Texte intégral
Nous sortons collectivement et individuellement éprouvés de cette longue campagne électorale. Nul ne pouvait imaginer, au début de l'année, un tel scénario. Personne n'avait prévu un tel enchaînement de circonstances et d'évènements. Peu avaient décelé les facteurs conjoncturels ou les tendances plus lourdes qui pouvaient nous menacer. Il reste que les résultats sont là.
La gauche, après avoir été écartée du second tour de la présidentielle, n'a pu prolonger le sursaut républicain du 1er Mai et voit sa représentation parlementaire diminuer de moitié à l'Assemblée nationale.
Certes le Parti socialiste, au premier tour des élections législatives le 9 juin, a pu retrouver son étiage électoral de 1997 (mais largement aux dépens de nos alliés). Certes, nous restons la force principale, essentielle, de la gauche au niveau des votes et des sièges. Mais nous n'avons pas pu mobiliser les abstentionnistes en notre faveur et nous sommes minoritaires dans le pays, encore plus fortement à l'Assemblée. Nous mesurons les responsabilités qui nous attendent.
La réflexion
Nous devons revenir sur les causes de notre échec, analyser, comprendre et tirer les enseignements. Comment notre bilan, dont nous étions légitimement fiers, n'a pu finalement convaincre ? Pourquoi notre pratique a-t-elle été jugée lointaine ? Quelles attentes a-t-on déçues ou oubliées ? Quelles catégories sociales a-t-on négligées malgré, paradoxalement, la multiplication de lois dites sociales ?
De la même manière, il faut lancer une vaste consultation de nos adhérents avec le renfort de tous ceux qui nous ont rejoints, mais aussi de nos sympathisants et électeurs pour connaître leurs aspirations, leur idée de la gauche, leur conception de la politique dans une société dont les formes de médiation et de débat ont complètement changé.
Enfin, il est indispensable de lancer une réflexion sur nos formes d'organisation et nos modes de relation avec la société, les acteurs sociaux, le mouvement associatif, les intellectuels. Le sujet n'est pas nouveau. Mais il est reposé avec la crise que traverse la politique.
Pour mener à bien ce travail, il faut du temps, de la détermination et de l'imagination. Le temps suppose néanmoins d'être maîtrisé : le processus pourrait être discuté lors du prochain conseil national du 29 juin. La première étape, quoi qu'il arrive, se situerait à l'occasion des universités d'été à la fin août.
Un congrès devrait conclure cette phase de large débat et de réflexions approfondis. Il pourrait trouver sa place au printemps 2003.
Notre détermination doit être forte : il s'agit de l'avenir de la gauche en France et en Europe. Et nous devons être moteurs, en évitant la confusion des initiatives et en provoquant le dialogue direct avec les Français, sans faux-semblant et sans artifice. Cet exercice est indispensable pour préparer les échéances futures.
Concernant l'imagination, il appartient à chacun d'en faire la preuve quant aux formes à privilégier : forums, questionnaire, cahiers de discussions, Internet.
L'action
Nous sommes dans l'opposition. C'est une responsabilité dans une démocratie digne de ce nom. Nous devons faire la preuve de notre utilité pour le pays. Nous sommes face à un gouvernement habile (dernier remaniement), clientéliste (flattant les corporatismes), prudent, même s'il a multiplié les effets d'annonce. C'est sans doute l'un des gouvernements les plus à droite depuis 1986.
Il conviendra donc de le démystifier, malgré les faveurs médiatiques dont il bénéficie mais qui ne durent qu'un temps, et de dénoncer la nature même de ses projets. Il tentera de nous imputer -c'est le sens de l'opération de l'audit- l'impossibilité de tenir ses promesses. Il conviendra donc de répliquer, de contester, de démontrer et de proposer.Ce ne sera pas facile, compte tenu de notre poids numérique, de la fatigue civique de beaucoup de nos concitoyens, et surtout des forces économiques qui soutiennent le projet libéral du gouvernement.
Par rapport à l'ensemble de ces défis, celui du débat collectif, de l'opposition vigoureuse et de la préparation des échéances futures, nous devons mettre en place le meilleur dispositif possible.
Le parti doit mobiliser toutes ses personnalités. Chacun doit trouver sa place. Je proposerai donc au prochain conseil national, après en avoir discuté avec les uns et les autres, une nouvelle organisation du secrétariat national permettant une efficacité plus grande et une communication plus forte de notre parti dans cette nouvelle situation politique.
