Texte intégral
C'est avec beaucoup de plaisir, monsieur le Député-Maire, cher ami, que j'ai répondu à votre invitation.
Avec beaucoup d'intérêt aussi. J'étais désireuse et je suis très heureuse de rencontrer les élus locaux, les responsables d'associations, les chantelouvaises et les chantelouvais qui contribuent à faire de votre ville ce " laboratoire de l'innovation sociale " classé grand projet de ville.
Dans l'accomplissement de la mission que le Premier ministre m'a confiée de ministre déléguée à la Parité et à l'Égalité professionnelle, je veux mettre l'accent sur la situation des femmes, sur leur rôle et sur leur place dans tous les secteurs de la vie économique et sociale, dans tous les aspects de notre société. J'adhère pleinement à la vision du Président de la République et à la conscience qu'il a que " la place qu'une société réserve aux femmes est l'un des signes les plus manifestes de son degré de civilisation ".
Dans sa déclaration de politique générale, le Premier ministre, devant l'Assemblée Nationale le 3 juillet dernier, a précisé que " la République doit s'ouvrir à la démocratie sociale. Elle doit aussi faire confiance à l'initiative locale et établir la République des proximités ". C'est une volonté que je partage totalement et sur laquelle je m'appuie. Je m'efforcerai ainsi de valoriser les initiatives et de promouvoir le droit à l'expérimentation locale.
Ma visite à Chanteloup-les-Vignes, aujourd'hui, me renforce dans une triple conviction. Il faut favoriser la coordination des acteurs et l'expérimentation des actions novatrices, développer l'image positive des femmes et valoriser leurs actions, promouvoir l'égalité professionnelle et la parité.
1 - Favoriser la coordination des acteurs et l'expérimentation des actions novatrices
L'expérimentation prend notamment racine au sein des associations de femmes des quartiers, qu'elles soient françaises de souche ou d'origine étrangère. Ces associations constituent un relais de choix pour la promotion des femmes, dans la mesure où elles contribuent à libérer les énergies créatrices et les initiatives. Elles sont un élément d'ancrage et d'appui de la France démocratique, tolérante, ouverte au dialogue et respectueuse de tous.
Je salue la volonté, le talent et le courage des femmes issues des quartiers défavorisés, qui n'hésitent pas à s'investir au service des autres. Elles incarnent l'un des aspects de la " République en partage " telle que le Président de la République l'a appelée de ses vux.
Je veux également exprimer mon soutien aux associations qui permettent aux femmes les plus défavorisées d'accéder à la culture, aux sports et, d'une manière générale, à la découverte de nouveaux horizons. J'ai une pensée particulière pour les associations qui offrent des cours d'alphabétisation et qui permettent, par-là, de rompre l'isolement et l'anonymat. Elles s'inscrivent dans un processus d'émancipation et d'autonomie.
Je crois en la richesse de l'expérience individuelle de chaque femme des quartiers. Mais je crois également en leur capacité à fédérer leurs initiatives et à développer leurs activités en partenariat, afin d'acquérir une reconnaissance qui leur fait encore trop souvent défaut.
2 - Développer une image positive des femmes et valoriser leurs actions
D'une façon générale, il convient d'être vigilant sur l'image des femmes dans les médias et dans la société. Je regrette que l'image des femmes des quartiers soit parfois perçue de façon négative. S'il est vrai qu'elles peuvent cumuler des handicaps socio-culturels et économiques, elles n'en ont que plus de mérite.
Pour rétablir et développer une image positive, il nous faut agir sur tous les leviers et d'abord accompagner l'évolution de la société française dans son ensemble vers un partage plus égalitaire des tâches domestiques et familiales entre les deux sexes.
Le combat pour la féminité est indissociable du combat pour la liberté. Liberté d'aller et de venir, liberté de s'exprimer, liberté de ses choix de vie.
J'ai conscience que c'est bien au-delà des quartiers qu'il nous appartient de rétablir l'image positive des femmes. Et je crois nécessaire de promouvoir le retour à des valeurs plus affectives dans l'éducation des filles et des garçons, afin d'éviter que, pour certains, la femme puisse se résumer à un objet de consommation.
