Déclaration de M. Pierre Moscovici, ministre délégué aux affaires européennes, en réponse à une question d'actualité sur la grève de la faim du journaliste tunisien Taoufik Ben Brick, au Sénat le 11 mai 2000.

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Texte intégral

Permettez-moi, d'abord, Monsieur le Sénateur, de rappeler l'origine de cette affaire. M. Ben Brick, correspondant en Tunisie du journal La Croix, observait depuis le 3 avril une grève de la faim pour protester contre les mesures qui l'empêchaient d'exercer son métier de journaliste et qui avaient notamment pour effet de restreindre sa liberté de circulation.
Dès le 20 avril, la France a fait savoir, dans un souci d'apaisement, qu'elle était disposée à accueillir M. Ben Brick. Celui-ci a néanmoins tenu par la suite des propos critiques à l'encontre des autorités françaises, une première fois le 21 avril, et à nouveau dans une lettre ouverte au président de la République le 1er mai.
En dépit de ces déclarations, les autorités françaises, toujours dans un souci d'apaisement, ont maintenu la même ligne, visant à favoriser le dénouement de cette affaire. La sur de M. Ben Brick a été reçue par un collaborateur du président de la République, le 27 avril. Un visa de court séjour a été accordé à M. Ben Brick le 4 mai, après que les autorités tunisiennes lui aient délivré un passeport et aient levé l'interdiction de sortie du territoire qui pesait sur lui. M. Ben Brick s'est rendu en France le même jour. Comme vous l'avez rappelé, le ministre des Affaires étrangères avait précisé, dès le 3 mai, que notre décision visait à contribuer à l'apaisement et non pas à encourager M. Ben Brick à poursuivre sa lutte depuis la France.
Nous regrettons - tout autant que vous, Monsieur le Sénateur, - des propos portant une appréciation inexacte et ouvertement polémique sur la politique française à l'égard de la Tunisie.
A cet égard, je voudrais rappeler les propos d'Hubert Védrine devant l'Assemblée nationale : la France souhaite qu'une évolution politique accompagne les succès du développement économique et social que la Tunisie a su réaliser au cours des dix dernières années.
Cette ouverture, c'est aux Tunisiens eux-mêmes d'en fixer le rythme, le contenu et les modalités. Mais elle est aujourd'hui à la fois indispensable et possible. Une telle évolution, avec des nouvelles étapes vers la libéralisation et la démocratisation, permettrait aussi de concrétiser les engagements de respect des libertés fondamentales souscrits par la Tunisie elle-même dans son accord d'association avec l'Union européenne qu'elle avait été le premier pays méditerranéen à conclure en 1995.
Voilà ce qu'est la position des autorités françaises à l'heure où je vous parle/.

(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 15 mai 2000)