(Source http://www.parti-socialiste.fr, le 27 juin 2002)
La gauche, après avoir été écartée du second tour de la présidentielle, n'a pu prolonger le sursaut républicain du 1er Mai et voit sa représentation parlementaire diminuer de moitié à l'Assemblée nationale.
Certes le Parti socialiste, au premier tour des élections législatives le 9 juin, a pu retrouver son étiage électoral de 1997 (mais largement aux dépens de nos alliés). Certes, nous restons la force principale, essentielle, de la gauche au niveau des votes et des sièges. Mais nous n'avons pas pu mobiliser les abstentionnistes en notre faveur et nous sommes minoritaires dans le pays, encore plus fortement à l'Assemblée. Nous mesurons les responsabilités qui nous attendent.
La réflexion
Nous devons revenir sur les causes de notre échec, analyser, comprendre et tirer les enseignements. Comment notre bilan, dont nous étions légitimement fiers, n'a pu finalement convaincre ? Pourquoi notre pratique a-t-elle été jugée lointaine ? Quelles attentes a-t-on déçues ou oubliées ? Quelles catégories sociales a-t-on négligées malgré, paradoxalement, la multiplication de lois dites sociales ?
De la même manière, il faut lancer une vaste consultation de nos adhérents avec le renfort de tous ceux qui nous ont rejoints, mais aussi de nos sympathisants et électeurs pour connaître leurs aspirations, leur idée de la gauche, leur conception de la politique dans une société dont les formes de médiation et de débat ont complètement changé.
Enfin, il est indispensable de lancer une réflexion sur nos formes d'organisation et nos modes de relation avec la société, les acteurs sociaux, le mouvement associatif, les intellectuels. Le sujet n'est pas nouveau. Mais il est reposé avec la crise que traverse la politique.
Pour mener à bien ce travail, il faut du temps, de la détermination et de l'imagination. Le temps suppose néanmoins d'être maîtrisé : le processus pourrait être discuté lors du prochain conseil national du 29 juin. La première étape, quoi qu'il arrive, se situerait à l'occasion des universités d'été à la fin août.
Un congrès devrait conclure cette phase de large débat et de réflexions approfondis. Il pourrait trouver sa place au printemps 2003.
Notre détermination doit être forte : il s'agit de l'avenir de la gauche en France et en Europe. Et nous devons être moteurs, en évitant la confusion des initiatives et en provoquant le dialogue direct avec les Français, sans faux-semblant et sans artifice. Cet exercice est indispensable pour préparer les échéances futures.
Concernant l'imagination, il appartient à chacun d'en faire la preuve quant aux formes à privilégier : forums, questionnaire, cahiers de discussions, Internet.
L'action
Nous sommes dans l'opposition. C'est une responsabilité dans une démocratie digne de ce nom. Nous devons faire la preuve de notre utilité pour le pays. Nous sommes face à un gouvernement habile (dernier remaniement), clientéliste (flattant les corporatismes), prudent, même s'il a multiplié les effets d'annonce. C'est sans doute l'un des gouvernements les plus à droite depuis 1986.
Il conviendra donc de le démystifier, malgré les faveurs médiatiques dont il bénéficie mais qui ne durent qu'un temps, et de dénoncer la nature même de ses projets. Il tentera de nous imputer -c'est le sens de l'opération de l'audit- l'impossibilité de tenir ses promesses. Il conviendra donc de répliquer, de contester, de démontrer et de proposer.Ce ne sera pas facile, compte tenu de notre poids numérique, de la fatigue civique de beaucoup de nos concitoyens, et surtout des forces économiques qui soutiennent le projet libéral du gouvernement.
Par rapport à l'ensemble de ces défis, celui du débat collectif, de l'opposition vigoureuse et de la préparation des échéances futures, nous devons mettre en place le meilleur dispositif possible.
Le parti doit mobiliser toutes ses personnalités. Chacun doit trouver sa place. Je proposerai donc au prochain conseil national, après en avoir discuté avec les uns et les autres, une nouvelle organisation du secrétariat national permettant une efficacité plus grande et une communication plus forte de notre parti dans cette nouvelle situation politique.
(Source http://www.parti-socialiste.fr, le 27 juin 2002)