demandons justice.
Combien étaient ils celles et ceux qui par un geste, une action, une manifestation avaient depuis juin 1940 tenté de faire vivre une autre image de la France ? Au début très peu. Ils se référaient à de Gaulle, distribuaient l'Humanité ou les Cahiers de Témoignage chrétien.
Malraux parlait de cette armée de l'ombre qui ne portait pas encore le nom de Résistance. Ils et elles entretenaient la lueur d'une flamme vacillante d'une France d'après guerre qui ne ressemblerait pas à celle d'avant. Ils voulaient une France où les mots de justice et de paix viendraient compléter le triptyque républicain de Liberté Egalité et de Fraternité.
A Chateaubriant c'est cette France là qu'on assassine, celle qui refuse de se plier, celle qui veut se battre pour un monde meilleur. Ce sont les 27 militants de cette cause là que l'on fusille pour l'exemple.
Ces 27 rejoignent le panthéon des martyrs de la liberté, ceux de l'an II à Valmy, des ouvriers de 1830 et de 1848, ceux de la commune de Paris. Ils sont le visage de cette France militante et combattante celle qui ne cède jamais malgré l'adversité.
Oui, il fallait du courage dans un pays où les allemands, la police et les délateurs étaient partout, pour organiser des réseaux, diffuser les tracts, faire des faux papiers, protéger les enfants. Il fallait du courage et des convictions.
Ils sont un exemple pour nous tous encore aujourd'hui. Si l'histoire de notre pays n'est pas dénuée de zones d'ombres, les résistants, les héros que nous commémorons aujourd'hui n'ont pas failli, ils sont l'honneur de la France.
Chacun sait ici que certains militants avaient été saisis au moment de la défaite de 1940 par les démons de l'incertitude. Isolés, voyant leurs repères se brouiller, ils ont su malgré tout trouver le courage de réagir. Ils ont pris le chemin de la liberté à reconquérir : leur boussole, c'était la dignité de chaque homme et chaque femme.
Militants communistes, c'est d'eux dont je parle, ils ont su donner à voir de leur idéal. Comment ne pas évoquer André Tollet, mais aussi mon ami et camarade Henri Rol Tanguy, résistant, brigadiste, qui a porté toujours haut son idéal communiste.
Ils sont les symboles de la dignité communiste et au delà de la dignité humaine.
Les communistes ont toujours été identifiés comme ceux qui ne laissent pas faire, qui luttent pied à pied contre l'injustice et le sort fait à notre peuple. Avec d'autres, ils ont contribué à semer les germes d'une conscience qui a parfois rencontré l'histoire comme au moment du Front Populaire ou à la Libération.
N'avons-nous pas aujourd'hui d'autres défis à relever ? Je le crois en voyant encore tant de lieux d'oppression sur la planète. Je le crois en ayant au cur la blessure du 21 avril.
Partout dans le monde des femmes et des hommes se lèvent contre un système qui se satisfait des inégalités, des injustices, de la famine, des discriminations. Un système inhumain qui produit des catastrophes écologiques, la violence et la guerre. Ces hommes et ces femmes savent qu'il n'est pas écrit que cela doit être ainsi.
Il y a encore dans ce monde des milliers de Guy Moquet, qui crient contre l'injustice et l'oppression. Ils luttent pour le travail, le pain, la liberté mais ils luttent surtout pour la dignité.
*
Ces hommes et ces femmes debout sont le cur de la démocratie et du progrès. Donner son temps, son énergie avec d'autres pour d'autres est utile, vital à tout développement de société. Pour moi les mots engagement, bénévolat, militant, militante sont des mots nobles de la langue française. Ils veulent dire abnégation, volonté, générosité et courage. Tous les responsables devraient se féliciter d'avoir face à eux des citoyens actifs. Car que serait notre République sans ces hommes et ces femmes qui se dépensent sans compter, pour faire connaître leurs idées, pour les défendre, pour construire avec d'autres un monde plus juste et plus humain. L'engagement c'est aussi parfois faire preuve de courage et de sacrifice. Cette clairière en est témoin.
Le contexte fort heureusement n'est pas le même mais nous savons que nous devons faire preuve de cur, de détermination dans la période qui s'annonce. Une période lourde de tensions internationales, de peur, d'insécurité sociale et démocratique
Une période porteuse également d'exigences de nouveaux rapports entre les individus et les peuples. Savoir dire non à un ordre établi ; savoir porter les révoltes et les indignations justifiées ; savoir agir pour que, rassemblés, les hommes et les femmes portent une société de bonheur et de dignité ; voilà ce que peut porter un engagement du 21ème siècle.
Pensons aux 27 de Chateaubriant qui sont allés au bout de leur engagement. N'oublions jamais la dernière phrase de Guy Moquet écrite à sa famille : " Vous tous qui restez, soyez digne de nous, les 27 qui allons mourir. "
Guy sortait tout juste de l'adolescence. En ce temps où les jeunes sont tant montrés du doigt, stigmatisés, sachons le rappeler. Sachons dire ce dont la jeunesse est capable : capable de toutes les audaces pour agir contre la misère, le racisme. Capable de toutes les audaces pour dire " liberté ". Sachons le dire et le reconnaître pour qu'eux mêmes, soient fiers de porter notre espérance.
Mesdames, Messieurs,
Permettez moi de m'effacer devant le poète Pierre Emmanuel qui écrivait ces vers en janvier 1942 sur les otages de Chateaubriant.
" Ces morts ces simples morts sont tout notre héritage
leurs pauvres corps sanglants resteront indivis.
Nous ne laisserons pas en friche leur image
Les vergers fleuriront sur les prés reverdis "
Ces vers dédiés aux 27 de Chateaubriant, je les fais miens. Ils sont le lien entre les combattants d'hier et les communistes d'aujourd'hui.
Je vous remercie.
(Source http://www.pcf.fr, le 30 octobre 2002)