Et il convient de rappeler que la progression du taux d'activité des femmes, constante depuis le début de la V° République, atteste que les femmes constituent une part essentielle du capital humain des entreprises et des administrations.
Cela me conduit au troisième point.
3 - Promouvoir les femmes dans la formation et dans l'entreprise
L'égalité professionnelle est une chance pour la France, par la richesse des capacités humaines susceptibles de participer à l'innovation et de contribuer à la compétitivité de notre économie. Néanmoins, bien que tous les secteurs de la vie économique, à de très rares exceptions près, soient désormais ouverts aux femmes, des déséquilibres structurels perdurent. Il nous appartient donc de les corriger progressivement, en privilégiant le dialogue social dans toutes ses composantes.
La libération de nouvelles énergies et de nouveaux talents féminins est une exigence nationale. Elle est également conforme à l'engagement européen pris au sommet de Lisbonne le 29 juin 2000, de faire progresser l'emploi féminin, dans l'ensemble des États membres, et de promouvoir, à cet effet, des emplois de qualité. Le taux d'emploi des femmes, de l'ordre de 55,2 % pour la France d'aujourd'hui, devrait ainsi passer à 60 % d'ici 2010.
Mais une autre réalité persiste. Les femmes sont plus nombreuses que les hommes dans les sphères de la précarité. Elles représentent 85 % des employés à temps partiel, alors que cette forme de travail est plus souvent subie que choisie. Elles sont, par ailleurs, davantage touchées que les hommes par le chômage, quel que soit leur âge, leur secteur d'activité ou leur niveau de qualification. Ainsi, en 2001, le taux de chômage des femmes était de 10,7 %, tandis que celui des hommes ne dépassait pas 7,1 %. Chez les jeunes de 15-24 ans, le taux de chômage était, la même année, de 22 % chez les femmes et de 16% chez les hommes. Cette réalité touche aussi les femmes originaires de pays hors de l'Union européenne, puisqu'en 2001, 25 % d'entre-elles étaient au chômage contre 20 % des hommes.
Il nous faudra également agir en amont, afin que le choix des jeunes filles dans leur orientation scolaire transcende les stéréotypes qui tendent à les confiner dans quelques secteurs d'activités. Or, ceux-ci se caractérisent généralement par des salaires plus faibles et des possibilités de promotion plus réduites que les secteurs à dominante masculine.
Je souhaite, en définitive, donner aux femmes toute la place qu'elles méritent dans la sphère économique et sociale, y compris dans la fonction publique. Elles représentent chacune une force, une énergie qui n'aspire qu'à éclore dès qu'on leur en donne les moyens.
La présence des femmes dans la vie associative, dans la vie professionnelle et dans la vie politique permet d'apporter un regard novateur sur les problèmes qui se posent à notre société. Je me réjouis de constater, monsieur le Député-Maire, qu'au sein de votre conseil municipal, les femmes sont nombreuses. Leur force d'initiative trouve ainsi pleinement la capacité de s'exprimer. Il importe qu'au-delà des exigences légales dans les villes de plus de
3 500 habitants, la présence des femmes soit étoffée quantitativement et qualitativement.
La parité numérique n'est pas, ici, une parité de façade.
Faciliter la mixité dans la vie politique, c'est faire en sorte que la représentation locale, régionale et nationale soit le reflet de notre société. Naturellement, dans cette mixité, je n'oublie pas les femmes issues de l'immigration, qui souffrent d'un manque de représentation à tous les niveaux.
Merci, monsieur le Député-Maire, cher ami, de m'avoir donné à voir et à entendre ce qui se fait ici, à Chanteloup-les-Vignes.
Les expériences nouvelles mises en place au niveau local contribuent à renouveler et à enrichir ma réflexion. Elles s'inscrivent au cur de la volonté gouvernementale d'offrir une place de choix à l'expérimentation, ce qui correspond à un changement profond de la méthode.
Dans cette France en partage, chaque individu représente un atout pour une République créative. Les femmes, qu'elles soient françaises de souche ou d'origine étrangère, doivent être aidées à libérer leurs énergies, afin que s'exprime pleinement leur capacité d'initiatives, comme ici, en zone urbaine ou dans les espaces ruraux, dans toute la beauté de la France et dans toute la diversité de l'Europe.
