Déclaration de Mme Margie Sudre, secrétaire d'Etat chargé de la francophonie, sur la nécessité d'être vigilant sur le fonctionnement de la Commission de l'Océan Indien et sur la signature du nouveau programme indicatif régional, Victoria le 28 avril 1997.

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Circonstance : Voyage de Mme Sudre aux Seychelles du 28 au 30 avril 1997-réunion de la 14ème session de la Commission de l'Océan Indien à Victoria le 28

Texte intégral


Ce n'est pas sans une certaine émotion que je prends la parole à l'ouverture de cette quatorzième session ministérielle de la COI.

Comment en effet ne pas évoquer la mémoire de Danielle de Saint-Jorre, qui nous a quittés il y a quelques semaines ? Chacun d'entre nous sait l'énergie qu'elle a mise en permanence à exprimer et défendre les positions de son pays sur la scène internationale où elle s'imposait comme un interlocuteur apprécié, écouté et respecté. Chacun de nous sait aussi toute la confiance qu'elle plaçait dans la Commission de l'Océan indien et son souci de promouvoir avec celle-ci la coopération régionale.

Sa disparition nous paraît à tous plus brutale et plus cruelle encore au moment où nous commençons nos travaux, et je tenais à vous dire, Monsieur le Ministre, à quel point nous en sommes affectés.

Cette année encore nous aurons à prendre des décisions importantes, à commencer par la signature du nouveau programme indicatif régional. Je salue à cette occasion la présence parmi nous du représentant de la Commission européenne.

Nous aurons aussi à désigner un nouveau secrétaire général qui va succéder à M. Bonnelame, dont le mandat arrive à son terme.

A travers ces décisions, comme à travers l'ensemble de nos travaux, il s'agira de conforter la Commission de l'Océan indien alors que se développent autour de nous, parfois avec certains d'entre nous, de nouvelles structures régionales à vocation essentiellement économique : la SADC, la COMESA, l'IOR. Je voudrais réaffirmer en ma double qualité de membre du gouvernement et de présidente du Conseil régional de la Réunion ma confiance dans l'avenir de notre organisation.

Il n'y a aucune incompatibilité entre la COI et les autres institutions, bien au contraire.

Notre organisation, avec ses cinq membres qui, à côté de dissemblances indiscutables, partagent aussi nombre de traits communs, comme l'insularité ou la tradition francophone, doit nous permettre à tous de faire connaître nos spécificités au sein des deux ensembles géographiques que sont l'Afrique australe et l'Océan indien.

Cela ne doit pas nous dispenser de porter un regard critique sur nos activités. Plusieurs évaluations de projets ont été publiées en 1996. Elles aboutissent à des conclusions que nous ne connaissons que trop bien : instructions trop longues, absence d'objectifs clairs et de résultats, coût excessif de l'encadrement et de l'assistance technique extérieure. Ces derniers, qui consomment souvent la moitié des crédits, disparaissent généralement à la fin du projet, ce qui en compromet le suivi. L'examen des projets en cours d'exécution apporte également des informations significatives : un démarrage très lent, beaucoup d'énergie et de moyens dépensés pour la mise en place de la structure avant même d'aborder le projet au fond...

Tout ceci, évidemment, n'améliore ni l'efficacité de notre institution, ni son image, en particulier auprès de nos opinions publiques et de nos partenaires institutionnels ou administratifs, alors que nous avons justement besoin de les mobiliser pour trouver les ressources de notre réussite.

Je constate aussi avec vous que l'instruction des nouveaux projets n'a guère évolué pendant l'année écoulée, à l'exception, il faut le signaler, de l'Université de l'Océan indien. Nous allons pouvoir en débattre pendant deux jours et je souhaite vivement que nous puissions aboutir à des conclusions très concrètes. Je considère en effet qu'il reviendra au nouveau secrétaire général d'exercer la vigilance la plus stricte sur la rigueur du fonctionnement de notre institution.

S'agissant des actions à mener dans le cadre du nouveau programme indicatif régional, je voudrais en mentionner plus spécialement quelques unes.

Le développement des échanges me paraît mieux engagé avec la mise en place effective du PRIDE.

Je mentionnerai ensuite la protection de l'environnement côtier, avec le projet en cours, qui porte sur la gestion intégrée des zones côtières et marines ainsi que la lutte contre la pollution causée par les hydrocarbures. Je rappelle à ce sujet que transite dans nos eaux le tiers du trafic mondial des hydrocarbures, entre les pays du Golfe et le Cap de Bonne-Espérance.

Une attention spéciale doit être portée à la pêche, avec la suite à donner au programme thonier régional dans le cadre élargi de la Commission thonière de l'Océan indien. Permettez-moi d'ailleurs, à cette occasion, de renouveler les compliments de la France pour la désignation de Victoria comme siège de cette organisation.

Notre action dans le domaine de la pêche devra s'articuler nécessairement autour de quelques volets, en particulier l'amélioration des connaissances sur le poisson et la gestion des stocks, le développement des capacités de pêche des pays membres, la surveillance des zones économiques exclusives et le secours en mer.

Voici les grands traits de ce que pourrait être l'avenir de notre coopération régionale. Il est regrettable que, année après année, nous nous heurtions au même constat, ce décalage permanent entre les volontés que nous affirmons et les résultats effectivement enregistrés. Notre communauté peut avoir des ambitions. Je faisais tout à l'heure allusion à l'héritage francophone que nous partageons. Voilà bien un domaine où, depuis deux ans que j'occupe les fonctions de secrétaire d'Etat, je rencontre souvent le découragement, le pessimisme, le sentiment du combat perdu d'avance, et en même temps, partout dans le monde, une grande demande et des succès incontestables. C'est le cas, en particulier, dans notre région de l'Océan ndien qui, après le Sommet de Maurice il y a quatre ans, s'illustrera cette année encore avec les Jeux de Madagascar.

Je voudrais qu'il en soit de même pour notre COI. La voie n'est certainement pas le renoncement, l'immobilisme. La COI. suscite des attentes, elle peut remplir des missions qu'il serait vain d'attendre d'autres organisations, à condition de lui fixer le cap, et de s'y tenir.

Il appartiendra au nouveau secrétaire général de mobiliser tous les moyens pour concrétiser nos orientations. La Réunion, pour sa part, est disposée à mobiliser des moyens importants pour renforcer nos actions.

Je vous remercie.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 3 octobre 2001)