(Source http://www.social.gouv.fr, le 21 août 2002)
Avec beaucoup d'intérêt aussi. J'étais désireuse et je suis très heureuse de rencontrer les élus locaux, les responsables d'associations, les chantelouvaises et les chantelouvais qui contribuent à faire de votre ville ce " laboratoire de l'innovation sociale " classé grand projet de ville.
Dans l'accomplissement de la mission que le Premier ministre m'a confiée de ministre déléguée à la Parité et à l'Égalité professionnelle, je veux mettre l'accent sur la situation des femmes, sur leur rôle et sur leur place dans tous les secteurs de la vie économique et sociale, dans tous les aspects de notre société. J'adhère pleinement à la vision du Président de la République et à la conscience qu'il a que " la place qu'une société réserve aux femmes est l'un des signes les plus manifestes de son degré de civilisation ".
Dans sa déclaration de politique générale, le Premier ministre, devant l'Assemblée Nationale le 3 juillet dernier, a précisé que " la République doit s'ouvrir à la démocratie sociale. Elle doit aussi faire confiance à l'initiative locale et établir la République des proximités ". C'est une volonté que je partage totalement et sur laquelle je m'appuie. Je m'efforcerai ainsi de valoriser les initiatives et de promouvoir le droit à l'expérimentation locale.
Ma visite à Chanteloup-les-Vignes, aujourd'hui, me renforce dans une triple conviction. Il faut favoriser la coordination des acteurs et l'expérimentation des actions novatrices, développer l'image positive des femmes et valoriser leurs actions, promouvoir l'égalité professionnelle et la parité.
1 - Favoriser la coordination des acteurs et l'expérimentation des actions novatrices
L'expérimentation prend notamment racine au sein des associations de femmes des quartiers, qu'elles soient françaises de souche ou d'origine étrangère. Ces associations constituent un relais de choix pour la promotion des femmes, dans la mesure où elles contribuent à libérer les énergies créatrices et les initiatives. Elles sont un élément d'ancrage et d'appui de la France démocratique, tolérante, ouverte au dialogue et respectueuse de tous.
Je salue la volonté, le talent et le courage des femmes issues des quartiers défavorisés, qui n'hésitent pas à s'investir au service des autres. Elles incarnent l'un des aspects de la " République en partage " telle que le Président de la République l'a appelée de ses vux.
Je veux également exprimer mon soutien aux associations qui permettent aux femmes les plus défavorisées d'accéder à la culture, aux sports et, d'une manière générale, à la découverte de nouveaux horizons. J'ai une pensée particulière pour les associations qui offrent des cours d'alphabétisation et qui permettent, par-là, de rompre l'isolement et l'anonymat. Elles s'inscrivent dans un processus d'émancipation et d'autonomie.
Je crois en la richesse de l'expérience individuelle de chaque femme des quartiers. Mais je crois également en leur capacité à fédérer leurs initiatives et à développer leurs activités en partenariat, afin d'acquérir une reconnaissance qui leur fait encore trop souvent défaut.
2 - Développer une image positive des femmes et valoriser leurs actions
D'une façon générale, il convient d'être vigilant sur l'image des femmes dans les médias et dans la société. Je regrette que l'image des femmes des quartiers soit parfois perçue de façon négative. S'il est vrai qu'elles peuvent cumuler des handicaps socio-culturels et économiques, elles n'en ont que plus de mérite.
Pour rétablir et développer une image positive, il nous faut agir sur tous les leviers et d'abord accompagner l'évolution de la société française dans son ensemble vers un partage plus égalitaire des tâches domestiques et familiales entre les deux sexes.
Le combat pour la féminité est indissociable du combat pour la liberté. Liberté d'aller et de venir, liberté de s'exprimer, liberté de ses choix de vie.
J'ai conscience que c'est bien au-delà des quartiers qu'il nous appartient de rétablir l'image positive des femmes. Et je crois nécessaire de promouvoir le retour à des valeurs plus affectives dans l'éducation des filles et des garçons, afin d'éviter que, pour certains, la femme puisse se résumer à un objet de consommation.
Et il convient de rappeler que la progression du taux d'activité des femmes, constante depuis le début de la V° République, atteste que les femmes constituent une part essentielle du capital humain des entreprises et des administrations.
Cela me conduit au troisième point.
3 - Promouvoir les femmes dans la formation et dans l'entreprise
L'égalité professionnelle est une chance pour la France, par la richesse des capacités humaines susceptibles de participer à l'innovation et de contribuer à la compétitivité de notre économie. Néanmoins, bien que tous les secteurs de la vie économique, à de très rares exceptions près, soient désormais ouverts aux femmes, des déséquilibres structurels perdurent. Il nous appartient donc de les corriger progressivement, en privilégiant le dialogue social dans toutes ses composantes.
La libération de nouvelles énergies et de nouveaux talents féminins est une exigence nationale. Elle est également conforme à l'engagement européen pris au sommet de Lisbonne le 29 juin 2000, de faire progresser l'emploi féminin, dans l'ensemble des États membres, et de promouvoir, à cet effet, des emplois de qualité. Le taux d'emploi des femmes, de l'ordre de 55,2 % pour la France d'aujourd'hui, devrait ainsi passer à 60 % d'ici 2010.
Mais une autre réalité persiste. Les femmes sont plus nombreuses que les hommes dans les sphères de la précarité. Elles représentent 85 % des employés à temps partiel, alors que cette forme de travail est plus souvent subie que choisie. Elles sont, par ailleurs, davantage touchées que les hommes par le chômage, quel que soit leur âge, leur secteur d'activité ou leur niveau de qualification. Ainsi, en 2001, le taux de chômage des femmes était de 10,7 %, tandis que celui des hommes ne dépassait pas 7,1 %. Chez les jeunes de 15-24 ans, le taux de chômage était, la même année, de 22 % chez les femmes et de 16% chez les hommes. Cette réalité touche aussi les femmes originaires de pays hors de l'Union européenne, puisqu'en 2001, 25 % d'entre-elles étaient au chômage contre 20 % des hommes.
Il nous faudra également agir en amont, afin que le choix des jeunes filles dans leur orientation scolaire transcende les stéréotypes qui tendent à les confiner dans quelques secteurs d'activités. Or, ceux-ci se caractérisent généralement par des salaires plus faibles et des possibilités de promotion plus réduites que les secteurs à dominante masculine.
Je souhaite, en définitive, donner aux femmes toute la place qu'elles méritent dans la sphère économique et sociale, y compris dans la fonction publique. Elles représentent chacune une force, une énergie qui n'aspire qu'à éclore dès qu'on leur en donne les moyens.
La présence des femmes dans la vie associative, dans la vie professionnelle et dans la vie politique permet d'apporter un regard novateur sur les problèmes qui se posent à notre société. Je me réjouis de constater, monsieur le Député-Maire, qu'au sein de votre conseil municipal, les femmes sont nombreuses. Leur force d'initiative trouve ainsi pleinement la capacité de s'exprimer. Il importe qu'au-delà des exigences légales dans les villes de plus de
3 500 habitants, la présence des femmes soit étoffée quantitativement et qualitativement.
La parité numérique n'est pas, ici, une parité de façade.
Faciliter la mixité dans la vie politique, c'est faire en sorte que la représentation locale, régionale et nationale soit le reflet de notre société. Naturellement, dans cette mixité, je n'oublie pas les femmes issues de l'immigration, qui souffrent d'un manque de représentation à tous les niveaux.
Merci, monsieur le Député-Maire, cher ami, de m'avoir donné à voir et à entendre ce qui se fait ici, à Chanteloup-les-Vignes.
Les expériences nouvelles mises en place au niveau local contribuent à renouveler et à enrichir ma réflexion. Elles s'inscrivent au cur de la volonté gouvernementale d'offrir une place de choix à l'expérimentation, ce qui correspond à un changement profond de la méthode.
Dans cette France en partage, chaque individu représente un atout pour une République créative. Les femmes, qu'elles soient françaises de souche ou d'origine étrangère, doivent être aidées à libérer leurs énergies, afin que s'exprime pleinement leur capacité d'initiatives, comme ici, en zone urbaine ou dans les espaces ruraux, dans toute la beauté de la France et dans toute la diversité de l'Europe.
(Source http://www.social.gouv.fr, le 21 août 2002)